• Aucun résultat trouvé

Intérêt des patients pour l’autotest salivaire

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 74-78)

B. Place de l’autotest salivaire de dépistage du VIH dans la population générale

2. Intérêt des patients pour l’autotest salivaire

a) Avis global

L’intérêt porté à l’autotest salivaire est important dans la population de notre étude

avec 58,5% qui envisagent d’en réaliser un. Ce dernier intéresse préférentiellement les

personnes jeunes, soit 65,7% des personnes de moins de 40 ans (p=0,0018). Il intéresse

également préférentiellement les personnes célibataires (68%) par rapport aux personnes

vivant en couple (40,3%) avec une différence significative (p<0,0001).

L’objectif principal de la mise sur le marché de l’autotest salivaire est d’élargir le

dépistage du VIH à des personnes qui n’ont jamais été dépistées par les moyens déjà

disponibles. Mais il peut également permettre à ceux qui ont déjà fait un dépistage du VIH

de le refaire dans d’autres conditions. Concernant l’objectif principal, cela se confirme dans notre étude car parmi les 38% de personnes qui n’ont jamais été testées auparavant, 56%

envisagent de réaliser un autotest salivaire. Le potentiel de ce test est donc important.

Les résultats de notre étude montrent également que l’intérêt porté à l’autotest

salivaire est important parmi les personnes ayant déjà réalisé un test de dépistage, soit 64%.

Le risque potentiel serait que ces personnes préfèrent l’autotest salivaire à d’autres tests de

dépistage plus fiables.

L’intérêt porté à l’autotest semble également important dans la population générale

en Ile-de-France. Selon l’enquête KABP de 2010, 72% des répondants franciliens déclaraient

qu’ils se dépisteraient plus facilement s’il existait un test de dépistage du VIH à faire

soi-même à domicile avec un résultat immédiat (26). Selon une autre enquête menée par SIDA

Info Service via internet en 2010 sur les usages du dépistage du VIH et des IST, la majorité

des participants semblait intéressée par les TROD et les autotests. Parmi les personnes

intéressées par les TROD, 83,3% l’étaient également par les autotests et 83,7% indiquaient

75

Une étude a été réalisée entre 2008 et 2009 à Baltimore, aux Etats-Unis, sur la faisabilité et la précision des autotests salivaire et sanguin pour le dépistage du VIH, en

comparant l’utilisation de ces tests par des personnes non-initiées et des personnes

entrainées (40). Les autotests étaient proposés aux urgences aux personnes souhaitant

réaliser un dépistage du VIH. Le taux d’acceptabilité de l’autotest salivaire parmi les 565

participants, d’âge moyen de 38 ans et 5 mois, était de 91%, soit nettement supérieur au

taux d’acception de l’autotest sanguin qui était seulement de 9%. Parmi les participants,

96,3% considéraient que l’autotest salivaire était facile à réaliser et 95,6% envisageaient de

réaliser ce test à domicile la fois suivante.

Une autre étude a été menée en 2010 au Malawi, sur l’utilisation et la précision de

l’autotest salivaire du dépistage du VIH en population générale (39). Il était offert et les

participants le réalisaient à domicile avec une supervision minimale. Le taux d’acceptabilité

de l’autotest salivaire parmi les 283 participants, d’âge moyen de 26 ans et 6 mois, était de

87,2% et 98,5% évaluaient le test facile à faire.

Les résultats de notre étude révèlent également que 71% de la population envisagent

de proposer l’autotest salivaire à leur partenaire. Cela permettrait d’élargir le dépistage si les

partenaires acceptent de le réaliser. Une étude menée à New York en 2012 retrouvait une

acceptabilité de l’autotest salivaire importante auprès des partenaires sexuels (49). Cette étude évaluait l’utilisation de l’autotest salivaire OraQuick® In-Home HIV lors du contrôle de

partenaires sexuels potentiels d’hommes homosexuels à haut risque d’acquisition du VIH. Parmi les potentiels partenaires sexuels à qui les participants de l’étude ont proposé

l’autotest durant une période de 3 mois, 81,5% ont accepté de le réaliser avant un rapport. Le taux de découverte d’infection au VIH durant cette étude a été de 6%. Aucune relation

76

nouvelles contaminations. Les participants déclaraient que l’utilisation de l’autotest favorisait la discussion avec les partenaires.

b) Avis sur le coût

L’intérêt porté à l’autotest salivaire pourrait être réduit si son coût est trop important,

limitant son accès à des populations ayant un faible niveau socio-économique.

