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1. Évaluation de l’intelligence

1.4. Échelle d’Intelligence de Wechsler pour enfants et adolescents –

1.4.1. Indices standards du WISC-IV

Le QI Total (QIT) est une note composite calculée à partir des performances aux quatre indices du WISC-IV. Il représente l’efficience intellectuelle générale d’un individu,

et peut être considéré comme un excellent indicateur du facteur g. Les notes de QIT sur le WISC-IV varient de 40 à 160 (soit une étendue de -4 à +4 écarts types de la moyenne de 100). Le QI Total est largement utilisé comme aide à la décision (p. ex., dispense d’âge, critère pour le retard mental ou le haut potentiel intellectuel). Les travaux sur le WISC-IV et ses précédentes éditions montrent en général que le QIT est un bon prédicteur de la réussite scolaire, académique et professionnelle (Deary et al., 2004; L.

Gottfredson & Saklofske, 2009; Mayes & Calhoun, 2007; Sternberg, Grigorenko, &

Bundy, 2001; Watkins, Lei, & Canivez, 2007).

Dans le prolongement de la discussion sur la nature du facteur g9, on peut se questionner sur ce que traduit le score de QIT. Est-ce une variable réflective ou formative ? La question peut paraître purement théorique, or, la nature qu’on attribue au QIT a une implication pour l’interprétation de ce score. Si l'on postule l’existence d’un g psychologique, le QIT sera perçu comme une variable réflective qui traduit une intelligence générale. L’interprétation adoptera une lecture causale ; le niveau de QIT du sujet cause (explique) ses performances aux subtests du WISC-IV. Si l'on considère le QIT comme un index qui est construit par l’addition d’indicateurs, le QIT sera perçu comme une variable formative. Le QIT est interprété comme un index qui résume les indicateurs qui le forment. Notre position théorique est qu’il s’agit d’une variable formative. En effet, la modification ou la suppression d’un indicateur (c.-à-d. un des dix subtests obligatoires) changent la nature du QIT qui ne tient plus tout à fait compte des mêmes aptitudes cognitives. Les subtests du WISC-IV intercorrèlent entre eux, car ce sont toutes des épreuves cognitives. Cependant, chaque subtest contribue aussi à un des quatre domaines plus spécifiques du WISC-IV (compréhension verbale, mémoire de travail, etc.). Il n’y a donc pas une seule et même propriété mentale derrière chaque subtest ; ils ne sont pas interchangeables. Le QIT du WISC-IV n’est qu’une opérationnalisation de l’intelligence définie selon quatre domaines cognitifs. D’autres tests d’intelligence fournissent une évaluation du fonctionnement intellectuel selon d’autres index (p. ex., l’Indice Fluide Cristallisée pour la batterie du KABC-II de Kaufman et Kaufman).

L’Indice de Compréhension Verbale (ICV) se réfère à la profondeur et à l’étendue des connaissances verbales. Selon le manuel d’interprétation, l’ICV est une mesure de la formation de concepts verbaux, du raisonnement verbal et des connaissances acquises dans l’environnement (Wechsler, 2005b). Les épreuves de l’ICV mettent en jeu les capacités verbales de l’individu. Il est aussi un bon prédicteur de la

9 Voir section 1.3.2.3, p. 53.

réussite scolaire et des apprentissages (Grégoire, 2009). Comme il est très sensible aux opportunités d’apprentissage, on observe des différences dans le niveau du score moyen à l’ICV en faveur des sujets provenant de milieux socioéconomiques élevés (Grégoire, 2009).

L’Indice de Raisonnement Perceptif (IRP) s’entend comme la capacité de manipuler du matériel visuel, et de raisonner dessus. Selon le manuel d’interprétation, l’IRP est une mesure du raisonnement fluide, du traitement spatial et de l’intégration visuomotrice (Wechsler, 2005b). Les épreuves de l’IRP sont de nature moins homogène en comparaison des épreuves qui contribuent aux autres indices. En effet, les subtests de l’IRP saturent modérément sur le facteur commun qui les sous-tend (autour de .50, Grégoire, 2009, p. 165, Tableau 31). De plus, la part de variance spécifique de chaque subtest est importante (autour de 50 % ; Grégoire, 2009, p. 170, Tableau 32), tandis que la part de variance partagée (la propriété mentale qu’évalue le test et d’autres tests) est autour de 30 %. Cela suggère que la moitié des différences interindividuelles dans les scores aux subtests de l’IRP est expliquée par les différences sur ce qui est spécifique à chaque subtest, et non sur ce qui est commun. On peut relever que l’appellation de cet indice ne se réfère pas à une aptitude cognitive identifiable. Il s’agit plutôt d’un indice contruit avec des subtests qui évaluent à la fois une composante visuo-spatiale et une composante d’intelligence fluide.

