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Poursuivons l'inventaire des logiques d'action, des conceptions de l'enfant et de ses relations avec parents et enseignants. Cette partie rend saillants quelques traits de deux fonctionnements référant aussi à des principes de justice. A côté de l'enfant dépendant et de l'enfant-partenaire, repérons dans les textes juridiques et les prescriptions de J'élève mon enfant et de Orientations-projets-activités pour l'école maternelle, des aspects des définitions de l'enfant et de l'organisation de la vie commune fondées sur les principes de l'inspiration et de l'efficacité. Modestement présentes dans les textes étudiés, elles seront présentées ici successivement.

Un enfant inspiré pour les enseignants

Dans la grille théorique, on a proposé un modèle heuristique du fonctionnement d'une classe maternelle fondé sur le principe de l'inspiration143 : la classe vise la créativité, le développement de l'imaginaire à travers la libre activité. Les relations s'installent dans l'harmonie de la grâce et de l'intuition. La hiérarchie et la distance ne sont pas posées en principe entre instituteur et enfants. Leurs liens découlent plutôt de leurs affinités. Le souci de la création et de l'expression s'inscrit dans l'espace.

On constatera une présence plutôt implicite de la logique d'inspiration dans les prescriptions du manuel destiné aux instituteurs d'école maternelle, à propos des activités et de l'aménagement de l'espace scolaire. On essaiera de l'éclairer par un bref rappel historique.

143Boltanski et Thévenot ont défini cette référence en s'appuyant sur La cité de Dieu de St Augustin. La grandeur dans un fonctionnement fondé sur l'inspiration, se définit par l'accès à un état de grâce et s'exprime dans des manifestations inspirées (sainteté, créativité, sens artistique, authenticité, etc).

Une lecture rapide d'Orientations-projets-activités pour l'école maternelle peut laisser penser qu'une conception inspirée de l'enfant n'a pas cours pour les instituteurs. S'il est difficile de trouver des formulations y renvoyant explicitement, ce principe travaille cependant toute l'organisation de l'école maternelle telle qu'elle est présentée ici. Cette apparente absence tient au fait que des orientations fondées sur la conception inspirée de l'enfant ont été étayées d'arguments plus actuels, plus rationnels, assis sur des principes civique ou d'efficacité. En examinant minutieusement les principales orientations proposées aux instituteurs, il apparait que de nombreux choix se fonde sur l'inspiration : l'idée de l'enfant actif, curieux, inventif, les notions de respect de l'enfant, de respect de son activité, le concept de pédagogie de l'action et de l'expérience.

Tout au long du manuel étudié, l'enfant est considéré comme porteur d'un potentiel créatif, en action et en paroles sur lequel la pédagogie peut s'appuyer. Il s’agit, par exemple, de “créer un climat de confiance pour favoriser l’expression plastique spontanée et authentique”. Le tableau récapitulatif des "rôle et attitude du maître" page 63 l'indique clairement, l'instituteur doit "offrir de multiples sollicitations à l'action de l'enfant, inciter, proposer, suggérer, accueillir des suggestions. (...) Laisser la plus grande initiative possible, respecter la recherche, donner le temps : de tâtonner, d'expérimenter, d'ébaucher des procédures...". Au rôle du maître ainsi défini, correspond une vision de l'enfant créatif, actif, chercheur.

En ce qui concerne l'aménagement de l'école maternelle, Orientations-projets-activités pour l'école maternelle laisse apparaître le principe d'inspiration par petites touches. Le vestiaire de la section des petits, comportant "chapeaux, ceintures, foulards, chaussures, cravates, bretelles, voiles, tissus divers, sacs, bijoux - p.106" a pour intention pédagogique parmi d'autres de "développer sa créativité - p.106". L'atelier dessin-peinture se prête le plus à l'appréhension de l'enfant comme créateur : il lui permet de "s'exprimer avec des couleurs, outils et matériaux, développer ses capacités d'expression, son imagination, commenter, se projeter, s'exprimer, interpréter - p.108". L'atelier modelage doit aussi "permettre l'expression, la création en volume - p.109".

