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1 – S’installer ou rester dans les quartiers gentrifiés : la part des enfants dans les choix résidentiels des parents

Dans chacun des trois quartiers gentrifiés, plusieurs groupes de parents se distinguent, qui correspondent à différentes phases du peuplement des quartiers et à différents moments du processus de gentrification. Ces groupes de parents évoquent des motivations résidentielles différenciées, et nous verrons comment celles-ci s’articulent avec la prise en compte des enfants.

11 – L’ancienneté relative d’installation dans le quartier (et dans le logement)

Les parents enquêtés n’ont pas emmenagé dans le quartier à la même période. Ils ne se sont donc pas installés au même moment de leur cycle de vie, et ils ne sont pas venus vivre non plus dans le même quartier : installés à dix ans ou vingt ans d’écart les uns par rapport aux autres, ils ont été confrontés à un quartier profondément différent. Les trois quartiers étudiés ont connu en effet, avec des modalités et des temporalités un peu différentes, un puissant mouvement de gentrification qui les a transformés en profondeur.

Aux Batignolles, on peut ainsi distinguer trois grandes populations : la plus nombreuse est constituée de familles qui se sont installées dans le quartier des Batignolles à la fin des années 1990 (c’est le cas de dix parents qui ont emménagé entre 1997 et 2000), au moment où la gentrification du quartier n’était pas encore très visible.

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– 2012 Une deuxième population est constituée de parents qui se sont installées après le tournant des années 2000 (7 parents entre 2002 et 2008), dans un quartier à la fois plus gentrifié et plus familial. Enfin, une troisième population, plus composite, est constituée d’habitants anciennement installés dans le quartier : trois parents installés en 1985-1987, un habitant natif du quartier et deux « pionniers de la gentrification » installés en 1992 et 1995. Les conditions dans lesquelles se sont installées ces différentes catégories d’habitants ne sont de surcroît pas identiques du point de vue de la composition familiale : tous les habitants installés récemment (après 2002) ont emménagé dans le quartier en ayant déjà au moins un enfant ; au contraire, dans la population des parents qui se sont installés à la fin des années 1990 aucun parent, à une exception, n’est venu habiter dans le quartier en ayant déjà un enfant, mais la moitié d’entre eux ont eu un enfant moins d’un an après leur installation. Enfin, dans la dernière population aucun parent ne s’est installé dans le quartier en ayant déjà un enfant et l’enfant ou les enfants de la famille sont nés bien après l’installation du ménage dans le quartier.

À Stoke Newington, parmi les 23 parents interrogés habitant le quartier, on peut relever une ancienneté de l’installation dans le quartier nettement plus accentuée que pour les Batignolles. Elle se combine avec des changements de logements assez nombreux à l’intérieur du quartier, qui à la fois prouvent un fort enracinement dans le quartier, et qui accompagnent des changements de statut matrimonial et social, et surtout la naissance d’enfants. Les premiers à s’être installés dans le quartier y habitent depuis 1965 (« depuis toujours », car c’est une « maison de famille ») ; les derniers parents de l’échantillon à y avoir emménagé y sont depuis 2007. On distingue plusieurs populations, qui ont investi le quartier à des moments différents de son évolution (et qui présentait donc un profil socio- démographique différent). Un premier groupe de huit parents s’est installé dans le quartier entre 1980 et 1990 (un en 1980, et les sept autres entre 1985 et 1990), et un neuvième y habite depuis sa naissance (vers 1965), alors que le quartier était encore très populaire, marqué par une forte présence de populations immigrées pauvres, de logements sociaux, et aussi de squatteurs, en particulier dans certains grands ensembles dégradés. Seul l’un de ces parents vit encore dans le logement acheté à son arrivée dans le quartier : quatre ont acquéri plusieurs logements successifs (deux d’entre eux d’abord un appartement avant d’acheter une maison, les deux autres des maisons). Enfin trois d’entre eux (dont une mère qui s’est d’abord installée en squat) sont actuellement locataires dans le parc social de la ville120. Dans ce groupe, un seul de ces parents (une mère) avait un enfant au moment de sa

première installation dans le quartier (de milieu populaire, elle a alors obtenu un logement social). Un deuxième groupe de parents (huit également) a emménagé dans le quartier entre 1994 et 1998 : à cette période, le processus de gentrification était déjà bien entamé et les familles commençaient à donner le ton au quartier. Seuls deux parents avaient déjà un enfant au moment de leur installation ; les autres sont venus y vivre sans enfant, quoique déjà en couple.