L’Indice de Mémoire de Travail (IMT) renvoie à la capacité d’encoder, de maintenir temporairement des informations en mémoire et de manipuler du matériel en mémoire immédiate. Selon le manuel d’interprétation, les tâches de mémoire de travail impliquent l’attention, la concentration, le contrôle mental et le raisonnement (Wechsler, 2005b). Les épreuves de l’IMT évaluent la mémoire à court terme sur sa forme verbale ; l’enfant doit énoncer verbalement une séquence de chiffres ou/et lettres comme modalité de réponse aux items. La mémorisation sur des stimuli auditifs non verbaux, visuels ou multisensoriels n’est pas évaluée. Les performances aux subtests de l’IMT sont sensibles aux connaissances des symboles numériques et de l’alphabet ainsi qu’aux troubles de l’attention (Grégoire, 2007b).

L’Indice de Vitesse de Traitement (IVT) est une note composite calculée à partir des performances aux subtests Code et Symboles. La vitesse de traitement dans le WISC-IV s’entend comme la capacité à inspecter rapidement et correctement des informations visuelles simples, et à réaliser rapidement des tâches cognitives simples.

L’IVT évalue donc la rapidité cognitive de « bas niveau ». Selon le manuel d’interprétation, l’IVT fournit également une mesure de la vitesse de discrimination

visuelle, de mémoire visuelle à court terme, d’attention et de coordination visuomotrice (Wechsler, 2005b). Les épreuves de l’IVT présentent des stimuli visuels asémantiques et demandent au sujet de fournir une réponse motrice manuelle. Les performances aux subtests sont sensibles à l’habileté graphomotrice, la maîtrise de l’écriture et des troubles de l’attention (Grégoire, 2007b). Contrairement à l’ICV, l’IVT est peu influencé par l’origine socioéconomique des individus (Grégoire, 2009).

L’Indice d’Aptitude Générale (IAG) est une note composite calculée à partir des performances aux subtests obligatoires de l’ICV et de l’IRP. Il est proposé par des auteurs (Prifitera, Saklofske, & Weiss, 1998; Raiford, Weiss, Rolfhus, & Coalson, 2005) comme alternative au QI Total. Composé de deux indices – l’ICV et l’IRP – fortement intercorrélés et qui saturent de manière importante sur le facteur g (Lecerf et al., 2011), l’IAG présente en outre une très forte corrélation avec le QI Total : r = .96 pour la version américaine (Saklofske, Prifitera, Weiss, Rolfhus, & Zhu, 2005, p. 43) et r = .92 pour l’échantillon d’étalonnage français (Grégoire, 2009, p. 185). À la différence du QI Total, l’IAG écarte l’influence des processus cognitifs de base liés à la mémoire de travail et à la vitesse de traitement. Comme l’IAG et le QIT ne reflètent pas exactement les mêmes facettes de l’intelligence, ils ne doivent pas être confondus. Dans certaines populations cliniques, l’IAG fournit une meilleure estimation du niveau cognitif général, par exemple dans les profils d’enfants à Haut Potentiel Intellectuel (HPI) ou les enfants ayant un diagnostic de troubles de l’attention (Grégoire, 2009; Saklofske, Weiss, Raiford,

& Prifitera, 2006). En effet, dans les épreuves de l’IMT (Mémoire des chiffres, Séquence Lettres-chiffres, Arithmétique) et surtout dans celles de l’IVT (Code, Symboles, Barrage), les performances des enfants HPI sont généralement dans la moyenne l’écriture (Grégoire, 2007b). Comme ces deux dernières compétences sont davantage liées à l’âge de développement de l’individu qu’à ses aptitudes cognitives, les enfants HPI ne se montrent pas forcément supérieurs aux enfants tout-venant du même âge.

En effet, les habiletés graphomotrices se développent avec l’expérience de la pratique de l’écrit à l’école notamment. Comme dans le WISC-IV, chaque indice contribue pour un quart dans la note du QIT, ce dernier peut se voir affaibli chez les enfants HPI à

cause de leurs performances moyennes à l’IMT ou/et à l’IVT. Dans la situation d’un important écart de performances entre d’un côté l’ICV et l’IRP et de l’autre, l’IMT et l’IVT, l’interprétation de l’IAG est à privilégier à la place de celle du QIT. Néanmoins pour une représentation du fonctionnement général, l’IAG est utilisé avec son pendant l’Indice de Compétence Cognitive.

L’Indice de Compétence Cognitive (ICC) est une note composite calculée à partir des performances aux subtests obligatoires de l’IMT et de l’IVT. Il s’agit d’un indice optionnel utilisé en complément à l’IAG pour avoir une image globale du fonctionnement cognitif de l’individu. Tandis que l’IAG rend compte des connaissances acquises et des habiletés de raisonnement, l’ICC reflète, quant à lui, la compétence et l’efficacité dans le traitement cognitif (Bremner, McTaggart, Saklofske, & Janzen, 2011).