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L’Institut des Formations en Santé du Centre Hospitalier de Dunkerque a eu 60 ans en octobre 2019.

Les bâtiments actuels où ils se situent sont anciens, près de 30 ans.

Sur ces 15 dernières années, trois projets de restructuration, voire de déménagement ont été élaborés, sans succès.

Dans le cadre de ce nouveau projet, une rapide rétrospective pour relater la condition infirmière à Dunkerque permettra d’en fixer une continuité.

Par la même, le devoir de mémoire peut nous permettre de comprendre les évolutions dans les fonctionnements hospitaliers jusqu’à la création, à Dunkerque, et le développement de ce qui fût auparavant nommé « école d’infirmière », résumées de la façon suivante :

 Passage de 4 à 110 puis 100 élèves, devenant des étudiants en soins infirmiers

 Transformation en Institut de Formation en Soins Infirmiers

 Adjonction d’un Institut de Formation d’Aides-Soignants

 Régionalisation

 Territorialisation

 Universitarisation.

2.1.1 Il y a longtemps…

La congrégation de religieuses hospitalières nommée La communauté des filles de l’enfant Jésus créée par Nathalie Doignies (1778 – 1858) se consacre aux déshérités dans plus de cinquante hôpitaux, hospices, asiles et orphelinats dans le Nord de la France et en Belgique.

A Dunkerque, la Communauté assiste les médecins de l’hôpital civil depuis 1830. Puis, vers 1900, une religieuse surveillante se trouve à la tête de chaque service, ayant elle-même sous ses ordres des infirmières. Ensemble, elles s’occupent des pansements, veillent à la prise des médicaments, entretiennent les « salles », assurent le service des repas, surveillent régimes, literies, changements et comptes de linge ainsi que la tenue des registres d’observation (dates pansements et interventions chirurgicales).

La présence de La communauté des filles de l’enfant Jésus s’est maintenue très longtemps à Dunkerque, mais à la fin des années 1970, les sœurs quitteront l’hôpital.

Suite à la circulaire du 17 juillet 1899 relative aux initiatives portant sur la création d’écoles d’infirmières, la Commission Administrative des Hospices Civils de Dunkerque y émet un avis défavorable lors de la séance du 24 décembre 1902.

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2.1.2 La « grande guerre » 1914 - 1918

De nombreuses femmes d’origine et de conditions sociales différentes vont se porter volontaires pour assurer les fonctions d’infirmières, à l’appel des sociétés de la Croix Rouge.

Certaines ont suivi une formation dispensée par l’une des sociétés de secours, d’autres non : elles aident quoiqu’il en soit à la prise en charge des blessés.

Elles travaillent sous l’encadrement de directrices, sœurs infirmières, âgées, expérimentées, responsables des différentes salles de soins.

Elles sont néanmoins soutenues dans leurs tâches par des infirmiers et des infirmières militaires, recrutés par l’armée durant le conflit, et mis à disposition par le ministère de la Santé.

Durant cette période, l’hôpital civil de Dunkerque comptera à son service :

 33 sœurs hospitalières

 22 infirmières laïques

 67 bénévoles.

Cette période contribue à l’émergence de la profession d’infirmière au début du 20ème siècle. Cette reconnaissance est acquise par la création du diplôme le 27 février 1922.

Alexandre Millerand, alors Président de la République, signe le décret qui constitue le véritable acte de naissance de la profession en France.

2.1.3 La seconde guerre mondiale

Dès le début de la guerre, la militarisation des hôpitaux est effective.

En dépit des bombardements incessants de l’armée allemande pour détruire un poste de défense anti-aérienne à proximité de l’hôpital, il continue de fonctionner malgré l’entrée de l’armée allemande à Dunkerque. A partir d’octobre 1942, il est quasi occupé celle-ci.

Pour pallier à cette problématique, un hôpital annexe est créé, ce qui provoque le départ de Dunkerque des vieillards et des enfants ; leur évacuation étant effectuée le 1er juin vers l’hôpital Parmentier à Cambrai. Durant l’année 1944, les transferts des malades sont organisés vers Bailleul, Armentières, Roubaix, Tourcoing et Cambrai.