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Dans ce groupe de parents comme dans les deux suivants, il faut relever l’importance du nombre total des locataires (6 dans le parc social et 1 dans le parc privé) et de semi-propriétaires (2) : le parc social joue ainsi un rôle essentiel dans le maintien de la diversité sociale du quartier.

Parmi l’ensemble de ces parents, trois habitent actuellement dans le même logement (dont un en « semi-propriété », dans le cadre du Key Worker Scheme, un dispositif social qui encourage l’accès à la propriété de catégories de population jugées stratégiques – les employés des secteurs de l’éducation et de la santé en particulier)) mais cinq ont déménagé dans le quartier (dont quatre en accession à la propriété). Un dernier groupe de (sept) parents s’est installé après 2000, alors que le quartier, c’est-à-dire à un moment où la gentrification du quartier était déjà bien établie et où la présence des familles était largment consolidée. Six de ces enquêtés avaient déjà au moins un enfant au moment de s’installer dans le quartier ou l’ont eu (pour une mère), l’année de son installation. Seulement trois sont des propriétaires au sens classique, pour deux d’entre eux d’une grosse maison, pour une autre d’un appartement. Un est « semi-propriétaire ». Enfin, trois parents sont locataires dans le parc social, et ont des revenus très réduits.

À Noe Valley, enfin, les dates d’installation dans le quartier et dans le logement des dix-huit parents interrogés habitant le quartier sont là aussi très diversifiées : les plus anciens habitent le quartier (et leur logement) depuis 1989, et les plus récents en 2009 (soit un an avant l’entretien). Comme aux Batignolles et à Stoke Newington, on identifie trois populations différenciées. Un premier groupe de six parents s’est installé dans le quartier au tournant des années 1990 (un en 1989 et trois entre 1991 et 1993), au moment où la gentrification était encore relativement peu visible. Aucun de ces parents n’avait d’enfant. Pour deux d’entre eux il s’agissait d’un appartement habité avant de vivre en couple, en colocation avec d’autres célibataires c’est-à-dire totalement indépendamment d’un projet d’enfant. Les quatre autres parents, eux, étaient déjà en couple : deux vivent toujours dans le même logement acheté à ce moment-là, et deux ont loué un logement avant de déménager dans le quartier en accession à la propriété en 1993. Une deuxième population (sept parents) s’est installée dans le quartier entre 1996 et 1999, alors que le phénomène de gentrification était devenu visible et que le quartier devenait plus familial. Tous se sont installés alors qu’ils étaient déjà en couple, sans enfant mais dans la perspective d’en avoir, sauf deux, qui avaient déjà un enfant (de moins de un an). Parmi ces huit parents, cinq habitent actuellement dans le même logement (dont un en location) mais trois ont déménagé dans le quartier (en 2007, 2005 et 2004), dont deux en accession à la propriété (les deux derniers). A l’opposé, une troisième population de cinq parents a emménagé dans le quartier après 2002, alors que celui-ci était devenu « supergentrifié » tout en consolidant sa dimension familiale. Tous ces enquêtés avaient déjà au moins un enfant au moment de s’installer dans le quartier. Tous sont propriétaires. Dans ce groupe cependant, une mère d’entre elle a en réalité un parcours migratoire relativement complexe et ne relève pas du tout du profil de « supergentrifieurs ».

Au total, on constate une forte proportion de parents résidant depuis une longue période dans le quartier (ce qui ne signifie pas cependant que le logement ait été choisi sans penser aux enfants potentiels). Cela est probablement lié en partie au renchérissement du marché du logement, qui limite la mobilité résidentielle, mais aussi à l’appréciation du quartier, qui pèse souvent dans la décision de rester. Ils se répartissent de façon à peu près égale entre parents des écoles publiques et parents des écoles privées ou confessionnelles.

