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Grandes d´eviations de matrices aléatoires et équation de Fokker-Planck libre

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Academic year: 2021

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de Fokker-Planck libre

Benjamin Groux

To cite this version:

Benjamin Groux. Grandes d´eviations de matrices aléatoires et équation de Fokker-Planck libre.

Probabilités [math.PR]. Université Paris Saclay (COmUE), 2016. Français. �NNT : 2016SACLV137�.

�tel-01507380�

(2)

TH` ESE DE DOCTORAT

de

l’Universit´ e Paris-Saclay

Ecole doctorale de math´ematiques Hadamard (EDMH, ED 574) ´

Etablissement d’inscription : ´ Universit´e de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines Laboratoire d’accueil : Laboratoire de Math´ematiques de Versailles, UMR 8100 CNRS

Sp´ ecialit´ e de doctorat : Math´ematiques appliqu´ees

Benjamin GROUX

Grandes d´eviations de matrices al´eatoires et ´ Equation de Fokker-Planck libre

Date de soutenance : 9 d´ecembre 2016

Apr`es avis des rapporteurs : Charles BORDENAVE (Universit´e Paul Sabatier) Florent MALRIEU (Universit´e Fran¸cois Rabelais)

Jury de soutenance :

Florent BENAYCH-GEORGES (Universit´e Paris-Descartes) Pr´esident du jury Djalil CHAFA¨ I (Universit´e Paris-Dauphine) Examinateur

Catherine DONATI-MARTIN (Universit´e de Versailles) Codirectrice de th`ese Oleksiy KHORUNZHIY (Universit´e de Versailles) Examinateur

Myl` ene MA¨ IDA (Universit´e Lille 1) Codirectrice de th`ese

Florent MALRIEU (Universit´e Fran¸cois Rabelais) Rapporteur

(3)
(4)

R´ esum´ e : Cette th`ese s’inscrit dans le domaine des probabilit´es et des statistiques, et plus pr´ecis´ement des matrices al´eatoires.

Dans la premi`ere partie, on ´etudie les grandes d´eviations de la mesure spectrale de matrices de covariance XX

, o` u X est une matrice al´eatoire rectangulaire `a coefficients i.i.d. ayant une queue de probabilit´e en exp( − at

α

), α ∈ ]0, 2[. On ´etablit un principe de grandes d´eviations analogue ` a celui de Bordenave et Caputo, de vitesse n

1+α/2

et de fonction de taux explicite faisant intervenir la convolution libre rectangulaire. La d´emonstration repose sur un r´esultat de quantification de la libert´e asymptotique dans le mod`ele information-plus-bruit.

La seconde partie de cette th`ese est consacr´ee ` a l’´etude du comportement en temps long de la solution de l’´equation de Fokker-Planck libre en pr´esence du potentiel quartique V (x) =

14

x

4

+

2c

x

2

avec c ≥ − 2. On montre que quand t → + ∞ , la solu- tion µ

t

de cette ´equation aux d´eriv´ees partielles converge en distance de Wasserstein vers la mesure d’´equilibre associ´ee au potentiel V . Ce r´esultat fournit un premier exemple de convergence en temps long de la solution de l’´equation des milieux gra- nulaires en pr´esence d’un potentiel non convexe et d’une interaction logarithmique.

Sa d´emonstration utilise notamment des techniques de probabilit´es libres.

Mots-cl´ es : Matrices al´eatoires, Grandes d´eviations, Mod`ele information-plus- bruit, Probabilit´es libres, Relation de subordination, ´ Equation de Fokker-Planck, Equation des milieux granulaires, Convergence en temps long, Mesure d’´equilibre. ´

Title : Large deviations of random matrices and Free Fokker-Planck equation

Summary : In the first part, we study the large deviations of the spectral measure of covariance matrices XX

, where X is a rectangular random matrix with i.i.d.

coefficients having a probability tail like exp( − at

α

), α ∈ (0, 2). We establish a large deviation principle similar to Bordenave and Caputo’s one, with speed n

1+α/2

and explicit rate function involving rectangular free convolution. The proof relies on a quantification result of asymptotic freeness in the information-plus-noise model.

The second part of this thesis is devoted to the study of the long-time behaviour of the solution to free Fokker-Planck equation in the setting of the quartic potential V (x) =

14

x

4

+

2c

x

2

with c ≥ − 2. We prove that when t → + ∞ , the solution µ

t

to this partial differential equation converge in Wasserstein distance towards the equi- librium measure associated to the potential V . This result provides a first example of long-time convergence for the solution of granular media equation with a non- convex potential and a logarithmic interaction. Its proof involves in particular free probability techniques.

Key words : Random matrices, Large deviations, Information-plus-noise model,

Free probability, Subordination property, Fokker-Planck equation, Granular media

equation, Long-time convergence, Equilibrium measure.

