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Habitats des milieux riverains et aquatiques

7. Solutions aux enjeux liés aux milieux humides et riverains

7.1 Prise en compte dans le PAFIT

7.1.1 Habitats des milieux riverains et aquatiques

La réglementation québécoise assure une protection de base aux milieux humides et riverains dans les territoires forestiers sous aménagement. Différentes dispositions qui existent déjà dans la Loi sur les forêts et le RNI sont maintenues ou améliorées dans la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier. Des dispositions relatives à certains de ces éléments sont également prévues dans le projet de RADF. Ces dispositions concernent :

la protection des aires de concentration d’oiseaux aquatiques et de l’habitat du rat musqué;

la protection des milieux humides et riverains situés dans une aire de confinement du cerf de Virginie;

l’interdiction d’intervenir dans les milieux humides non boisés (marais, aulnaies, tourbières ouvertes) ainsi que dans le lit des cours d’eau et des lacs;

la protection accrue de certains types de forêts humides (marécages arborescents riverains);

le maintien d’une lisière boisée de 20 m de largeur en bordure des composants du réseau hydrographique (lacs et cours d’eau permanents) et des milieux dénudés humides (marais, marécages arbustifs et tourbières avec mare) où une récolte partielle peut être effectuée, mais où la circulation de la machinerie est interdite;

la limitation de la circulation de la machinerie en périphérie des tourbières sans mare et à l’approche des ruisseaux intermittents;

le maintien d’une lisière boisée de 60 m de largeur en bordure d’une rivière à saumon.

Pour les milieux humides non riverains (petits étangs, marais et marécages isolés) et pour certains types de milieux humides non boisés en particulier (les tourbières sans mare, par exemple), la réglementation québécoise ne nous permet pas, actuellement, de répondre aux besoins locaux de protection et de mise en valeur.

7.1.1.2 Recommandations sur l’aménagement 

En présence d’éléments sensibles, d’une situation exigeant une modulation locale de la lisière boisée riveraine ou d’espèces qui pourraient être fragilisées à la suite de travaux d’aménagement forestier, on peut envisager d’apporter des améliorations locales aux mesures réglementaires de base. À l’échelle de l’unité d’aménagement, la représentativité, la sensibilité, la distribution et la fréquence des éléments mentionnés dans la section 5.2.1.1 de la Partie I – Analyse des enjeux renseignent sur les besoins d’élargissement de la lisière boisée riveraine et sur la pertinence d’une protection accrue. Par ailleurs, l’examen des contraintes opérationnelles relatives à l’aménagement forestier et la prise en compte des forêts de conservation déjà existantes permettent de connaître les lacunes en matière de protection et de mieux cibler les mesures complémentaires qu’il faut mettre en place.

Selon le diagnostic établi, il est possible d’envisager différentes solutions :

élargir les lisières boisées riveraines au-delà de 20 m, et jusqu’à 60 m dans certains cas, l’objectif étant de limiter leur renversement, de maintenir la qualité des paysages, de minimiser les risques d’érosion et de maintenir davantage de couvert forestier à proximité du milieu aquatique;

limiter le taux de prélèvement de la coupe partielle ou, dans certains cas, proscrire tout simplement la coupe partielle dans les lisières boisées riveraines et dans les lisières boisées des tourbières avec mare, en particulier là où ces lisières doivent impérativement jouer leur rôle d’habitat ou de corridor de déplacement faunique;

afin d’éviter de généraliser le traitement de coupe partielle dans toutes les lisières boisées riveraines, on devrait également viser à laisser une partie de celles-ci intacte, là où la situation le justifie. Il serait d’ailleurs possible de prolonger la mesure introduite dans les PGAF de 2008-2013 en vertu de l’OPMV sur le bois mort et de laisser libre de coupe un minimum de 20 % de la longueur des lisières boisées riveraines.

7.1.1.3 Critères et cibles locales à établir 

Afin d’éviter que les décisions de moduler ou non la lisière boisée riveraine soient prises sur la seule base de conditions riveraines locales, les PAFIT devraient établir, au préalable, des critères par unité d’aménagement pour guider les choix d’élargissement des lisières boisées riveraines et pour l’ajustement de l’intensité des coupes partielles pouvant y être effectuées. Les solutions retenues (longueur et largeur des lisières boisées, intensité de prélèvement) devraient refléter les conditions d’ensemble des milieux riverains de l’unité d’aménagement (longueur totale des rives et densité du réseau hydrographique, notamment) de même que la rareté des différents types de milieux riverains. À cette étape, on pourrait demander l’aide des experts régionaux – et des TLGIRT, au besoin – afin d’évaluer l’importance des besoins de modulation.

Les solutions devront tenir compte tant des besoins accrus de protection que des valeurs reconnues par les usagers et des conséquences socioéconomiques des différentes options.

Dans la mesure où les enjeux relatifs au milieu riverain suscitent des attentes dans la majorité des unités d’aménagement au Québec, il peut être utile de voir la période d’application de 2013-2018 du PAFIT comme une occasion d’améliorer la protection des habitats forestiers riverains sur l’ensemble du territoire. Dans cette optique, les exigences ministérielles et celles de la certification des territoires d’aménagement engagent les aménagistes à apporter des améliorations concrètes – mais néanmoins réalistes – aux mesures de protection déjà en place.