Dans la population de notre étude, 25,5% n’envisagent pas de payer pour réaliser un

test de dépistage du VIH. Parmi les personnes envisageant de payer pour réaliser un test,

26,6% accepteraient de payer entre 15 et 20 euros et les autres personnes accepteraient

pour un tarif inférieur à 15 euros. En sachant que le prix de l’autotest salivaire disponible en

vente libre en France dès juillet 2015 serait d’une vingtaine d’euros, au moins 74% des

personnes prêtes à payer un test de dépistage n’envisagent pas d’acheter cet autotest. Ces

résultats sont à pondérer compte tenu du faible niveau socio-économique des villes où a été

réalisée l’étude. Deux autres études ont également étudié le problème du coût des tests.

Une étude espagnole, étudiant le prix acceptable d’un autotest pour le dépistage du

VIH, a été menée entre octobre 2009 et février 2010 à Madrid dans des universités et dans

plusieurs quartiers dont un quartier gay (50). Cette étude montrait que seuls 40% des 497

participants accepteraient de payer 20 euros ou plus pour réaliser un autotest (18%

accepteraient de payer plus de 30 euros, 26% 10 euros maximum et 5 % n’accepteraient pas

de payer). Les personnes qui avaient un revenu fixe et celles qui payaient ou étaient payées

pour des rapports sexuels exprimaient une volonté plus importante de payer au moins 20

euros ou plus pour un autotest.

Une autre étude réalisée aux Etats-Unis en 2012 sur l’utilisation de l’autotest salivaire

par des hommes homosexuels à haut risque de contamination par le VIH montrait les

mêmes résultats (51). Parmi les 158 participants, seulement 17% étaient prêts à payer 40

77

Etats-Unis, 45% accepteraient de payer 20 dollars au maximum et 11% n’accepteraient pas de payer pour la réalisation d’un autotest salivaire.

Cet enjeu du prix amène à s’interroger sur une prise en charge financière de ces tests

par les pouvoirs publics pour certaines populations si le rapport coût-bénéfice se montrait

favorable par rapport à d’autres mesures de santé publique.

c) Avis sur le lieu

Le principe de l’autotest salivaire est de pouvoir réaliser un test de dépistage du VIH

seul chez soi, sans aide extérieure dans le but d’obtenir une autonomie et une liberté totale

dans le dépistage avec des démarches simplifiées, en accord avec la tendance actuelle.

Les résultats de notre étude montrent que parmi les personnes envisageant de réaliser

un autotest salivaire, seulement 40,2% souhaiteraient le réaliser à domicile et 28%

n’envisageraient pas de le réaliser dans un autre endroit que leur domicile. Une proportion

notable des personnes envisageant de réaliser un autotest salivaire souhaiterait le réaliser

chez son médecin généraliste, soit 30%.

Une étude a été réalisée en 2000 à San Francisco, évaluant les préférences des

différents tests de dépistage du VIH chez 354 personnes se présentant en dispensaire (52).

Parmi les participants, seulement 24% souhaitaient réaliser un autotest à domicile, 12%

souhaitaient réaliser le dépistage chez le médecin généraliste et la majorité, soit 63%,

souhaitaient réaliser le dépistage dans un dispensaire, évoquant la disponibilité du

counselling et la gratuité. Inversement, lors d’une étude menée à Singapour entre 2008 et

2010 sur la performance de l’autotest salivaire, 89% des 994 participants souhaitaient

réaliser ce test dans l’intimité (38).

Les résultats de notre étude montrent que 71% des personnes envisageant de réaliser

un autotest salivaire souhaiteraient le réaliser finalement de manière encadrée, soit par un

78

alors un TROD en étant réalisé par une tierce personne. Ces résultats soulèvent la question des raisons pour lesquelles les personnes sont intéressées par cet autotest salivaire si elles

ne souhaitent pas l’utiliser seules à domicile. Elles sont probablement intéressées par son

aspect non invasif, par sa rapidité de réalisation et par l’obtention rapide du résultat, comme

le montrent les résultats de l’enquête menée par SIDA Info Service en 2010 en France, via

internet (47). La réalisation d’un autotest salivaire chez le médecin généraliste devient alors

un TROD, permettant alors d’augmenter sa performance. Les personnes semblent préférer

le prélèvement salivaire au prélèvement sanguin mais probablement dans le cadre où le

patient réalise lui-même ce test de dépistage. La réalisation d’un TROD sanguin au lieu du

salivaire en consultation de médecine générale permettrait de réaliser un test de dépistage

encore plus fiable.

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 74-78)