(5)
(6)

A l’heure d’´ecrire ces remerciements, je dois admettre que je ressens une ` certaine pression. D’une part, je sais que ces quelques pages seront beau- coup plus compr´ehensibles et donc beaucoup plus lues que les deux cents suivantes et d’autre part, je n’ai envie d’oublier aucune des belles rencontres que j’ai effectu´ees durant ces trois ann´ees et des poussi`eres, que ce soit ` a Versailles, ` a Lille ou ailleurs. Je tiens d’ailleurs par avance ` a m’excuser si j’ai oubli´e quelqu’un dans ces longs remerciements.

Je tiens ` a d´emarrer en remerciant Myl`ene Ma¨ıda, l’une de mes deux formidables directrices de th`ese. Myl`ene m’enseignait le calcul stochastique quand j’´etais ´etudiant dans le Master Probabilit´es et Statistiques d’Orsay puis, lorsque je me suis mis ` a la recherche d’un sujet de th`ese, j’ai eu la chance qu’elle me fasse d´ecouvrir les matrices al´eatoires. Elle m’a rapidement convaincu que ce serait un bon th`eme pour mon m´emoire de Master, puis pour ma th`ese. Je tiens donc ` a remercier sinc`erement Myl`ene non seulement pour m’avoir propos´e un sujet tr`es int´eressant, mais aussi pour avoir ´et´e attentive, patiente et encourageante jusqu’`a la toute fin de ces trois ann´ees.

J’ai pu compter pendant trois ans non pas sur une mais sur deux supers directrices de th`ese puisque j’ai eu l’immense chance d’avoir ´et´e ´egalement encadr´e par Catherine Donati-Martin. Je la remercie naturellement pour avoir accept´e de co-encadrer ma th`ese. Je remercie de plus Catherine pour son accueil chaleureux ` a Versailles, pour avoir ´et´e disponible ` a chaque fois que j’en avais besoin malgr´e ses responsabilit´es, pour toutes nos discussions et pour ses conseils, que ce soit au niveau de la recherche, de l’enseignement ou de la poursuite de carri`ere.

Je dois admettre que la bienveillance de Catherine et Myl`ene, leur en- thousiasme, leur p´edagogie, leur compl´ementarit´e et leur haut niveau math´e- matique m’ont permis de surmonter bien des difficult´es pendant trois ans. Je les remercie donc infiniment pour tout ce qu’elles m’ont apport´e, math´emati- quement et humainement.

Je remercie ensuite Charles Bordenave et Florent Malrieu, qui ont ac- cept´e la lourde tˆ ache de relire en d´etail ce long manuscrit (un peu moins long car il n’y avait pas encore les remerciements mais quand mˆeme...). Je suis

i

(7)

honor´e que Charles ait rapport´e ma th`ese car durant ces derni`eres ann´ees, j’ai pass´e beaucoup de temps ` a ´etudier l’un de ses articles et j’avais tr`es envie de connaˆıtre son opinion sur mes travaux, qui se situent ` a la suite des siens.

Je suis ´egalement flatt´e que Florent ait accept´e de relire ma th`ese, puisqu’il a

´etudi´e des mod`eles assez proches de celui pr´esent´e dans la seconde partie de ce manuscrit. Je suis fier que deux tels sp´ecialistes aient relu mon manuscrit et je les en remercie sinc`erement.

Je tiens ´egalement ` a remercier les trois autres membres de ce jury, en commen¸cant par Oleksiy Khorunzhiy. En effet, non seulement j’ai la chance qu’il fasse partie de mon jury de th`ese, mais Oleksiy est ´egalement un coll`egue qui a ´et´e plusieurs fois ` a mon ´ecoute lorsque je lui pr´esentais l’avanc´ee de mes travaux durant ma th`ese. Je l’en remercie donc. Florent Benaych-Georges a ´egalement accept´e de participer ` a ce jury. Cela me fait tr`es plaisir car en plus d’avoir lu nombre de ses articles, nous nous sommes r´eguli`erement crois´es et il a toujours ´et´e sympathique et int´eress´e par mes travaux. Je le remercie donc chaleureusement. Enfin, Djalil Chafa¨ı me fait l’honneur d’ˆetre pr´esent dans ce jury et je l’en remercie vivement. Je dois avouer que j’admire sa large culture math´ematique autant que la qualit´e d’exposition dont il a fait preuve dans les s´eminaires et conf´erences aux- quels j’ai pu assister.

