nX
j=1|A
k,j|
2
p/2. (A.14)
A.6 Grandes d´eviations
La th´eorie des grandes d´eviations est un ensemble de techniques
permet-tant d’´etudier les probabilit´es d’´ev`enements rares, c’est-`a-dire d’´ev`enements
ne correspondant pas `a un comportement typique du syst`eme. Ces
tech-niques, tr`es robustes et s’appliquant dans des situations tr`es vari´ees,
per-mettent d’estimer asymptotiquement la probabilit´e de tels ´ev`enements en
obtenant des principes de grandes d´eviations, qui sont en quelque sorte un
raffinement d’une loi des grands nombres et d’un th´eor`eme central limite.
On renvoie au livre de Dembo et Zeitouni [DZ] pour les bases de la th´eorie,
dont on va d´etailler ci-dessous quelques points utilis´es dans le chapitre 4.
Un premier exemple de r´esultat de grandes d´eviations est le th´eor`eme
de Cram´er.
Th´eor`eme A.24(Cram´er dansR, voir [DZ, Th´eor`eme 2.2.3]). Soit(X
n)
n≥1une suite de variables al´eatoires i.i.d. `a valeurs r´eelles. Pour toutn≥1, on
note X
n=
n1P
n j=1X
j. Pour tout x∈R, on a
lim
n→+∞1
nlnP(X
n≥x) =−sup
λ≥0(λx−lnE(e
λX1)).
Ce r´esultat fait apparaˆıtre deux points essentiels de la th´eorie des grandes
d´eviations. Tout d’abord, on a typiquement des vitesses exponentielles et
l’objectif est de trouver un ´equivalent des quantit´es lnP(X
n∈ E).
En-suite, l’´equivalent en question s’exprime `a l’aide de la borne inf´erieure ou
sup´erieure d’une fonction, donc on est ramen´e `a des probl`emes de calcul
variationnel.
On remarquera ´egalement que la fonction λ7→E(e
λX1) ´etant la fonction
g´en´eratrice des moments deX
1, on a
quandλest au voisinage de 0.
On donne maintenant la d´efinition d’un principe de grandes d´eviations,
voir ´egalement la section 1.4.
D´efinition A.25. Soit (E,O) un espace topologique. Unefonction de taux
est une fonctionI :E →[0,+∞] semi-continue inf´erieurement (s.c.i.),
c’est-`
a-dire dont les ensembles de niveau {x ∈ E | I(x) ≤ t} sont ferm´es pour
toutt≥0.
Une fonction de taux est ditebonne lorsque ces ensembles sont compacts.
D´efinition A.26. Une suite (µ
n)
n∈Nde mesures sur un espace
topolo-gique (E,O) muni de sa tribu bor´elienne B satisfait le principe de grandes
d´eviations (PGD) de vitesse v gouvern´e par la fonction de taux I dans la
topologieO siv:N→]0,+∞[ admet une limite ´egale `a +∞ et si pour tout
B∈ B, on a
− inf
x∈Int(B)
I(x)≤lim inf
n→+∞
1
v(n)lnµ
n(B)
≤lim sup
n→+∞1
v(n)lnµ
n(B)≤ − inf
x∈Adh(B)I(x) (A.15)
o`u Int(B) et Adh(B) d´esignent respectivement l’int´erieur et l’adh´erence de
B.
Remarques. – On dit qu’une suite de variables al´eatoires satisfait un
PGD si la suite de leurs lois satisfait un PGD.
– La seconde in´egalit´e dans (A.15) est toujours v´erifi´ee. On dit que
(µ
n)
n∈Nsatisfait la borne inf´erieure (resp. sup´erieure) de grandes
d´evia-tions si elle satisfait la premi`ere (resp. troisi`eme) in´egalit´e dans (A.15).
– Un PGD est ´equivalent `a la v´erification de la borne inf´erieure pour
les ouverts et de la borne sup´erieure pour les ferm´es. On dit alors que
(µ
n)
n∈Nsatisfait un PGD faible si elle satisfait la borne inf´erieure pour
les ouverts et la borne sup´erieure pour les compacts.
Le lemme suivant indique que si les mesures ont toutes leur support
inclus dans un mˆeme ferm´e, alors il suffit d’´etablir le PGD sur ce ferm´e.
Lemme A.27(voir [DZ, Lemme 4.1.5(a)]). SoitF un sous-ensemble ferm´e
de E tel que pour tout n∈N, µ
n(F) = 1. Si (µ
n)
n∈Nsatisfait un PGD sur
F avec la bonne fonction de taux I, alors (µ
n)
n∈Nsatisfait aussi un PGD
sur E avec la fonction de tauxJ ´egale `a I sur F et ´egale `a +∞ sur E\F.
