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Dépistage de l’infection au VIH par le médecin généraliste

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 31-34)

Le médecin généraliste constitue le mode de contact le plus fréquent avec le système

de soins. Le fait d’avoir un médecin traitant raccourcit le délai de prise en charge d’un

patient infecté par le VIH. Cependant, selon les données de l’enquête Baromètre Santé 2009,

seul un tiers, soit 34% des prescriptions de dépistage relève de l’initiative du médecin

généraliste (16).

1. Facteurs favorisants

Les différents facteurs liés à la prescription de sérologies VIH à l’initiative du médecin

se recoupent avec l’intérêt du médecin pour le suivi du VIH.

L’enquête Baromètre Santé 2009 montrait que les médecins généralistes

d’Ile-de-France adhéraient au principe de dépistage à leur initiative (16). Parmi les médecins

participants, 58,7% trouvaient facile d’aborder la vie affective et sexuelle de leurs patients et

36% estimaient avoir un rôle de prévention à jouer dans le champ de la sexualité.

Une thèse a été réalisée en 2012 sur les obstacles au dépistage du VIH et à l'abord de

la sexualité en cabinet de médecine générale (22). Cette thèse recueillait l’avis des médecins

généralistes et des patients au sujet du dépistage du VIH et de l’abord de la sexualité en

soins de premier recours. En conclusion, les médecins généralistes acceptaient de changer

leurs pratiques en proposant plus facilement des tests de dépistage aux personnes

sexuellement actives mais ils ne souhaitaient pas un dépistage systématique de tous les

patients sans facteur de risque.

L’intégration dans l’anamnèse des pratiques sexuelles du patient pourrait faciliter la

proposition du test de dépistage en consultation et encourager les patients à faire le test. De

plus, la démarche de prévention par le médecin généraliste est un principe de globalité et non monothématique.

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Le suivi au long cours par le médecin, entrainant donc une relation stabilisée sans rupture, est nécessaire pour proposer un dépistage du VIH. Selon les résultats d’une étude

de l’ANRS menée en 2004, les patients préféraient aborder les problèmes liés à la sexualité

avec un médecin qu’ils connaissaient et plus précisément avec leur médecin généraliste (23).

De même, 58,4% des personnes qui souhaitaient effectuer un test de dépistage du VIH

s’adresseraient en priorité à leur médecin généraliste, 78,8% accepteraient le dépistage s’il

était proposé par leur médecin généraliste lors de leur prochaine consultation et 64,5%

souhaitaient faire un TROD en cabinet de médecine générale.

2. Facteurs limitants

Lors d’un rapport en 2010 sur la prévention et la réduction des risques dans les

groupes à haut risque vis-à-vis du VIH et des IST, le Professeur Pialoux dénonçait le manque

d’implication des professionnels de santé dans la prévention des comportements sexuels à

risque alors que la prévention fait partie de leurs missions (24). Une réticence à proposer le

test de dépistage au VIH est observée chez certains médecins généralistes en raison de

plusieurs freins décrits dans la littérature dont les principaux sont les suivants (25) (3) :

Les compétences : Certains médecins généralistes considèrent qu’ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour réaliser une éducation correcte auprès des patients.

Parmi les médecins généralistes ayant participé à l’enquête Baromètre Santé 2009,

57,9% estimaient qu’ils manquaient de connaissances, de formation ou

d’entrainement pour proposer un test et annoncer un résultat positif (16). Il est

nécessaire d’être formé pour aborder sereinement ce sujet, pour recueillir le

consentement du patient et réaliser une consultation pré et post-test.

Les compétences peuvent se révéler aussi limitées dans la capacité à identifier les

personnes à risque d’acquisition du VIH et dans la difficulté à convaincre le patient à

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L’abord de la sexualité : Selon l’enquête Baromètre Santé 2009, 41,3% des médecins participants ne trouvaient pas facile d’aborder la vie affective et sexuelle de leur

patient (16). En fait, il est difficile d’aborder le sujet du dépistage du VIH sans aborder

le sujet de la sexualité. Seulement 36% estimaient avoir un rôle de prévention à jouer

dans le champ de la sexualité. Le médecin généraliste peut refuser d’aborder les

questions de sexualité par crainte d’être intrusif ou de choquer ses patients, surtout

ceux qu’il suit de longue date.

L’acceptabilité par les patients : Le médecin généraliste peut craindre de rencontrer une difficulté à faire partager une problématique pour laquelle le patient ne sent pas

concerné. Selon l’enquête KABP 2010 sur les connaissances, attitudes, croyances et

comportements face au VIH/SIDA en Ile-de-France, 78,4% des 11 019 participants

pensaient ne pas être à risque d’infection (26). Cependant, seulement 21,2% des

participants refuseraient le dépistage s’il était proposé par leur médecin généraliste

lors de leur prochaine consultation.

Le temps : Lors de la proposition d’un dépistage du VIH la consultation peut être longue si elle est bien menée. Si le résultat du test revient positif, la consultation

d’annonce sera d’autant plus longue. Il est difficile également pour le médecin d’entrer

dans l’intimité de son patient par manque de temps.

Selon l’enquête Baromètre Santé 2009, 50,4% des médecins généralistes voyaient le

temps comme un frein à la réalisation de TROD en consultation (16). Ils estiment donc ne pas avoir le temps nécessaire pour proposer correctement un dépistage et pour

réaliser des tests rapides en consultation.

L’argent : Le médecin généraliste estime que la rémunération d’une consultation est inadaptée au temps passé et nécessaire dès lors qu’un test de dépistage est proposé.

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Elle serait d’autant plus inadaptée si d’une part le médecin réalise un test rapide en consultation et d’autre part si l’achat de ce test est à sa charge.

Le choix personnel du médecin : Les résultats de l’enquête Baromètre Santé 2009 montraient que 63% des médecins généralistes n’étaient pas d’accord avec la

recommandation de dépistage général non ciblé (16). De plus, selon une enquête

réalisée via internet et présentée par le professeur Pialoux en 2011, 44% des 315

médecins généralistes participants reconnaissaient qu’ils n’étaient pas convaincus de

l’intérêt d’un dépistage systématique (27).

Devant ces différents facteurs limitants, il serait intéressant d’envisager une

revalorisation de la consultation de médecine générale dans le cadre du dépistage du VIH

ainsi que la mise en place de formations pour les médecins généralistes intéressés.

Dans le document THESE UNIVERSITE PIERRE ET MARIE CURIE (Page 31-34)