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L'ouvrage invite à proposer aux enfants de 4-5 ans "ce qui concerne l'imaginaire : le magique, le merveilleux, transformations, déguisements - p.100". Les espaces ateliers (jeux éducatifs, bibliothèque, musique, dessin-peinture, découpage, collage, modelage...) visent notamment, de manière générale, à permettre à l'enfant "de se libérer des techniques, de réfléchir, d'essayer, de réinvestir pour réaliser ses propres idées, d'exercer sa créativité, de développer son imagination - p.107".

En grande section, l'atelier arts plastiques permet de "favoriser l'expression, la création, les essais audacieux, étonnants, humoristiques, l'imaginaire - p.115". Dans le tableau "des jeux éducatifs : nature et fonction", seuls les jeux de construction et d'assemblage sont classés activités "de création".

Ces principes constitutifs de l'école maternelle et proches d'une vision inspirée de l'enfant lui ont été transmis à la fois par l'éducation nouvelle et par la psychologie naissante lors du processus socio-historique de construction de l'école maternelle, dont on peut poser quelques repères.

Tolstoï a défini l'enfant et son traitement dans la logique de l'inspiration, ce que Cousinet appelle la "mystique de l'éducation nouvelle" : le respect de l'enfance, dans sa valeur, dans sa durée, le développement dans la nature et en liberté, la formation par l'activité personnelle, la liberté de l'activité dans tous les domaines (moral, intellectuel, artistique). Il systématise là certaines idées de Rousseau, un siècle après leur formulation - la théorie éducative de Rousseau n'a pris de l'importance qu'a posteriori, grâce à ses continuateurs. Dans l'Emile, Rousseau affirmait une valeur de l'enfance en soi, et définit la formation à travers une vie naturelle -vie physique, jardinage, travail manuel- et sur quelques principes essentiels -respecter la nature, laisser faire l'enfant qui apprendra par expérience ("il n'apprendra pas la science, il l'inventera").

Le mouvement international d'éducation nouvelle promeut ces notions de respect de la personnalité de l'enfant et de son activité libre, l'affirmation que l'éducateur n'a ni à préparer, ni même à former l'enfant, mais à lui fournir les moyens de se développer tout seul, notions qui atteignent les concepteurs de l'école maternelle.

Mais c'est aussi la toute jeune psychologie de l'enfant qui adopte ces principes et leur donne une légitimité scientifique. La psychologie, la pédagogie et l'école collaborent activement après la mise en place de l'instruction obligatoire et gratuite. Les activités et les discours de la "Société Libre pour l'Etude Psychologique de l'Enfant" fondée par F. Buisson en 1899 en témoignent : le comité directeur regroupe Pauline Kergomard, inspectrice générale des écoles maternelles qui a largement inspiré les textes et les pratiques encore en vigueur dans ces établissements, Th. Ribot, l'un des premiers psychologues français et A. Binet qui oriente la recherche psychopédagogique.

Le manuel destiné aux instituteurs souligne d'ailleurs l'action de Pauline Kergomard qui "oeuvre à l'évolution de l'institution dans tous les domaines". On reconnait dans les changements qui lui sont attribués les préoccupations du mouvement d'éducation nouvelle et de la psychologie, comportant entre autres une idée inspirée de l'enfant : "De nombreux textes officiels parus jusqu'en 1922 ont repris ce qu'elle préconisait : le respect du petit enfant, la distance à l'égard d'exercices trop scolaires, la reconnaissance du jeu comme forme naturelle de son activité, ainsi qu'une connaissance plus approfondie de la psychologie, de l'enfant en vue d'une pédagogie qui favorise son épanouissement. (...) Une meilleure adaptation des locaux, du mobilier et du matériel d'enseignement pour libérer les enfants et leur permettre de se grouper et de s'installer de diverses manières" (p. 13).

La conception de l'enfant inspiré habite de nombreuses facettes des propos et des mesures prises par les créateurs de l'école maternelle, notamment par Pauline Kergomard, et elle réside maintenant dans la tradition de l'institution comme en témoigne le manuel analysé : principe du respect de l'enfant, activité libre à la base de l'apprentissage, souci de favoriser son expression, sa créativité. La psychologie de l'enfant et, plus récemment, la psychanalyse étayent ces orientations144 et constituent des références pour les instituteurs d'école maternelle.

