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Implantation de la grammaire

Partie II Analyse de la coordination 75

5.6 Implantation de la grammaire

Jean

donne toujours

des roses `a Marie

et

des tulipes `a Nathalie

NP PP NP PP

x-VP conj x-VP

x-VP

V Adv

VP-x

VP NP

S

Figure 5.26 – c-structure pour une coordination de s´equences

mod´elisation avec la notion d’interface. Cependant dans notre mod´elisation, le syst`eme de polarit´e et des relations sous-sp´ecifi´ees permet de donner des informations plus fines sur les d´ependances et la structures des conjoints.

On peut tout de mˆeme formuler deux reproches `a l’encontre de cette approche. Tout d’abord, il a fallu ´etendre le formalisme de d´epart. Dans la pr´esentation classique deslfg il n’est fait aucune mention sp´ecifique aux parties droites des r`egles de construction des c-structures. Ici, elles sont d´etourn´ees de leur rˆole originel pour construire de nouvelles r`egles dynamiquement. Deuxi`emement, les f-structures ont maintenant une interpr´etation ensembliste, ce qui n’´etait pas d´efini par la pr´esentation originale deslfg. Cette possibilit´e complique grandement l’implantation des analyseurs pour les lfg.

5.6 Implantation de la grammaire

Dans cette partie, nous d´ecrivons l’organisation de la grammaire de la coordination que nous proposons. Cette grammaire est implant´ee et utilis´ee par notre analyseurleopar36. C’est aussi un exemple d’implantation d’une grammaire de la coordination construite ma-nuellement visant une couverture large. Cette implantation s’appuie sur l’outil Xmg que nous avons pr´esent´e au chapitre 3 et la m´ethodologie d´ecrite dans [Cra05]. En particulier, on retrouve des classes qui produisent des fragments r´eutilisables qui correspondent `a des fonctions particuli`eres. C’est le cas des classes qui mod´elisent les d´ependances pour les coordinations de non-constituants. Ensuite d’autres classes qui correspondent `a des structures compl`etes agr`egent ces premiers fragments. Enfin des alternances autorisent `a grouper des constructions dans des familles.

36. http://www.loria.fr/equipes/calligramme/leopar

5.6.1 Organisation des classes

Selon la m´ethodologie d´efinie par [Cra05] pour Xmg, le grammairien commence par d´efinir des fragments de DAP r´eutilisables qui se comportent comme des modules que d’autres fragments peuvent importer de mani`ere `a construire des fragments plus impor-tants qui finalement forment des DAP compl`etes. La r´eutilisation des fragments s’appa-rente `a la programmation orient´ee objet avec une hi´erarchie d’h´eritage multiple.

On l’a vu dans la section 5.3, les DAP associ´ees aux conjonctions de coordination pro-viennent toutes, sauf pour le ph´enom`ene de trou verbal et les coordinations de s´equences qui ont besoin de plus de contextes, d’un mˆeme patron. Ces DAP sont constitu´ees de 3 parties : deux parties basses qui saturent les segments conjoints et une partie haute qui interagit avec le reste de la phrase. De plus, partie haute et partie basse sont duales l’une de l’autre.

Ces parties sont

– soit compos´ees d’un unique nœud pour les coordinations de constituants simples, – soit deux nœuds pour les modificateurs,

– soit, dans le cas des non-constituants avec mont´ee de nœud, il y a un nœud repr´esentant le constituants d´efectif et d’autres nœuds repr´esentants les d´ependances non-satisfaites qui le rendent justement d´efectif.

On va donc organiser notre m´etagrammaire selon trois aspects. Le premier d´ecrira la forme g´en´erale des DAP pour les conjonctions de coordination. La seconde donnera des informations sur les nœuds racines des 3 parties et sur les partages des traits dans chacune des parties pour chaque type de constituant. Enfin le troisi`eme axe, d´efinira les d´ependances non-satisfaites et les agencera sur les DAP de constituants simples. Un fragment de l’organisation est repr´esent´e par la figure 5.27.

