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Cibles locales à établir et sites candidats à sélectionner

7. Solutions aux enjeux liés aux milieux humides et riverains

7.1 Prise en compte dans le PAFIT

7.1.4 Milieux humides d’intérêt pour la conservation

7.1.4.3 Cibles locales à établir et sites candidats à sélectionner

Par définition, les milieux humides d’intérêt sont des milieux uniques ou comportant un caractère d’exception. Finalement, la cible des superficies à conserver devrait donc être la suivante.

Cible A : protéger légalement près de 1 % du territoire de l’unité d’aménagement en milieux humides d’intérêt.

Il faut se rappeler que le gouvernement du Québec s’est engagé à porter à 12 % la superficie protégée du territoire québécois d’ici 2015. Cela fait en sorte que les forêts de la zone tempérée nordique et celles de la zone boréale devront contribuer davantage à l’élaboration du réseau québécois des aires protégées. Il pourrait s’avérer nécessaire d’ajouter de 4 à 5 % de nouvelles superficies d’aires protégées dans la zone de forêts sous aménagement.

Dans cette perspective, l’adoption d’une cible de protection de l’ordre de 1 % du territoire de l’unité d’aménagement en milieux humides d’intérêt s’avère intéressante, car elle constitue une contribution significative à l’atteinte des cibles gouvernementales. Pour ce faire, toutefois, il faudra s’assurer que ce résultat constitue véritablement un effort de protection additionnel en n’incluant pas dans le 1 % la superficie des milieux déjà légalement protégés au sein du réseau des aires protégées.

Par ailleurs, on devrait s’assurer de combler d’éventuelles lacunes en matière de conservation des milieux humides à l’échelle locale en cherchant à atteindre la cible suivante.

Cible B : réduire l’écart entre la protection actuelle des milieux humides et l’engagement du gouvernement à protéger un échantillon de ces milieux naturels équivalant à 12 % de ce qui existe.

Un tel écart entre ce qui est protégé et ce qui doit être protégé peut être évalué en soustrayant de la cible de 12 %, fixée par le gouvernement, les efforts déjà consentis à la conservation des milieux humides dans les aires protégées qui sont enclavées dans les limites actuelles de l’unité d’aménagement ou directement adjacentes à ces limites.

Nous recommandons d’établir la cible locale de conservation des milieux humides d’intérêt en fonction du plus élevé de ces deux résultats.

• Par exemple, dans les territoires où les milieux humides couvrent de vastes superficies et une large portion du paysage (Abitibi, Nord-du-Québec, etc.), la protection de 1 % du territoire en milieux humides d’intérêt pourrait paraître insuffisante. Les aménagistes pourraient alors décider d’accroître la contribution des milieux humides d’intérêt (par exemple, jusqu’à 1,5 % ou 2 %), tout en s’assurant de ne pas trop excéder la cible de 12 % de milieux humides protégés. Il est donc possible, dans un tel cas, de dépasser quelque peu la cible de 1 % si l’on considère que pour s’approcher de la cible de 12 %, cela vaut la peine que l’on protège davantage de milieux humides de grand intérêt écologique.

• À l’inverse, dans les territoires à peu près dépourvus de milieux humides, il peut s’avérer souhaitable de préserver davantage de milieux humides que les 12 % recommandés. Il est alors préférable de viser la protection de 1 % du territoire en milieux humides d’intérêt, même si cette cible peut correspondre à une très large partie des milieux humides qui existent au dans l’unité d’aménagement.

• Enfin, les tests indiquent que, dans des situations intermédiaires, les deux cibles proposées aboutissent à des résultats comparables.

Par ailleurs, sachant que de nombreuses contraintes légales et administratives pourront empêcher la reconnaissance d’une partie des sites candidats à titre d’aires protégées, il est recommandé d’accroître de 25 % la quantité initiale de sites candidats mentionnés dans les PAFI, ce qui permettra d’atteindre réellement l’objectif de conserver légalement 1 % du territoire de l’unité d’aménagement en milieux humides d’intérêt.

Enfin, d’autres éléments devraient être considérés au moment de sélectionner les sites candidats de milieux humides d’intérêt et lorsqu’ils seront retirés du territoire sous aménagement forestier.

• Les milieux rares et de grand intérêt, situés dans des aires protégées existantes, ne doivent pas être proposés comme candidats de milieux humides d’intérêt. Ces milieux ne peuvent pas bénéficier de statuts légaux additionnels s’ils figurent déjà dans le registre des aires protégées.

• À l’inverse, les forêts de conservation n’apparaissant pas au registre des aires protégées, telles que les sites fauniques d’intérêt, les forêts à haute valeur de conservation et certains habitats fauniques, peuvent être proposées à titre de milieux humides d’intérêt et bénéficier éventuellement d’une conservation légale à ce titre.

• En présence de sites candidats de même valeur, l’analyste devrait chercher à les sélectionner de manière à ce qu’ils se répartissent équitablement entre les différents bassins et sous-bassins versants et en fonction de leur position (amont par rapport à aval du réseau hydrographique).

