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Il est in1portant de se rendre co1npte des facteurs qui font varier l'intensité du courant dans le cas qui nous occupe.

- E

La formule de Ohm I

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R nous apprend que l'in-tensité est directen1ent proportionnelle à la force électromotrice et inversément proportionnelle à la résistance totale du circuit. La résistance totale R se décompose en deux parties : la résistance de l'arc extérieur que nous désignerons par R, plus le pro-duit de la résistance r de chacun des couples de la pile par leur nombre. La forn1ule devient donc avec une pile de n couples : I

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Ces considérations suffisent pour démontrer la né-cessité de connaître la résistance du circuit intérieur et extérieur dont dépendra en majeure partie l'in-tensité du courant.

Ici la résistance extérieure R est représentée par la résistance du corps humain.

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-En général, la résistance du corps R est si consi-dérable que la résistance intérieure de la pile devient une quantité négligeable. Cependant la résistance du corps n'est pas toujours si grande, et, par contre, si la batterie est mal construite, la résistance inté-rieure augrnentera et diminuera considérablement l'intensité du courant. Il importe de bien connaître ces faits po ur se rendre un compte exact de la mar-che· des électrisations, n1arche qui est sujette à des variations souvent très grandes.

Erb a cherché à déterminer la résistance spécifi-que des différents tissus; il s'exprime de .la manière suivante : (< Les différents tissus du corps ont, à peu de chose pr_ès, la n1ême résistance électrique, surtout si l'on considère l'organisn1e viv.ant, · conti-nuellement irrigué par le sang. Le tissu 1nusculaire est probablen1ent celui qui conduit le n1ieux l'élec-tricité, en raison de sa vascularisation et de la riche proportion d'eau qu'il contient, les nerfs, les ten-dons, les os, sont n1oins bons conducteurs, mais ces différences ne sont pas grandes. C'est l'épiderme et sa couche cornée qui opposent au passage elu cou-rant l'obstacle le plus considérable. Erb a trouvé que la résistance de la peau varie suivant les sujets, suivant les régions du corps et les états de la peau.

Enfin il signale le fait que chez le même individu et dans les mên1es points d'application, la résistance de la peau varie clans d'énormes proportions. Elle diminue par suite de l'action prolongée du courant, sous l'action d'un courant plus intense, etc.

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Erb, dans ses eX})ériences, n'a pas 1nesuré direc-tement la résistance, il arrive à ces conclusions par la simple constatation des déviations croissantes de l'aiguille du galvanmnètre.

Le Dr Dubois, de Berne 1, a repris les expériences en mesurant aussi exactement que possible la résis-tance et a étudié les diverses causes qui la font va-rier.

Nous résu1nerous rapide1nen t ces expériences entreprises sur le vivant et sur le cadavre.

Dubois applique le pôle positif sur la nuque et le

· pôle négatifs ur la surface antérieure de l'avanf-bras, et se sert d'électrodes de 8 cm de côté, soigneuse-ment hun1ectés dans l'eau salée et fixés soliden1ent par des liens de caoutchouc. Il se sert du galvano-Inètre d'Edelmann, qui est très sensible, et décèle des courants de 1/5o M. A. Il fait passer le courant pendant une 1ninute en se servant successiven1ent de 1, 2, 3, etc., élén1ents, jusqu'~ 20. Il note les dévia-tions du galvanon1ètre au conunencen1ent et à la fin de chaque n1inute et n1esure les résistances qui correspondent aux intensités.

Au début de l'expérience,~ un élén1ent ne suf1lt pas à produire une déviation de l'aiguille qui décèle cependant des courants de· 1/5o M. A., la résistance du corps étant trop considérable. Avec deux élé-ments il y a une légère déviation de 0,10 qui n'aug-Inente pas par l'application du courant pendant une

1 Sur la résistan~c électrique du corps humain, par le Dr Du-bois. Revue médicale de la Suisse romande, 1.5 Octobre 1.88.6. ·

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-minute. Cette intensité de 1

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M. A. correspond à une résistance de 30,000 ohms. Avec 3 éléments, la résis-tance tombe immédiatement à 22,500 et au bout d'une minute à 18,000, avec quatre éléments, elle n'est plus que de 15,080, après une 1ninute d'application. Le phénomène continue à se produire pendant toute la durée de l'expérience et avec 20 éléments la résis-tance n'est plus que 690 ohms. Nous voyons ainsi que sans cette précieuse propriété de la peau de di-n1inuer sa résistance· sous l'influence du courant, nos 20 éléments n'auraient produit que la n1inime intensité de 2 M. A. Ce n'est donc pas la puissance de nos batteries galvaniques de 20 à 50 éléments qui nous pern1ettent d'obtenir l'intensité désirable. Nous en sonnnes redevables à cette propriété peu connue de la peau de varier sa résistance sous l'influence du courant.

