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W Hirtle: « a stretch of duration ».

Composante sémantique et portée sémasiologique DO AUX : « a meaningful support » ?

6.5 W Hirtle: « a stretch of duration ».

Rompues à la conceptualisation guillaumienne100, les préoccupations de Walter Hirtle (1997) portent elles aussi sur la recherche du ou des sens attribuables à DOAUX. En partant du principe que DOAUX est un

verbe, Hirtle (1997 : 116) apporte la nuance selon laquelle « DO auxiliary is

a verb, but a verb of a special type. (…) the behaviour peculiar to DO in the

verb phrase is a consequence of its meaning ». Ceci implique que le sens de DOAUX est à rechercher du côté du verbe lexical. D’où le concept de

« residual meaning hypothesis ». Mettant en avant l’idée d’une dématérialisation (déjà évoquée par Joly (1975 : 134)), Hirtle (1997 : 117) pense que :

The fact that DO auxiliary, like BE and HAVE, does not express any readily

observed lexical meaning is a clear indication that it has undergone a considerable withdrawal of its lexical matter, a bleaching, a desemanticization or as it will be called here, a dematerialization (since it concerns the material significate). (…) For main verb DO to become an

auxiliary, its already abstract meaning had to undergo further dematerialization, and this within the word itself. Through a process of generalization, this emptying reduced the lexical component to a minimum, the minimum necessary to maintain the status of DO as a word.

99 En mettant en avant les phénomènes de ‘subduction ésotérique ou interne’ et d’incidence, Hewson

(1990 : 41) affirme qu’avant l’introduction de la forme progressive, l’emploi de DO permettait une

interprétation fréquentative ou habituelle. Il ajoute aussi que lorsque DO est employé contrastivement, il permet une interprétation dynamique du syntagme verbal.

100 Joly (1975 : 132) déclare explicitement que « Guillaume’s theory was first applied to English

As a consequence, the verb is polysemous in Modern English, offering both the possibility of main verb usage, with either its full meaning (though dematerialised with regard to most other verbs) or as a suppletive, and the possibility of auxiliary usage with its own more abstract meaning (dematerialised with regard to its own full meaning).

De cette conception, il s’en suit que si DOAUX est capable d’exprimer

quelque chose qui soit commun à toute occurrence de l’ordre de l’événement (statif ou dynamique), son sens lexical résiduel se réduirait à l’expression de la durée contenue dans toute occurrence de procès (cf. aspect lexical ? Hirtle n’en fait pas mention dans ce cas !101) sans référence à un évènement particulier :

It would seem then that the residual lexical meaning of auxiliary DO,

what remains after dematerialization is pushed to the limit, is the representation of the stretch of time contained in any event, of event time, but with no particular event depicted. (…) The need to represent this stretch of duration separately from any particular event is the basis for instituting DO auxiliary in the system of the English verb. (…) In

short, the meaning components of DO auxiliary are produced by

ideogenesis and morphogenesis …

L’idéogenèse est définie en termes guillaumiens comme une opération de particularisation ou de discrimination alors que la morphogenèse constitue une opération de catégorisation ou de généralisation. Les deux opérations étant fondamentales à la constitution du mot. Ainsi, l’émanation « temporelle » (ou de durée : « a moment situated at a given place in time ») contenue dans DOAUX telle que définie plus haut, lui confère d’une part un aspect immanent et le permet d’autre part d’être

apte à participer à la chronogenèse du verbe quant aux catégories de la voix, de l’aspect, du mode, du temps et de la personne. Cependant, DOAUX

ne peut se mettre aux modes non finis (infinitif et participe) à cause de l’incompatibilité de son sens avec ces derniers : contrairement au participe présent (« event in the course of its realization ») et passé (« a stretch of duration already accomplished »), à DOAUX correspond « a stretch of

duration ready for accomplishment ». Contrairement à l’infinitif (« an event as yet to be accomplished »), DOAUX est fondamentalement lié à la

localisation spatiale et temporelle du procès (cf. le mode indicatif). Le verbe lexical – alors à l’infinitif (occurrence virtuelle), devient donc un complément qui apporte tout simplement une recharge sémantique au contenu verbal de DOAUX (cf. lexical refill chez A. Joly). On a alors un verbe

composé dans lequel DOAUX peut être support ou operateur avec incidence

sur le sujet et/ou l’infinitif pour la formation de la dichotomie declarative/interrogative que l’on retrouve sous l’opposition positif/négatif dans les phrases interrogatives, déclaratives et impératives.

6.6 Conclusion

De façon générale, si l’inexistence du sens pour la valeur auxiliaire DO semble avérée en syntaxe et dans la plupart des grammaires, on peut aussi regretter qu’en proposant que « The PERIPHRASTIC AUXILIARY DO is the

most neutral or ‘auxiliary-like’ of all the auxiliaries. It has no individual meaning but serves as a dummy operator (…) », Quirk, Greenbaum, Leech & Svartvik (1972 : 77) n’aient pu rien offrir de mieux. Ce que Hirtle (197 : 113) regrette en déclarant « It is remarkable that this approach has been so

widely accepted because it is apparently based on the authority of the grammarians and linguists who adopt it, not on any evidence they have drawn from usage ». Il nous a cependant été donné de remarquer que cette même valeur (auxiliaire) pouvait être porteuse de sens ; c’est ce que l’on observe dans les analyses de Penhallurick : « presupposition, … OCCURRENCE QUESTIONED », A. Joly : « opérateur d’incidence », W. Hirtle : « DO represents a stretch of duration for the event to be actualised

in », et R. Langacker : « … predicates the existence of a process ». Par ailleurs, d’autres approches théoriques semblent se recouper sur ce point : Bolinger (1977) attribue le sens de « affirmation », Hewson (1990 : 39) suggère que l’emploi auxilié de DO « represents the occurrence of an event », Reid (1991 : 13) voit en DOAUX « the affirmation of an event whose possibility has been raised in the context ». Quant à Erades (1975 : 163), il suggère encore plus globalement que DO « is used to express some comparison, contrast or opposition with respect to what has been said before, for instance true versus false, actual vs. potential, apparent vs. real, indubitable vs. questionable, conditional vs. absolute, negative vs. positive or affirmative, present vs. past or future, and many more of the like, impossible to enumerate exhaustively »102.

102 Erades, P.A. 1975. Points of Modern English Syntax: contribution to English Studies. Amsterdam:

Swets & Zeitlinger.

Sans prétendre à une quelconque exhaustivité, cette étude ne cherche qu’une certaine représentativité ; donc la simple allusion à certaines propositions ne signifie en rien qu’elles sont moins importantes.

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