Dans le cas d’espaces m´etriques, on peut obtenir un PGD faible en
´etudiant uniquement les boules de l’espace m´etrique.
Proposition A.28 (voir [AGZ, Corollaire D.6]). On suppose que(E, d) est
un espace m´etrique. Si pour tout x∈E, on a
−I(x) = lim sup
δ→0lim sup
n→+∞1
v(n)lnµ
n(B(x, δ))
= lim inf
δ→0lim inf
n→+∞1
v(n)lnµ
n(B(x, δ)),
alors (µ
n)
n∈Nsatisfait le PGD faible de vitesse v, gouvern´e par la fonction
de taux I, dans la topologie induite par d.
Une autre propri´et´e des fonctions de taux pourra aussi ˆetre utilis´ee.
Lemme A.29(voir [DZ, Lemme 4.1.6(a)]). SoitI une fonction de taux. On
consid`ere une famille d´ecroissante de ferm´es (F
δ)
δ>0, c’est-`a-dire F
δ⊂F
δ′pour tousδ < δ
′, et on note F
0=T
δ>0
F
δ. Alors, on a
inf
x∈F0I(x) = lim
δ→0inf
x∈FδI(x).
`
A partir d’un PGD faible, il est possible d’obtenir un PGD grˆace `a un
argument suppl´ementaire : la tension exponentielle de la suite de mesures,
qui est l’id´ee que dans la bonne ´echelle exponentielle, la masse se concentre
sur les compacts.
D´efinition A.30. Une suite (µ
n)
n∈Nde probabilit´es sur un espace
mesu-rable (E,B) est exponentiellement tendue pour la vitesse v si pour tout
A >0, il existe un compact K
Ade E tel que
lim sup
n→+∞
1
v(n)lnµ
n(E\K
A)≤ −A .
Proposition A.31([DZ, Lemme 1.2.18]). Si(µ
n)
n∈Nsatisfait le PGD faible
de vitesse v gouvern´e par la fonction de taux I, et si (µ
n)
n∈Nest
exponen-tiellement tendue, alors (µ
n)
n∈Nsatisfait le PGD de vitesse v gouvern´e par
la fonction de taux I.
Le principe de contraction est une propri´et´e importante de la th´eorie des
grandes d´eviations qui permet d’obtenir un PGD comme image continue
d’un PGD.
Th´eor`eme A.32 (Principe de contraction, voir [DZ, Th´eor`eme 4.2.1]). Si
(µ
n)
n∈Nsatisfait un PGD sur E gouvern´e par la bonne fonction de taux I
et si f :E →F est continue, alors la suite (f ♯µ
n)
n∈Ndes mesures images
satisfait un PGD sur F gouvern´e par la bonne fonction de taux J d´efinie
par
La proposition suivante permet ´egalement de d´eduire un PGD d’un autre
PGD, mais sur le mˆeme espace m´etrique cette fois. L’id´ee est que deux suites
assez proches dans la mˆeme ´echelle exponentielle satisfont le mˆeme PGD.
D´efinition A.33. On suppose que (E, d) est un espace m´etrique. Soient
(Z
n)
n∈Net ( ˜Z
n)
n∈Ndeux suites de variables al´eatoires `a valeurs dans E.
On dit que (Z
n)
n∈Net ( ˜Z
n)
n∈Nsontexponentiellement ´equivalentes pour la
vitessev si pour tout δ >0, on a
lim
n→+∞1
v(n)lnP
d(Z
n,Z˜
n)≥δ
=−∞.
Proposition A.34 (voir [DZ, Th´eor`eme 4.2.13]). On suppose encore que
(E, d) est un espace m´etrique et que (Z
n)
n∈Net ( ˜Z
n)
n∈Nsont des variables
al´eatoires `a valeurs dans E. Si(Z
n)
n∈Net ( ˜Z
n)
n∈Nsont exponentiellement
´equivalentes pour la vitessev et si (Z
n)
n∈Nsatisfait un PGD de vitessev et
de bonne fonction de taux I, alors ( ˜Z
n)
n∈Nsatisfait le mˆeme PGD.
Pour terminer cette partie sur les outils de grandes d´eviations, on ´enonce
un lemme utile permettant d’intervertir des op´erateurs.
Lemme A.35 (voir [DZ, Lemme 1.2.15]). Soient f
1, . . . , f
mdes fonctions
positives au voisinage de 0. On a
lim sup
ε→0εln
mX
i=1f
i(ε)
!
= max
1≤i≤mlim sup
ε→0εln(f
i(ε)).
Dans le document
Grandes d´eviations de matrices aléatoires et équation de Fokker-Planck libre
(Page 188-191)