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PARTIE III : ANALYSE ET INTERPRÉTATION DES DONNÉES

6.1. Impacts sur la capacité à réviser le texte du pair

6.1.2. Impacts sur la capacité à faire des diagnostics et des corrections

Le sous-corpus 2 des diagnostics et corrections faits par le pair sera analysé sous deux aspects :

- Quantité et qualité des diagnostics du réviseur - Quantité et qualité des corrections du réviseur

L’analyse du sous-corpus des diagnostics et des corrections cherche à répondre aux questions suivantes:

- Les réviseurs de la classe expérimentale proposeront-ils aux pairs rédacteurs significativement plus de diagnostics sur les erreurs détectées dans les textes 2, 3, 4 que dans le texte 1 ?

- Les réviseurs de la classe expérimentale proposeront-ils aux pairs rédacteurs significativement moins de diagnostics ratés dans les textes 2, 3, 4 que dans le texte 1 ?

- Les réviseurs de la classe expérimentale proposeront-ils aux pairs rédacteurs significativement plus de corrections sur les erreurs détectées dans les textes 2, 3, 4 que dans le texte 1 ?

- Les réviseurs de la classe expérimentale proposeront-ils aux pairs rédacteurs significativement moins de corrections ratées dans les textes 2, 3, 4 que dans le texte 1 ?

6.1.2.1. Quantité des diagnostics

Voici la quantité des diagnostics faits par chaque réviseur dans les 4 textes.

Réviseurs Diagnostics T1 Diagnostics T2 Diagnostics T3 Diagnostics T4

Z1TB 6 11 10 19

Z1F 0 2 2 0

X2B 0 2 4 4

X2M 0 3 3 2

H2AB1 3 0 5 5

H2AB2 1 3 8 7

Total 6 réviseurs

10 21 32 37

Tableau 6.11 : Quantité des diagnostics du pair – 4 textes

Ensuite, le taux des diagnostics a été calculé selon la formule suivante :

- taux des diagnostics = quantité des diagnostics / quantité des détections de problèmes

Réviseurs % diagnostics T1 % diagnostics T234

Z1TB 0,27 0,55

Tableau 6.12 : Taux des diagnostics T1 vs T2, 3, 4

Dans les textes 2, 3, 4, 47% des détections de problèmes étaient accompagnées de diagnostics contre 13% pour le texte 1. Le groupe qui a vu ses taux de diagnostics augmenter le plus vite du texte 1 aux textes 2, 3, 4 est le groupe X2B-X2M. C’est aussi le groupe qui a progressé le plus du pré-test au post-test.

Taux des diagnostics T1 vs T234 diagnostics pour le texte 1 et le taux des diagnostics pour les textes 2, 3, 4.

% diagnostics T1 % diagnostics T234

Moyenne 0,13 0,47

Degré de liberté 5

t Statistique -3,73

Voici le résultat du test t de Student apparié bilatéral : t (5) = -3,73 ; p* = 0,01 (p<0,05).

Pour le degré de liberté = 5, la valeur du test est significative au seuil p = 0,05. Donc, la quantité des diagnostics a significativement augmenté du texte 1 aux textes 2, 3, 4.

Discussion : Comment expliquer la hausse des diagnostics ?

Le taux des détections de problèmes accompagnées de diagnostics a multiplié presque par quatre du texte 1 aux textes 2, 3, 4. La différence entre avant et après l’expérimentation a été significative car cinq sur six réviseurs ont bien augmenté leur taux de diagnostics. Tous les réviseurs ont donné des diagnostics aux pairs dans les textes 2, 3, 4 alors qu’ils n’étaient que trois à faire des diagnostics pour le texte 1. Les interactions orales et le temps ont certainement conduit à plus d’échanges et participants ayant plus de 18 ans, ils avaient besoin des explications pour apprendre.

6.1.2.2. Qualité des diagnostics

Pour mesurer la qualité des diagnostics, les diagnostics ratés ont été repérés dans chacun des textes.

Tableau 6.13 : Quantité de diagnostics ratés – 4 textes

Ensuite, le taux des diagnostics ratés a été calculé selon la formule suivante :

- Taux des diagnostics ratés T1 = quantité des diagnostics ratés T1 / quantité des diagnostics T1.

- Taux moyen des diagnostics ratés T 2, 3, 4 = Quantité moyenne des diagnostics ratés T 2, 3, 4/ Moyenne des diagnostics pour les textes 2, 3, 4.

Voici le taux des diagnostics ratés pour le texte 1 et pour les textes 2, 3, 4.

Réviseurs

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Tableau 6.14 : Taux des diagnostics ratés T1 vs T2, 3, 4.

Qualité des diagnostics

Z1TB Z1F X2B X2M H2AB1 H2AB2 Total 6

réviseurs

% Diagnostics ratés T1

% Diagnostics ratés moyenne T234

Figure 6.11 : Qualité des diagnostics T1 vs T2, 3, 4

Pour le texte 1, trois réviseurs n’ont pas fait de diagnostics de problèmes. Mais aux textes 2, 3, 4, tous les réviseurs ont fait des diagnostics, seuls les réviseurs H2AB1 et H2AB2 ont fait des diagnostics ratés.

Il semble que la qualité des diagnostics s’est améliorée : le taux des diagnostics ratés est passé de 20% (texte 1) à 10% (moyenne des textes 2, 3, 4). Le test t de student n’a pas pu être calculé pour les taux des diagnostics ratés car au texte 1, trois réviseurs n’ont pas proposé de diagnostics aux rédacteurs.

Discussion : comment expliquer la baisse des diagnostics ratés ?

