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: Les habitudes de création, de consommation et de partage de memes varient entre les générations

Hypothèse 2a : Les « digital natives » (c’est-à-dire les générations Y et Z) savent définir un meme et en partagent régulièrement.

Hypothèse 2b : La génération Z est la plus grande productrice de memes

Hypothèse 2c : La génération X s’est adaptée avec l’évolution du web et des réseaux et sait probablement ce qu’est un meme. Elle en partage et en reçoit régulièrement.

Hypothèse 2d : La génération des baby-boomers ne sait pas ce qu’est un meme, malgré le fait d’en recevoir d’en partager. Elle y est confrontée à une fréquence plus basse que les autres classes d’âge.

Cette hypothèse et ses quatre sous-hypothèses partent du principe que la relation qu’entretient une génération avec les nouvelles technologies aura un effet sur son activité sur les réseaux sociaux. Elle prend en compte la problématique du « gap générationnel » (Hargittai & Walejko, 2018) qui soulève des inégalités liées aux compétences des diverses générations et englobe les 4 hypothèses qui suivent concernant les habitudes de production, de consommation et de partage de contenu

mémétique sur les réseaux sociaux, selon les caractéristiques générationnelles et technologiques citées ci-dessus.

Hypothèse 3 : Les générations connaissent essentiellement les memes qui ont atteint l’apogée de leur popularité lorsqu’elles étaient régulièrement présentes sur les réseaux sociaux.

Cette hypothèse stipule que le contenu mémétique sur les réseaux sociaux évolue et se multiplie au fil des années et que selon la théorie de l’économie de l’attention (Davenport, 2001) il est impossible pour un utilisateur d’être familier avec tout le contenu mémétique. Pour ces raisons, nous partons du principe qu’un internaute saura essentiellement reconnaître les memes ayant atteint le pic de leur succès au moment où l’internaute a le plus fréquenté les réseaux sociaux.

Hypothèse 4 : La création, la consommation et le partage de memes augmentent lors d’évènements marquants ou de situations de crise.

Hypothèse 4a : La majorité du contenu partagé pendant la crise du Covid-19 a un rapport avec la situation pandémique.

Ces dernières hypothèse et sous-hypothèse stipulent que les évènements marquants (élections présidentielles, attentats, injustices sociales) et les situations de crise (épidémies, pandémies, catastrophes naturelles) provoquent un besoin accru de partage et un besoin de se sentir compris au sein d’un groupe, et favorisent donc la création, la consommation et le partage de contenu mémétique. Elle se base sur la

« Règle des 3 C » (Laineste, 2016) et observe le phénomène dans le cadre de la crise épidémique du Covid-19. Elle émet également l’idée selon laquelle le contenu partagé en situation de crise est majoritairement en lien avec cette dernière.

3.2 Méthodologie

3.2.1 Données et niveau d’Analyse

Cette recherche se focalise sur 4 générations : Les baby-boomers, la génération X, les milléniaux (aussi appelés « génération y ») et la génération Z. Initialement,

l’enquête devait inclure la génération « silencieuse » (les personnes de 75 ans et plus), mais elle n’y est finalement pas représentée car il n’a pas été possible de trouver suffisamment de répondants issus de cette tranche d’âge.

Les individus ayant participé à l’enquête sont issus de pays francophones. Malgré le fait que le corpus ne traite pas le cas de la Suisse en particulier, il est tout de même possible en raison de la nature globale du web d’appliquer les concepts du corpus à notre échantillon. L’échantillon est de nature « boule de neige », c’est-à-dire qu’il a été partagé avec des individus remplissant les critères de l’échantillonnage souhaité, en leur demandant à leur tour de partager le questionnaire avec des personnes de leur entourage qui remplissent également ces critères.

Le questionnaire a été distribué en ligne entre mars et avril 2020, dans le but d’obtenir environ 30 réponses pour les 4 catégories d’âge susmentionnées. Le nombre total de réponses s’élève donc à 120 participants, afin d’entamer une recherche quantitative plutôt que qualitative. L’enquête a pour but de questionner les participants sur leurs habitudes liées à la production, à la consommation et au partage de contenu sur les réseaux, puis de tenter de comprendre leurs connaissances liées aux memes en proposant divers exemples connus sous formats photo et vidéo.

