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Internationalisation des activités bancaires

1 – Le développement de l’activité bancaire internationale et l’évolution de ses aspects structurels s’expliquent par un grand nombre de facteurs liés aux mutations de l’environnement international sur le plan économique et financier, à l’évolution de la demande de services financiers émanant tant des emprunteurs que des investisseurs et à la diffusion de technologies et de techniques nouvelles. L’incidence de ces facteurs généraux a été, très, différente suivant le pays où la banque exerce son activité et suivant les caractéristiques juridiques et structurelles des différentes catégories d’institutions bancaires.

En outre, la place que les “opérations avec l’étranger” tiennent dans l’activité globale des banques varie, considérablement, en fonction du degré de perfectionnement des marchés de capitaux, de la politique monétaire suivie par le pays, des dispositions, éventuellement en vigueur en matière de contrôle des changes et du régime fiscal, ainsi que de la situation respective des banques étrangères et des banques nationales au regard de la concurrence.

Certains de ces facteurs, comme l’expansion des courants d’échanges commerciaux, l’internationalisation de l’activité des sociétés, le développement des opérations entre banques et sur “les marchés des euro-monnaies”, jouent depuis très longtemps et expliquent, sur une large part, l’essor des opérations internationales dans les premières années 60 et leur progression ultérieure. Pendant les années 70, de profondes mutations structurelles des payements internationaux et des systèmes financiers, l’augmentation considérable des déséquilibres de balance des payements et la séparation, de plus en plus, nette entre les places internationales où se collecte l’épargne, et celles où elle s’investit, se sont conjuguées pour donner un nouvel élan au processus qui conduit à faire des banques “le pivot” de “l’intermédiation financière internationale” (168).

Tout récemment, on a observé un ralentissement de la croissance de l’activité bancaire internationale. Cette décélération de la tendance à l’internationalisation peut être imputée au (168) – Cf. Fatiha Taleb, L’internationalisation des activités bancaires et les nouvelles politiques bancaires, Oran 2004/2005, page 4 ; Pecchioli, Les pouvoirs publics face à l’internationalisation des activités bancaires, Paris 1983 p. 11 et s.

jeu combiné d’un certain nombre de facteurs. Le système bancaire international était, probablement entré, dans les dernières années 70, dans “une phase de consolidation” ; mais, ce problème a été, plus ou moins, éclipsé par la nouvelle et forte impulsion donnée à l’expansion des marchés par le second choc pétrolier. Bien que certains des grands facteurs macro-économiques qui ont stimulé le développement des opérations internationales dans le passé continuent de jouer un rôle majeur, les banques ont adopté une attitude plus prudente, dictée par des considérations de discipline financière et par une perception plus nette des risques courus. Dans le cas d’un certain nombre de grandes banques, le processus de diversification internationale des portefeuilles est, presque arrivé à son terme et la répartition des actifs entre concours aux résidents et créances sur les marchés internationaux s’est rapprochée de la proportion souhaitée.

Enfin, on constate, depuis quelques années, que dans la “stratégie des banques” le souci de la rentabilité et d’un niveau suffisant des fonds propres l’emporte sur l’objectif d’expansion de l’actif. Tous ces facteurs donnent à penser que dans les années à venir, la progression des activités internationales des banques sera plus modeste, mais que, à moins, d’une grave crise financière internationale, il n’y aura pas de véritable rupture de la tendance des banques à s’engager de plus en plus dans les opérations internationales.

2 – A présent, le système bancaire international (169) peut être considéré comme arrivé à maturité. Autrement dit, les instruments dont-il dispose et les secteurs qui entrent en jeu sont, assez, divers pour que les marchés sur lesquels se déploie son activité se comparent, favorablement, en étendue et en capacité de résistance, à la plupart des marchés nationaux de capitaux comme en témoigne le fait que le marché bancaire international a montré une aptitude remarquable à l’innovation et à l’adaptation, aux besoins changeants des emprunteurs et des investisseurs, ainsi qu’une facilité de réaction tout aussi remarquable aux fluctuations de l’état du marché. Plus généralement, l’activité bancaire internationale est maintenant devenue partie intégrante de la stratégie globale des banques. Cela implique que les décisions à long terme fixant la direction dans laquelle doit se faire l’expansion des banques se fondent, essentiellement, sur la rentabilité relative de tous les différents débouchés et sur les risques qui s’attachent à chacun d’eux, notamment, les perspectives de croissance sur le marché national, l’importance relative des dispositions réglementaires traitant, différemment les opérations intérieures et les opérations effectuées à l’étranger et l’idée que se font les banques des risques particuliers liés à leurs activités internationales. Le processus d’internationalisation de la banque s’est déroulé sur une très (169) – G. Corrigan – Système Financier International, Economica, 1987, p. 77.

longue période de temps, de profondes modifications s’étant produites, tant dans les techniques mises en œuvre que dans la nature et la portée économique elles-mêmes. Etant donné le haut degré de raffinement et de développement atteint dans les dernières décennies, il est nécessaire, semble-t-il, que tous les changements qui pourront intervenir sur les marchés internationaux pendant les toutes prochaines années, s’opèrent de manière progressive et ordonnée, si l’on veut que ces marchés continuent de fonctionner efficacement et au profit de la “communauté internationale”.