5.6.2 Forme g´ en´ erale des DAP

Les deux premi`eres classes de la hi´erarchie sont Prototype Coordination et

Prototype Coordination Polariseequi d´ecrivent la forme g´en´erale d’une DAP de conjonc-tion de coordinaconjonc-tion. La figure 5.28 pr´esente la DAP d´efinie par la premi`ere de ces classes.

On reconnaˆıt la forme en 3 parties.

La taille des parties n’est pas encore d´efinie. Leur contenu n’est pas pr´ecis´e si ce n’est que les cat´egories des racines des parties sont coindic´ees. La diff´erence entre la version de base et la version polaris´ee est que ces racines ont dans le premier cas des traits de polarit´e virtuelle et dans le second des traits polaris´es → pour la racine de la partie haute et ← pour les parties basses. Le fait d’avoir deux classes est principalement dˆu `a une limitation de Xmg qui ne permet pas de manipuler les polarit´es directement mais uniquement comme des d´ecorations d’un couple trait/valeur.

Les classes qui h´eritent de ces deux premi`eres classes sp´ecifient la forme et instancient les structures de traits des nœuds. On peut distinguer les coordinations de modificateurs qui vont h´eriter de la premi`ere classe et les autres qui vont h´eriter de la deuxi`eme.

En plus de la hi´erarchie d’h´eritage commen¸cant par les deux classes pr´ec´edentes, on retrouve une seconde hi´erarchie pour les mont´ees de nœud. `A chaque fois, d’apr`es notre mod´elisation, chaque mont´ee de nœud est repr´esent´ee par trois nœuds : un nœud en partie

5.6. Implantation de la grammaire haute qui repr´esente stricto sensu la d´ependance non-satisfaite qui sera apport´ee par le contexte de la phrase et un nœud dans chaque partie basse qui satisfait les d´ependances des conjoints. De plus les traits polaris´es sont invers´es entre partie haute et partie basse.

5.6.3 Coordination nominale

Nous allons ici d´etailler la partie de la m´etagrammaire portant sur la coordination de syntagmes nominaux avec ´eventuellement mont´ee de nœud de mani`ere `a bien comprendre l’emploi de ces deux hi´erarchies. La m´ethodologie est la mˆeme pour les autres types de coordination. La figure 5.27 rend compte de cette organisation.

Une hi´erarchie pour un type de conjoint T commence toujours par un fragment Prototype Coordination Tqui fixe les traits et les valeurs communs aux DAP de ce type.

Pour les syntagmes nominaux, Prototype Coordination SN impose les traits cat → np etf unct←? signifiant ainsi que les coordinations sont des groupes nominaux qui doivent recevoir une fonction grammaticale (quelconque). Ce dernier trait est coindex´e entre les conjoints et leur conjonction.

Apr`es cette ´etape, les hi´erarchies de coordination diff`erent sensiblement. Pour les syntagmes nominaux, l’´etape suivante, d´ecrite pas la classe Accord Coordination SN, consiste `a ajouter les informations d’accord, principalement pour la personne, le genre et le nombre des conjoints et de la coordination. Cette ´etape est optionnelle et permet de g´en´erer deux grammaires. On veut pouvoir g´en´erer une grammairesimplifi´ee de la coordi-nation `a comparer avec la grammaire compl`ete, notamment pour mesurer la couverture et les performances. On verra dans le chapitre 6 que le nombre important de DAP associ´ees aux conjonctions est un handicap assez lourd pour l’´etape d’analyse syntaxique, notam-ment dans le cas des coordinations nominales puisque les traits d’accords sont neutres et n’interviendront pas dans le processus de filtrage. Il est donc important d’avoir unepetite grammaire pour pouvoir tester rapidement une extension `a notre mod´elisation que nous pouvons ensuite ´etendre en tenant compte des traits d’accord dans un second temps.

Ensuite, soit on ´evalue la classe Coordination SN qui g´en`ere les DAP de syntagmes nominaux complets simples soit on va croiser la classeAccord Coordination SNavec des classes mod´elisant des d´ependances non-satisfaites (pour les cas de mont´ee de nœud).