En septembre 1944, dès le début du siège, l’hôpital est totalement occupé par les services sanitaires de la Croix Rouge allemande. Les services de l’hôpital sont déplacés à Socx, dans un ancien orphelinat.

Après la signature de l’armistice, l’administration reprend possession de l’hôpital.

Les sœurs hospitalières sont de retour. Elles sont alors initiées aux soins infirmiers de la médecine moderne.

2.1.4 La création de l’école d’infirmière à Dunkerque

La création d’une école d’infirmières à Dunkerque date de 1959 puisqu’elle reçoit son agrément du Ministère de la santé, le 20 octobre 1959.

La première promotion comprend 4 élèves (1959 – 1961). La deuxième 13, en 1962. Les études durent deux ans avec des cours réalisés l’après-midi. Les stages sont organisés le matin, dans les différents secteurs de l’hôpital.

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Les promotions atteindront jusqu’aux années 70, une trentaine d’élèves. L’école s’installe ainsi en 1969 dans une partie du pavillon Trystram.

La pénurie d’infirmières entraîne une augmentation des élèves : la promotion 1975 – 1978 compte 60 élèves avec pour la première fois quatre garçons.

C’est également à cette époque que les stages s’étendent à l’hôpital maritime de Zuydcoote.

La formation aide-soignante, jusqu’alors garantit par l’hôpital, est confiée à l’école à partir de 1979. Pour répondre aux besoins hospitaliers, quatre promotions seront formées de 1979 à 1985.

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Le développement des activités des hôpitaux et la professionnalisation progressive du personnel aboutissent à la laïcisation des services hospitaliers.

2.1.5 L’évolution et les réformes successives

L’augmentation progressive des effectifs, l’allongement des études entraînent une affluence d’élèves infirmiers et aides-soignants, ce qui pose la question de l’extension de l’école.

Ainsi, Simone Veil, le 18 octobre 1976, pose la première pierre de la nouvelle école d’infirmières qui doit accueillir 210 élèves et disposer d’un hébergement de 51 chambres.

La rentrée de 1980 s’effectue dans le nouveau bâtiment.

L’école accueille 40 nouveaux élèves par an et à partir de 1988, 30 élèves aides-soignants rejoignent les effectifs.

Le développement des formations, le nombre des étudiants et les exigences des programmes de formation amènent l’école à engager de nouveaux partenariats avec les établissements de santé privés et le secteur extra hospitalier.

En 1992, la réforme institue entre autre un allongement des études avec un diplôme unique et une ouverture sur le secteur de la santé mentale et de la psychiatrie. L’école devient institut de formation et l’effectif des étudiants passe de 40 à 60.

Les années 2000 voient de nouveau une pénurie d’infirmiers. 8 000 places supplémentaires sont ainsi ouvertes. De ce fait, l’Institut de formation intègre chaque année 110 étudiants supplémentaires et 45 élèves aides-soignants.

Cette explosion dans les effectifs oblige au développement des locaux : construction d’un bungalow de 45 places, extension vers le bâtiment Trystram avec une salle de 130 places.

Un centre de ressources et de documentation ouvre en 2007.

En 2009, le processus universitaire s’engage. Il organise les études à partir des modèles universitaires.

Plusieurs réformes vont ainsi façonner la formation, évoluant peu à peu vers une reconnaissance professionnelle d’un métier fortement marqué par ses origines religieuses et féminines.

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2.1.6 Aujourd’hui

Selon les quotas définis, l’Institut accueille 140 nouveaux étudiants et élèves par année, ce qui représente pour l’ensemble des promotions 350 à 400 personnes.

Engagé dans le virage universitaire depuis plusieurs années, après des démarrages successifs, aujourd’hui ce virage est réellement pris.

Il nécessite une évolution de nos métiers devenus paramédicaux au sens large, dans une vision à la fois professionnalisante et universitaire.

Il sera très probablement accompagné de perspectives de transformation de notre système de santé, tourné vers la ville et non plus centré sur l’hôpital.

Cela modifiera inéluctablement la façon d’exercice de nos métiers demain, tant en termes de démarches plutôt orientées sur la prévention et l’éducation, que des spécificités des prises en soins, en lien avec les évolutions sociétales, le vieillissement de la population et le passage à la chronicité de certaines maladies.

2.2 Présentation générale