On peut se réjouir de la baisse des diagnostics ratés qui est un indice évident d’une meilleure compétence de révision. En effet, Hayes et al. (1987) ont découvert que le diagnostic d’un problème détecté était une stratégie optionnelle très présente chez les rédacteurs experts. Il arrive souvent que les rédacteurs novices procèdent à une correction sans être capables de diagnostiquer l’erreur.

Dans les entretiens, les étudiants ont dit qu’ils avaient pris l’habitude de vérifier auprès d’autres amis ou de l’enseignant ou dans un dictionnaire quand ils avaient un doute.

D’ailleurs, je leur ai demandé de venir au cours de production écrite avec leurs dictionnaires bilingues français-français.

Quatre sur six réviseurs ont réussi tous les diagnostics. Encore une fois, le seul groupe qui a fait plus de diagnostics ratés entre avant et après l’expérimentation était le groupe H2AB.

Tableau 6.15 : Quantité des corrections – 4 textes

Ensuite, le taux des corrections a été calculé selon la formule suivante :

- taux des corrections = quantité des corrections / quantité des détections de problèmes.

Réviseurs % corrections T1 % corrections T234

Z1TB 0,54 0,36

Tableau 6.16 : Taux des corrections T1 vs T2, 3, 4.

Taux des corrections T1 vs T234 apparié bilatéral a été appliqué sur le taux des corrections pour le T1 et le taux moyen des corrections pour les textes 2, 3, 4.

% corrections T1 % corrections T234

0,05.

La quantité des corrections a donc significativement baissé du texte 1 aux textes 2, 3, 4 (65% au T1 contre 31% aux T 2, 3, 4).

Discussion

Comment peut-on expliquer l’augmentation des diagnostics et la baisse des corrections ? Premièrement ce phénomène pourrait être lié à la surcharge de la mémoire de travail qui a choisi de consacrer plus d’attention aux diagnostics au détriment des corrections. Par ailleurs, les corrections venaient toujours en fin de l’interaction orale et si les pairs mettaient trop de temps pour les détections et les diagnostics, il n’y aurait plus de temps pour les corrections. Enfin, l’enseignant-chercheur a demandé aux réviseurs de s’occuper surtout des détections et des diagnostics et de laisser les corrections plutôt aux rédacteurs.

La baisse des corrections a été significative car cinq sur six réviseurs ont connu la même évolution, seule Z1F a proposé plus de corrections au pair. Cependant, selon Z1TB, le réviseur Z1F n’était pas toujours capable de proposer des corrections, et c’était Z1TB qui a auto-corrigé ses erreurs. Mais pour certaines corrections, c’était difficile d’identifier sur la feuille de rédaction et de rétroaction, leur auteur.

6.1.2.4. Qualité des corrections

Tableau 6.17 : Quantité des corrections ratées – 4 textes

Ensuite, le taux des corrections ratées sur l’ensemble des corrections émises a été calculé comme suit :

- Taux des corrections ratées T1 = Quantité des corrections ratées T1/ l’ensemble des corrections émises pour le texte 1

- Taux moyen des corrections ratées T 2, 3, 4 = Quantité moyenne des corrections ratées T2, 3, 4/ quantité moyenne des corrections émises pour les textes 2, 3, 4.

Le taux des corrections ratées pour le texte 1 a été comparé avec le taux moyen des corrections ratées pour les textes 2, 3, 4.

Réviseurs % cor. Ratées T1 % cor. Ratées moyenne T234

Z1TB 0,33 0,19

Z1F 1 0

X2B 0,31 0,17

X2M 0,17 0,12

H2AB1 0,67 0,2

H2AB2 0,5 0

Total 6 réviseurs 50% 11%

Tableau 6.18 : Taux des corrections ratées T1 vs T2, 3, 4.

Taux des corrections ratées T1 vs T234

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2

Z1TB Z1F X2B X2M H2AB1 H2AB2 Total 6 réviseurs

% cor. ratées T1

% cor. ratées moyenne T234

Figure 6.13 : Taux des corrections ratées T1 vs T 2, 3, 4.

Pour le premier texte, tous les réviseurs ont fait des corrections ratées, alors que pour les textes 2, 3, 4, deux réviseurs n’ont fait aucune correction ratée (Z1F et H2AB2). Chez les quatre autres réviseurs, les graphiques nous montrent visiblement une réduction importante des taux de corrections ratées. Le taux des corrections ratées a baissé de 50%

du texte 1 à 16% aux textes 2, 3, 4.

Un test t de Student apparié bilatéral a été appliqué :

% cor. Ratées T1

% cor. Ratées moyenne T234

Moyenne 0,49 0,11

Degré de liberté 5

t Statistique 2,62

Le taux des corrections ratées a sensiblement baissé du texte 1 aux textes 2, 3, 4.

Le test t de Student apparié bilatéral donne le résultat suivant : t (5) = 2,62 ; p* = 0,046 (p<0,05). Pour le degré de liberté = 5, la valeur du test est significative au seuil p = 0,05.

Il semble que la qualité des corrections s’est améliorée : le taux des corrections ratées a chuté de 50% (texte 1) à 11% (moyenne des textes 2, 3, 4).

Discussion :

Comme la baisse du taux de diagnostics ratés, la réduction du taux de corrections ratées met en évidence une meilleure compétence de révision chez les réviseurs. Tous les réviseurs, sans exception, ont proposé au pair moins de corrections ratées. Le recours aux dictionnaires, aux amis et au professeur pour vérifier des incertitudes étaient sans doute à l’origine de ce succès. D’autre part, une meilleure compétence de production écrite aurait permis aux étudiants de proposer aux pairs de meilleures corrections.