3.2.2 Googlisation du meme

Afin d’analyser l’évolution du meme en parallèle avec son utilisation par les générations différentes, il s’agira de s’appuyer sur l’étude de Cary Huang concernant les memes les plus populaires de chaque mois depuis l’année 2004 – prenant en considération des détails tels que la plateforme de publication et la plateforme de dissémination ainsi que l’accessibilité du contenu.

Cary Huang s’est basé sur Google Trends et sur la base de données Know Your Meme car il est trop difficile d’estimer la popularité d’un meme en regardant toutes les plateformes sur lesquelles il a été posté. Il y en a bien trop, et ces plateformes fluctuent en popularité.

La meilleure approximation quant à la popularité d’un élément peut être le nombre de fois ou cet élément a été cherché au moyen du moteur de recherche Google. Pour cela, Huang a utilisé un code Python qui enregistre l’indice de recherches sur Google Trends concernant tous les memes répertorié dans la base de données de Know Your Meme. Le problème avec Google Trends est que l’outil ne donne pas de précision

quant au nombre exacte de recherches – il les classe simplement de 1 à 100 (100 étant l’apogée du succès d’une recherche). Par conséquent, Huang s’est également basé sur les chiffres de Know Your Meme qui affiche le nombre de vues d’un meme précis. Il a ensuite comparé les résultats de google trends avec ceux de Know Your Meme pour confirmer la pertinence du nombre de vues affichées par le site.

3.2.2.1 Failles dans la recherche de Cary Huang

Il faut cependant prendre en considération une faille de Google Trends : la différence en matière de popularité concernant les memes qui ont un nom précis, et ceux dont le nom désigne également autre chose. Pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de déséquilibre entre les memes ayant des noms précis (par exemple « grumpycat » qui est un terme qui a été inventé pour le meme qu’il désigne) et ceux ayant des noms homonymes de quelque chose de plus global (par exemple « loss » qui est le nom d’un meme mais également un terme qui englobe tout ce qui a affaire avec la perte) et dont l’indice de popularité serait faussé par les recherches effectuées pour ce mot, il est important de comparer les résultats de Google Trends avec ceux de Know Your Meme car ces derniers seront plus précis en cas d’homonymie. Une autre faille dans le système de Huang est le fait que Know Your Meme existe depuis 2009 seulement, soit douze ans après l’apparition du premier meme – et que Google Trends ne donne que des chiffres à partir de l’année 2004. Il faudra donc trouver un autre moyen de calculer la popularité des memes issus des années 1997 à 2003, ou simplement ne pas en mettre dans le corpus.

3.2.3 Opérationnalisation des variables

L’opérationnalisation de ce travail a été effectuée à partir des hypothèses choisies afin d’en dégager les indicateurs clés qui permettront de mesurer les différences intergénérationnelles et de répondre à ces suppositions. Cette opérationnalisation des variables se base essentiellement sur les diverses recherches effectuées par Limor Shifman au sujet du meme et qui relèvent des concepts et des questions clés à la compréhension de ce sujet de recherche.

Hypothèse 1 : Un meme sera partagé s’il permet à la personne de ressentir un apaisement émotionnel ou une stabilité dans son environnement culturel.

Variable 1 : l’émotion

L’émotion qui pousse un utilisateur à produire, consommer ou partager du contenu peut être multiple. Il s’agira ici de comprendre quelle émotion en particulier pousse un utilisateur à produire, consommer ou partager du contenu sur les réseaux sociaux.

Variable 2 : l’entourage

Un utilisateur peut produire, consommer ou partager du contenu avec différentes catégories de personnes. Il s’agira de déterminer avec qui l’utilisateur vise à travers ses publications – amis, famille, inconnus.

Hypothèse 2 : Les habitudes de création, de consommation et de partage de memes varient entre les générations