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12 – Les raisons de l’installation : le logement ou le quartier ?

En fonction de leur date d’arrivée dans le quartier, c’est-à-dire à la fois en fonction de l’état du quartier et en fonction de leur propre situation matrimoniale et familiale, les parents n’accordent pas la même priorité au logement et au quartier pour justifier leur choix résidentiel. C’est ce que montre l’analyse successive des motivations résidentielles des parents enquêtés dans les Batignolles, à Stoke Newington et à Noe Valley.

121 – Dans les Batignolles

Aux Batignolles, les raisons pour lesquelles ces différents groupes d’habitants se sont installés successivement diffèrent. Ainsi, premièrement, à l’intérieur de la population des habitants venus vivre dans le quartier à la fin des années 1990, le choix du logement l’emporte très nettement sur le choix du quartier : dans cette catégorie, les enquêtés étaient surtout à la recherche d’un logement (ancien), à Paris, au moment de leur mise en couple, ou à la recherche d’un logement plus grand dans la perspective d’avoir un enfant. C’est le cas de Mme M., venue y habiter avec son conjoint en 1998, au moment de leur mise en couple, et à la recherche d’un trois pièces, dans l’ancien, à Paris, qui a visité 20 logements dans différents arrondissements de Paris, pour qui « le quartier importait peu » et qui ne connaissait pas le quartier. De même, Mme J. a choisi le logement pour sa surface, sa cour et à Paris, sans connaître préalablement le quartier : elle n’était pas du tout fixée sur un quartier précis et avait visité des logements dans différents endroits de Paris. Enfin, c’est aussi l’exemple de Mme G., locataire, qui a choisi son logement par défaut, dans un quartier non choisi et qu’elle décrit comme peu attirant à l’époque.

Dans les trois cas, les caractéristiques du logement et en particulier le prix du logement (pour les propriétaires) ont souvent constitué un critère de premier choix. Dans cette population, on trouve d’ailleurs, parmi les propriétaires, de nombreux ménages qui ont bénéficié d’un apport de leurs parents (qui sont parfois copropriétaires du logement) et des ménages qui ont acheté des logements en mauvais état et qui ont fait d’importants travaux (figures classiques de la gentrification). Certains soulignent que lorsqu’ils ont emmenagé le quartier n’était pas branché et était sale.

Pour les habitants de cette catégorie, la dimension quartier n’est cependant pas absente de leurs motivations résidentielles. En s’installant aux Batignolles, une partie de ces habitants ont été aussi attentifs aux caractéristiques du quartier. C’est le cas notamment des parents qui se sont installés peu avant d’avoir un enfant et qui ont été sensibles, par exemple, à la présence du square des Batignolles, telle Mme K (locataire) qui s’est installée en 2000 (donc le plus récemment dans cette population) :

« (Et quels étaient les critères de choix ?) Concernant le logement ? (Oui) Bah, le quartier déjà. Ce qui m’a moi attirée c’est le fait qu’il y ait le square des Batignolles, donc un parc. A l’époque il n’y avait pas le nouveau. Et donc y’avait que le square des Batignolles qui était très bien pour les enfants. Et puis j’avais entendu parler du quartier. Comme quoi c’était un quartier qui était bien, qui était… (Comment vous en avez entendu parler ?) Par du bouche à oreille. Du bouche à oreille par des amis qui y étaient déjà. On connaissait des amis qui y habitaient. Et puis on aimait bien le 17ème donc on l’a choisi. Mais on est surtout

tombé sur un appartement qui nous a convenu, qui correspondait à ce qu’on cherchait. (Vous avez visité dans d’autres quartiers ou pas ?) Du tout. Absolument pas, absolument pas. (Est-ce que vous avez visité beaucoup d’appartements ?) On a eu le coup de foudre pour celui-ci. Parce qu’il nous convenait, on aime bien les appartements anciens, on a de la place. Ça nous correspondait au niveau salaire, au niveau loyer, au niveau… Tout correspondait donc non on n’a pas cherché.