Dubois a établi, en outre, que cette düninution de résistance une fois acquise est durable; elle reste peu considérable pour un no1nbre décroissant d'élé-ments. Elle aug1nente un peu, il est vrai, à n1esure que le courant est plus faible, n1ais, 1nême pour un élément elle n'est plus que de 3333 ohms, c'est-à-dire elix fois moindre qu'au début de l'expérience.

Quant aux causes, on a admis plusieurs explica-tions. Elles seraient dues, en partie, à des phénomè-nes électrolytiques : les acides s'accumulant au pôle positif, les bases au pôle négatif suffiraient pour rendre l'épiderme meilleur conducteur, de plus, le courant produit un transport réel de particules

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-des du pôle positif au pôle négatif; les cellules épider-miques s'imbibent de ce liquide, et c'est à cette ac-tion cataphorique du courant qu'un auteur allemand, Gartner, attribue ce phénomène en se basant sur ce fait qu'il a obtenu les mêmes résultats sur le cada-vre. D'après Dubois, ces résultats seraient moins 1narqués sur le cadavre, aussi pour l'expliquer ajoute-t-il aux causes ci-dessus, l'hyperhé1nie de la peau produite par le passage du courant, il s'appuie principalement sur ce fait, que dans certains cas d'hén1iplégie, avec refroidissen1ent des extré1nités, la résistance est considérablement plus grande du côté malade.

Dubois n'a jan1ais vu din1inuer la résistance au passage du courant sous l'action de fern1etures répé-tées.

Après le renversen1ent du courant, l'intensité aug-n1ente parce que le courant de polarisation s'ajoute au courant principal au lieu de l'affaiblir.

Les expériences de Dubois ne l'autorisent pas à

acln1ettre que le coLÜ'ant faradique ait la même ·ac-tion sur la résistance elu corps.

Nous ,~oyons par les considérations qui précèdent que l'intensité du courant augn1entera dans une me-sure toujours croissante avec le nmnbre de couples.

On réduira ainsi la résistance de la peau au mini-mun:. Pour cela, il faut posséder une pile à élé1nents nombreux, de 32 à 50, qui permettra d'obtenir des intensités de 100 M. A. et plus.

C'est Apostoli qui, le premier, en introduisant dans

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la pratique son électrode en terre glaise, a permis d'arriver à des intensités aussi élevées.

En augmentant considérablement la surface de l'électrode cutané, en le rendant, pour ainsi dire, in-différent, il a permis de faire supporter des courants qui, sans cela, provoquaient des douleurs

intoléra-bl~s et étai~nt accornpagnées de cautérisations allant jusqu'à de véritables eschares. C'est cè qui fait la base du système d'Apostoli. Depuis lui; beaucoup d'auteurs ont suivi strictement sa 1néthode, mais d'autres ont reproché à l'électrode en terre glaise d'être d'une préparation longue et malpropre et de con1pliquer inutile1nent la technique opératoire. Ils ont substitué à l'électrode en terre glaise de larges . électrodes métalliques, recouverts de peau de cha-lnois et humectés d'eau salée.

Ils ont obtenu les n1ên1es résultats. La prise du courant au niveau de la terre glaise, ou mieux, son contact avec le rhéophore qui va à la pile se fait par une large plaque métallique soudée au rhéophore de 5 à 10 centimètres de côté environ, que l'on j ux-tapose sur la face supérieure de ]a terre avec une légère pression, dans le but de n1ieux assurer tous les contacts.

La terre glaise a l'avantage de se mouler exacte-n1ent sur la région, de se tenir longtemps humide, et de ramollir le mieux et le plus profondén1ent l'épi-derme tout en étant un bon conducteur de l'élec-tricité. Tous ces avantages font que nou~ l'avons tou-jours conservée à la clinique.

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Les intensités électriques ont varié avec les au-teurs, en général Apostoli se sert de courants d'in-tensité de 90-100 M. A. et va rarement au-delà.

Ces hautes intensités ont été vivement attaquées, et des auteurs comme Danion, Championnières, à Paris, préconisent des doses n'excédant pas 60-70M. A.

Nous avons pu nous rendre compte que des inten-sités de 90-100 M. A. sont souvent très bien suppor-tées; il nous est arrivé d'employer, sans aucun acci-dent, des doses allant jusqu'à 150 M. A. Ces hautes doses occasionnent parfois de véritables douleurs qui forçent bientôt l'opérateur à din1inuer le nom-bre des éléments employés, mais souvent aüssi elles sont très bien supportées, et paraissent, dans les cas de fibrômes, agir plus efficacen1ent que des doses faibles de 50-60 M. A., indiquées par certains auteurs, et quî sont, à notre avis, une des causes d'insuccès de la méthode.

En général, il est bon de se guider sur la tolérance variable de la femme, et ne pas provoquer de fortes douleurs. Dans les cas de métrorrhagies, sub-invo-lutions, métrites, des doses plus faibles de 70-80 M. A. se sont toujours montrées suffisantes.

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