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CHAPITRE 5 DISCUSSION GÉNÉRALE

5.3 Identification des stratégies préférentielles au Gate 2

La tenue de panels MCDM au Gate 2 dans les contextes du bioraffinage de la lignine et du triticale a permis de mettre en application l'évaluation des critères relatifs à la proposition de valeur et au risque, dans le but premier d'établir des préférences entre les stratégies, mais aussi de valider la nécessité de considérer des perspectives de marché et de compétitivité lors de l'évaluation des stratégies de bioraffinage. Ils ont, dans cette mesure, contribué à répondre conjointement aux deux derniers objectifs du projet de recherche.

5.3.1 Établissement de préférences entre les stratégies

Pour ce qui est de l'établissement de préférences entre les stratégies/alternatives, force est de constater que l'emploi des ensembles de critères développés utilisant une méthodologie de panels MCDM a permis de manière effective de distinguer des stratégies préférentielles, un ensemble de stratégies à rejeter, et finalement un dernier ensemble constitué des stratégies à garder en observation et à éventuellement reconsidérer sous certaines conditions. Cette ségrégation résulte de l'interprétation (1) du score obtenu par chaque stratégie, et (2) des contributions respectives des critères aux scores des stratégies. Ces dernières amènent notamment à dresser des profils de potentiels de création de valeur et d'atténuation de risque spécifiques aux stratégies.

De l’issue des discussions ayant suivi la pondération des critères et le calcul des scores globaux des alternatives dans les deux contextes d’études de cas, une tendance ressort :

• L’identification des stratégies à rejeter, et d’au moins une des stratégies préférentielles repose essentiellement sur l’interprétation des scores globaux. Dans le cas du bioraffinage de la lignine (voir Figure 4.6) ce sont les deux dernières stratégies qui ont été écartées et la première sélectionnée comme préférentielle, alors que dans le cas du bioraffinage du triticale (voir Figure 4.11) la dernière alternative s’est vue disqualifiée par son faible score, et les deux premières ont été identifiées comme préférentielles en raison de leurs scores et du grand écart qu’elles ont creusé sur le peloton. De plus,

• L’interprétation des profils de contributions des critères aux scores globaux des stratégies supporte la décision d’approuver une stratégie au stage suivant ou de la mettre en attente. Le cas du bioraffinage de la lignine illustre au mieux ce postulat. En effet, la proximité entre les scores des stratégies de deuxième et troisième rangs ne permettant pas de les départager, l’observation des profils de contribution des critères a permis de les différencier, de même que d’identifier de possibles complémentarités de chacune avec la stratégie de premier rang, d’où la décision d’approuver les trois stratégies au stage suivant. D’autre part, la similarité des profils des stratégies de premier et de cinquième rangs, de même que des stratégies de second et de quatrième rangs a entrainé le choix de mettre les stratégies de quatrième et cinquième rangs en attente, et de les garder pour assurer de la flexibilité au développement des stratégies dans les stages subséquents. Il serait précipité de vouloir généraliser ces constats tant les résultats d’un atelier MCDM sont dépendants des stratégies à l’étude et des critères employés pour les évaluer, toutefois les résultats obtenus tendent à valider l’hypothèse selon laquelle la distinction entre les stratégies au Gate 2 repose sur l’évaluation des potentiels de création de valeur et d’atténuation de risque. La pondération des critères dans les deux cas (voir Figures 4.5 et 4.10) confirme la complémentarité entre les deux perspectives, les décideurs ne recherchant pas uniquement à maximiser la valeur créée ou à mitiger les risques, mais bien à trouver un équilibre entre les deux.

5.3.2 Place des critères de marché et de compétitivité

En ce qui concerne la représentation des perspectives de marché et de compétitivité dans les panels d’évaluation des stratégies de bioraffinage, les résultats des panels MCDM ont permis d’apprécier la nécessité de les considérer pour la prise de décision relative aux stratégies de bioraffinage au Gate 2.

Dans le cadre de l’étude de cas du bioraffinage de la lignine, une première marque de l’importance des critères de marché et compétitivité a été leur présence en grand nombre dans l’ensemble final de critères obtenu après que toutes les étapes de triage aient été réalisées. L’ensemble final a en effet compté quatre critères représentant ces perspectives pour deux critères économiques, tandis que les critères environnementaux ont été repoussés aux étapes subséquentes du processus de NPD.

En outre, les critères de marché et compétitivité ont dans chacun des contextes été parmi les mieux classés à la suite des activités d’échange-et-compromis. Dans le cas du bioraffinage du triticale où les critères étaient plus variés le critère de compétitivité le mieux classé arrive certes en troisième position, mais l’on peut surtout noter la présence de deux critères de compétitivité parmi les cinq premiers. La catégorie place ainsi un critère de plus que la perspective environnementale (qui comptait pourtant plus de critères au départ) et fait aussi bien que la perspective économique. Plus que leur classement, leurs poids leur permettent de contribuer significativement au score global des alternatives, principalement celles occupant les deux premiers rangs.

La seule ombre au tableau lors de cette étude de cas est le poids global obtenu par la catégorie de compétitivité. En additionnant les poids des critères, l’on obtient 42% et 32% pour les catégories économique et environnementale respectivement, alors que la catégorie de compétitivité ne récolte que 26%. Le très faible poids obtenu par le critère MPV en est la principale cause, lequel a vu son importance être transposée au critère RTMU avec lequel il a été jugé complémentaire, ce dernier revêtant alors une double perspective économique-compétitivité. En s’alignant sur le même esprit que le panel, la catégorie de compétitivité aurait alors un poids total de 35%, soit trois points de plus que la catégorie environnementale.

Plutôt que de remettre en question l’importance des critères de marché et de compétitivité, ce fait a plutôt mis en relief le défaut de l’approche de triage des critères par une cascade d’ateliers MCDM séparés, qui n’aura pas assuré la non redondance de la famille résultant de la mise en commun des critères retenus.

Finalement, deux leçons importantes sont ressorties des expériences d’application des critères de marché et compétitivité en vue d’une éventuelle amélioration :

• Il n’est pas idéal de combiner des indicateurs de création de valeur et de mitigation de risque dans un critère unique, comme cela a été le cas pour le critère MPV. En effet, une trop grande différence entre les indicateurs pourrait tendre à déséquilibrer les valeurs du critère et créer une illusion de positivité ou de négativité. Il serait plus convenable d’évaluer les potentiels de création de valeur et de mitigation de risque dans des critères séparés, l’équilibre entre les deux concepts se reflétant ensuite dans le poids que le panel attribuerait à leurs critères respectifs. Aussi,

• Il est primordial que la définition pratique et le métrique d’un critère donné, bien que consciemment imparfaits, réussissent à convaincre les membres du panel quant à la représentation de la problématique couverte par le critère. Dans le cas contraire, certains d’entre eux pourraient développer un biais vis-à-vis du critère, lequel se reflèterait alors par une faible pondération. Ce constat est valide aussi dans le cas d’un sous-critère peu convaincant, qui tendrait à tirer la pondération du critère global vers le bas.

5.4

Méthodologie d’identification des stratégies préférentielles de