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Interdépendance des économies

Dans le document UNIVERSITÉ DE NICE SOPHIA ANTIPOLIS (Page 34-40)

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de référence. Donc, les mêmes biens et services coûtent plus chers qu’avant pour les non-résidents. Cela pose alors un problème de compétitivité-prix entre le pays de référence et les autres qui propo-sent les mêmes biens et services. Ainsi, la compétitivité se trouve au cœur de l’économie internatio-nale, ce qui implique la prise en compte de la politique de la contrainte extérieure dans la gestion de la politique de change.

De ce qui précède, nous nous attelons en premier lieu à montrer l’interdépendance entre les économies nationales et ses implications sur les équilibres interne et externe pour chaque économie faisant partie intégrante de l’économie mondiale. En second lieu, nous nous pencherons sur le lien entre les contraintes extérieures et le régime de change. En effet, traitant un sujet sur les performances économiques des pays selon leur appartenance aux différents régimes de change, il serait incompré-hensible de prétendre aborder le sujet sans montrer comment les économies sont interdépendantes entre elles et comment ces interdépendances affectent les politiques économiques nationales des États. En effet, les performances économiques des pays ne sont que le reflet ou le résultat des poli-tiques économiques menées, mais qui, par ailleurs, sont conditionnées par les contraintes extérieures dans le contexte des économies nationales devenant de plus en plus intégrées et formant ainsi une économie mondiale globalisée. Ce passage va nous permettre de mieux comprendre les idées qui se cachent derrière chaque théorie économique dans le domaine de la finance internationale ou du com-merce internationale. Et, une fois compris ce passage, nous serons à même capable de comprendre et de décortiquer les modèles et les théories du taux de change dans le chapitre suivant.

Paragraphe 1 : Interdépendance des économies

L’interdépendance des économies fait peser des contraintes extérieures sur chaque économie nationale. Donc, il est utile de comprendre comment les économies nationales peuvent être interdé-pendantes et de savoir aussi comment les comportements des différents secteurs (notamment le sec-teur public et le secsec-teur privé) influent sur l’évolution des contraintes extérieures ou sur les variables macro-financières. S’appuyant sur la méthodologie d’élaboration de la balance des paiements par le FMI (voir : http://www.imf.org/external/np/sta/bop/bopman.pdf), nous allons partir de l’égalité entre la demande globale et l’offre globale des biens et services exprimées par les résidents et les

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résidents d’un pays pour montrer l’interférence entre les économies à travers les différents soldes de la balance des paiements.

𝑌 = 𝐴 + (𝑋 − 𝐽) (𝑒𝑞1)

𝑎𝑣𝑒𝑐, 𝐴 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼

La variable 𝑌 est le produit intérieur brut (PIB), la variable 𝐴 est l’absorption, la variable 𝑋

représente les exportations de biens et services, la variable 𝐽 représente les importions de biens et services, la variable 𝐶 est la consommation des ménages, la variable 𝐺 représente les dépenses pu-bliques et la variable 𝐼 représente l’investissement. Le PIB, qui est l’offre produite par les résidents, est égal à l’absorption (𝐴) augmentée des exportations nettes des importations (𝑋 − 𝐽). Comme le PIB en valeur nominale représente la rémunération brute reçue par les résidents en contrepartie de leurs activités productives, le PNB, le produit national brut, est donc le PIBaugmenté des transferts nets avec les non-résidents. En notant les transferts nets (transferts reçus par les résidents moins ceux versés aux non-résidents) entre les résidents et les non-résidents par la variable 𝑈, nous avons :

𝑌 + 𝑈 = 𝐴 + (𝑋 − 𝐽) + 𝑈 (𝑒𝑞2) (𝑌 + 𝑈) − 𝐴 = (𝑋 − 𝐽) + 𝑈 = 𝐵 (𝑒𝑞3)

Avec, 𝑃𝑁𝐵 = 𝑌 + 𝑈 𝑒𝑡 𝑈 = 𝑈𝑟− 𝑈𝑛𝑟

La variable 𝐵 est donc le solde de la balance courante, les variables 𝑈𝑟 et 𝑈𝑛𝑟 représentent les transferts reçus par les résidents et ceux reçus par les non-résidents en provenance du pays de réfé-rence. Cette variable est composée de deux soldes, dont le solde des transferts des revenus des facteurs de production et celui des transferts courants En réécrivant la relation (eq2) par la relation (eq3), on voit que la balance courante, notée 𝐵, est l’écart entre le PNB et l’absorption. La relation (eq3) est très utile en macroéconomie internationale, car elle est à la base des opérations financières et des opérations en capital entre un pays et le Reste du Monde. Un pays dont le PNB est supérieur à son absorption a une balance courante positive. Dans ce cas de figure, c’est un pays créancier du Reste du Monde, ce qui signifie qu’il accroît sa détention nette de richesse sur le Reste du Monde. En revanche, si le PNB du pays est inférieure à son absorption, cela signifie que sa balance courante est déficitaire, donc le pays est alors débiteur vis-à-vis du Reste du Monde. En conséquence, le pays accroît son endettement net vis-à-vis du Reste du Monde.