144Le principe d'inspiration est très présent dans la psychanalyse, Françoise Dolto le formule clairement :

"le plus grand drame de la condition humaine est qu'au moment de plus grande créativité (...) nous soyons placés sous la dépendance de l'adulte. L'immaturité physique accompagne paradoxalement une extraordinaire précocité de génie naturel et de sensibilité" , F. Dolto, La cause des enfants, Paris, Laffont,

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Les auteurs des textes officiels et d'Orientations-projets et activités pour l'école maternelle soulignent l'importance d'une connaissance du jeune enfant pour concevoir l'enseignement et proposent différentes sources de savoir, dont la psychologie et la psychanalyse. Ainsi la circulaire de 1986 installe comme références en vigueur : "des disciplines aussi diverses que la psychologie génétique et générale, la pédiatrie, la diététique, la neurologie, la psychanalyse, la sociologie, les recherches spécifiquement pédagogiques, contribuent pour une part plus ou moins grande à la connaissance de l'enfant" (p.26) et s'appuie sur le savoir psychologique comme le montrent les formulations : "l'importance de l'affectivité et de la structuration de la personnalité", "le bien-être psychologique et la sécurité affective doivent être l'objet d'un souci éclairé et sérieux", "la possibilité de faire exprimer ce qui oppresse et ce qui fait peur", "dans le respect de la liberté et de l'intimité de la personnalité naissante" (p.27).

Dans la partie "le développement de l'enfant", le manuel pour les instituteurs présente, outre les théories des neurosciences sur lesquelles nous reviendrons, les connaissances de la psychologie et la psychanalyse : sont résumées les théories de Wallon, Freud, Mélanie Klein, Spitz, Piaget et Bruner sous forme de tableaux. La psychologie et la psychanalyse sont désignées comme savoir de référence aux instituteurs ; elles importent dans les prescriptions une conception inspirée de l'enfant et de sa prise en charge.

L'éducation nouvelle, la psychologie, la psychanalyse travaillent en profondeur le fonctionnement de l'école maternelle depuis sa création. Ces courants de pensée ont défini l’enfant, et ce d’autant plus qu’il est petit, comme un être inspiré, au potentiel d’invention et d’imagination bien supérieur à celui des adultes, doté de spontanéité, de créativité, d’authenticité. Plusieurs aspects du fonctionnement d'une classe maternelle, telle que présentée dans Orientations-projets-activités pour l'école maternelle, s'appuient sur le principe de l'inspiration.

Un enfant inspiré pour les parents

Notre grille théorique précisait que le principe de l'inspiration ne permet pas de concevoir tout un fonctionnement familial, mais seulement certains de ses aspects : parents et enfants s'accorderaient spontanément par la grâce, chacun contribuerait par sa création à une vie collective sans routine. L'aménagement permettrait la création et même inviterait aux transformations.

Laurence Pernoud donne plusieurs fois l'image de l'enfant comme être inspiré dans J'élève mon enfant. Il est en lien avec des réalités supérieures : "L'enfant a naturellement le sens du sacré. Même s'il est trop petit pour comprendre, quelques minutes de silence avant de s'endormir, un geste de solidarité dont il est témoin, lui en diront plus aujourd'hui que vous ne pourriez lui en expliquer.(p.462)”

De plus, le jeune enfant est doté de dons providentiels : "Chaque étape apporte à l'enfant un nouveau don. Le don des trois ans, c'est l'imagination (...) (p.416)". "L'éducateur a une tâche à remplir : il doit guider l'enfant vers sa vocation pour l'aider à la réaliser. Car il ne suffit pas d'être adulte pour être quelqu'un. L'homme ne sera lui-même que s'il réalise ses dons, ce pour quoi il est né : ingénieur ou artiste, commerçant ou comptable et, pour reprendre un mot fameux : "bien élever un enfant, c'est lui permettre de devenir ce qu'il est". Un enfant a une nature d'artiste. Il est ce qu'on appelle un artiste-né. S'il est bien élevé, il sera, à sa majorité, en possession de tous ses dons, il sera devenu l'artiste qu'il était en puissance. Ainsi, guider l'enfant tout le long de sa croissance, cela ne veut pas dire au départ fixer le but : "Tu seras polytechnicien ou pianiste", mais le laisser grandir et peu à peu l'aider à réaliser son destin (p.454)". Ces propos présentent l'enfant comme être lié à une volonté supérieure qui distribue des aptitudes et détermine le cours de l'existence. L'action des parents doit révéler la richesse potentielle de l'enfant, accompagner son plein accomplissement.

