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Les hémorrhagies utérines survenant hors de l'état de gestation ont reçu le nom de ménorrhagies lorsqu'elles paraissent n'être qu'une exagération de l'hémorrhagie mensuelle et celui de métrorrhagies lorsqu'elles en sont indépendantes. Il est souvent difficile, dans certains cas, de dire si une hémor-rhagie est dépendante ou non de la menstruation, les règles sont devenues irrégulières et les époques n1enstruelles ne peuvent plus être précisées. L'hé-morrhagie utérine est symptômatique ou idiopathi-que ; les causes sont locales ou générales, et prove-nant d'affections non localisées sur l'utérus.

Parmi les causes locales on compte la congestion utérine, l'endométrite chronique fougueuse, les polypes fibreux, les fibrômes; les hématocèles, etc.

Une des causes les plus fréquentes est, sans con-tredit, la rétention de· f!lembranes et de débris pla-centaires dans la cavité utérine après un avorte-ment. Le traitement différera dans chaque cas et s'adressera à la lésion primordiale.

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-Parmi les causes générales nous trouvons les ma--·

ladies infectieuses, comme la variole, la rougeole, la scarlatine, la fièvre typhoïde; la pléthore, la chloro-anémie, la défibrinisation du sang dans le scorbut; enfin la stase sanguine dans le système de la veine cave inférieure sous l'influence de l'insuf-fisance de la valvule mitrale, du développement des tumeurs abdominales, etc.

A coté de ces cas où il est possible de trouver une cause, il en est d'autres indéniables où elle manque complètement, et où l'on a affaire à une métrorrhagie idiopathique. C'est sur ces cas que nos observations ont porté.

Les traitements les plus divers ont été en1ployés pour combattre cette affection. Le repos absolu, les cuisses fléchies sur le bassin, les ja1nbes fléchies sur les cuisses, la tête et les épaules basses; cette position que l'on doit garder avec persévérance, finit par devenir fatigante. Aran conseille de ne pas permettre à la malade de se lever, même pour l'excrétion des urines et des matières fécales~ il faut passer le bassin à la malade. Les réfrigérations locales par des compresses d'eau glacée, la calori-fication générale ont été conseillées; on a cherché par des révulsifs à détourner la fluxion ; la saignée, les ventouses, les sinapismes sont la base de ce traitement. Les sangsues sur le col ont réussi dans des c.as de réplétion de l'organe. A l'intérieur, on a donné les acides, les astringents, et diverses eaux réputées hémostatiques. Parmi tous ces

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· tnents, c'est encore au seigle ergoté récemment pulvérisé ou en solution, qu'on donne la préfé-rence. Il arrive parfois que malgré tout cet arsenal thérapeutique, il est 'impossible d'arrêter l'hémor-rhagie, et l'on se voit dans la nécessité de pratiquer le tamponnement qui, bien fait, a presque toujours raison de l'hémorrhagie, mais que l'on doit répéter si le besoin s'en fait sentir.

On voit qu'à juste titre,·la gravité de ces hémor-rhagies préoccupe vivement le médecin, aussi doit-on accepter avec empressement tous les moyens qui peuvent donner le plus de chances de succès dans cette affection. C'est ici que l'électri-cité est app.elée à rendre de grands services; elle jouerait le même rôle que le seigle ergoté, ·en ame-nant rapidement une contraction idio-musculaire des fibres lisses de l'utérus, en obstruant la lu-mière des petits vaisseaux, arrêtant ainsi l'hémor-rhagie. En donnant du ton à la musculature, elle empêche l'utérus de retomber dans l'inertie anté-rieure.

Le mode d'application de l'électricité n'a pas dif-féré ici, et dans tous les cas, nous avons introduit l'électrode dans la cavité utérine; on obtient ainsi une action beaucoup plus égale et plus directe. Il est toujours facile de pénétrer dans la eavité uté-rine, généralement l'orifice interne est ouvert, et le canal cervico utérin facilement perméable. Nous avons toujours introduit le pôle positif dans l'uté-rus, et l'on sait, d'après le professeur Schiff, que

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c'est lui qui provoque le mieux la contraction an-nulaire des fibres musculaires des organes creux.