A ce stade de mes remerciements, je tiens ` ` a mentionner mes coll`egues du Laboratoire de Math´ematiques de Versailles. J’ai beaucoup appr´eci´e l’am- biance familiale qui r`egne au laboratoire et le fait d’avoir ´et´e mis ` a l’aise d`es mon arriv´ee. J’ai notamment une pens´ee envers l’´equipe de probabilit´es et statistiques, tout particuli`erement Alexis pour toutes nos discussions ` a la cantine et dans le couloir et Alain pour ses encouragements r´ep´et´es, envers Christine, Pascal, Laurent et Pierre, avec qui j’ai beaucoup ´echang´e ` a propos de l’enseignement, envers nos efficaces secr´etaires Nad`ege, Liliane et Laure, et bien entendu, envers mes camarades doctorants, tout particuli`erement Antoine pour la qualit´e de son clic-clac mais surtout pour son amiti´e, Ca- milla pour avoir ramen´e de la vie dans le bureau avec Antoine, Patricio et sa tranquillit´e, Tamara qui me tenait compagnie lorsque le bureau ´etait vide, Maxime pour sa bonne humeur et Salim pour nos quelques balles ´echang´ees.

Ayant pass´e la moiti´e de ces trois ann´ees ` a Versailles et l’autre moiti´e

`

a Lille, je remercie aussi tout naturellement l’´equipe de probabilit´es et sta- tistiques du Laboratoire Paul Painlev´e de Lille, au sein de laquelle r`egne

´egalement une ambiance sympathique. Je tiens ` a mentionner ici Chi qui m’a tout de suite mis ` a l’aise lors de mon arriv´ee, ainsi que David C., David D.

et Adrien, sans oublier le groupe de doctorants qui m’a tr`es bien accueilli :

Emilie pour nos nombreuses discussions et sa tarte poire-amandine au cho- ´

colat, Pierre B. que je mentionne sans toutefois le remercier pour nos matchs

de tennis aux r´esultats pr´evisibles malgr´e ma bonne volont´e, le tcho biloute

Geoffrey, ainsi que Pierre H., Julien et tous les autres membres du

groupe

(8)

du midi

, dont Antoine, Ali, Bilal, etc.

La th`ese a ´et´e ´egalement l’occasion pour moi d’assister ` a des conf´erences au cours desquelles j’ai crois´e plein de personnes fort sympathiques. Parmi les doctorants que j’ai crois´es, j’aimerais remercier ici Rapha¨el et son enthou- siasme d´ebordant, Florian alias Jean-Pierre pour nos rigolades et ses invita- tions ` a Rennes, Blandine pour sa grande amabilit´e et ses pˆatisseries, Fanny pour nos discussions math´ematiques enrichissantes, Jean pour sa sympathie et Val´erie, que je connaissais avant la th`ese et avec qui nous avons partag´e quelques questionnements administratifs. Je tiens ´egalement ` a citer quelques jeunes chercheurs sympathiques que j’ai rencontr´es ` a plusieurs reprises au

groupe de travail de l’IHP

ou ailleurs, et avec qui j’ai pris plaisir ` a

´echanger sur divers sujets : Maxime et son ´ecoute, Sandrine et sa gentillesse, Laure et son enthousiasme, Camille pour son invitation au groupe de travail, ainsi que Gr´egory, organisateur d’une m´emorable ´ecole d’´et´e aux Houches en 2015 et Thierry, ` a qui je suis redevable de deux invitations ` a

L’arbre ` a cannelle

.

Il est vrai que, tel Ob´elix, je suis tomb´e dans la marmite des math´ema- tiques ´etant petit. N´eanmoins, je ne serais peut-ˆetre pas venu ` a d´emarrer une th`ese de math´ematiques si tout au long de mes ´etudes, je n’avais pas

´et´e encourag´e, conseill´e et marqu´e par certains professeurs. Je ne peux bien sˆ ur pas tous les citer ici, mais j’aimerais au moins remercier M. Dantec, qui m’a enseign´e les maths en 6

e

et en 4

e

au coll`ege Verlaine de B´ethune, M.

Bertin, mon professeur de maths en MP au lyc´ee Robespierre d’Arras, et M.

Fonton, professeur en MP ´egalement mais en physique pour sa part.

Enfin, je tiens ` a conclure ces remerciements en ´evoquant mes proches, les

personnes les plus importantes dans ma vie, qui sont toujours l` a pour moi et

encore plus dans les moments importants : mes parents Sara et Jean-Marc,

qui sont parfaits avec moi depuis bientˆ ot 27 ans, ma sœur Sabrina, que j’ai

traumatis´ee durant de nombreuses ann´ees ` a vouloir

jouer ` a l’´ecole

(je

suis d´esol´e...), et mon fr`ere Alexandre, que j’adorais voir sauter dans mes

bras ` a chacun de mes retours ` a la maison et qui a vite grandi. La derni`ere

personne que je souhaite remercier est bien entendu celle qui a accept´e de

partager ma vie malgr´e mes d´eplacements r´ep´et´es : ma femme, Marie. Je suis

heureux d’avoir d´ej`a partag´e 9 ans de bonheur avec elle et je suis impatient

que nous d´ecouvrions la vie de parents dans les prochains mois. Je vous

aime.