De plus, l'auteur attribue au jeune enfant une spécificité de perception, de penser qui ne se caractérise pas en terme de manque par rapport à l'adulte: "Mais si comme vous,

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l'enfant est capable de croire à des histoires (pas vraies), il y a pourtant entre vous et lui de grandes différences qui expliquent que le monde de l'enfance soit fermé à tant d'adultes (p.419). (...) le réel des enfants est très différent du vôtre par ses limites, ses formes, ses couleurs, par ce que l'enfant choisit d'y voir. (p.420)" ; "La plupart des mots d'enfant qui vous ravissent par l'imagination dont ils témoignent ne sont en réalité nullement le fruit d'une imagination débordante. Ils ne font que traduite la manière de penser et de voir propre à l'enfant de 3 ans. (p.420)" ; "Mais l'enfant ne se borne pas à imiter l'adulte. Il a sa propre manière de raisonner. Et cette manière est une logique très cartésienne, la fameuse logique enfantine. (...) Exemple, il a demandé : "c'est qui la maman du veau? On lui a répondu -: La vache. -C'est qui la maman du poussin? -la poule". Sur quoi, il déclare : -La maman de l'eau, c'est le robinet! (p.421)".

Cette particularité de la pensée enfantine présentée par Laurence Pernoud peut être nommée inspiration."Trois ans, c'est vraiment le monde enchanté de l'enfance. L'imaginaire, le féerique le peuplent. C'est le triomphe de l'imagination. C'est elle qui vous donne cette poésie et cet humour à son langage, et vous allez voir que même lorsque l'imagination se tait, l'enchantement continue. (...) Les mots d'enfants, n'est ce pas la poésie même? (p.420)" ; "il y a aussi des cas où, ni l'imitation de l'adulte, ni la logique n'expliquent les propos de l'enfant de 3 ans. Il lui arrive de dire une phrase absolument gratuite, incompréhensible et poétique. L'explication est alors le plaisir qu'il éprouve à prononcer un certain mot. (...) - p.420".

Dans certains passages du manuel, l'enfant est donc présenté comme quelqu'un qui accède à la fois à un autre ordre de réalités, ce qui le rend créatif, imaginatif, sensible, intuitif, spontané, et à une sorte de volonté supérieure qui lui a attribué diverses caractéristiques. L’ouvrage se réfère, d'ailleurs parmi d'autres disciplines à la psychanalyse qui porte cette conception inspirée de l'enfant.

Quelles relations peuvent découler de ce principe d'inspiration? Les parents sont invités à respecter ses potentialités créatrices, à aider à leur émergence, à admettre leur propre

faiblesse de compréhension et d'invention. Ils attendent des enfants qu'ils expriment leur inspiration dans des propos et des actes créatifs.

Le principe d'inspiration ne suffit certes pas à définir tout le fonctionnement d'une classe ou l'organisation d'un foyer, mais il fonde certains aspects de la prise en charge du jeune enfant dans l'école maternelle et dans la famille. J'élève mon enfant et Orientations-projets, activités pour l'école maternelle présentent tous deux des indications incitant parents et enseignants à considérer l'enfant comme créatif, curieux, inventif et à permettre l'expression de ce potentiel. Les préoccupations portées par le mouvement d'éducation nouvelle et par la psychologie ont cheminé par l'action des inspectrices d'école maternelle, à travers les psychologues, par le biais des écrits savants et vulgarisateurs, et cela à la faveur d'un souci accru du jeune enfant dans la société.

