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Découvertes archéologiques

Dans le document Iconicité dans la grammaire du chinois (Page 142-147)

CHAPITRE IV. ICONICITE DANS L’ECRITURE CHINOISE

4.1 Histoire des sinogrammes

4.1.1 Origine des caractères chinois

4.1.1.4 Découvertes archéologiques

La popularisation de la légende de l’invention de l’écriture par CANG Jie n’a pas pu satisfaire les paléographes chinois. Ils se sont intéressés à la découverte de l’origine de l’écriture chinoise depuis toujours, mais n’ont jamais réalisé une percée majeure dans leurs recherches scientifiques pendant une longue période. En revanche, les découvertes archéologiques réalisées depuis la fin du XIXème siècle nous aident beaucoup dans la cherche de l’origine de l’écriture chinoise.

4.1.1.4.1 Écriture sur os et écailles

L’émergence de l’écriture est un signe important qui marque une nouvelle ère de civilisation dans l’histoire humaine. La plupart des paléographes chinois stipulent que l’histoire de l’écriture chinoise peut remonter à 1600 ou 1500 av. J.-C., en découvrant des os d’animaux et des écailles de tortue sur lesquels sont inscrits des signes, ayant une histoire de plus de 3000 ans. Il est largement admis dans le monde entier que l’écriture(en pinyin, wén, 文) sur os(en pinyin, gǔ, 骨) et écailles(en pinyin, jiǎ, 甲), comme le premier système d’écriture chinoise bien structurée, est à l’origine de l’écriture chinoise.

L’écriture sur os et écailles, en pinyin, jiǎ gǔ wén(甲骨文), nommée par la façon d’inscription, est une écriture utilisée principalement dans la dynastie des Shang (1600-1046 av. J.-C.) dans un but divinatoire. L’écriture sur os et écailles est un tournant essentiel dans l’histoire du développement de l’écriture chinoise, lequel servit de transition des symboles de la sculpture originale aux caractères chinois utilisés actuellement.

Il est généralement admis que l’écriture sur os et écailles a été découverte pour la première fois par Wang Y.89 à la fin du XIXème siècle sur des os et des écailles trouvés à Anyang, où se situent les ruines des villes de la dynastie des Shang90. Nous y avons trouvé beaucoup d’os des animaux et écailles de tortue, ainsi que des petites collections d’autres lieux. He (1992) a fait une statistique : « jusqu’à présent, on a ressemblé plus de cent mille morceaux d’os et d’écailles, parmi lesquels le texte le plus long compte plus de cent mots ». Nous présentons ici quelques images91 de l’écriture sur os et écailles.

En observant les os et les écailles découverts dans les vestiges d’Anyang de la dynastie des Shang, Wang a observé la similitude de « dessins » sur tous les morceaux

89

WANG Yirong (1845-1900) est épigraphiste dans la Dynastie du Qing.

90

Les ruines des villes de la dynastie des Shang sont appelées couramment « Yin Xu ». « Yin Shang » est l’autre nom de la Dynastie du Shang, « Xu » signifie les ruines.

91

Source d’images : http://www.ha.xinhuanet.com/fuwu/kaogu/2007-10/31/content_11541289.htm

(l’image supérieure gauche) http://expo.wanjingchina.com/a/201106/17/69-8085.htm (l’image inférieure gauche) http://www.nipic.com/show/1/24/354e262cb28371dc.html (l’image à droite)

trouvés. Après une longue période de recherche, il était convaincu qu’il s’agissait d’un type d’écriture bien structurée de la dynastie des Shang. Suivant les recherches de Wang, nous avons décrypté de plus en plus des « dessins » sur os et écailles : il contient à peu près 4000-5000 graphes dans les cent mille morceaux découverts, dont plus de deux mille92 ont été déchiffrées par les archéologues et les paléographes chinois. Ces caractères primordiaux se basant sur le dessin et l’imitation, qui sont l’origine des caractères chinois contemporains, nous offrent la possibilité d’analyser l’iconicité d’image dans l’écriture chinoise.

La découverte de l’écriture sur os et écailles a proposé une interrogation sur la légende de la création d’écriture chinoise par CANG Jie proposée dans l’« Explication des pictogrammes et des idéo-phonogrammes », qui était largement acceptée pendant deux mille années. Les recherches perdurent encore aujourd’hui sur l’origine de l’écriture chinoise.

4.1.1.4.2 Signes avant l’écriture sur os et écailles

Une écriture est un système qui associe des signes graphiques et des signes acoustiques. Saussure (1916 : 47) a distingué deux systèmes d’écriture : le système idéographique et le système phonétique. Il a considéré l’écriture chinoise comme « l’exemple classique du système idéographique». En fait, les premiers systèmes d’écriture du monde, comme l’écriture cunéiforme en Mésopotamie, l’écriture hiéroglyphique en Égypte, ainsi que l’écriture sur os et écailles en Chine, sont tous les systèmes d’écriture idéographiques, dont les graphies représentent les morphèmes. Avec le développement social, il est nécessaire de créer plus de graphies distinctes pour représenter de nouveaux mots. Ainsi, un deuxième système d’écriture a-t-il été découvert, dont les graphies représentent les phonèmes. Vandermeersch (2012) a donné une explication à cette évolution du système d’écriture : « le nombre (des phonèmes) est très limité, mais cependant suffisant pour représenter le nombre illimité des mots par la multiplicité, également illimitée, des combinaisons possibles de ces unités entre elles ».