Les intensités n'ont jamais été très élevées, mais on arrive facilement, sans grandes douleurs, à faire supporter des intensités de 60-70 M. A. pour une première séance; les doses plus faibles n'ont pas été expérimentées, car il est nécessaire de se ser-vir d'intensités suffisantes pour atnener_une bonne contraction de l'organe. Après la séance, on a tou-jours .pu constater que l'utérus, de mou et flasque C!u'il était, devenait plus dur et avait diminué de volume; la femme se rend souvent compte de cette sensation, qu'elle compare aux contractions expul-sives de l'accouchen1ent. La durée des séances n'a pas dépassé 7 à 8 minutes. Le premier effet obtenu est la diminution de l'hémorrhagie; l'écoulement sanguin continue encore, quoique peu abondant, pendant quelques heures, pour cesser complètement dans la soirée. Ce qui fait la valeur de nos observa-tions, c'est que dans tous les cas, le succès a été complet; une seule séance électrique a souvent suffi pour arrêter des hémorrhagies qui duraient depuis plusieurs jours. En général, le professeur Vaucher fait une deuxième séance trois jours après pour bien assurer la guéris.on.

Dans toutes nos observations. nous n'avons em-ployé que l'électricité seule; même le repos au lit n'a été gardé que pendant les premières heures qui suivaient la séance. Le seul inconvénient de lamé-thode consiste en quelques douleurs généraletnent

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-très faibles qui suivent les séances, et qu'on arrive facilement à calmer à l'aide de 15 gouttes de lauda-num.

Avec le traitement électrique, nous réduisons au minimum le temps nécessaire à la guérison~ il a de plüs l'avantage d'obliger le chirurgien à une anti-septie sérieuse de la cavité utérine, et quant aux difficultés, il n'y a que celle de remplacer la sonde de Fritsch par l'hystéromètre en platine, plus petit, et partant, plus facile à introduire, et laisser pas.ser le courant pendant quelques minutes. Il n'est pas nécessaire ·de faire suivre la séance d'un nouveau lavage utérin si l'antiseptie de la cavité a été préa-lablement bien faite.

J'ai pu, plusieurs fois, avant l'emploi régulier de l'électricité à la clinique, me rendre compte des dif-ficultés que l'on a souvent à arrêter ces hémorrha-gies, au moyen du ·seigle ergoté, de l'ustilago mai-dis et des autres moyens, l'hémorrhagie que l'on croyait arrêtée, se reproduisait subitement avec abondance, et dans plusieurs cas, on a dû recourir

à des tamp-onnements répétés du vagin, ce qui a retardé la guérison. Je crois que si l'on emploie des intensités suffisantes, jusqu'à 70-80 M. A., on arri-vera toujours à des résultats analogues à ceux que nous présentons ici.

Dernièrement le Dr Falk, de Berlin, a publié dans les archives de gynécologie 1, de beaux résultats sur

1 Archiv. für Gynœkologie, 37e vol., cahier II, 1.890.

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-les métrorrhagies, supérieurs à ceux obtenus par le seigle ergoté, au moyen du chlorhydrate d'hydrasti-nine, qui agirait en amenant des contractions éner-giques de l'utérus. Il fait des injections sous-cuta-nées avec la solution suivante.

Hydrastinine mur .. 1. 0 Eau dist. 10. 0

De cette solution, il injecte d'une demie à une se-ringue de Pravaz deux fois par jour. Ces injections ont l'avantage de ne pas être douloureuses, et de ne pas amener de réaction inflammatoire. Elles auraient réussi dans des cas .où le seigle ergoté avait ét~ sans effet; en lisant les observations de Falk, nous remar-quons que, dans tous les cas, ce traitement est plus long que celui par l'électricité.

Obs. 1'.

