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Iconicité pictographique dans les écritures modernes

Dans le document Iconicité dans la grammaire du chinois (Page 176-182)

CHAPITRE IV. ICONICITE DANS L’ECRITURE CHINOISE

4.2 Composition des sinogrammes

4.2.1 Pictogrammes : Xiàng xíng

4.2.1.2 Iconicité pictographique dans les écritures modernes

Les pictogrammes sont les caractères les plus anciens dans le système d’écriture chinoise. Le système d’écriture a connu un grand changement depuis la formation de l’écriture sur os et écailles. Les pictogrammes ont constitué un tiers de la totalité des

caractères chinois de l’écriture sur os et écailles, mais sa proportion est passée à 4% dans la dynastie des Han selon la statistique de Xu113, en raison du vocabulaire plus riche. En dépit du fait que les pictogrammes ne représentent qu’une petite proportion des caractères modernes, ils sont toujours importants, car la création de tout autre type de caractère chinois se base sur le pictogramme.

À la création, les pictogrammes ont figuré des objets en soulignant leurs silhouettes ou leurs caractéristiques. Donc les pictogrammes sont en général moins iconiques que les images, mais il est toujours possible pour nous de trouver des indices à reconnaître le sens d’un pictogramme. Pendant la période des écritures modernes, c’est-à-dire, depuis la dynastie des Han où l’on a commencé à employer le style des clercs, de nombreux pictogrammes se sont écartés de leurs formes originelles, en raison de la tendance des « traits droits » dans l’écriture chinoise. Par exemple, le caractère日 (le

soleil) est devenu carré avec des traits droits dans le style régulier, au lieu de sa forme ronde originelle dans l’écriture sur os et écailles. Autrement dit, les pictogrammes proprement dits désignent des caractères ressemblant à leurs objets dans les écritures anciennes. Il est indispensable pour nous d’analyser l’iconicité des pictogrammes dans les écritures modernes en recourant à la méthode de la création de ces caractères. Pour mieux comprendre la composition des pictogrammes, nous allons proposer ici la classification des pictogrammes selon la méthode de la création et analyser l’iconicité pictographique dans les différents types.

4.2.1.2.1 Pictogrammes purs

Les pictogrammes purs ressemblent strictement à leurs objets. Dans la création de ce type de pictogramme, il a été utilisé des traits simples pour esquisser le portrait d’un objet. Puisque des images sont à l’origine des caractères chinois, nous avons des raisons de croire que c’est une méthode essentielle de création des pictogrammes. On compte de nombreux pictogrammes purs (environs 80% de la totalité des pictogrammes) dans

113

On compte 448 pictogrammes dans les « Explications sur des pictogrammes et des idéo-phonogrammes », soit 4,26% des caractères.

l’« Explication des pictogrammes et des idéo-phonogrammes ». Dans le cadre des pictogrammes purs, il est possible pour nous de retrouver la similarité entre le caractère et son objet représenté, tant qu’il n’est pas simplifié, grâce à sa création à partir de l’image. Donnons ici des exemples du pictogramme pur:

Tableau 31 : Pictogrammes purs

le sens le soleil la lune le mont le cheval l’arbre l’œil le blé

l’image l’écriture sur os et écailles le style petit sigillaire le style régulier 日 月 山 馬 木 目 麦

A partir des exemples donnés, nous constatons que les pictogrammes purs représentent leurs objets d’une façon directe : les caractères ressemblent à leurs objets. Selon les caractères donnés des trois styles représentatifs dans l’évolution de l’écriture chinoise, nous observons une analogie entre les pictogrammes purs contemporains et leurs objets correspondants. Autrement dit, dans les pictogrammes purs, l’iconicité existe toujours entre le signifiant et le référent.

