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Impact de l’activité anthropique sur les structures paysagères : les dynamiques d’occupation

Chapitre II. Une approche écologique de la soutenabilité urbaine : les apports de l’écologie du

II.4. Impact de l’activité anthropique sur les structures paysagères : les dynamiques d’occupation

Les paysages sont perpétuellement soumis aux actions d’origines naturelles et humaines. La mise en avant des effets humains sur le paysage est l’un des intérêts principaux distinguant l’écologie du paysage de l’écologie dite traditionnelle. La mosaïque paysagère peut subir des transformations en conséquence de perturbations naturelles ou anthropiques. L’action anthropique peut agir de différentes manières : conversion des surfaces naturelles en surfaces agricoles, modification des espaces naturels par des activités forestières (implantation forestière, déforestation), altération de l’hydrologie d’une région par l’implantation de nouvelles structures hydrauliques telles que les barrages, les réseaux de canalisation ou de drainage, assèchement des plans d’eaux, envahissement des espaces naturels par l’urbanisation et les réseaux de transport.

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Ces actions constituent des facteurs affectant les structures paysagères. La fragmentation paysagère est l’un des principaux mécanismes traduisant ces néfastes actions.

II.4.1. L’occupation du sol

L’occupation du sol correspond à la couverture biophysique observée sur une portion de la surface terrestre. Il s’agit d’une description physique de l’espace. Plusieurs catégories d’occupation du sol peuvent être distinguées, parmi celles-ci on peut trouver : les surfaces de végétations (telles que les surfaces boisées, les champs, la pelouse, les buissons, etc.), les sols nus, les sols durs (comme les roches par exemple), les surfaces humides et les plans d’eau, et les sols artificialisés comme les zones bâties et aménagées. La caractérisation biophysique de la couverture du sol contribue à la formalisation informationnelle et cartographique de l’espace et influence directement le système de collecte de données ainsi que leurs classifications. L’occupation du sol peut être observable, c’est-à-dire captée à distance en mobilisant différentes sources : l’œil humain, la photographie aérienne et l’imagerie satellite.

II.4.2. L’utilisation du sol

L’utilisation du sol renvoie aux représentations humaines des modes de couvertures terrestres.

Plusieurs acceptations se présentent, mais elles se rapportent globalement à la dimension fonctionnelle dont les zones sont caractérisées selon leurs vocations socioéconomiques : zone résidentielle, commerciale ou industrielle, agricole ou forestière, zone protégée ou de loisir, etc. Des interrelations peuvent être établies entre utilisation et occupation du sol, mais cette correspondance n’est pas toujours évidente. À l’opposé de l’occupation du sol, l’observation des utilisations du sol est plus difficile et nécessite souvent un accomplissement de l’information. Dans une approche fonctionnelle, il est possible d’établir le lien entre occupation et utilisation des sols. Dans ce cas, l’occupation peut être déterminante (CE, 2001).

II.4.3. Suivi des changements spatiotemporels : évolution des classes UOS7

L’activité anthropique et naturelle engendre des changements de configuration de l’espace. Ces changements sont de natures différentes et s’opèrent dans l’espace et dans temps et à des échelles différentes. La mise en évidence de l’évolution des classes d’utilisation et d’occupation du sol permet

« d’établir un premier lien quantitatif entre les activités humaines, leurs répercussions sur l’environnement, et la dimension géographique (spatiale) » (CE, 2001). La dimension temporelle est à considérer dans la collecte de l’information concernant l’évolution des classes d’utilisation et d’occupation du sol. Cette information constitue un support essentiel pouvant, d’une part, aider les

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décideurs locaux à appréhender les différentes situations environnementales de leurs territoires et élaborer les meilleures décisions en correspondance avec ces évolutions spatiotemporelles ; d’autre part, aider les scientifiques à révéler les forces motrices qui poussent ces dynamiques et d’estimer leurs conséquences.

D’une règle générale, deux dynamiques d’interaction de classes sont à mentionner : la conversion et la modification des classes. La conversion correspond aux changements de vocation ou de nature de classes ; il s’agit d’un passage d’une classe d’UOS à une autre. La modification indique l’évolution au sein de la classe elle-même, en conséquence des changements affectant ses attributs fonctionnels et/ou physiques. Il importe de noter que les attributs relatifs à l’occupation et à l’utilisation des sols, notamment ceux des classes, trouvent leurs utilités à travers l’identification, la description et l’analyse du processus en cours. Le suivi de l’évolution spatiotemporelle peut conduire à révéler la nature des processus en cours, dont des indicateurs peuvent être définis pour permettre la description des tendances caractérisant le phénomène étudié. Parmi ces tendances en peut trouver (CE, 2001) : II.4.3.1. L’intensification ou la densification

Un flux définissant, pour un paysage déterminé et entre deux temps différents, une augmentation d’intensité d’occupation du sol pour une classe donnée.

II.4.3.2. L’extensification

Un processus inverse du précédent, c’est un flux désignant la diminution de l’intensité d’occupation du sol pour une classe donnée.

II.4.3.3. Le développement

Un flux reflétant l’anthropisation d’un espace ouvert en le transformant en un territoire souvent à vocation urbaine ou industrielle.

La description des dynamiques d’évolution des classes d’occupation et d’utilisation du sol peut être ainsi affinée en fonction de leurs interactions (conversion ou modification), l’ampleur du changement et le rythme d’évolution. Les approches adoptées sont variées et plus complexes. Elles peuvent inclure également les aspects fonctionnels tels que l’analyse des forces motrices qui sont généralement d’ordre économique, politique, social et environnemental, ainsi que les acteurs influençant ces dynamiques sociospatiales. Il convient de souligner que la qualification des processus en cours ainsi que l’évolution de l’occupation et l’utilisation du sol accompagnante dépend directement des propriétés thématiques et sociospatiales que véhicule l’information mobilisée. À ce titre, les données sur l’occupation et l’utilisation du sol se trouvent considérablement utiles en raison

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des informations quantitatives qu’elles véhiculent, ce qui peut aider à l’évaluation et la caractérisation des phénomènes et processus mis en examen : « La cartographie de l’occupation des sols est pour les gestionnaires territoriaux, un outil nécessaire leur permettant d’appréhender, d’analyser et de suivre les tendances de la couverture des sols pour mieux aménager les territoires.

De plus, la disponibilité des données satellitaires qui ont l’avantage de couvrir les territoires à toutes les échelles, offrent la possibilité de réaliser cette cartographie. Cependant les méthodes de traitement sont nombreuses et inhérentes aux caractéristiques de l’image » (Aguejdad, 2009).

II.5. Étalement des surfaces bâties et changement des structures paysagères : apport de la