Pour que ces améliorations aient une influence significative sur les résultats dans l’unité d’aménagement, il apparaît nécessaire qu’elles s’appliquent sur 20 à 30 % de la longueur des rives au terme de leur implantation progressive. Elles devront également s’appliquer à une large diversité de sites, représentatifs de la biodiversité du milieu riverain et suffisamment fonctionnels pour rendre les services écologiques associés à ce milieu (habitats de la faune et de la flore, régulation du microclimat, purification de l’eau, régulation de l’écoulement de l’eau, etc.).

Cet objectif final peut être difficile à atteindre à court terme dans certaines unités d’aménagement. Toutefois, il est certainement possible de s’en approcher dans l’ensemble des forêts sous aménagement, en étalant l’effort requis et en ciblant, pour commencer, une portion restreinte de l’unité d’aménagement (ex. : territoires d’intervention des PAFIO). Ce qui est fondamental pour l’instant, c’est de faire un premier pas et de l’inscrire dans un processus d’amélioration à long terme. En pratique, les recommandations sur l’aménagement ne préconisent pas qu’une quantité préétablie de lisières boisées riveraines soit élargie pour chaque unité d’aménagement. En effet, il serait plus important de s’assurer de l’utilité réelle des mesures de modulation qui seront appliquées au cours de la période de planification de 2013-2018 que de leur quantité initiale. Une approche prudente et progressive des aménagistes est donc requise afin de s’assurer que le choix de ces sites permanents demeure pertinent.

Au cours des prochaines années, et en particulier à l’occasion de l’élaboration des PAFIO de 2015, 2016 et 2017 et des planifications de la période de 2018-2023, une détermination précise des enjeux locaux et une évaluation plus globale des besoins de protection permettront aux aménagistes de poursuivre la modulation des lisières boisées riveraines et d’atteindre des résultats à la hauteur des enjeux locaux. Pour ce faire, le MRN poursuivra au cours des prochains mois le développement de méthodes et d’outils permettant d’affiner l’analyse des enjeux et de déterminer des cibles de modulation.

7.1.1.4 Choix des actions à mettre en œuvre 

De l’avis des spécialistes du milieu riverain, l’élargissement des lisières boisées riveraines et la diminution de l’intensité de prélèvement ne sont requis que sur une partie de la longueur totale des rives. Cela implique qu’une sélection de sites doit être faite a priori (voir l’étape d’analyse décrite dans la section 5.2.1 de la Partie I – Analyse des enjeux). Idéalement, la modulation des lisières boisées riveraines devrait être fonction de l’importance des enjeux définis, de la valeur des habitats riverains (représentativité, intégrité, diversité, etc.), des risques encourus par certains milieux riverains moins communs ou plus sollicités par l’aménagement forestier, de même que de la présence localisée d’éléments sensibles.

Aussi, étant donné qu’une protection maximale de 60 m sans coupe partielle est requise pour le saumon atlantique et que, dans les autres situations, le minimum requis est de 20 m avec un prélèvement partiel, on peut s’attendre à ce que chacune des catégories de rives ou d’éléments sensibles puisse se voir attribuer une largeur de protection précise et une certaine intensité de prélèvement en fonction des risques (fréquence, utilisation etaccessibilité) et de l’importance des enjeux locaux (poisson, faune terrestre, flore, chasse et pêche, paysages, etc.). Cette prescription devrait néanmoins tenir compte des éléments suivants.

• La largeur de la lisière boisée devrait s’adapter à la sensibilité des milieux en présence, aux risques pour la biodiversité et à l’importance des services écologiques rendus par ces milieux.

• En présence de marécages arborescents riverains et de plaines inondables, l’élargissement des lisières boisées riveraines devrait tenir compte des limites naturelles du milieu riverain sans toutefois négliger les forêts mieux drainées, situées plus haut sur la pente, et qui constituent le prolongement naturel du milieu riverain. Les plaines inondables et les marécages riverains peuvent être localisés à l’aide des cartes topographiques, des cartes de dépôts de surface (dépôts fluviatiles et lacustres de types 3a, 3d et 4a) et des cartes forestières qui précisent l’emplacement des forêts humides (milieux physiques 7, 8 et 9 des types écologiques) et celui des milieux humides ouverts (écotones riverains, marais, marécages arbustifs).

• Occasionnellement, il pourrait être opportun d’élargir la lisière boisée riveraine jusqu’à 60 m dans le but d’accroître la connectivité du milieu aquatique avec les forêts de conservation environnantes et ainsi favoriser le déplacement de la faune entre ces milieux naturels.

• La largeur des lisières boisées riveraines devrait être établie en fonction de la composition et de la structure du couvert (densité, hauteur) lorsqu’il est question de préserver l’ambiance forestière des superficies adjacentes et d’assurer le maintien d’une obstruction visuelle suffisante pour le déplacement de la faune.

7.1.1.5 Liens avec d’autres enjeux écologiques 

Un lien doit être établi entre ces solutions et celles qui sont proposées dans le chapitre 8 qui suit pour la protection des espèces menacées ou vulnérables et des espèces associées aux

sites fauniques d’intérêt, dans la mesure où ces espèces sont présentes dans les milieux humides, riverains ou aquatiques.

7.1.2 Habitats des milieux humides non riverains et connectivité