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II-3-1: UNE PERIURBANISATION QUI SE SUBSTITUE A LA CAMPAGNE RESSOURCE

II : CAS D’ETUDE : SETIF ET SES CITES SATELLITES

II-3-1: UNE PERIURBANISATION QUI SE SUBSTITUE A LA CAMPAGNE RESSOURCE

La conversion des terres agricoles, généralement de grande qualité, en terres non agricoles est principalement le résultat de l’avancée du front urbain aux dépens de l'espace agricole. Les besoins en foncier pour répondre à la demande socio-économique urbaine ont conduit à un recul de l'agriculture dans les zones périurbaines de Sétif et rendu bien difficile l'exercice de l'activité agricole.

II-3-1-1: Recul de l’espace agricole périurbain

A Sétif, l’activité agricole principalement tournée vers la production céréale et l’élevage, garde une place importante, Son importance économique et sociale se mesure à l’ampleur de ces surfaces, aux effectifs de la main d’œuvre et à la valeur des productions.

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Elle occupe 75% du territoire de la commune127. Ses systèmes de

productions s’organisent habituellement autour des contraintes climatiques, mais la croissance urbaine récente, rapide et diffuse est entrain de bouleverser ses structures traditionnelles causant un recul flagrant que ce soit en matière de surface ou bien en type de culture.

a- Les meilleures terres sont les plus menacées par l’avancée du front urbain

Sur la base d’une étude de pédologie128et l’analyse des différents

facteurs naturels à savoir la topographie, la nature lithologique et le climat, ainsi que l’occupation agricole, ces trois éléments ont permis de classer les terres agricoles de la commune de Sétif comme suit :

- Les terres agricoles à potentialité élevée:

Elles couvrent une superficie de 1375 hectares, soit 10.84% de la surface totale de la commune.

Ces terres représentent les meilleurs sols de la région, elles sont situées sur les accumulations récentes du quaternaire recouvrant d’étroites terrasses alluviales des Oueds, et située sur les terrains a faible pente. Elles sont constituées de sol profond à bonne texture, irriguées et irrigables, avec de hautes capacités de rétention d’eau, ce qui les rend aptes à recevoir une grande variété de cultures par une pratique plus intensive en irrigué. Malheureusement, vu leurs situation ces terres sont les plus menacées par l’avancée du front urbain, la vallée de Bousselam et les terres se trouvant à proximité de la cité de Cheikh el Aifa sont des illustrations de ces propos, qui sont devenue espace de report pour accueillir les nouveau programme de la ville (le deuxième pole universitaire et le futur POS de Chouf el keddad).

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-Article, Boudjenouia A, Fleury A, Tacherift A, L’agriculture périurbaine à Sétif : quel avenir face à la croissance urbaine, biotechnol Agron, Soc, Environnement, 2008

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- Les terres agricoles à bonne potentialité:

Elles s’étalent sur une superficie de 1385 ha soit 11.16% de la commune. Elles sont situées aux premières pentes des terrasses alluviales et sur d’autres accumulations du quaternaire. Ces terrains sont caractérisés par des pentes assez faibles de sols profonds, non irrigués, bien drainés et de haute capacité de rétention d’eau, les sols de cette classe sont devenus à leurs tours sujet de grignotage urbain, du à la croissance urbaine surtout celle causée par la périurbanisation de cette dernière décennie. Nous citons à titre d’exemple les terres entourant la cité de Ain trick où les autorités sont entrain de réaliser un vaste programme de logement collectif longeant la nouvelle autoroute.

- Les terres agricoles à moyenne potentialité:

Les terres de cette classe occupent la deuxième place avec une surface de l’ordre de 3338 ha soit 28.72% de la commune. Ces terres ne sont pas irriguées, de profondeur moyenne et érodées avec une sensibilité moyenne à l’érosion et des contraintes moyennes de topographie en majorité de 8 à 16%.

Cette catégorie de terres a été sujette de fragmentation de ces superficies par un réseau routier qui est entrain de prendre de l’ampleur, surtout lors de cette dernière décennie.

- Les terres agricoles à faible potentialité

Situées dans la partie nord et nord est de la ville et représente une superficie de 3000 hectares, soit 26% de la commune, elles représentent les mauvaises terres et constituent des sols non profonds, de texture en générale marne et marno calcaire, et présentent à la fois de fortes contraintes topographiques et une sensibilité forte à l’érosion. Contrairement aux autre catégories de terres sont relativement épargnées par l’avancée du front de l’urbanisation à cause de leur statut juridique ; se sont à 95% des terres

174 0 5 10 15 20 25 30 Potentialités élevées Potentialités bonnes Potentialités moyennes Potentialités faibles Sol artificialisé

appartenants à des privés.

