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Indicateurs de pauvreté en 2009 dans la Région de Ségou, selon le cercle (RGPH 2009)

Il convient enfin de noter que les inégalités qui traversent la Région ne se résorbent pas, bien au contraire. Malgré les efforts depuis 2001, l’indice de Gini calculé sur les revenus des individus varie très faiblement. Il était de 0,31 en 2001 contre 0,28 en 2014. Il est certes l’un des plus faibles du pays (0,37 en 2014, avec un maximum de plus de 0,5 à Tombouctou), mais il masque certainement des écarts importants entre les ménages.

Les conditions de vie et le bien-être des ménages peuvent aussi être abordés par l’équipement de l’habitat et les biens de consommation possédés. Nous donnons ici, en restant à l’échelle de la Région, les principales évolutions de certains indicateurs. Il est d’abord intéressant de noter la forte progression, malgré la croissance démographique soutenue, de l’accès et de l’utilisation de l’électricité.

L’amélioration, notable des modes d’éclairage, (Tableau 23) se traduit par le passage d’un taux de raccordement aux réseaux électriques de 6% en 2001 à 40% en 2014. Le développement des panneaux solaires et des centrales locales (cf. supra) a donc des effets significatifs. Pour autant, la trajectoire semble s’infléchir et un palier atteint, alors même que les taux restent faibles au regard des standards internationaux. Il semble nécessaire de trouver des solutions de masse plus adaptées aux contraintes locales.

Tableau 23. volution du mode d’éclairage des ménages de la Région de Ségou

Mode d’éclairage 1987 1998 2009 2011 2014 2015 électricité 2% 3% 10% 26% 39% 44% gaz 1% 0% 0% 0% 0% 0% pétrole 84% 90% 55% 17% 1% 1% autres 14% 7% 35% 58% 60% 56% Source : RGPH, INSTAT

Les difficultés sont plus prégnantes pour l’adduction d’eau. Si les apports par les eaux de surface ont été quasiment éliminés en 25 ans, l’eau courante dans la maison via les réseaux collectifs ne concerne toujours que 5% des ménages de la Région. Ce sont toujours les forages et puits individuels qui fournissent en eau la majorité de la population.

Tableau 24. volution du mode d’accès à l’eau des ménages de la Région de Ségou

Approvisionnement en eau 1987 1998 2009 2014 2015 Robinet 1% 2% 4% 5% 5% Forages ou puits 91% 86% 89% 84% 85% Rivière 6% 2% 1% 0% 0% Fontaine publique 1% 4% 3% 11% 10% Autres 2% 6% 4% 0% 0% Source : RGPH, INSTAT

Enfin, si l’accès des foyers à l’électricité s’améliore fortement, confirmant les évolutions constatées pour le mode d’éclairage, l’accès à l’eau potable semble sur un palier. Avec le maintien à un très haut niveau de l’utilisation du bois-énergie, ces évolutions interrogent sur la disponibilité des ressources naturelles et sur la soutenabilité de leur consommation et de leur gestion. Du fait de la poussée démographique, les progrès d’accès à une électricité « pauvre » et « raisonnable » stagnent et l’urgence rend difficile la réflexion sur des alternatives crédibles et moins consommatrice en ressources naturelles.

Tableau 25. Accès aux services et aux biens de consommation dans la Région de Ségou

2001 2006 2009 2011 2013 2014 2015

Accès à l’eau potable 71% 65% 78% 66% 72% 76%

Accès à l’électricité 6% 14% 26% 40%

Utilisation du bois énergie 93% 93% 93% 95%

Possession d’un téléphone portable 11% 59% 82%

Possession d’une moto 27% 39% 46% 52%

Source : INSTAT

En ce qui concerne les biens d’équipement, le spectaculaire développement de la téléphonie mobile et du nombre de motos insiste sur le besoin d’équipements utiles, techniquement adaptés à la situation géographique et climatique. Il montre qu’à condition d’avoir des options innovantes et performantes, les transformations dans la structure de consommation peuvent être extrêmement rapides.

2.3.8. Situation politique et sécurité

Bien entendu, il s’agit de la problématique structurante pour la période récente. La situation politique influence déjà, sans qu’il soit possible d’en chiffrer précisément les impacts, les dynamiques de population de la Région et sa répartition. Les populations réfugiées du Nord semblent se concentrer plutôt sur les zones de l’Office du Niger, en bordure des périmètres où se multiplient les campements, mais aussi dans les villes où les perspectives d’emploi sont plus favorables.