3 – L’expansion de l’activité bancaire internationale (170) s’est accompagnée de changements importants dans les méthodes tant de collecte de ressources que d’octroi des crédits ; ces changements ayant, à leur tour, permis aux banques d’offrir dans ce domaine des services plus adaptés aux circonstances, plus raffinés et d’une qualité plus grande. De plus, en élargissant la gamme des formules de financement ou de placement mise à la disposition de la clientèle, l’évolution des techniques, ainsi que le progrès rapide de la technologie dans le domaine des communications ont contribué à un enrichissement progressif des cloisons entre les différents compartiments des marchés nationaux et internationaux de la monnaie et du crédit.

4 – La structure des exigibilités des banques envers le marché international varie, considérablement, d’un établissement à l‘autre, mais, elle se caractérise, assez, communément, par deux traits principaux : presque toutes ces exigibilités sont rémunérées et la proportion d’exigibilités sensibles au niveau des taux d’intérêts dans la totalité des dépôts est généralement plus élevée que pour les exigibilités envers les résidents. Ce dernier trait tient à la forte proportion d’exigibilités interbancaires, au fait que les dépôts des agents non bancaires sont à assez court terme et à la pratique courante de la stipulation de taux d’intérêt variables dans les opérations de financement à plus long terme. La combinaison de ces deux caractéristiques a une forte incidence sur la rentabilité des opérations internationales ainsi que sur la nature des techniques et pratiques déterminées des opérations internationales mises en œuvre sur “le marché des euro-crédits”. D’une part, étant donné que l’évolution des coûts de financement moyen suit, généralement, de près, celle des coûts marginaux, les conditions de prix dont sont assortis les prêts internationaux sont fixées dans une optique « marginale », de manière à réduire, au minimum, l’incidence des fluctuations du niveau des taux d’intérêt sur la rentabilité de la banque. En même temps, (170) – Voir P. B. Ruffini, « Internationalisation des banques et groupes financiers », Séminaire

l’un des grands objectifs des banques dans leur politique de gestion est de maintenir, à un niveau satisfaisant, ce qu’on appelle “l’écart de sensibilité”, c’est-à-dire la différence entre le volume du passif sensible au niveau des taux d’intérêt et celui de l’actif sensible aux taux d’intérêt. Cela implique de donner une préférence très marquée aux prêts à court terme et/ou aux crédits à long terme assortis de taux flottants. Le recours à la dernière de ces formes de crédit permet aux banques de limiter leur risque de taux d’intérêt, mais du fait que ces risques sont reportés sur les emprunteurs, elle peut contribuer à accroître les risques de crédit, dits liés à la capacité des débiteurs à dégager un volume de liquidités suffisant pour assurer le service de leur dette.

5 – Si l’on se tourne vers les opérations s’inscrivant à l’actif du bilan, le trait le plus frappant est l’expansion (171), extraordinairement rapide des crédits consortiaux renouvelables (« roll over ») à moyen terme ; Ceux-ci étant devenus une composante très importante de l’activité internationale des banques au cours des années 70. La progression rapide qu’ont accusée, ces dernières années, les prêts internationaux à moyen terme accordés sur “le marché des euro-crédits” a mis, au premier plan, un certain nombre de préoccupations des autorités relatives en particulier à la transformation. Si l’on reconnaît que la transformation est inhérente à l’intermédiation, on n’en a pas moins exprimé, souvent la crainte que les dissymétries structurelles dans l’offre et la demande des ressources bancaires internationales amènent les banques à accepter de manière habituelle une disparité excessive entre les échéances, étant donné le volume limité des ressources à long terme disponibles. De surcroît, avec un processus d’intermédiation reposant en grande partie sur le crédit à moyen terme, lui-même alimenté par des dépôts à court terme pour le financement des dépenses à long terme, on ne saurait exclure que le refinancement nécessaire ne puisse être assumé aux époques de perturbations sur les marchés ou de pénurie de liquidité, d’où aggravation de la situation financière des débiteurs et augmentation des tensions sur le marché international.

6 – Les indications dont on dispose sur l’analyse de ce phénomène de disparité des échéances, sont fragmentaires, en grande partie, à cause de l’insuffisance des données sur le profil, par échéance, des exigibilités internationales des banques. Il semble bien cependant que les banques aient effectivement pratiqué, dans une large mesure, la transformation dans leurs activités internationales, le déséquilibre entre les postes d’actifs et (171) – Cf. Pecchioli – Les pouvoirs publics face à l’internationalisation des activités bancaires, Paris

du passif étant important pour les échéances les plus courtes et les échéances les plus longues. En revanche, les données disponibles ne permettent pas de se faire une opinion sur le point de savoir si la transformation dans le domaine des opérations internationales est nettement plus poussée que sur les marchés nationaux et dans quelles proportions. « Cette dernière observation » met en relief l’importance de “deux problèmes fondamentaux”, à savoir la portée des chiffres globaux couvrant des banques très différentes quant à la structure de leur bilan et l’articulation de leur gestion, et en particulier le caractère artificiel de la distinction entre opérations intérieures et opérations internationales.