(Et c’est vous qui avez fait les différentes démarches pour trouver cet appartement ?) Oui, oui. (Et tout le monde était d’accord sur le fait que ça soit … ?) Oui, oui, tout à fait. (Coup de foudre général) Coup de foudre général tout à fait. (Mme K, CMS, Batignolles) ».

Ce choix pour le quartier est également présent dans deux autres cas de figure : une mère, à la suite de sa séparation, a souhaité rester dans le quartier des Batignolles, pour la garde alternée des enfants, mais aussi pour le quartier, et qui pour se maintenir dans le quartier a acheté et regroupé, suite à de longs travaux étalés sur cinq ans, quatre chambres de bonne, pour un logement au total « atypique » ; et Mme L (locataire) qui est passée des Epinettes (rue Pouchet) aux Batignolles (pour s’installer dans un quartier plus « sympa »).

Deuxièmement, pour les familles qui sont arrivées plus récemment (depuis 2002) dans le quartier et qui donc se sont installées avec un ou plusieurs enfants, le critère « quartier » occupe une place beaucoup plus importante, avec toutefois des nuances. En venant demeurer dans ce quartier, qu’ils connaissaient souvent préalablement (par exemple Mme C. qui l’avait fréquenté lorsqu’elle était à l’IUFM boulevard des Batignolles), dans lequel parfois ils avaient des amis, ces habitants ont fait le choix de vivre dans un quartier « bobo-familial », adapté aux enfants :

« Et finalement le quartier l’a emporté sur le cadre, et puis... il est parfaitement fonctionnel pour une famille, avec deux enfants, c’est très bien. Enfin on n’a pas les mêmes exigences avec les enfants, par exemple c’est très bien insonorisé, y a un petit jardin (…) C’est des choses, enfin… si j’avais pas une famille, je serais pas là. C’est vraiment je trouve en fonction de … je trouve que c’est le quartier... idéal pour… Enfin quand on a de jeunes enfants. Parce que tout le monde est pareil. Et dans la rue, tout le monde est pareil... La famille type ici vraiment, deux enfants… Maternelle, élémentaire. Il y a vraiment beaucoup de gens comme ça ici. (…) Je savais qu’ici c’était super, et… C’était un de mes quartiers de prédilection. Et en plus c’est près de mon boulot, je suis à 5 minutes, et quand je commence à 5 heures du matin par exemple, c’est génial de pouvoir… Y aller vite et revenir vite. (…) Ça me permet de récupérer les enfants aussi, je peux travailler jusqu’à quatre heures, à quatre heures et demie, je suis là, hein. (Mme D, CMS, locataire, séparée, 2 enfants) ».

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– 2012 En second lieu, et même pour ceux pour lesquels la dimension « quartier » est moins mise en avant le choix du quartier de ces habitants s’est opéré à partir du choix des établissements scolaires :

« (Et pourquoi vous avez préféré les Batignolles au 19ème ?) Alors on était dans un

coin du 19ème qui n’était pas très agréable, d’abord on était dans un tout petit

logement donc quand on était à deux voire à trois ça allait puis quand la petite dernière est arrivée ça commençait à être juste, c’était un appartement agréable mais un peu vétuste où on était confronté aux soucis qu’on peut rencontrer dans les appartements anciens pas très bien entretenus. Et puis… L’école du quartier avait vraiment très mauvaise réputation et comme je ne voulais pas non plus que mes enfants aillent dans le privé par conviction personnelle, du coup c’était effectivement l’opportunité… Enfin tout coïncidait bien, on avait un logement plus grand, on savait qu’au niveau de l’école il n’y aurait pas de soucis dans le quartier. (Mme N, CMS, locataire) ».

Un autre attrait mis en avant dans le choix du quartier, tout particulièrement pour les femmes élevant seules leur(s) enfant(s), consiste en la proximité de leur lieu de travail, qui leurs permet d’être souvent ou rapidement présentes auprès de leurs enfants, comme l’évoquait Mme D dans son entretien (cf. ci-dessus).