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Une autre lecture importante de la relation (eq3) est qu’elle nous permet de comprendre que l’ouverture économique est un moyen de desserrer la contrainte budgétaire qui pèse sur les agents résidents. En effet, dans le cas où les dépenses du pays sont supérieures à ses revenus, il peut financer ses dépenses excédentaires par l’endettement vis-à-vis du Reste du Monde. Par conséquent, l’ouver-ture permet de maintenir les dépenses à un niveau supérieur à ce qui aurait été compatible en écono-mie fermée avec les mêmes intentions de dépense. Mais, si les dépenses du pays sont inférieures à ses revenus, ce qui conduit donc à un excédent de la balance courante, il peut donc accumuler des réserves de change ou acheter des titres étrangers. Ainsi, il accroît ses créances vis-à-vis du Reste du Monde. Également, il permet à ses partenaires d’assurer leur niveau de dépense lorsque celui-ci ex-cède le niveau des revenus.

Nous venons d’exposer comment des relations financières sont nouées entre les résidents d’une économie et les non-résidents tout en sachant que ces relations ont des conséquences monétaire et financière en premier lieu. Comme les opérations courantes et les opérations en capital dépendent du niveau des revenus et de celui des dépenses des agents résidents, on peut alors identifier les capa-cités ou les besoins de financement dans une économie par les relations comptables et les relations de comportements suivantes :

𝑆𝑔 = 𝑇 − 𝐺 (𝑒𝑞4)

𝑆𝑝 = 𝑌 + 𝑈 − 𝑇 − 𝐶 (𝑒𝑞5)

𝑆𝑁 = 𝑆𝑔 + 𝑆𝑝 = (𝑌 + 𝑈 − 𝑇 − 𝐶) + (𝑇 − 𝐺) = (𝑌 + 𝑈) − (𝐶 + 𝐺) = 𝑃𝑁𝐵 − (𝐶 + 𝐺) (𝑒𝑞6)

La variable 𝑆𝑔est l’épargne publique, la variable 𝑇 représente les recettes publiques, la va-riable 𝑆𝑝est l’épargne privée, la variable 𝑆𝑁 est l’épargne nationale, les variables 𝐶, 𝐺, 𝐼, 𝑌 𝑒𝑡 𝑈 ont les même significations que précédemment. La relation (eq6) montre que l’épargne nationale corres-pond à l’écart entre le PNB et les dépenses de consommation finales de tous les agents économiques, c'est-à-dire les ménages et les administrations publiques4. Comme le secteur privé investit une somme

4 On suppose que toutes les dépenses du secteur public sont des dépenses de consommation finale des administrations publiques. Donc, aucune proportion de G n’est comptabilisée comme dépense d’investissement des administrations pu-bliques.

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de montant 𝐼 dans l’économie, cela suppose que ce besoin est soit satisfait par l’épargne intérieure, soit satisfait par l’accroissement de l’endettement des agents résidents vis-à-vis des non-résidents.

Ainsi, la capacité ou le besoin de financement de la nation, autrement dit l’épargne financière nette de la nation notée par la variable 𝑆, est alors :

𝑆 = 𝑆𝑁− 𝐼 = (𝑆𝑝− 𝐼) + 𝑆𝑔 = (𝑆𝑝− 𝐼) + (𝑇 − 𝐺) (𝑒𝑞7)

En exploitant la relation (eq2), on aboutit à la relation (eq8) suivante :

𝑆 = (𝑆𝑝− 𝐼) + (𝑇 − 𝐺) = 𝐵 ⟺ 𝑆𝑁− 𝐼 = 𝐵 (𝑒𝑞8)

D’une part, la relation (eq8) nous montre que la balance courante est égale à l’épargne finan-cière nette d’un pays, puisque c’est la somme des capacités (ou besoins) de financement du secteur privé et du secteur public. D’autre part, on voit que l’évolution des variables dans cette relation décrit de façon pertinente les contraintes macroéconomiques qui peuvent peser sur une économie. Plus pré-cisément, l’écart entre 𝑆𝑝 et 𝐼 correspond à la capacité (ou besoin si la différence est négative) de financement des agents privés. Et l’écart entre 𝑇 et 𝐺 correspond à la capacité (ou au besoin si la différence est négative) de financement du secteur public. Les deux soldes peuvent varier en sens inverse ou dans le même sens.

Dans le cas où l’épargne privée et l’épargne publique évoluent en sens inverse, par exemple le secteur privé a une capacité de financement alors que le secteur public a un besoin de financement, il peut y avoir compensation totale ou partielle entre capacité et besoin de financement. Si les agents privés dégagent une capacité de financement tandis que les administrations publiques dégagent un besoin de financement, cela est symptomatique d’un pays en proie à une récession. En effet, c’est une baisse de l’investissement au profit des dépenses de consommation publique. En effet, la baisse de l’investissement s’explique par l’effet d’éviction que crée le financement des dépenses publiques par emprunt national. Mais, si au contraire les agents privés dégagent un besoin de financement, alors que les administrations publiques dégagent une capacité de financement, cela est caractéristique d’une économie en gain de croissance ou en processus de redynamisation. En effet, on peut interpréter les performances du secteur public par l’assainissement des finances publiques et une utilisation plus judicieuse des recettes publiques.