G ... , :Marie, colporteuse, 27 ans, entrée à la Mater:-nité le 26 avril1890. Réglée à 14 ans, pertes abon-dantes, pas de dysménorrhée ni de leucorrhée;

grossesse et accouchement normal à 17 ans. Depuis cette époque ressent des douleurs lombaires et ab-dominales avec leucorrhée, soignée il y a quelque temps pour le tœnia, purgatifs répétés. Il y a dix jours, quatre jours après ses époques, le flux cata-ménial reparaît très abondamrnent et provoqueune véritable hémorrhagie avec syncope; depuis cette époque, la malade ·perd constamment en rouge,

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-souvent assez abondamment, pas de caillots ni de douleurs expulsives, apyrexie. Pas de traitement que le repos au lit.

Status. ·Femme de taille moyenne, embonpoint assez marqué, peau et muqueuses pâles, décolorées.

L'abdomen est s·ouple, non douloureux, la vulve est tachée dè sang ; le èol est normal, l'orifice externe légèrement entr'ouvert; l'utérus est mou, en rétroversion légère non augmenté de volume.

Les culs de sacs sont libres et les annexes nor-maux.

Traitement. Une séance d'électricité, 70 M. A., durée 7 m.

Le soir, l'écoulement sanguin était arrêté et ne s'est pas reproduit. On a fait trois jours après ~ne

deuxième séance, dite de sûreté; on tonifie la ma-lade, qui sort bientôt de la Maternité. Ici le résultat a été immédiat, une séance a suffi pour arrêter complètement l'écoulement sanguin qui persistait depuis dix jours.

Obs.

no

2.

Fe ... , Marie, domestique, âgée de 27 ans, entrée le 30 janvier.

Réglée à 20 ans, régulièrement, arrêt des règles de plusieurs n1ois, à trois reprises différentes. Gros-sesse et accouchen1ent normal il y a deux ans ; de-puis cette époque les règles sont devenues

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dantes et durent huit jours en moyenne. En mars 1888, pertes sanguines abondantes qui nécessitent son entrée d'urgence à l'Hôpital, à Pesth; traitée par les compresses froides.

Du 4 au12 janvier, apparition des règles, quatre jours d'arrêt, puis l'écoulen1ent sanguin

recom-mence, souvent abondam1nent, sans cesser jusqu'au jour de son entrée à l'Hopital.

Status. Femme de grande taille, mnaigrie, pâleur générale, se plaint de palpitations et de céphalalgie, la vulve est tachée de sang, rien au vagin, le col, normal, présente une légère déchirure à gauche, l'orifice externe est entr'onvert ; l'utérus, très peu augmenté de volume, en position normale, mobile.

Les cu.ls de sacs sont libres, rien aux annex-es. La-muqueuse utérine est normale et ne présente pas de fongosités; la cavité utérine mesure 8 cm.

Traitement. 1er février. Première séance électrique 60 M. A., durée 5 m.

L'écoulement sanguin a diminué dans la journée et a cessé complètement dans la ~oirée. 2 février.

Le professeur Vaucher trouve que l'utérus a dimi-nué de volume, qu'il est mieux contracté, la cavité utérine ne mesure plus que 7 cm. On tonifie la

ma-lade.

8 février. L'hémorrhagie ne s'est pas reproduite, on fait une deuxième séance de sûreté, 55 M. A., 7m.

27 février. Les règles ont débuté le 25, la n1alade les attendait le 9 de ce mois, elles ont duré deux

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jours et ont été peu abondantes. La malade sort guérie,

Obs. no 3.

Vion ... , Marie, âgée de 24 ans, polisseuse de bi-joux, nullipare, entrée à la Maternité le 24 juin-1889.

Réglée à 14 ans régulièrement, dysménorrhée au début de ses époques, pertes peu abondantes.

Fièvre typhoïde à 15 ans. Depuis trois ans elle est atteinte de leucorrhée, a une mauvaise hygiène.

Depuis janvier 1889, la durée de ses époques aug-mente, elle perd pendant huit jours abondamment.

Depuis le 2 juin, où ses dernières époques ont com-mencé, elle a continuellement perdu en rouge et abondamment jusqu'au 24 juin où elle entre, pour se faire traiter, à la Maternité; son état s'est aggravé de palpitations, de céphalalgie, de maux d'estomac et de courbature générale.

Status. Fille grande, amaigrie, peau et muqueuses pâles, décolorées, facies fatigué, traits tirés : apy-rexie.

