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Les crises financières en Argentine et en Turquie. A

Argentine.

L'actualité des marchés financiers émergents, au cours de l'année 2001, a été essentiellement marquée par la détérioration progressive de la situation argentine. Faisant du maintien de la loi de convertibilité de 1991 un principe de politique économique, la stratégie des autorités argentines en200l a consisté à renforcer les mesures d'austérité budgétaire afin de tenter d'enrayer le processus de surendettement public et d'éviter le défaut de paiement sur la dette souveraine. Cependant, l'annonce d'un objectif de « déficit zéro » en juillet est apparue rapidement irréaliste en raison tant de la faiblesse des rentrées fiscales, liée à la récession économique, que des difficultés à réformer en profondeur la structure des dépenses budgétaires. Ni le reprofilage partiel de la dette (« méga-swap » de (29) – F. Ülgen – Cours de Monnaie et Finance Internationale, 2002, opcit, p. 157.

début juin), ni le recours à des mesures d'urgence, telles que le placement forcé des titres publics d'État auprès des institutions financières domestiques ou le paiement par les provinces de salaires en titres de dettes à court terme (Patacones, Lecops), n'ont permis de stabiliser la dynamique de la dette et de restaurer la crédibilité internationale du pays.

En septembre 2001, l'Argentine a bénéficié de financements d'urgence de la part du FMI d'un montant de 8 milliards de dollars, portant l'assistance financière totale du FM à ce pays à 21,5 milliards, soit 18,6% du total de ses engagements. Cependant alors que les marchés accueillaient favorablement le programme brésilien, l'aide additionnelle accordée à l'Argentine a été sans effet sur les « spreads ». Dans un contexte social de plus en plus tendu, la crise de surendettement public a déclenché une crise de confiance des agents économiques argentins, aggravant les tensions sur la liquidité du secteur bancaire et financier. Malgré les mesures de sauvegarde du système bancaire et du régime de change -notamment les limitations drastiques apportées à la disponibilité des dépôts bancaires, à l'origine d'une crise politique et sociale majeure - l'Argentine a finalement dû suspendre le service de sa dette, puis abandonner le régime du « currency board » (30), déclenchant une dévaluation du peso de 29% par rapport au dollar.

Le défaut argentin a été exceptionnel par son ampleur, la dette publique du pays avoisinant 130 milliards de dollars. Néanmoins, les effets de contagion de la crise argentine apparaissent au total assez limités. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à expliquer ce phénomène. En premier lieu, la détérioration de la situation de l'Argentine et son impact sur la dette du pays, largement anticipés par les marchés, n'ont nullement constitué une surprise. Les investisseurs internationaux, et plus généralement les intervenants de marché, ont semble-t-il, intégré ce risque bien avant l'éclatement de la crise dans leurs stratégies d'investissement et leur approche du marché argentin, comme des marchés émergents dans leur ensemble. De plus, l'activité sur les marchés financiers émergents est aujourd'hui le fait à la fois de fonds d'investissement dédiés et d'investisseurs opportunistes (fonds dits «cross-over») qui, d'une façon générale, ont moins recours à l'effet de levier. Ces facteurs ont pu contribuer à prévenir les réactions de panique et à limiter la volatilité sur les marchés émergents, dans un environnement au demeurant marqué par le déclin persistant, depuis les crises de 1997-1998, des flux d'investissement vers les économies émergentes.

(30) – Système de parité fixe caractérisé par un strict adossement de la base monétaire aux réserves de change.

B

Turquie.

La crise de liquidité qui s'est développée en Turquie, dès la fin 2000, s'est aggravée au début de l'année 2001, reflétant la perte de confiance des marchés financiers dans la politique des autorités publiques. La fragilité du secteur bancaire, le niveau élevé de l'inflation et le dérapage du déficit des transactions courantes, sur fond de crise politique et institutionnelle, ont été sanctionnés par des pressions croissantes sur la livre turque, qui ont amené le gouvernement à annoncer, le 22 février, l'abandon du régime de « crawling peg » au profit d'un flottement de la monnaie.

Au mois de mai 2001, la Turquie a mis au point avec le FMI un programme économique renforcé. L'effort de redressement engagé par les autorités n'a toutefois pas réussi à restaurer la confiance des marchés. D'une part, la persistance de taux d'intérêt élevés compliquait le refinancement de la dette publique et aggravait son coût. D'autre part, la dépréciation plus importante que prévu de la livre ne permettait pas un ralentissement de l'inflation aussi significatif qu'on aurait pu l'espérer.

Alors qu'elle semblait commencer à se stabiliser, la situation économique de la Turquie a subi un nouveau choc à l'automne, avec les événements du 11 septembre, qui ont provoqué un déclin des exportations et des recettes liées au tourisme et rendu plus difficile l'accès aux marchés financiers internationaux.

Au mois de novembre, le besoin de financement du pays était estimé à 10 milliards de dollars pour la période allant jusqu'à fin 2002. Le 15 novembre, le FMI recommandait l'adoption d'un nouvel accord de confirmation (« stand-by arrangement »), formellement approuvé par le Conseil d'administration le 4 février 2002. Cet accord qui se substitue à celui adopté en décembre 1999, octroie 16,3 milliards de dollars à la Turquie pour la période 2002-2004 en soutien de son programme économique.

A la fin de l'année 2001 et au début de l'année 2002, la restructuration du système bancaire (rationalisation puis privatisation des petites banques publiques, recapitalisation des grandes banques d'État), la poursuite du programme de privatisations et la confirmation de la politique d'assainissement budgétaire ont commencé à porter leurs fruits et la situation économique et financière de la Turquie s'est stabilisée. Le soutien apporté par la communauté financière internationale a également joué un rôle important dans ce processus de stabilisation, en facilitant l'accès de la Turquie aux marchés internationaux de capitaux.

Paragraphe II