Ces classes h´eritent toutes de Mont´ee Noeud Droit qui indique l’existence de nœuds suppl´ementaires `a droite dans les DAP associ´ees et sp´ecifient le type de d´ependance (pr´eposition, compl´ementeur. . .). Par exemple pour la coordination¡¡[la femme et la fille]

de Jean¿¿, la DAP associ´ee `a la conjonction est issue de la classeCoordination SN Prep qui croise les classes Accord Coordination SN et Mont´ee Prep. Pour la coordination

¡¡[l’acceptation ou le refus] de l’entr´ee aux mineurs¿¿,Coordination NP Xest crois´e avec deux instances de Mont´ee Prep.

La classeMont´ee Nœud Droith´erite quant `a elle deMont´ee Nœudla classe abstraite qui d´eclare l’existence des nœuds porteurs des d´ependances suppl´ementaires non-satisfaites.

Les mont´ees de nœuds dans le cas des coordinations de propositions en h´eritent ´egalement.

5.6.4 Coordination verbale

Pour les coordinations de propositions, la d´emarche est la mˆeme que pour les groupes nominaux. On note cependant deux diff´erences :

– la nature et la fonction des d´ependances non-satisfaites,

– le fait que ces d´ependances non-satisfaites peuvent ˆetre venir de la droite comme de la gauche. On autorise les deux types de mont´ees de nœuds.

Concr`etement, les d´ependances peuvent ˆetre des syntagmes nominaux, des syntagmes pr´epositionnels ou des propositions (avec ´eventuellement compl´ementeurs). En plus des fonctions qui sont autoris´ees pour les coordinations nominales, compl´ements obliques (at-tribution. . .), il faut ici consid´erer les fonctions sujet et objet. Le sujet est une d´ependance qui est attendue `a gauche du verbe tandis que les autres d´ependances sont attendues `a droite.

5.6.5 S´ equences et trou verbal

Les DAP pour les ph´enom`enes de coordination de s´equences et de coordination avec trou verbal sont assez diff´erentes des autres, coordinations de simples constituants ou de non-constituants avec mont´ee de nœud. Intuitivement, on duplique la partie commune, le noyau verbal aussi bien pour les s´equences que pour le trou verbal. C’est pourquoi ces deux ph´enom`enes ont leur propre hi´erarchie, pr´esent´ee sur la figure 5.29.

La classe Coordination Duplicationd´ecrit la forme g´en´erale des coordinations avec duplication. C’est `a dire, la partie dupliqu´ee et les trois parties habituelles

On r´eutilise la hi´erarchie des d´ependances d´ej`a d´efinie que l’on croise `a une nouvelle hi´erarchie pr´esentant les 3 parties. Dans ce cas, la plupart des nœuds de la partie haute est virtuelle puisque leur rˆole est de donner des informations sur le contexte dans lequel peuvent advenir ces coordinations.

5.6.6 Bilan de l’implantation

Xmg permet de cr´eer rapidement une grammaire assez cons´equente de la coordination en gardant une vue globale du ph´enom`ene. L’approche m´etagrammaticale s’inscrit bien dans notre mod´elisation puisque les DAP que nous voulons obtenir respectent toutes un patron g´en´eral commun, d´efini dans les classeshautes telles quePrototype Coordination ouPrototype Coordination SN, qui est ensuite sp´ecifi´e et instanci´e vers des DAP concr`etes.

Nous pouvons produire deux grammaires, selon que l’on tient compte des traits d’ac-cord (450 DAP) ou pas (45 DAP). Cette diff´erence de taille est un artefact du formalisme mˆeme, puisque nous ne pouvons pas exprimer dans la version actuelle des Gi le fait que, par exemple, le genre du syntagme nominal coordonn´e est fonction du genre des conjoints.

Nous ne pouvons qu’indiquer les corr´elations entre les genres, c’est `a dire lister les cas.

Les Gidoivent donc incorporer `a l’avenir les fonctions de valeurs de trait, ce qui ne doit pas poser de probl`eme majeur.

Ces deux grammaires sont int´egr´ees `a une grammaire plus g´en´erale du fran¸cais et uti-lis´ees dans l’analyseur leopar.Nous avons ´evalu´e notre implantation sur la TSNLP37 et

37. La TSNLP est une suite de phrases tests pour les analyseurs syntaxiques. Elle n’est plus maintenue

5.7. Bilan