Les raisons d’installation de la troisième population, la plus ancienne, sont moins nettes : d’abord parce que la population est plus composite, ensuite parce que la date d’installation est beaucoup plus lointaine, mais aussi parce qu’une partie d’entre eux (la moitié) ont eu deux logements dans le quartier et ont plutôt évoqué les raisons pour lesquelles ils se sont installés dans le dernier logement occupé, c’est-à-dire aussi les raisons pour lesquelles ils sont restés. Parmi les habitants restés dans le quartier, certains expliquent qu’ils ont déménagé sur place en raison des nécessités de la garde alternée établie pour leur enfant au moment de la séparation avec leur conjoint ; tandis que pour un autre, le deuxième logement occupé dans le quartier correspond au logement acheté au moment de sa mise en couple, avec sa conjointe qui habitait aux Epinettes. Parmi les autres, Mme W a rejoint son mari qui habitait depuis longtemps dans le quartier, dans un logement situé dans un immeuble familial (là encore). M. T, concepteur de réseau, est natif du quartier et y a presque toujours habité (sauf six ans) : mais en même temps il achète et revend ses logements après les avoir retapés (« un plaisir » : il fait cela lui-même). Il est allé des Epinettes aux Batignolles. A noter que dans cette population figure une forte proportion d’individus travaillant dans les métiers de la culture et de la communication (artiste dramatique, réalisateur, éditrice, concepteur de réseau) et plus de locataires (quatre) que de propriétaires (deux). Mais on y trouve aussi une famille de milieu populaire et une famille de cadres supérieurs du privé.

122 – A Stoke Newington

À Stoke Newington, les choix d’installation offrent des éléments de motivation originaux par rapport à ceux de Paris. Il faut tout d’abord rappeler l’importance des locataires et semi- propriétaires dans le parc social (huit sur vingt-trois, soit un tiers des enquêtés) : la plupart d’entre eux n’ont eu qu’une capacité d’influence limitée sur le choix de leur logement et de leur quartier précis (demande faite pour l’ensemble du borough de Hackney). La première motivation, c’est donc clairement le logement, quelle que soit la période considérée, et peut-être plus encore pour la période récente, pour ces locataires ou semi-propriétaires du parc social. La disponibilité d’un parc social de logements très important à Hackney est un élément d’explication majeur de leur localisation. Ainsi, éclairant cette capacité limitée à décider de leur localisation précise, M. N. explique que le logement qu’il a acheté en 2005 était le seul programme de ce type précis dans tout l’arrondissement. C’est de l’accession aidée, avec un montage un peu particulier (avec sa femme, ils ont en fait acheté la moitié de leur logement et louent les 50 % restant). Ils étaient auparavant déjà propriétaires, dans un quartier proche (Dalston, également situé dans le borough de Hackney) mais beaucoup plus pauvre que Stoke Newington. Ils ont donc choisi le logement (un type de logement), et non pas le quartier (même s’ils le connaissaient).

« C’est par hasard qu’on a abouti ici. Nous n’avons pas beaucoup d’argent, et donc la propriété dans laquelle nous vivons fait partie d’un projet de propriété partagée. Et donc nous n’achetons que la moitié et nous louons l’autre moitié. Nous n’aurions pas pu nous permettre d’emménager dans un logement de cette taille sans ce genre de plan. (…) (Et donc le choix de Stoke Newington, ce n’était pas parce que vous aviez choisi le quartier en premier lieu ?) Non, nous avons choisi le logement en premier, et le quartier venait ensuite121. (M. N., CM, Stoke

Newington) ».

Dans ce groupe, une exception. Mme B., après avoir occupé un squat dans le quartier, a participé à la création d’une coopérative de logements : elle a pu négocier avec la mairie le fait d’obtenir un appartement dans le parc social, dans le quartier, auquel elle est très attachée, après la disparition de la coopérative.

Une deuxième originalité des enquêtés de Stoke Newington, c’est que beaucoup, parmi les seize parents qui se sont installés dans le quartier avant 2000, ont changé de logement à l’intérieur du quartier (alors qu’aucun des sept installés dans le quartier depuis 2000 n’a