Il conviendra d’entrer dans les différents scenarios possibles les sorties les plus probables de la crise actuelle. Il n’en reste pas moins que la difficulté dans l’exercice de prospective est de gérer l’urgence de la situation et son impact sur les représentations. Les acteurs locaux ont vraisemblablement un horizon de réflexion stratégique fortement réduit par l’actualité et il est normal qu’une projection vers le futur soit difficile dans ces conditions.

2.4. Politiques régionales mises en œuvre sur la période

2.4.1. La décentralisation et état des lieux de l’administration

Le Projet d’Appui à la Décentralisation et au Développement Economique Régional (PADDER) a commandité une étude sur les Espaces Economiques Partagés pour promouvoir le développement régional. Les collectivités territoriales, en mettant en œuvre les EEP, réalisent les objectifs de la décentralisation qui visent à rendre l’action publique locale plus efficace et à promouvoir une meilleure implication des citoyens dans la gestion des affaires publiques. En structurant les initiatives et les projets de territoire, les EEP constituent un outil de regroupement des territoires communaux qui permet de répondre efficacement aux défis qui se posent en matière de développement territorial. La réalisation du diagnostic des secteurs économiques porteurs et espaces économiques partagés dans la région de Ségou s’inscrit dans la continuité des actions entreprises par le PADDER en appui au renforcement du processus de décentralisation qui est marqué, au Mali, par deux phases importantes. La première phase s’étale de 1992 à 2004 et s’est organisée autour de deux points essentiels : (i) une étape de conception et de réforme avec la réalisation d’études et d’outils juridiques et réglementaires ; (ii) une étape de démarrage et de mise en œuvre en termes de sensibilisation des acteurs et de mise en place des dispositifs institutionnels techniques et financiers. La deuxième phase qui couvre la période 2005-2014 est celle de la consolidation de la réforme22.

Dans le cadre de l’accompagnement du processus de décentralisation, en conformité avec les orientations fixées par le Document Cadre de Politique Nationale de Décentralisation, le PADDER a appuyé l’amélioration du Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) et du Plan Stratégique de Développement Régional (PSDR) de la Région de Ségou

Au niveau local, le PSDRS stipule que les Comités d’Orientation, de Coordination et de Suivi des Actions de Développement sont chargés de l’application et du suivi de ces actions (voir au point 1.4.4, page 33, les différents comités). Selon leur niveau respectif, ces comités sont chargés de :

 donner un avis sur les stratégies et programmes de développement et de suivre leur mise en œuvre ;

 veiller à la cohérence et à la mise en œuvre des programmes sectoriels et formuler des recommandations tendant à assurer une bonne exécution desdits programmes ;

 susciter l’implication de tous les acteurs dans le processus des réformes institutionnelles ;  orienter, coordonner, suivre et évaluer les appuis nécessaires à la mise en œuvre des

programmes de développement.

Par ailleurs, dès l’installation des organes des collectivités territoriales, des compétences ont été transférées par l’Etat central aux élus. En juin 2002, le gouvernement a signé les décrets de transfert de compétences dans les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’hydraulique rurale, des compétences générales.

De manière générale, l’Assemblée Régionale a pour mission la conception, la programmation et la mise en œuvre des actions de développement économique, social et culturel d’intérêt régional. La région est le maître d’ouvrage de la planification du développement régional. A ce titre, l’assemblée régionale de Ségou a élaboré des documents de planification qui constituent la base de ses actions : le schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT) et le plan stratégique de développement régional (PSDR). Ces documents sont complétés par des études sectorielles, mis en ligne sur le site de la Région (http://www.cr-segou.org/index.php/textes-legislatifs/etudes-et-publications).