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Par ailleurs, si les soldes des deux secteurs évoluent dans le même sens, cela est le plus souvent dû à un choc structurel ou à un changement structurel de la politique économique plutôt qu’à une politique conjoncturelle. En effet, si les agents privés et les administrations publiques dégagent si-multanément une capacité de financement, les résidents sont alors des créanciers nets vis-à-vis du Reste du Monde. Dans le cas où les deux secteurs présentent simultanément un besoin de finance-ment, l’ensemble des résidents est débiteur net vis-à-vis du Reste du Monde. Une des leçons princi-pales qu’on peut tirer de ces analyses est qu’une crise financière est provoquée soit par le ment du secteur privé, soit par le comportement des administrations publiques, ou par les comporte-ments des deux secteurs à la fois. En effet, convient-il de rappeler que c’est cette vision qui a été à la base des réformes économiques menées par le FMI et la BM dans les années 80, lesquelles sont connue sous le nom de politiques d’Ajustement Structurel (PAS). Et, comme on le verra plus loin dans la section abordant la crise de la balance des paiements, on comprendra que tous les modèles de crise de change, dits de première génération, sont inspirés par cette idée-là. Dans le cas des PED, il s’agit le plus souvent de la crise de la balance des paiements. Avant toute recherche de solution pour répondre à une crise financière dans un pays, il convient tout d’abord d’identifier le secteur qui en est responsable pour trouver une solution appropriée.

Jusqu’ici, nous avons tout simplement cherché à montrer l’interdépendance entre les écono-mies sans pour autant montrer les contreparties des relations résultant de cette interdépendance. En effet, les relations qui sont nouées entre les résidents et les non-résidents donnent lieu à des paiements ou à des mouvements de capitaux monétaires et non monétaires. Nous avons déjà montré que l’épargne financière nette, 𝑆, autrement dit la capacité ou le besoin de financement des agents rési-dents, est égale au solde de la balance courante 𝐵. Or, l’épargne financière est à la base de tous les mouvements financiers et monétaires entre les résidents et les non-résidents. Donc, les contreparties de l’épargne financière correspondent à la somme du solde des mouvements monétaires noté ∆𝐹 et celui des capitaux noté ∆𝑍 entre les résidents et les non-résidents. Et, comme le solde de la balance courante est égale à l’épargne financière nette, alors elle est identique aux contreparties de celle-ci.

𝐵 = ∆𝑍 + ∆𝐹 (𝑒𝑞9)

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La variable ∆𝐹 est le solde des flux monétaires, c'est-à-dire à la variation de la position mo-nétaire extérieure (PME) de la nation. La variable ∆𝑍 est le solde des flux des capitaux, autrement dit des flux des capitaux à long terme, comme les investissements directs étrangers (IDE) par exemple. La variable 𝑍 correspond aux mouvements des capitaux et ∆𝐹𝑏 est le solde de la PME du secteur bancaire et financier. La variable 𝐹𝑏 représente les mouvements monétaires ou des capitaux à court terme du secteur bancaire et financier et ∆𝑅 est la variation des réserves de change officielles. Donc,

∆𝑍 est la variation nette des mouvements de capitaux « non monétaires » et ∆𝐹 est la variation de la PME de la nation. En substituant la variation de la PME de la nation par ses composantes (∆𝑅 + ∆𝐹𝑏), on peut écrire l’égalité entre les sources de la variation de la richesse nette et ses utilisations. Plus clairement, le solde de la balance courante est égal à l’épargne financière nette de la nation. On aboutit à la relation (eq10) en remplaçant la balance courante 𝐵 par l’épargne financière dans la relation (eq9).

(𝑆𝑝− 𝐼) + (𝑇 − 𝐺) = ∆𝑍 + ∆𝐹𝑏+ ∆𝑅 (𝑒𝑞10)

Lorsque la balance courante est déficitaire, les modes de financement se reportent sur la va-riation des capitaux à long terme, notée ∆𝑍, la variation de la PME du secteur bancaire et financier, notée ∆𝐹𝑏, et la variation de la PME du secteur officiel, notée ∆𝑅. Nous constatons l’interdépendance des flux financiers et monétaires, privés et publics dans les comptes financiers extérieurs des pays. La relation (eq10) nous montre que les mouvements financiers et monétaires sont les conséquences directes des comportements des agents privés et publics. Ce qui implique que ces comportements méritent une analyse approfondie. Dans un contexte de très grande interdépendance des économies (économies dites intégrées), les comportements des agents peuvent provoquer une très grande insa-tiabilité des flux financiers, qui se répercutent sur la PME.

En résumé de ce qui vient d’être exposé, le tableau 1 suivant décrit le bilan du système ban-caire et financier d’une nation. Dans le tableau, nous partons du bilan des institutions financières de second rang et de celui de la Banque Centrale pour aboutir au bilan simplifié du système bancaire et financier de la nation. Ainsi, nous retrouvons les variables présentées en amont et les liens qui existent entre elles.

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