92

Toutes les écritures idéorgaphiques les plus anciennes ont disparu ou sont devenues des écritures alphabétiques, sauf le chinois, qui est la seule écriture figurative utilisée jusqu’à nos jours. Compte tenu de l’évolution historique des caractères chinois sans interruption, il est possible pour nous de retrouver son origine. Nous avons observé que les premiers témoignages de l’écriture sur os et écailles remontent à la dynastie des Shang. Bien que cette écriture, ayant une histoire de plus de trois mille ans, soit considérée généralement comme l’origine de l’écriture chinoise, il est raisonnable d’inférer qu’il existait des signes avant la création de ce système déjà bien structuré. D’ailleurs, il y a une durée de plus de mille ans de la légende de CANG Jie à l’emploi de l’écriture sur os et écailles, durant laquelle l’écriture ancienne chinoise ne devrait jamais cesser de se développer.

L’histoire de CANG Jie n’est après tout qu’une légende, mais il n’y a pas des documents historiques authentiques. L’origine de l’écriture chinoise était vraiment vague autrefois. Depuis une soixantaine d’années, nous avons trouvé beaucoup d’indices à propos de l’origine de l’écriture chinoise avec le développement archéologique. Des archéologues chinois ont publié une série des données exhumées liées à l’origine de l’écriture chinoise, qui sont antérieures à l’écriture sur os et écailles. Ces données sont principalement des images et des signes inscrits sur la poterie à la fin de la société primitive. En outre, elles comprennent également une petite quantité d’inscriptions sur les os, les jades, les pierres par exemple. Nous pouvons stipuler que toutes ces découvertes de la deuxième moitié du dernier siècle peuvent servir de nouveaux fondements dans la recherche de l’explication à propos de l’origine de l’écriture.

Dans le « Fondement de la théorie des caractères chinois », Zhang (2005) a présenté quelques découvertes archéologiques à propos des écritures anciennes chinoises. Nous avons trouvé quelques morceaux des os à Zhengzhou, ayant des formes semblables aux écritures d’Anyang. Cette culture, appelée « la culture Erligang » remonte à l’époque 1750-1350 av J.-C., ce qui correspond à 300 ans d’antériorité par

rapport à l’écriture d’Anyang. Selon les archéologues (Zhang, 2005 : 16), « l’écriture découverte dans les vestiges de la culture Erligang de la dynastie des Shang est de la même souche de l’écriture des vestiges d’Anyang ». Autrement dit, nous constatons l’utilisation de l’écriture sur os et écailles déjà dans la culture précédant la culture d’Anyang, qui est généralement acceptée comme l’origine de l’écriture chinoise pendant le dernier siècle.

Malgré l’infime quantité de documents archéologiques sur la culture de la dynastie des Xia (approximativement 21e-16e siècles av. J.-C.) et du début de la dynastie des Shang, nous pouvons écarter l’idée qu’il n’y avait pas d’écriture à cette époque-là. En effet, nous trouvons des indices archéologiques de l’apparition de l’écriture primordiale, avant l’écriture sur os et écailles. Dans les tombes de la culture néolithique de Dawenkou découvertes dans la province du Shandong, qui remonte à plus de 4000 ans av. J.-C., nous avons trouvé des objets rituels sur lesquels étaietn gravés des images et des symboles, ressemblant à l’écriture sur os et écailles. Presque contemporaine de cette culture, la culture néolithique de Yangshao s’est développée. En fouillant le site archéologique Banpo (remonte à 4000 av. J.-C.) situé près de Xi’an, dans la province du Shaanxi, nous avons trouvé des poteries décorées dont les images décorative de la forme du « poisson » faisaient l’origine de certains caractères de l’écriture sur os et écailles.

Il nécessite un processus assez long afin de créer un système d’écriture. Nous croyons que la transmission d’information a été réalisée par les dessins au début. Par la suite, des composants sémantiques des dessins sont devenus des signes conventionnels. C’est le processus de la création d’écriture chinoise. Selon les découvertes archéologiques jusqu’à présent, les premiers indices de la création d’écriture chinoise se sont présentés dans les cultures de Dawenkou et de Yangshao. Après une évolution durant approximativement 2600 ans, le premier système d’écriture bien structuré s’est formé dans la dynastie des Shang. Ainsi, considèrons-nous la transformation des images sur la poterie aux premiers caractères chinois dans cette période comme l’origine de l’écriture chinoise.

Donnons ici un tableau pour mieux présenter le processus de la formation du premier système d’écriture chinoise – l’écriture sur os et écailles.

Tableau 22 : Création de l'écriture chinoise

période date propriétés culturelles état de l’écriture

Dernière période de Néolithique

6000-5000 av. J.-C.

généralisation de la

poterie sans écriture

Culture de Dawenkou

4000 av. J.-C

images sur la poterie et sur les objets rituels limite antérieure de la création de caractères chinois Culture de Yangshao Début de la dynastie

des Xia 2100 av. J.-C ustensiles en bronze

limite postérieure de la création de caractères chinois Culture d’Anyang

(Dynastie des Shang) 1600 av. J.-C

écriture sur os et écailles

début du système d’écriture

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