(9)
(10)

Remerciements i

Notations g´ en´ erales ix

1 Introduction 1

1.1 Th´eorie des matrices al´eatoires . . . . 1

1.2 R´esultats fondamentaux en matrices al´eatoires . . . . 5

1.3 Mod`eles de matrices al´eatoires d´eform´ees . . . . 7

1.4 Grandes d´eviations de matrices al´eatoires . . . . 10

1.5 Mouvement brownien de Dyson et ´equation de Fokker-Planck libre . . . . 11

1.6 Organisation du manuscrit . . . . 14

I Grandes d´ eviations de matrices al´ eatoires 17 2 R´ esultats existants 19 2.1 Mod`eles unitairement invariants . . . . 19

2.2 Mod`eles sous-gaussiens . . . . 23

3 Libert´ e asymptotique de matrices al´ eatoires rectangulaires 27 3.1 Libert´e asymptotique et convolution libre . . . . 27

3.2 Cas des matrices rectangulaires . . . . 30

3.3 Commentaires sur le th´eor`eme 1.5 . . . . 32

3.4 D´emonstration du th´eor`eme 1.5 . . . . 34

3.4.1 Id´ees g´en´erales . . . . 34

3.4.2 Lemme sur la fonction de subordination . . . . 35

3.4.3 Concentration de fonctions de la r´esolvante dans le mod`ele information-plus-bruit . . . . 38

3.4.4 Cas gaussien . . . . 42

3.4.5 Cas g´en´eral . . . . 53

3.4.6 Conclusion . . . . 65

v

(11)

4 Grandes d´ eviations de matrices de covariance ` a coefficients

sous-gaussiens 67

4.1 Commentaires sur le th´eor`eme 1.8 . . . . 67

4.2 Principe de la d´emonstration du th´eor`eme 1.8 . . . . 68

4.3 Equivalences exponentielles . . . . ´ 69

4.4 Grandes d´eviations de µ

C

. . . . 79

4.5 Conclusion . . . . 85

4.6 Alternative avec les graphes al´eatoires . . . . 88

4.6.1 Graphes pond´er´es, topologies . . . . 88

4.6.2 Grandes d´eviations des graphes associ´es ` a C

. . . . . 95

4.6.3 Mesure spectrale d’une mesure sofique . . . . 99

4.6.4 Grandes d´eviations de µ

C

. . . 101

II Etude de l’´ ´ equation de Fokker-Planck libre 105 5 Equation des milieux granulaires ´ 107 5.1 Probl´ematique . . . 107

5.2 M´ethodes analytiques . . . 108

5.2.1 M´ethode de dissipation d’entropie . . . 108

5.2.2 In´egalit´es fonctionnelles . . . 109

5.2.3 Application des in´egalit´es fonctionnelles . . . 112

5.3 M´ethodes probabilistes . . . 113

5.3.1 Utilisation des diffusions . . . 113

5.3.2 Approximation par un syst`eme de particules . . . 114

6 Equation de Fokker-Planck libre ´ 117 6.1 Probl´ematiques . . . 117

6.2 Existence et propri´et´es de la solution . . . 118

6.3 Unicit´e de la solution . . . 121

6.4 Comportement en temps long de la solution . . . 121

6.4.1 Cas d’un potentiel strictement convexe . . . 123

6.4.2 Cas d’un potentiel convexe avec stricte convexit´e ` a l’infini . . . 123

6.4.3 Cas d’un potentiel convexe . . . 126

6.5 Commentaires . . . 133

7 Equation de Fokker-Planck libre avec un potentiel ` ´ a double puits 135 7.1 Le potentiel quartique . . . 135

7.2 Mesures critiques . . . 138

7.3 Equations int´egrales singuli`eres . . . 141 ´

7.4 D´emonstration du th´eor`eme 1.9 . . . 151

7.5 Discussion sur le cas c < − 2 . . . 154

(12)

7.6 Commentaires . . . 157

A Outils g´ en´ eraux 159 A.1 Calculs d’int´egrales . . . 159

A.2 In´egalit´es matricielles . . . 163

A.3 Transform´ees de Stieltjes et r´esolvantes . . . 166

A.4 Distances sur l’ensemble des probabilit´es r´eelles . . . 170

A.5 In´egalit´es concernant la mesure spectrale . . . 172

A.6 Grandes d´eviations . . . 173

A.7 Probabilit´es libres . . . 176

A.7.1 Notions g´en´erales . . . 177

A.7.2 Notion de libert´e . . . 178

A.7.3 Convolutions libres . . . 179

A.7.4 Mouvement brownien libre . . . 180

Bibliographie 183

(13)
(14)

Tout au long de cette th`ese, on utilisera de mani`ere courante les nota- tions suivantes.