La vision de l'enfant dans le registre de l'efficacité

La valeur d'efficacité a été systématisée par Boltanski et Thévenot à partir de l'oeuvre de St Simon ; "elle détermine une échelle des capacités professionnelles. Associée à la production des biens matériels, elle est orientée, par l'organisation, la programmation et l'investissement, vers l'avenir"145. Après l'avoir transposée sur les fonctionnements des foyers et des classes maternelles, on confronte ces traits théoriques avec les textes : cette logique est présente dans J'élève mon enfant, et plus encore dans Orientations-projets, activités pour l'école maternelle. Hormis les textes officiels régissant l'école maternelle, elle est absente de la législation concernant l'enfant. Nous allons examiné successivement les deux ouvrages retenus.

Une logique d'efficacité dans J'élève mon enfant

En constituant la grille théorique, on a vu qu'un foyer ne peut être défini exclusivement sur un principe d'efficacité. Certains aspects peuvent cependant s'y rattacher, tels que l'élaboration de projets, la rationalisation de l'organisation, la participation adéquate de chacun visant l'efficacité.

Cette acception apparait peu dans le manuel pour les parents ; l'auteur décrit, explique le développement de l'enfant et indique l'attitude à adopter par les parents. Les acquisitions sont présentées comme inscrites dans le cours normal de la croissance : "A condition qu'il soit élevé dans des conditions normales, tout enfant parcourt le cycle que je viens de vous décrire.p.441". Les parents ne sont donc pas sommés d'organiser, de programmer les apprentissages. Au contraire, Laurence Pernoud veut même prévenir cette tendance : "(...) Mais vous êtes en général trop pressés, beaucoup trop. Vous voulez que vos enfants fassent des progrès rapides dans tous les domaines, et vous comparez toujours avec les enfants du voisin. Vous voudriez que le vôtre marche plus tôt, parle plus vite, grandisse plus rapidement, soit sage à l'âge où on est turbulent. (...) Quelle responsabilité on prend en volant son enfance à un enfant, car c'est bien ce qu'on fait en le pressant, en voulant

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brûler les étapes, en essayant à tout prix de sortir l'enfant trop tôt de son petit monde!(...)Ne le pressez pas de faire des progrès. p.455" ; "Certains parents n'attendent pas que leur enfant veuille les lâcher : ils le poussent en avant"(p.459) ; "Surtout pas de zèle. (...) Prenez ensemble des récréations, riez, jouez avec votre enfant, ou simplement écoutez-le. En un mot profitez de sa présence. p.483". Laurence Pernoud s'oppose très explicitement à des parents instructeurs qui viseraient le développement des acquisitions chez leur enfant. Son insistance à prévenir cette attitude signale cependant l'existence de cette tendance.

La logique d'efficacité apparait néanmoins dans le manuel sous une forme très pragmatique : "L'important est que vous appreniez à bien connaître votre enfant, pour savoir agir utilement le moment venu.p.451".

Pour être efficace, atteindre un résultat précis, obtenir le comportement souhaité de l'enfant, L. Pernoud propose plusieurs techniques : "le biais", le chantage, "la diversion", "le pari". La méthode importe peu, seule compte la production des effets escomptés.

Voici d'abord ce que l’auteur appelle “le biais” :

“Pour éviter l’épreuve de force, un seul moyen : le biais. Exemple : -Emmanuel, viens te laver les mains.

-Non. -Viens vite! -Non!

Ici, deux voies : l’impasse : non-oui-non-oui. Conclusion inévitable : une tape, des pleurs, puis, si l’enfant est violent, une colère qui risque de durer longtemps et de le fatiguer. Vous aussi. En tout cas, un dîner haché de sanglots. L’autre voie : c’est la diagonale qu’il faut choisir avant les pleurs ou la colère, sinon l’enfant n’entend plus rien.

_Eh bien, nous allons d’abord laver les mains de ton ours. Tu n’as jamais vu un ours se laver les mains? Regarde...etc”146.

Et aussi le chantage, “la diversion”, “le pari”.

“Votre enfant ne veut pas venir? Attirez-le avec un “Il y avait ce matin une petite dame verte dans la rue qui promenait un chien noir”, et si votre enfant ne vient pas, vous

arrêtez net le récit comme s’arrête le roman-feuilleton, au moment où il va se passer quelque chose de passionnant. Vous ne reprendrez l’histoire que lorsque l’enfant aura obéi” 147.

“Que faire en présence d’une “scène” ? Si elle est à son début, une seule parade efficace