• Par principe, tous les milieux humides rares devraient être retenus comme milieux humides d’intérêt, peu importe leur superficie. S’ils ne sont pas associés à des complexes de milieux humides, mais apparaissent plutôt isolément, les peuplements individuels devraient être conservés. Il importe de ne pas forcer leur agrégation à des milieux sans intérêt particulier.

• Les sites sélectionnés et retirés des territoires d’intervention des PAFI doivent comporter, à leur pourtour, des bandes tampons additionnelles de 60 m de largeur.

• Les sites retenus doivent tendre vers des formes régulières et peu effilées. Dans ce dernier cas, la largeur des langues de milieux humides et des corridors riverains ne devrait pas être inférieure à 120 m, quitte à parfaire la forme de ces sites de conservation en y incluant une partie des milieux secs environnants.

• Les sites constitués par agrégation de milieux rares, de milieux humides diversifiés, de sites fauniques d’intérêt, de cours d’eau adjacents, de petits plans d’eau et des bandes tampons associées, devraient viser des superficies minimales de l’ordre de 100 ha pour en faciliter la gestion.

7.1.4.4 Liens avec d’autres enjeux écologiques 

La conservation des milieux humides d’intérêt est une contribution significative du MRN au parachèvement du réseau québécois des aires protégées. Tout en ajoutant au réseau une partie des superficies additionnelles requises d’ici 2015, le Ministère contribuera à accroître la qualité du réseau des aires protégées en lui ajoutant de petits milieux humides spécialement ciblés pour leur grand intérêt écologique.

De telles mesures sont complémentaires à celles qui ont été prises pour les grandes aires protégées. Dans certains cas toutefois, elles peuvent aussi s’ajouter à des dispositions déjà existantes. Un lien étroit existe en effet entre les solutions proposées et celles du chapitre 8 pour la protection des espèces menacées ou vulnérables et des espèces associées aux sites fauniques d’intérêt. Des chevauchements peuvent également exister sur les sites ciblés par les dispositions relatives à :

la protection légale des écosystèmes forestiers exceptionnels;

la protection des aires de concentration d’oiseaux aquatiques et de l’habitat du rat musqué;

l’interdiction d’intervenir dans les milieux humides non boisés (marais, aulnaies, tourbières ouvertes) ainsi que dans le lit des cours d’eau et des lacs;

la protection accrue de certains types de marécages arborescents riverains.

7.2  Références utiles 

Modulation de la lisière boisée riveraine 

BERTRAND,N.,2007.Importance et caractéristiques des milieux forestiers riverains et humides au Québec, Québec, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Direction de l’environnement et de la protection des forêts, 54 p.

DARVEAU,M.,L.BÉLANGER etJ.HUOT, 1999. Étude sur la faune et les lisières boisées riveraines : synthèse des résultats 1988-1996 et recommandations d’aménagement, Québec, Centre de recherche en biologie forestière, Forêt Montmorency et Université Laval, 39 p.

POTVIN, F., et N. BERTRAND, 2004. “Leaving Forest Strips in Large Clearcut Landscapes of Boreal Forest:

A Management Scenario Suitable for Wildlife ?”, The Forestry Chronicle, vol. 80, no 1, p. 44-53.

SIBLEY,P. K.,et A. M.GORDON,2010. L’aménagement des forêts riveraines : système d’aide à la décision, Réseau de gestion durable des forêts, 52 p.

Petits milieux humides et étangs vernaux 

BEAUCHAMP, J., 2007. Impacts de l’exploitation forestière sur les communautés d’amphibiens d’étangs semi-permanents du Bas-Saint-Laurent, Mémoire, Université du Québec à Rimouski, 77 p.

CALHOUN,A. J. K., et P. DE MAYNADIER, 2004. Forestry Habitat Management Guidelines for Vernal Pool Wildlife, Metropolitan Conservation Alliance, Wildlife Conservation Society, 32 p.

Sélection des milieux humides d’intérêt 

HOUDE, L., 2006. Identification des milieux humides à titre de sites fauniques d’intérêt (SFI), gouvernement du Québec, ministère des Ressources naturelles et de la Faune, Faune Québec, Direction de l’aménagement de la faune de la Mauricie, 15 p. + annexes.

JOLY,M., et autres, 2008.Guide d’élaboration d’un plan de conservation des milieux humides, première édition, [En ligne], gouvernement du Québec, ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, 68 p. [http://www.mddep.gouv.qc.ca/eau/rives/guide_plan.pdf].

LEBLANC,C., etB. LAPOINTE, 2004. Outil d’aide à la protection des milieux humides forestiers en terre publique, [En ligne], Corporation d’aménagement et de protection de la Sainte-Anne, 35 p.

MINISTÈRE DES RESSOURCES NATURELLES, 2001. Les écosystèmes forestiers exceptionnels du Québec - Éléments clés de la diversité biologique, [En ligne], gouvernement du Québec, 15 p.

[http://www.mrn.gouv.qc.ca/publications/forets/connaissances/20013072.pdf].

Photo : Fred Klus

Photo : Michel Mongeon

8.  S OLUTIONS  AUX  ENJEUX  LIÉS  AUX  ESPÈCES  NÉCESSITANT  UNE  ATTENTION