N ensemble des entiers naturels

N

ensemble des entiers naturels non nuls R ensemble des nombres r´eels

R

+

ensemble des nombres r´eels positifs C ensemble des nombres complexes R

n

ensemble des n-uplets de nombres r´eels C

0

(E, F ) ensemble des fonctions continues de E dans F E ∪ F r´eunion des ensembles E et F

E ∩ F intersection des ensembles E et F

E \ F diff´erence de l’ensemble E et de l’ensemble F 1

E

fonction indicatrice de l’ensemble E

Card E cardinal de l’ensemble E sign(x) signe du r´eel x

min(x, y) minimum des r´eels x et y max(x, y) maximum des r´eels x et y x ∧ y minimum des r´eels x et y Re z partie r´eelle du complexe z Im z partie imaginaire du complexe z

| z | module du complexe z

δ

j,k

symbole de Kronecker de j et de k

M

n,p

(E) ensemble des matrices n × p ` a coefficients dans l’ensemble E M

n

(E) ensemble des matrices n × n ` a coefficients dans l’ensemble E H

n

(C) ensemble des matrices hermitiennes n × n ` a coefficients complexes U

n

ensemble des matrices unitaires n × n ` a coefficients complexes I

n

matrice unit´e de taille n × n

A

t

transpos´ee de la matrice A A

transconjugu´ee de la matrice A Tr(A) trace de la matrice A

ix

(15)

det(A) d´eterminant de la matrice A P(E) probabilit´e de l’´ev`enement E E(X) esp´erance de la variable al´eatoire X Var(X) variance de la variable al´eatoire X

X ˚ variable al´eatoire X recentr´ee, d´efinie par ˚ X = X − E(X) P (E) ensemble des probabilit´es sur l’ensemble E

supp(µ) support de la mesure µ δ

a

masse de Dirac en a

N (m, σ

2

) loi normale de moyenne m et de variance σ

2

N

2

(m, Σ) loi normale dans R

2

de moyenne m et de matrice de covariance Σ dx mesure de Lebesgue

i.i.d. ind´ependantes identiquement distribu´ees p. s. presque sˆ urement

p. p. presque partout

µ

2

loi de la variable al´eatoire X

2

lorsque X est de loi µ ∈ P (R)

√ µ loi de la variable al´eatoire √

X lorsque X est de loi µ ∈ P ( R

+

) o, O, ∼ notations de Landau

ffl f (x) dx valeur principale de l’int´egrale d’une fonction f

(16)

Introduction

Cette th`ese s’inscrit dans le domaine des probabilit´es et des statistiques, et plus pr´ecis´ement des matrices al´eatoires. Cette introduction est l’occasion de pr´esenter ce domaine de recherche tr`es actif et de montrer ses nombreuses connexions avec d’autres domaines des math´ematiques et de la physique.

Les mod`eles consid´er´es dans cette th`ese sont ´egalement pr´esent´es et les trois r´esultats principaux obtenus dans le cadre de cette th`ese sont ´enonc´es : quan- tification de la libert´e asymptotique dans le mod`ele information-plus-bruit (th´eor`eme 1.5), grandes d´eviations de matrices de covariance ` a coefficients sous-gaussiens (th´eor`eme 1.8) et convergence en temps long de la solution de l’´equation de Fokker-Planck libre (th´eor`eme 1.9).

1.1 Th´ eorie des matrices al´ eatoires

Les math´ematiciens fixent commun´ement l’origine de la th´eorie des ma- trices al´eatoires en 1928, date de publication d’un article o` u le statisticien Wishart calcule la loi de la matrice de covariance empirique d’un ´echantillon gaussien multivari´e dont les dimensions sont fixes [Wis].

Certains auteurs (voir [DF]) font plutˆ ot remonter l’origine de la th´eorie

`

a des travaux de Hurwitz de 1897 [Hur] concernant l’int´egration contre la mesure de Haar sur des groupes classiques.

A partir des ann´ees 1940, les matrices al´eatoires commencent ` ` a ap- paraˆıtre dans des travaux de von Neumann et Goldstine [vNG, GvN] sur la pr´ecision d’algorithmes d’inversion matricielle.

Puis, dans les ann´ees 1950, le physicien Wigner, laur´eat du prix Nobel de physique en 1963, constate que certaines fonctions d’onde intervenant en m´ecanique quantique sont trop compliqu´ees ` a ´etudier et que, comme en m´ecanique statistique, il vaut mieux se contenter de d´ecrire les propri´et´es statistiques moyennes du syst`eme global plutˆ ot que de chercher ` a d´ecrire le comportement individuel de ses constituants. En particulier, afin de d´ecrire les niveaux de haute ´energie de noyaux atomiques lourds soumis ` a une forte

1

(17)

excitation, il sugg`ere de remplacer l’op´erateur hamiltonien du syst`eme par une matrice al´eatoire de tr`es grande taille, dont l’espacement entre les valeurs propres d´ecrit assez bien les fluctuations de l’espacement entre les niveaux d’´energie du noyau atomique, habituellement d´ecrit par les valeurs propres de l’op´erateur hamiltonien [Wig1].