Tab n°11 : Classification des terres agricoles dans la commune de Sétif

commune Potentialités élevés Potentialités bonnes Potentialités moyenne Potentialités faibles Surface totale SETIF 1375 ha 1385 ha 3338 ha 3000 ha 12730 ha Source: DPAT Sétif (2009)

Graphe n° 15: Classification des terres de la commune de Sétif

Source : Enquête de l’auteur

Fig. n°2, illustrant l’avancée du front urbain par rapport aux terres agricoles entourant Sétif

Les terres agricoles à potentialité élevée Les terres agricoles à bonne potentialité Les terres agricoles a moyenne potentialité Les terres agricoles à faible potentialité

175 0 20 40 60 80 100 A B C D Oui N o n

L’avancée du front urbain

Source : traitement de l’auteur sur un fond de l’URBAS

b : Une planification consommatrice des terres agricole L'obstacle principal qui gêne l'essor de l'agriculture demeure de

toute évidence le détournement des terres agricoles de leur vocation initiale; le changement de classification foncière d'agricole en urbaine a permet l'utilisation de nombreuses parcelles de terres agricoles à d'autres usages non agricoles et l'implantation sans souci de rationalité et une marginalisation complète des avis des propriétaires des terres qui vont être urbanisées (graphe16). Les terres les plus concernées par cette urbanisation officielle sont surtout celles du domaine privé de l'Etat, exploitées par les EAC et EAI.

L’analyse comparée du plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU) de la commune de Sétif de 1997 avec la version révisée en 2002 révèle des situations contradictoires. Si le premier plan a montré une certaine volonté de préservation du foncier agricole, le second ne confirme pas cette politique de préservation. De plus les services agricoles avaient émet de fortes réserves sur ce second plan au regard de la superficie agricole qui y a été transférée à d’autres usages

Graphe n°16 : Degré de participation des propriétaires privés du sol dans la prise de décision

A : Informer de la décision (Information).

B : Consulter pour recueillir son avis pour éclaircir les décisions (Consultation). C : Concerté autant qu’expert pour les questions qui le concerne (Concertation). C : Partage t-on avec lui le pouvoir de décision (Participation).

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La carte ci dessous établi à cet égard montre bien les transferts fonciers et dénonce Les aménagistes qui considèrent toujours les terres agricoles comme réserve foncière.

Carte no 9 : carte illustrant la consommation du foncier à Sétif

Source : Traitement de l’auteur sur un fond de plan (URBAS de Sétif)

L’agriculture périurbaine de Sétif risque donc de poursuivre sa régression spatiale. À ce titre, il ressort la nécessité de mieux réfléchir au processus ordinaire de l’urbanisation; les potentialités agronomiques des terres devraient être mieux respectées. Il faut savoir que la moitié des terres sont actuellement classées comme agricoles, se caractérisant par une potentialité bonne à élevée. Mais le changement de classification foncière d’agricole en urbain qui se fait maintenant sur simple décision administrative et indépendamment de la valeur agronomique des terres favorise le recul des surfaces agricoles.

Les deux nouveaux pôles universitaires, construit lors de cette dernière décennie, ont consommé à eux seul 204,87 ha de terres agricoles, de potentialité moyenne à bonne. Cette pression foncière a entraîné des amputations partielles d’exploitations agricoles particulièrement du domaine de l’État, allant jusqu’à leur disparition. Le rythme annuel moyen prévu, de 64 ha par an, est cependant plus faible que la moyenne actuelle; le prélèvement portera globalement sur 1000 ha, soit une réduction de près de 12 % de l’espace agricole. Ainsi, en plus des 300 ha de la cité de Gaoua (l’agglomération secondaire) prévus par le plan

177 0 500 1000 1500 2000 2500 La v ille a v a nt 2 0 0 0 La v ille e nt re 2 0 0 0 - 2 0 10 La v ille pro je t é e s e lo n le P D A U ré v is é 2 0 0 8

directeur et d’aménagement urbain (PDAU) de 1997 et des 204 ha des deux nouveaux pôles de l’Université Ferhat Abbas, les projections nouvelles prévoient une extension urbaine de 1300 ha au niveau de l’agglomération-chef et de 327 ha dans les cités satellites.

Graphe n°17 : La consommation du foncier dans la commune de Sétif

Source : Traitement de données par l’auteur

II-3-1-2: Une activité agricole en difficulté

L’activité agricole périurbaine à Sétif est entrain de connaître des contraintes inconnues jusqu’alors. Ses systèmes de production s’organisaient habituellement autour des contraintes climatiques, mais la croissance urbaine récente, rapide et diffuse, bouleverse ses structures traditionnelles.

La conversion de ces terres agricoles, généralement de grande qualité, en terres non agricoles, est principalement le résultat des besoins en foncier favorisé par une demande socioéconomique urbaine qui a rendu bien difficile l’exercice de l’activité agricole dans les zones périurbaines; elle subit de nombreux inconvénients de son voisinage urbain et éprouve de multiples difficultés de fonctionnement ; vandalisme des cultures, conflits de voisinage souvent liés à des problèmes tels que la dégradation de matériels, la destruction des réseaux d’irrigation, le pâturage illicite, le piétinement de parcelles, la circulation de véhicules, etc. La planification urbaine, décidée par les seuls élus, reste peu efficace en matière de protection du foncier agricole. Paradoxalement,

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les dispositifs juridiques de protection existent mais ils ne sont pas mis en oeuvre. Cette étude a permis de dégager deux éléments principaux des difficultés rencontrées par l’agriculture périurbaine à savoir ;

a : La fragmentation des espaces naturels

Les entreprises du secteur agricole sont extrêmement diverses, tant en termes de surface que de statut et de fonctionnement. La structure foncière est

constituée principalement par le secteur privé, mais avec deux régimes de propriété foncière qui se traduisent par des types d’exploitation différents. Le

tableau ci dessous illustre la consistance actuelle du foncier agricole.