L'abdomen est souple, non· douloureux, la vulve est étroite, tachée de sang, le col est normal ; l'uté-rus est en rétroversion légère, non augmenté de vo-lume et mobile. Les culs de sacs sont libres et les annexes normaux. La muqueuse utérine est normale, sensible au contact de la soude, la cavité utérine mesure 7 cm,

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-Traitement. 26 juin. Première séance électrique, 120 M. A., durée 7 m.

La malade ressent des douleurs abdonünales assez intenses pendant la séance, mais qui disparàis-sent assez rapidement après.

27 juin. Les pertes sanguines ont beaucoup dimi-nué.

29 juin. Les pertes sanguines, quoique très fai-bles, persistent. Deuxième séance, 120 M. A., 7 m.

Les pertes ont complètement cessé dans la soirée et ne se sont pas reproduites. .

2 juillet. Trotsième séance, 100 M. A., durée 7 m.

Après trois semaines, les époques ont réapparu, elles n'ont duré que trois jours avec de la dysmé-norrhée le premier jour.

Obs. no 4.

...

Argenüna B ... , âgée de 22 ans, tailleuse, multipare, entrée le 30 octobre 1889. Réglée à 13 ans et demi, peu abondmnment, pas de dysménorrhée. Bonne santé habituelle; prmnierenfant à 18 ans, deuxième

à 20 ans ; accouchement et suites norrnales. Depuis deux mois elle est en traitement pour une angine spécifique. Dernières règles, il y a un mois, ayant duré quatre jours comme d'ordinaire ; depuis dix jours, ses règles ont réapparu abondamment et n'ont pas cessé, l'hé1norrhagie devient si forte qu'elle consulte un médecin qui l'envoie à la Maternité.

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-Status. Fem1ne paraissant bien portante, non anémiée, à l'examen, l'abdomen est normal et ne présente rien de particulier, la vulve· est fortement tachée de sang, le col utérin un peu augtnenté de volume ne présente pas de déchirure, le corps utérin est mobile, en rétroversion. Les culs de sacs sont libres et les annexes normaux. La cavité utérine mesure 8 cm, la muqueuse utérine du corps es(nor-male, celle du canal cervical est épaissie et sensible.

On constate de nombreux ganglions hypertrophiés tout le long du bord postérieur du sterno-n1astoï-dien, des deux côtés des ganglions occipitaux et une plaque muqueuse sur l'amygdale droite.

2 novembre. Pren1ière séance, 60 l\L A., ·durée 7 lll.

Les pertes ont complètenwnt cessé dans la soirée.

On fait suivre à la rnalade un traitement antisyphili-tique.

6 novembre. Le~ pertes sanguines n'ont pas réap-paru.

Deuxième séance, 70 M. A., durée 7 m.

La n1alade sort de la Maternité.

, Obs. no 5.

M ... , Marie, âgée de 24 ans, nullipare, entrée à la Maternité le 12 avril1890. Réglée à -15 ans irréguliè-rement, leucorrhée. Depuis deux ans les règles sont fréquentes et abondantes, reviennent souvent deux

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-fois dans le mois et durent de 6 à 10 jours. Depuis l'époque de ses dernières règles, il y a dix jours, elle perd abondamrnent et constamment et est obligée de garder le lit, elle. expulse des caillots sanguins qui provoquent de violentes douleurs lombo-abdomina-les. Elle entre, sur les conseils d'un médecin, à la . Maternité.

Status. Femme de taille moyenne, peau et mu-queuses décolorées, la Vlllve est tachée de sang, le col utérin est un peu augmenté de volume, ainsi que le corps utérin qui se trouve en position normale.

Les culs de sacs sont libres et les annexes normaux.

L'examen de la cavité utérine, avec la curette, fait constater la présence de nombreuses fongosités, pas de tumeurs ni de débris placentaires.

Première séance, 60 M. A.

L'hémorrhagie a beaucoup düninué deux jours après.

Deuxième séance, 65 M. A.

L'hémorrhagie ne s'est pas reproduite après la deuxième séance. On tonifie la malade et on la garde en expectation encore quelques jours.

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De l'Endométrite

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