C’est ` a partir de ces travaux que, dans les ann´ees 1960, la th´eorie connaˆıt ses premiers d´eveloppements importants. Apr`es la d´ecouverte de la loi du demi-cercle par Wigner, Gaudin puis Mehta ont d´emarr´e l’analyse math´ema- tique rigoureuse des matrices al´eatoires, poursuivie par les travaux de Dyson.

Ce dernier a non seulement exhib´e les trois ensembles classiques de la th´eorie (GOE, GUE, GSE) mais il a aussi fait le lien avec la th´eorie des syst`emes int´egrables. Le livre de Mehta de 1967 [Meh] regroupe les premiers d´evelop- pements de la th´eorie des matrices al´eatoires.

La th´eorie connaˆıt un v´eritable essor ` a partir de cette ´epoque, principa- lement en physique th´eorique, mˆeme si certains aspects math´ematiques se d´eveloppent ind´ependamment des applications physiques.

En effet, la loi de Marcenko-Pastur apparaˆıt en 1967 et le lien est fait entre les matrices al´eatoires et les int´egrales sur des ensembles de matrices invariants, avec les polynˆomes sym´etriques homog`enes, puis surtout avec la th´eorie des nombres via la conjecture de Montgomery en 1973, et avec les alg`ebres d’op´erateurs via la th´eorie des probabilit´es libres de Voiculescu dans les ann´ees 1990.

Par ailleurs, outre les applications en physique nucl´eaire, la th´eorie des matrices al´eatoires s’unifie avec la th´eorie des syst`emes d´esordonn´es (th´eorie de la localisation d’Anderson, m´ethode supersym´etrique d’Efetov) dans les ann´ees 1980 et suscite l’int´erˆet en th´eorie du chaos quantique suite ` a la formulation de la conjecture de Bohigas-Giannoni-Schmit en 1984. De nou- veaux ensembles de matrices al´eatoires sont par ailleurs introduits afin de d´ecrire les spectres apparaissant en th´eorie quantique des champs (chromo- dynamique quantique) et en physique de la mati`ere condens´ee (supracon- ducteurs d´esordonn´es). De plus, suite ` a des travaux de ’t Hooft, le lien est fait entre les matrices al´eatoires et la gravit´e quantique en deux dimensions, ces deux th´eories faisant apparaˆıtre des probl`emes combinatoires similaires.

Le succ`es de la th´eorie des matrices al´eatoires en physique s’explique notamment par ses ph´enom`enes d’universalit´e, ` a savoir qu’elle permet de d´ecrire des syst`emes vari´es dont les points communs sont le comportement chaotique dˆ u ` a l’al´ea et des conditions de sym´etrie g´en´erales. ` A partir des ann´ees 1990, les travaux math´ematiques sur les matrices al´eatoires se multi- plient, portant notamment sur la formalisation rigoureuse de ces ph´enom`enes d’universalit´e et sur l’´etude des statistiques de matrices al´eatoires.

A l’heure actuelle, la th´eorie des matrices al´eatoires continue ` ` a se d´evelop-

per tout comme ses applications, les plus r´ecentes ´etant les syst`emes de

t´el´ecommunications sans fil et la finance. Voici justement quelques-unes de

(18)

ces applications. Cette liste non exhaustive peut ˆetre compl´et´ee ` a l’aide des articles de revue [FSV, GMGW, Fyo] et des ouvrages de r´ef´erence [ABDF, AGZ, BS1, Dei, For, HP3, Meh, PS] par exemple.

Th´eorie des nombres. L’un des plus c´el`ebres probl`emes math´ematiques actuels est l’hypoth`ese de Riemann, qui conjecture que les z´eros non tri- viaux de la fonction zˆeta de Riemann sont tous de partie r´eelle ´egale ` a

12

. En 1973, Montgomery conjecture que la fonction de corr´elation entre deux z´eros non triviaux de la fonction zˆeta s’exprime ` a l’aide du noyau sinus, qui d´ecrit ´egalement les corr´elations entre deux valeurs propres de certaines ma- trices al´eatoires de grande taille, comme lui signale Dyson. D`es lors, l’int´erˆet math´ematique pour les matrices al´eatoires a explos´e et certaines analogies sont exploit´ees en th´eorie des nombres, principalement sous forme de conjec- tures.

Analyse de donn´ees de grande dimension. En statistique, des techniques telles que l’analyse en composantes principales permettent d’´etudier des ma- trices regroupant des observations num´eriques. Cependant, lorsqu’on est en pr´esence de matrices de tr`es grandes dimensions, comme c’est de plus en plus le cas de nos jours avec la multiplication des donn´ees, les techniques issues de la th´eorie des matrices al´eatoires peuvent s’av´erer r´eellement pertinentes.

