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Chap. III : Méthodes Tridimensionnelles

IV.2 Réalisation d’une chimère : Arago 3D

IV.2.1 Intégration d’un os occipital et d’os temporaux dans la reconstruction tridimensionnelle Arago 3D

A la suite de reconstruction de la face Arago 21 et au positionnement du pariétal droit et de son symétrique gauche nous avons choisi les pièces anatomiques parmi les fossiles allant de la fin du Pléistocène inférieur final au Pléistocène moyen récent (Kabwe, Bodo 1, Ceprano 1, Petralona, Sima de los Huesos 5). Nous n’avons considéré que des Homo heidelbergensis et/ou des Anténéandertaliens.

Nous avons constaté une grande similitude des profils sagittaux entre Arago 21-47 et Ceprano (figure 46). Ceprano présente un même profil sagittal frontal que notre reconstruction virtuelle d’Arago 21. En raison de l’état fragmentaire de la voûte bipariétale de Ceprano, nous ne pouvons comparer qu’un profil para-sagittal écarté de quelques millimètres du plan sagittal sur le coté droit. La courbure de la voûte bipariétale est assez semblable dans la portion antérieure celle-ci. La courbure de Ceprano est plus marquée à partir du point médian de la voûte. Cependant la courbure générale est la plus semblable.

Parmi les autres individus comparés, Sima de los Huesos 5 et Bodo 1 sont les individus dont la courbure sagittale de l’écaille frontale cérébrale est la plus semblable. Par contre au niveau de la voûte bipariétale Sima de los Huesos 5 est moins large que notre proposition de reconstitution (Annexe 4) et Bodo 1 ne présente plus d’occipital et seulement une portion antérieure du temporal gauche.

Les sutures coronales d’Arago et Ceprano présentent le même contour. Le profil sagittal frontal est lui aussi identique. La forme externe des arcades orbitaires et de leur torus présente un retrait tandis que l’espace inter-orbitaire s’avère aussi massif. Les arêtes frontales temporales sont parallèles comme celles d’Arago 21 avec une légère divergence postérieure. La divergence de l’écaille cérébrale frontale est également peu importante.

Ceprano 1 présente également une morphologie similaire au niveau de la voûte bipariétale (figure 47). Les deux individus présentent un très fort torus angularis, caractère peu observé avec un tel degré de prononciation. Ce caractère correspond selon E. Spitery (1984) et E. Vlček (1986) à un torus occipital transverse plus marqué que celui de Swanscombe, ce qui est le cas de Ceprano. Les deux pariétaux sont relativement épais et massifs d’aspect. Les largeurs biastériques sont semblables (Annexe 4), contribuant à donner des angles astérion–lambda–astérion similaires pour Ceprano 1 et notre proposition de reconstruction.

La corde droite astérion – kroptaphion est de 87 mm sur notre proposition contre 86 mm sur Ceprano 1. Les sutures pariéto-temporales ont donc la même longueur.

Nous avons conscience que Ceprano est un crâne déformé et reconstitué, notamment au niveau de la voûte bipariétale et qu’il pourrait être source de biais, mais nous n’avons utilisé ce crâne que pour comparer les profils sagittaux et parasagittaux, le torus angularis et trouver des fragments allochtones. Nous ne nous en sommes pas servie comme référence pour positionner Arago 47.

L’intérêt pour le crâne de Ceprano 1 réside dans la présence d’un os occipital relativement complet malgré les fractures. Cet occipital ne semble pas présenter de déformations. Il permet de comparer la largeur biastérique ainsi que l’angle astérion-lambda-astérion. Les valeurs relevées sur Ceprano sont les plus semblables à celles de notre reconstruction d’Arago 21-47.

Nous avons donc choisi de découper virtuellement l’os occipital de Ceprano.

Bien que les os temporaux de Ceprano soient aussi fragmentaires, la similitude des valeurs astérion – kroptaphion relevées et l’utilisation de l’occipital de Ceprano nous ont amené à prélever virtuellement ces os temporaux afin de les intégrer à notre chimère.

Figure 46 : Superposition du prof

il sagittal de la r

econstitution Arago3D (T) avec

celui de : A/ K

abwe ; B/ Bodo

1 ; C/ Ceprano 1 (coupe parasa

gittale) ; D/ Petralona ;

Figure 47: Comparaison du frontal restauré d’Arago 21 et de Ceprano 1. Vues : A : frontale ; B : profil droit ; C : profil droit, coupe sagittale.

Nous avons prélevé virtuellement les deux os temporaux sur une reconstruction tridimensionnelle d’un moulage de Ceprano 1. Nous les avons ensuite intégrés à notre proposition de reconstruction Arago3D (figure 47). Les structures anatomiques correspondent. L’écaille gauche du temporal recouvre le pariétal symétrisé au niveau de la zone de suture correspondante visible sur l’os. L’astérion correspond quasiment sur les deux cotés. Les extrémités de l’arcade zygomatique sur la face et sur le temporal droit sont presque alignées en vue latérale et en vue supérieure. Dans le plan frontal, la suture coronale est régulière, sans rupture brutale d’orientation. Il y a articulation entre le sphénoïde et le temporal gauche (écaille la mieux conservée). Ce n’est pas le cas pour le temporal droit, plus fragmentaire. Cette intégration a lieu aussi sans rupture de courbure.

Nous n’avons pas reconstitué de temporal complet par assemblage des fragments gauche et droit de Ceprano 1 en une forme consensus.

C B

Figure 48 : Intégration virtuelle des os temporaux de Ceprano 1 sur notre proposition d’Arago 21-47 en vues : A : frontale ; B : profil droit ; C : postérieure ; D : supérieure ; E : profil

gauche ; F : inférieure.

Nous avons ensuite procédé au découpage virtuel puis à l’intégration de l’occipital de Ceprano 1. Celui-ci s’articule parfaitement entre Arago 47 et son symétrique (figure 48). La largeur biastérique reconstituée correspond à celle de Ceprano, tout comme la hauteur de l’écaille. Par contre, la zone du foramen magnum n’a pas été reconstituée, celle-ci étant absente chez Ceprano 1. Seule subsiste la portion antérieure du planum nuchal. La jonction avec les temporaux est quasiment continue, ces ossements possédant presque la même position que sur Ceprano 1.

La jonction entre l’écaille de l’occipital et la partie postérieure des pariétaux présente une légère rupture dans la zone lambdatique. En effet, le pariétal Arago 47 présente des fragments d’os appartenant à l’autre bord de la suture lambdatique, soit d’os wormiens, soit des fragments de l’occipital. Nous n’avons pas modifié ces fragments car ils apportent des informations dont nous discuterons plus tard.

B C

A

D

E

Figure 49 : Ajout de l’os occipital de Ceprano 1 à Arago 21-47. Différentes vues ; A : postérieure ; B : supérieure ; C : inférieure; D : profil gauche ; E : profil droit.