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Chapitre 2 : Cadre Conceptuel

2.1 Le modèle du changement social et du développement du leadership

3.1.2 Entrevues semi-dirigées

Pour réaliser une méthodologie inspirée de la théorisation ancrée, il faut notamment se questionner sur le choix des sources de données. Ici, nous avons d’abord effectué une

recension des écrits, puis nous sommes entrés en contact avec « des participants qui ont vécu et observé le phénomène à l’étude » (Jacques et al., 2014, p. 103). Nous avons donc, comme le conseillent les auteurs, débuté avec un échantillon dit de convenance afin de réaliser des entrevues semi-dirigées. Le choix de procéder par entrevues semi-dirigées s’explique par le raisonnement suivant. Considérant que le nombre visé de personnes était une douzaine de participants, Mayer & Ouellet (1991) reconnaissent que l’entretien est le moyen le plus approprié versus un questionnaire pour le même nombre de personnes. Le questionnaire « est une technique fortement réductrice en ce qui concerne les jugements subjectifs […], il est une technique s’adaptant mieux à l’approche des faits, des pratiques et des connaissances » (Mayer et Ouellet, 1991, p.274). Pour ce qui est de l’entrevue, cette méthode est reconnue comme étant au cœur de la pratique en service social. Il est à noter que dans le cadre de ce projet, le terme entretien et entrevue sont utilisés comme synonyme. De plus, comme cette recherche est réalisée dans le cadre du programme de maitrise en travail social de l’université de Sherbrooke, le nombre de douze participants semblait tout à propos afin de respecter les délais et exigences requises du programme.

On peut définir l’entrevue semi-dirigée comme étant une technique de collecte de données centrale dans la perspective constructiviste, soit l’approche choisie parmi les différentes approches possibles lorsque l’on utilise la méthode de théorisation ancrée (Savoie-Zajc, 2016; Jacques et al., 2014). Une dynamique s’établit entre les interlocuteurs, puisque la réalité est une construction issue des interprétations. L’entrevue préconisée dans le cadre de cette recherche de maitrise sera donc une entrevue à questions ouvertes semi-dirigées qui permettra de reconstruire un discours social et individuel sur les représentations du vieillissement. Il faut noter que les participants ne seront pas impliqués à l’analyse formelle des données et c’est d’ailleurs pourquoi on ne peut pas parler de « coconstruction ». En effet, les analyses sont effectuées par la chercheur-étudiante à partir des verbatims des entrevues, mais les participants ne sont pas consultés par la suite. Toutefois, les 12 participants ont émis le souhait de recevoir les analyses une fois le projet terminé.

Il faut savoir que l’entrevue demeure une méthode propice pour accéder à un champ précis comme la participation citoyenne des ainés en regard de leur vieillissement. D’ailleurs, il y a

des différences entre l’entrevue d’intervention et l’entrevue de recherche. Cette dernière vise à « obtenir des données utiles à une enquête sociale en suscitant des déclarations de personne susceptible de fournir ces données » (Mayer & Ouellet, 1991, p.307). « Le principal avantage des méthodes assistées par intervieweur est que l’interview est personnalisée, les questions et les concepts de l’enquête peuvent être interprétés, et l’intervieweur peut augmenter le taux de réponses et la qualité des données dans l’ensemble » (Statistique Canada, 2010, p. 43). En revanche, il faut aussi noter que la présence d’un intervieweur peut amener d’autres biais qu’il faut considérer dans notre analyse.

Dans le cas de notre recherche, l’entrevue semi-dirigée est menée de façon non directive, car le chercheur propose au participant un ou des thèmes de plus ou moins grandes envergures, et il lui demande de s’exprimer librement et d’une manière personnelle sur le thème choisi. C’est le chercheur qui guide et motive son interlocuteur afin d’obtenir les informations reliées aux objectifs de sa recherche (Mayer & Ouellet, 1991). Le participant sera donc amené à décrire, de façon claire, mais nuancée, son expérience, son implication et son savoir. L'entrevue semi-dirigée permet l'introduction de certains thèmes prédéterminés tout en laissant un certain degré de liberté à l'interviewé. Cette méthode est tout indiquée dans les recherches de types exploratoires (Patton, 2002; Mayer, Ouellet, Saint-Jacques & Turcotte, 2000). Les thèmes explorés sont identifiés dans l’annexe A.

Les difficultés reliées à cette méthode de collecte d’informations sont importantes à prendre en considération (Mayer & Ouellet, 1991; Savoie-Zajc, 2016). Par exemple, il peut y avoir une interférence de facteurs émotionnels, de nombreuses possibilités de s’éloigner des objectifs de la recherche, avoir un biais de la part du participant qui désire projeter une image positive ainsi que des problèmes reliés à l’analyse de contenu. Plusieurs biais sont également possibles venant de l’intervieweur. Par exemple, il est possible d’affirmer qu’il peut y avoir des biais liés à la personne qui interviewe en raison de son genre, son âge, son institution d’appartenance (CDRV), le lieu où se déroulent les entrevues, etc. (Statistique Canada, 2010).

Serrat et Villar (2019) ont aussi soulevé dans leur critique concernant la participation politique chez des ainés en Espagne que les études qui négligeaient l’aspect « biographique »

perdaient l’opportunité d’explorer comment les individus donnent un sens à leur engagement politique en créant et en partageant leur histoire et leur parcours d’implication (Hammack et Pilecki, 2012 et Mayer, 2014 dans Serrat et Villar, 2019). L’approche biographie du témoignage ou dans ce cas, de l’entrevue semi-dirigée, pourrait permettre une compréhension des liens entre les transitions au cours de la vie et la participation politique/citoyenne en considérant un moment « biographique » dans la vie de la personne.