Par exemple, en traitement du signal, elles sont utilis´ees pour montrer que la solution d’un probl`eme d’optimisation permet de reconstruire un signal parcimonieux.

T´el´ecommunications. Il existe plusieurs mod`eles de communication sans fil dont l’´etude requiert l’usage des matrices al´eatoires. Prenons l’exemple du mod`ele MIMO, dans lequel n antennes re¸coivent les signaux ´emis par p autres antennes. Le canal peut ˆetre mod´elis´e par une matrice al´eatoire dont les coefficients repr´esentent les gains entre une antenne ´emettrice donn´ee et une antenne r´eceptrice donn´ee. La performance du canal de communication est alors donn´ee par des statistiques du spectre de la matrice al´eatoire, qui peut ˆetre choisie suivant diff´erents mod`eles.

M´ecanique statistique. La loi de la plus grande valeur propre d’une grande matrice al´eatoire gaussienne, calcul´ee par Tracy et Widom, intervient dans le probl`eme combinatoire de la plus longue sous-suite croissante d’une per- mutation al´eatoire. Dans une autre perspective, elle permet ´egalement de d´ecrire les fluctuations de la fonction de hauteur dans des mod`eles de crois- sance de surfaces al´eatoires ´etudi´es en m´ecanique statistique, comme le mod`ele ASEP.

Chromodynamique quantique (QCD). La QCD est une th´eorie physique

cherchant ` a expliquer la coh´esion du noyau atomique via la description de

(19)

Figure 1.1 – Connexions de la th´eorie des matrices al´eatoires.

(20)

l’interaction forte, en attribuant ` a chaque quark et ` a chaque antiquark une couleur. Les matrices al´eatoires interviennent en QCD puisque d’une part, lorsqu’on consid`ere un grand nombre de couleurs, la fonction de partition qui apparaˆıt fait intervenir les mˆemes comptages de diagrammes planaires qu’en th´eorie des matrices al´eatoires, et d’autre part, la limite ` a basse ´energie de la QCD fait intervenir des int´egrales matricielles.

Les principaux connexions et champs d’application des matrices al´eatoires peuvent ˆetre r´esum´es ` a l’aide du diagramme de la figure 1.1.

1.2 R´ esultats fondamentaux en matrices al´ eatoires

De nombreux mod`eles de matrices al´eatoires ayant ´et´e ´etudi´es, on pr´esente dans ce manuscrit les deux mod`eles historiques et principaux : les matrices de Wigner et les matrices de covariance empirique.

D´ efinitions 1.1. • Une matrice de Wigner est une matrice al´eatoire her- mitienne X ∈ H

N

( C ) telle que (X

j,j

)

1≤j≤N

et (X

j,k

)

1j<kN

sont deux familles ind´ependantes de variables i.i.d. centr´ees.

• Une matrice de covariance (empirique) est une matrice al´eatoire de la forme XX

, o` u X ∈ M

n,p

( C ) est une matrice al´eatoire dont les coefficients sont i.i.d. et centr´es.

Parmi ces matrices, celles dont les coefficients sont gaussiens sont d’un int´erˆet tout particulier. On appelle ensemble gaussien orthogonal (GOE) l’ensemble des matrices de Wigner telles que X

1,1

suit la loi N (0, 2) et X

1,2

est une gaussienne standard. On parle d’ensemble gaussien unitaire (GUE) lorsque X

1,1

suit la loi N (0, 1) et X

1,2

suit la loi N

2

0,

12

I

2

. On peut

´egalement consid´erer l’ensemble gaussien symplectique (GSE) en utilisant les quaternions. De mani`ere analogue, on appelle respectivement ensemble de Laguerre orthogonal, unitaire, symplectique, et on note resp. LOE, LUE, LSE, l’ensemble des matrices de covariance empiriques XX

o` u les X

j,k

sont resp. des gaussiennes r´eelles, complexes, quaternioniques.

Ces ensembles gaussiens sont en effet des mod`eles particuliers pour les- quels il est possible de calculer explicitement la loi jointe des valeurs propres.

Par exemple, pour le GOE (resp. GUE, GSE), cette loi jointe a une densit´e proportionnelle ` a

1

, . . . , λ

N

) 7→ Y

1≤j<k≤N

| λ

j

− λ

k

|

β

exp

 − 1 2

X

N j=1

λ

2j

par rapport ` a la mesure de Lebesgue sur R

N

avec β = 1 (resp. β = 2, β = 4).

Ce sont quasiment les seuls mod`eles pour lesquels il est possible d’obtenir

la loi jointe des valeurs propres et donc d’effectuer des calculs explicites.

(21)

Cependant, de nombreux ph´enom`enes sont montr´es ou conjectur´es comme

´etant universels en th´eorie des matrices al´eatoires, la compr´ehension du cas gaussien donne ainsi une intuition pour les autres cas.

