• Aucun résultat trouvé

ii Composition et caractéristiques de la fraction plastique du gisement

Chapitre III Préparation des charges phénoplastes

III.1. ii Composition et caractéristiques de la fraction plastique du gisement

Les différentes pièces en plastiques (environ 140) précédemment extraites ont été analysées par spectroscopie infrarouge afin de déterminer leur nature. Moins de 3% des plastiques n’ont pu être identifiés, leur spectre ne correspondant à aucun spectre contenu dans des bases de données. La fraction massique de chaque

plastique au sein de l’échantillon, de chaque type de compteur ou au sein de la fraction plastique a pu être calculée en utilisant l’Équation 60.

Comme cela a été montré précédemment, la fraction plastique représente 26,4% de l’échantillon. Selon le type de compteur considéré, des grandes différences en termes de fraction totale de plastique et de nature de plastiques sont observées. Ces matières représentent 50% de la masse des compteurs à boitiers en plastique blancs, et sont presque absents des compteurs à boitiers métalliques (Figure 108Figure 108).

Figure 108 : Fraction massique de plastiques dans les différents types de compteurs (gauche) et dans l’échantillon (droite)

Différents types de plastiques ont pu être identifiés. Les boitiers en plastiques noirs sont constitués de matières phénoplastes (PF). Ce type de matière constitue 82%m des plastiques identifiés dans ce type de compteurs. Les boitiers en plastiques

blancs sont composés de polycarbonate et/ou d’ABS-PC. Aucun échantillon de phénoplastes n’a été identifié dans ce type de compteur. Quelques éléments ont pu être identifiés dans les compteurs à boitiers métalliques, représentant cependant une fraction massique très faible de ces compteurs. Dans l’ensemble de l’échantillon, les phénoplastes prédominent largement, représentant 71% de tous les plastiques. Cela s’explique par le fait que les compteurs à boitiers plastique noir constituent la majorité de l’échantillon (65%m), et que leur fraction plastique est essentiellement composée

de phénoplastes. Le second plastique le plus abondant est le polycarbonate, issu des compteurs à boitiers plastique blanc. Ces deux types de plastiques constituent ainsi 85%m des plastiques analysés dans cet échantillon.

Figure 109 : Types de plastiques dans le flux de plastiques recyclés en France, dans les équipements électriques et électroniques et dans l’automobile [142–144]

La composition des plastiques de ce gisement est très différente de celles d’autres gisements courants tels que les DEEE (déchets d’équipements électriques électroniques) ou VHU (Véhicules Hors d’Usage) (Figure 109). Par exemple, les plastiques utilisés dans l’automobile sont généralement de type polyoléfines (PP, PE), tandis que les plastiques styréniques dominent dans les DEEE (PS, HIPS, ABS, ABS-PC, etc.). Bien que les phénoplastes soient parfois utilisés dans ces applications, ils constituent une fraction très faible de tous les plastiques. C’est une des raisons qui explique l’absence de filière de récupération de ces matériaux, leur faible fraction ne justifiant pas de développement de stratégie de valorisation particulière. Ils finissent donc généralement en enfouissement en mélange avec d’autres matières.

Cette étude a montré la spécificité du gisement de compteurs en termes de composition matière. Afin de maximiser la pureté des matières récupérées, il paraît intéressant de séparer en premier lieu le flux de compteurs en 3 types. Cela peut être réalisé durant la collecte ou durant une étape de pré-tri manuel. En effet, ces trois types (boitiers métalliques, plastiques noirs et blancs) sont facilement identifiables visuellement et sont très différents en termes de composition matière. Le premier est composé à 97% de métaux, qui peuvent être facilement séparés par des techniques conventionnelles (séparation magnétique, courant de Foucault, etc.).

Une part significative de matière plastique est présente dans les compteurs à boitiers plastiques noirs et blanc (32% et 51%, respectivement). Le premier est riche en phénoplastes (plus de 80%), ce qui est relativement unique. Le second est riche en PC et ABS-PC (plus de 90%), ce qui peut être comparé aux flux de déchets plastiques trouvés dans les DEEE ou les PAM.

Toutes les pièces en phénoplastes, PC et ABS-PC collectées ont été soumises à une analyse qualitative pour évaluer la présence de substances réglementées REACH ou ROHS. Dans les formulations de phénoplastes, aucune substance de type mercure,

cadmium, brome, chrome ou plomb n’a été identifiée. Le flux de phénoplastes a donc été considéré comme non pollué et réutilisable en tant que ressource, sans conflit avec la législation. Des éléments comme le calcium et le silicium ont été identifiés dans la plupart des formulations, suggérant la présence de charges minérales. Dans le PC et l’ABS-PC, du brome à des concentrations entre 5% et 10% a été identifié dans la plupart des formulations. Seuls deux compteurs contenaient du PC sans retardateur de flamme bromé. Dans l’échantillon de compteurs analysé, 80%m des matières PC et ABS-PC issues des compteurs à boitier plastique blanc

contiennent des retardateurs de flamme bromés.

Les plastiques représentent 26,4%m des matières triées dans l’échantillon. Deux

types principaux ont été identifiés : les phénoplastes et les PC/ABS-PC. Ils représentent 85%m de tous les plastiques, et 22,4%m des tous les matériaux et composants. Pour le

premier type, il n’existe quasiment pas de voie de valorisation industrielle, tandis que les seconds types sont hautement pollués avec des substances réglementées (retardateur de flamme bromé), ce qui limite la possibilité de leur recyclage. Cette fraction plastique pose donc des problèmes intrinsèques de recyclage, et limite la quantité de matière maximale valorisable dans le gisement. Cela peut constituer un problème vis-à-vis de la législation. Pour les plastiques bromés, des solutions comme le recyclage chimique via des techniques de pyrolyse ou de traitement hygrothermiques ont été proposés [145]. Le cas des phénoplastes est l’objet du présent travail.