22 Dont les principaux axes sont déclinés dans le Document Cadre de Politique Nationale de Décentralisation. Les fondamentaux de mis en œuvre de ce document cadre sont le Programme National d’Appui aux collectivités Territoriales de la phase II (PNACT II) et le Programme de Développement Institutionnel (PDI). L’ensemble s’inscrit en cohérence avec l’Etude Nationale Prospective Mali 2025, le Cadre Stratégique de lutte contre la Pauvreté (CSLP et CSLP II dit « Cadre Stratégique pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (CSCRP) » pour la période 2007-2011, voir supra)

2.4.2. Les politiques économiques

Le plan triennal pour le développement de Ségou et les autres schémas de développement reprennent les politiques économiques envisagées. Le développement de la région ne repose pas seulement que sur les élus et personnel, mais sur une conjonction des efforts de développement de l’ensemble des acteurs du territoire. Par son rôle de maître d’ouvrage du développement économique régional, l’assemblée régionale doit réunir les conditions cadres nécessaires, dans le respect des principes de subsidiarité et de suppléance, pour un plein essor de création de richesses. Les acteurs concernés sont :  OGSP (Organisme gestionnaire de service public) : FERASCOM, les comités de gestion

scolaire, les syndicats des différents ordres socioprofessionnels

 OP (Organisations paysannes) : CRAS, CRM, les structures faitières des organisations paysannes…

 OSP (Organisations du secteur privé : GIE, les entreprises) : RFOE, l’association régionale des apiculteurs, PME et PMI, …

 OSC (Organisation de la société civile) : les ONGs, l’organisation régionale de la société civile, les associations à but non lucratif et apolitique…

 Les institutions financières : représentées par les banques classiques (BDM-SA, BNDA, BHM, BIM, BOA…) et les institutions de micro finance (NYESIGISO, CAECE, KAFO JIGINEW, KONDO…)

 STD (Services techniques déconcentrés de l'Etat) : les directions Régionales  La Tutelle (appui technique et assistance conseil) : Gouvernorat

Les études sur les Espaces Economiques Partagés renseignent sur les orientations stratégiques à l’œuvre et à développer. Les EEP à dominante agro-pastorale, qui sont majoritairement prévus, intègrent des activités d’accompagnement liées au renforcement de l’entreprenariat économique rural (GERAD 2012). La mise en œuvre de ces EEP reviendra en priorité à des structures associatives ou à des groupements. Chaque EEP, abritera un certain nombre d’activités économiques susceptibles de générer de la plus-value tout en veillant au respect de la biodiversité. Dans la région de Ségou, les espaces économiques partagés identifiés sont les suivants :

 EEP de la zone pastorale de Missibougou ;

 EEP de la zone céréalière compris entre les cercles de Bla et San ;  EEP de la zone de l’Interfleuve ;

 EEP de la zone pastorale de Daouna.

L’élaboration du PSDR a permis d’identifier les espaces économiques que la région de Ségou partage avec les régions et localités voisines, et qu’il convient de prendre en compte dans l’objectif de cohérence. Ces espaces sont les suivants (Carte 14) :

 le Triangle pastoral de Missibougou (4 000 ha) partagé entre Ségou et Mopti,

 la Zone pastorale de Daouna partagée entre Ségou, Koulikoro, Tombouctou et la Mauritanie,  le périmètre pastoral de Sokolo partagé entre Ségou, Mopti, Tombouctou et Koulikoro, et

Mauritanie

 la zone pastorale de Nampalari partagée entre Ségou, Tombouctou et Mopti,  la zone de pêche Ségou- Koulikoro,

 les bourses de céréale de la région, partagée avec Bamako, Kayes, Sikasso Mopti, la Guinnée,  la zone agropastorale de l’inter-fleuve partagée entre Ségou et Mopti,

 la zone office Niger partagée entre Ségou, Niono et Macina,  la zone office riz Ségou partagée : Ségou, barouéli et Macina,

 le fleuve Niger : koulikoro,Ségou, Mopti, (toutes les régions du Mali et la zone UEMOA  la zone de Production PDI. BS : Bla et San,

 la zone coton CMDT : Tominian, San, Bla et Barouéli,

 la piste nationale de transhumance partagée entre Ségou, Mopti et Koulikoro,  les marchés de bois de Konobougou et Banankoroni,

 les foires de Tènè et de Tominian,  le marché de poisson de Ségou,

 le marché de bétail de la région partagé avec Bamako, Sénégal, Cote d’ivoire, Burkina Faso, Ghana

 le marché de volaille de la région partagé avec Bamako, Koulikoro, Sikasso, Mopti, Tombouctou et Gao