4.2.1.2.2 Pictogrammes partiels

Cette méthode de création sur une analogie entre le signifiant et le référent des caractères est similaire à la précédente. On appelle ces pictogrammes « partiels » parce que le signifiant ne correspond pas totalement au référent, soit le caractère ressemble à une partie de l’image de l’objet, soit le caractère ressemble à une image comprenant

l’objet. Ainsi pouvons-nous distinguer deux sous-types des pictogrammes partiels : les pictogrammes abréviatifs et les pictogrammes augmentatifs. Les pictogrammes abréviatifs ont été créés par la figuration d’une partie représentative de l’objet, à cause de la complexité de l’image entière. Les pictogrammes augmentatifs figurent généralement un objet simple avec l’aide de l’image des autres objets pour éliminer l’ambigüité. Les pictogrammes partiels, surtout les pictogrammes augmentatifs, sont aussi fréquents dans le système de l’écriture chinoise :

Tableau 32 : Pictogrammes partiels

Dans le tableau, nous avons donné trois exemples de pictogrammes abréviatifs et trois exemples de pictogrammes augmentatifs. En tant qu’animaux domestiques ordinaires dans la vie quotidienne, le bœuf et le mouton apparaissaient souvent dans des documents primitifs écrits. A cause de la complexité des images totales de l’objet, on a employé l’image de leurs têtes pour représenter l’animal correspondant. De même, on a employé l’image du nez au lieu du portrait d’une personne dans la création de pictogramme de « soi-même ». Contrairement à cette méthode de création des

le sous-type pictogramme abréviatif pictogramme augmentatif

le sens le bœuf le mouton soi-même le sourcil le fruit la pierre

l’image l’écriture sur os et écailles le style petit sigillaire le style régulier 牛 羊 自 眉 果 石

caractères, le pictogramme augmentatif représente son objet en ajoutant l’image d’un autre objet relatif, afin de montrer une idée claire. Par exemple, dans la composition du caractère « sourcil », une seule ligne ondulée n’a pas pu représenter clairement l’objet référé. Ainsi, y avons-nous ajouté une image de l’œil pour éviter l’ambiguïté sémantique. Selon nos analyses, nous constatons une iconicité évidente dans les pictogrammes partiels, en nous appuyant sur une analogie entre le signifiant et le référent, mais nous pouvons dire que ces pictogrammes partiels sont moins iconiques que les pictogrammes purs.

4.2.1.2.3 Pictogrammes caractéristiques

Le pictogramme caractéristique figure l’image d’un objet en soulignant ses caractéristiques typiques. Autrement dit, en plus de l’analogie entre le signifiant et le référent, le signifié joue aussi un rôle important dans la création de pictogramme caractéristique.

Tableau 33 : Pictogrammes caractéristiques

Il n’y a nul doute que les pictogrammes caractéristiques ressemblent à leurs objets le sens l’enfant la mère la femme le vieux la femme mariée

l’image l’écriture sur os et écailles le style petit sigillaire le style régulier 兒 母 女 老 妇

représentés. Penons ici le caractère 母 (la mère) par exemple, où nous avons figuré une

mère allaitant son enfant. Dans l’évolution de l’écriture, on souligne la caractéristique d’allaitement d’une mère, en soulignant les siens dans le caractère. Bien que ces pictogrammes dans le style régulier ne soient pas plus faciles à déchiffrer, nous constatons toujours le lien analogique entre le signifiant et le référent par intermédiaire du signfié. Nous postulons que cette méthode de création des pictogrammes est parfaite et qu’elle prend compte trois éléments d’un signe.

4.2.1.2.4 Idéo-pictogrammes

Dans le paragraphe précédent sur l’iconicité dans les écritures anciennes, nous avons proposé quelques idéo-pictogrammes, qui figurent les représentations mentales des objets, au lieu de leurs images concrètes. Nous pouvons considérer les idéo-pictogrammes comme des pictogrammes caractéristiques extrêmes, car la création de ce type de pictogramme insiste sur la ressemblance entre le caractère et la caractéristique de l’objet représentée dans nos cerveaux. Les idéo-pictogrammes sont surtout des verbes et des adjectifs qui sont difficiles à figurer.

Tableau 34 : Idéo-pictogrammes

le sens le père croître blanc la force debout beau

l’image l’écriture sur os et écailles le style petit sigillaire le style régulier 父 生 白 力 立 美

À la différence des trois méthodes de création du pictogramme, les idéo-pictogrammes ont été créés à la base d’une ressemblance entre le signifiant et le signifié. La composition de ce type de pictogrammes a prouvé la motivation du signe dans l’écriture chinoise.

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