Tab n°12 : Structure des exploitations agricoles selon la taille

Source : DSA 2002

Exploitations privées Exploitation agricole individuelle EAI Exploitation agricole collective EAC Total superficie Nbre d’exploitant superficie Nbre d’exploitant superficie Nbre d’exploitants superficie Nbre d'exploitants 0-5 Ha 591 195 8,9 2 599,9 197 5-10 Ha 482 64 17,4 3 6 3 505,4 70 10-20 Ha 612 40 37,4 3 11,4 3 660,8 46 20-50 Ha 443 5 15 70,08 2 160,7 14 674,2 31 50-100 Ha 324,5 16 324,5 16 100-200 Ha 1814,9 71 18149 71 200-500 Ha 2566,7 75 25667 75 500 Ha 1951,9 40 19519 40 TOTAL 2128 5 314 1337 10 68369 222 90983 546 % 23,4 57,5 1,5 1,8 75,1 40,7 100 100 Superficie moyenne par agriculteur 7 13, 5 31

17Ha / agriculteur toute exploitation confondues

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Les terres privées de L’État (76,6 % de la surface agricole), provenant des domaines socialistes agricoles (terres de l’État), ont été concédées à des exploitations agricoles qui représentent 42,5 % des exploitations communales. Elles sont individuelles (EAI) ou collectives (EAC); dans leur fonctionnement de fait ces dernières tendent à se fractionner en EAI.

Les exploitations issues du secteur privé sont les plus nombreuses; elles sont de petite taille et de type familial. Elles représentent 57,5 % du total des exploitations de La commune et gèrent 23,4 % de la superficie agricole totale. Les données (DSA, 2002) suggèrent que le nombre de petites exploitations privées a fortement augmenté alors que la superficie agricole utile et le nombre des exploitations du secteur public reste stable. Elles sont passées de 314 à 378 unités entre 1999 et 2002.

En réalité, le nombre d’exploitations agricoles collectives a largement augmenté par le fait surtout des partages illicites mais réels et du fait de l’absence de contrôle des pouvoirs publics. La superficie exploitée par agriculteur est en moyenne de 7 ha chez les privés, presque le double (13,5 ha) dans les EAI et d’environ 31 ha dans les EAC.

Il y a lieu de signaler que les changements de propriété rentrent dans le cadre de la politique agricole globale décidée à partir de la fin de l’année 1987 ; la réorganisation du secteur agricole, qui en a découlé, est en effet un moment décisif dans l’évolution des systèmes de culture en Algérie et par surcroît dans la région du Sétif, en ce sens que désormais la grande exploitation publique est remplacée par la petite exploitation. Cette date de 1987 fut, ensuite, celle de la libéralisation totale tant en matière de mode de gestion, puisque l’État n’intervient plus dans la gestion directe des exploitations elles-mêmes,

Un deuxième facteur qui lui aussi est entrain de provoquer la fragmentation du territoire agricole, il s’agit des politiques publiques d’aménagement du territoire de cette dernière décennie. Elles ont favorisé, parfois à leur insu, La fragmentation des espaces naturels se trouvant à

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proximité de la ville de Sétif.

Parmi ces politiques qui ont joué le rôle de moteur de cette fragmentation, nous citons celle du transport qui à travers la construction de nombreuses infrastructures routières lors de cette dernière décennie pour drainer l’ensemble de l’aire urbaine vers le pôle central. Ces dernières ont porté atteinte à la cohésion des espaces agricoles et naturels. En effet. Cette présence de maille importante de réseau routier ;(Auto route, routes, rocades, périphériques, échangeurs autoroutiers etc) traversant et sillonnant en particulier l’espace périurbain, n’a pas été sans incidence sur l’espace agricole support de ces routes.

Tab n° 13: Le réseau routier sillonnant la commune de Sétif

Commune Autoroute Route

nationales

Chemins de wilaya

Chemin communal

Sétif 13,05 Km 63,2 km 9,35 Km 18,5 Km

Source : DPAT Sétif

Nous assistons à une fragmentation criante de ces espaces agricoles, atteignant ainsi le type de culture périurbaine de Sétif, qui enregistre une baisse de plus en plus sensible, une chute importante est enregistrée dans certains produits tel que : la saule fourragère, qui passe de 22 à 6,9 % et les légumes secs qui ont disparu totalement du paysage agricole périurbain de la ville.

Cette contrainte de fragmentation a atteint même les productions spécialisées (céréales, élevage), Certains agriculteurs préfèrent laisser leurs parcelles en friches que les travaillées car ce type de culture nécessite des surfaces importante pour assurer un seuil de rendement acceptable. Cette fragmentation est entrain de pousser les propriétaires à laisser leurs terres en friches et les vendre dés la première occasion qui se présente.