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Chapitre 2 : Cadre Conceptuel

2.1 Le modèle du changement social et du développement du leadership

2.1.2 Influence des valeurs de groupes

Les valeurs incluses dans cet ensemble sont la collaboration, le but commun et la controverse avec civilité. Selon les auteurs du MCS, les leaders doivent développer ces valeurs afin de maximiser le fonctionnement des groupes (Komives, Wagner & Associates, 2017). Le leadership est fondé sur les relations entre les gens; dans ces relations, on développe la capacité de travailler en collaboration les uns avec les autres. Cette capacité est essentielle au processus de leadership (Komives, Wagner & Associates, 2017).

La définition de la collaboration souligne l’importance des relations; la nécessité d’un partage des responsabilités, de l’autorité et de la responsabilisation. La collaboration comprend aussi l’avantage d’avoir de multiples perspectives et talents dans un groupe. Pour collaborer, il faut dépasser le simple fait de mettre ensemble différentes visions, c’est aussi l’implication des personnes et de leurs visions, valeurs, identités, idées et leurs expériences différentes qui peuvent servir au groupe. Ensemble, nous élaborons de nouvelles visions, des buts et des objectifs communs. Dans un groupe, il est possible de retrouver plusieurs types de relations de coopération. Ces dernières peuvent être dynamiques, compétitives ou encore basées sur les compromis (Komives, Wagner & Associates, 2017). Le MCS fait la promotion du principe suivant : si les personnes travaillent ensemble au sein d’un même groupe vers un but commun et collaborent les unes avec les autres au lieu de se concurrencer pour obtenir de la reconnaissance, elles seront plus efficaces et accompliront davantage. Avoir un objectif commun est un élément central dans les groupes qui militent pour le changement social. L’objectif commun sert à inspirer et même guider le groupe de la même manière que le font les valeurs, la vision commune et les objectifs partagés.

Le travail effectué en collaboration demande aux ainés acteurs de changement de développer une confiance mutuelle les uns envers les autres. La confiance peut se construire par le partage d’informations ainsi que par les succès et expériences communes (Komives, Wagner & Associates., 2017). La force de la collaboration des uns tire sa source de la diversité des individus. Toutefois, cette force est également un défi, puisque de la diversité peut résulter certains conflits. Le but du leadership et de la collaboration n’est pas d’éviter le conflit, mais plutôt de normaliser l’inconfort qui en résulte et d’apprendre à travailler les moments plus difficiles. Travailler en collaboration pour créer de nouvelles solutions permet de créer une synergie. Il faut savoir que travailler dans une dynamique coopérative permet de s’aider les uns et les autres à atteindre nos buts individuels et les buts du groupe.

La dynamique d’un groupe n’est pas chose innée. Elle doit se développer tout comme le groupe doit d’abord se former et identifier ses valeurs et buts. Les valeurs d’un groupe pourront être implicites ou encore explicites. Ces dernières teinteront la manière dont les membres interagissent entre eux, influenceront l’histoire du groupe et les symboles

importants pour les membres. L’histoire du groupe est influencée par la rencontre des différences d’opinions et des succès partagés. Les membres du groupe peuvent voir la collaboration comme un défi, soit parce qu’il peut y avoir des frictions avec d’autres membres ou encore que les objectifs de chacun ne concordent pas toujours avec les buts du groupe. Toutefois, le groupe qui réussit à surmonter les défis de la collaboration deviendra plus solide.

Un groupe pourrait également être amené à se dissoudre et mettre fin à ses activités. La fin d’un groupe ne veut pas dire que les intérêts ou les raisons de la création de ce dernier ne sont plus nécessaires. Cela implique donc que des acteurs différents peuvent prendre la relève. Le groupe pourra ainsi continuer, bien que la dynamique de ce nouveau groupe soit différente du groupe précédent. La dynamique à l’intérieur du groupe influence la communication. Il existe un lien étroit entre la communication et les valeurs du groupe qui œuvre pour un leadership socialement responsable. Ce dernier permet de maintenir un sentiment de responsabilité pour le bien-être des autres. La communication personnelle et la communication du groupe sont essentielles pour faire preuve de leadership en matière de changement social et l’exercer d’une manière socialement responsable. Il faut être en mesure de partager un langage commun, d’écouter sincèrement l’autre et aussi d’entendre l’autre. Ainsi, en plus de développer des habiletés en écoute active, il est important d’apprendre à s’exprimer clairement et savoir comment transmettre un message.

Le partage d’un but commun au sein d’un groupe est plus complexe qu’il n’y parait. La capacité d’un groupe à développer et à maintenir un objectif commun est basée sur des processus de collaboration intentionnels qui relient chacun des membres entre eux. L’avenir du groupe repose donc non seulement sur sa capacité à travailler ensemble et à communiquer, mais également sur sa capacité à surmonter les difficultés rencontrées. Collaborer peut aussi entrainer certaines controverses. Le groupe devrait pouvoir être en mesure de surmonter les désaccords qui se produisent au sein des groupes et ce, avec civilité. La diversité des acteurs impliqués dans un groupe entraine des différences inévitables dans les perspectives au sein d’un groupe. Valoriser la controverse dans la civilité, c’est offrir un environnement sécuritaire permettant la confiance, le respect, le support et la collaboration. Il n’y a pas de

gagnant ou de perdant à la suite d’un débat ou d’une différence d’opinion. Il faut plutôt embrasser ces différences, encourager la tolérance et travailler ensemble pour résoudre les possibles conflits. Les membres du groupe ont le pouvoir de créer un environnement propice aux échanges.

L’habileté de reconnaitre les perspectives des autres et tenter de comprendre leur position rejoint les aptitudes du leadership. La controverse dans la civilité implique des membres du groupe qu’ils s’engagent à considérer les multiples perspectives possibles, mais cela n’implique pas qu’ils seront d’accord avec toutes les propositions. Ils les écouteront et les considéreront. L’habileté à vivre la controverse dans la civilité est une attitude, un comportement ainsi qu’un processus. On peut résumer le processus ainsi : la controverse avec civilité c’est de créer et maintenir une culture au sein du groupe dans laquelle les différents points de vue et les différentes façons de penser des problèmes sont recherchés, respectés et utilisés pour l’amélioration du groupe (Komives, Wagner & Associates., 2017, p.155). Avoir une opinion qui diffère de celles du groupe demande d’avoir de la confiance en soi, mais aussi une confiance envers les autres membres du groupe. D’ailleurs, encourager les différents points de vue et perspectives peut engendrer une certaine incertitude par rapport à la direction que peut prendre le groupe et ses objectifs. Il est irréaliste et même néfaste pour les groupes d’ignorer ou de décourager la controverse, parce qu’elle risque de forger et de perpétuer une fausse harmonie (Komives, Wagner & Associates., 2017). La controverse dans la civilité nécessite une grande ouverture à l’autre, une grande réceptivité et demande aussi l’instauration d’une culture qui représente ses caractéristiques dans le groupe et chez les individus qui le composent.