Les th´eor`emes fondamentaux de la th´eorie des matrices al´eatoires concernent le comportement asymptotique global des valeurs propres dans les mod`eles pr´ec´edents. Pour ´etudier ce comportement, on utilise la notion de mesure spectrale empirique.

D´ efinition 1.2. La mesure spectrale (empirique) d’une matrice A ∈ M

n

(C) est la probabilit´e

µ

A

= 1 n

X

n k=1

δ

λk(A)

o` u λ

1

(A), . . . , λ

n

(A) sont les valeurs propres de A.

Le th´eor`eme de Wigner (d´emontr´e pour le GOE dans [Wig2]) affirme que si X ∈ H

N

(C) est une matrice de Wigner et si la variance Var(X

1,2

) = E | X

1,2

− E(X

1,2

) |

2

vaut 1, alors, quand N → + ∞ , presque sˆ urement, la mesure spectrale µ

X/N

converge en loi vers une mesure d´eterministe ex- plicite, et ceci ind´ependamment de la loi des coefficients. Cette loi est la loi semi-circulaire, not´ee µ

sc

et d´efinie par

sc

(x) = 1 2π

p 4 − x

2

1

[2,2]

(x) dx . (1.1)

Figure 1.2 – Densit´e de la loi semi-circulaire.

Ce r´esultat peut ˆetre ´etendu aux matrices de covariance. Le th´eor`eme de Marcenko-Pastur [MP] affirme en effet que si XX

est une matrice de covariance dont les coefficients de X ∈ M

n,p

(C) sont de variance 1, alors quand n, p → + ∞ avec

np

→ c ∈ ]0, + ∞ [, presque sˆ urement, la mesure spectrale µ

XX/p

converge en loi vers la loi de Marcenko-Pastur de param`etre c, not´ee µ

MP,c

, d´efinie par

MP,c

(x) = max

1 − 1 c , 0

δ

0

+

p (b

c

− x)(x − a

c

)

2πxc 1

[ac,bc]

(x) dx (1.2)

(22)

o` u a

c

= (1 − √

c)

2

et b

c

= (1 + √ c)

2

.

(a)c= 0,5. (b)c= 1. (c)c= 2.

Figure 1.3 – Densit´e de la loi de Marcenko-Pastur pour diff´erentes valeurs de c.

Concernant le comportement asymptotique du spectre d’une matrice al´eatoire, de nombreuses autres questions sont int´eressantes, comme le com- portement des valeurs propres extrˆemes.

Bai et Yin [BY1] ont par exemple d´emontr´e que sous les hypoth`eses du th´eor`eme de Wigner et sous l’hypoth`ese suppl´ementaire E | X

1,2

|

4

< + ∞ , on

a λ

max

√ N → 2 et λ

min

√ N → − 2 p. s.

quand N → + ∞ , o` u λ

max

et λ

min

d´esignent respectivement la plus grande et la plus petite valeur propre de X. De mˆeme, sous les hypoth`eses du th´eor`eme de Marcenko-Pastur et sous l’hypoth`ese E | X

1,1

|

4

< + ∞ , on a

λ

max

n → b

c

= (1 + √

c)

2

et λ

min

n → a

c

= (1 − √

c)

2

p. s.

quand n, p → + ∞ avec

np

→ c ∈ ]0, + ∞ [, o` u λ

max

et λ

min

d´esignent respec- tivement la plus grande et la plus petite valeur propre non triviale de XX

, voir [YBK, BY2] et [Tik].

De nombreuses autres questions peuvent ˆetre ´etudi´ees, comme le com- portement des vecteurs propres, l’espacement entre les valeurs propres etc., voir par exemple [AGZ] et les r´ef´erences ` a l’int´erieur.

1.3 Mod` eles de matrices al´ eatoires d´ eform´ ees

Le comportement asymptotique de la mesure spectrale d’une matrice de

Wigner ou d’une matrice de covariance empirique ´etant assez bien compris,

on peut ensuite s’int´eresser ` a l’´etude des d´eformations de ces mod`eles. Les

principaux mod`eles de d´eformations sont les suivants :

(23)

– d´eformation additive X + A o` u A ∈ H

N

(C) ;

– d´eformation multiplicative A

1/2

XX

A

1/2

, o` u A ∈ H

n

(C) est d´efinie positive et A

1/2

d´esigne sa racine carr´ee d´efinie positive ;

– mod`ele information-plus-bruit (X + A)(X + A)

, o` u A ∈ M

n,p

(C).

Pour ces trois mod`eles de d´eformation, il est possible de d´ecrire le com- portement asymptotique de la mesure spectrale ` a l’aide des convolutions libres. Ces convolutions libres peuvent ˆetre d´efinies de mani`ere combina- toire dans le cadre de la th´eorie des probabilit´es libres (voir annexe A.7), de mani`ere analytique, ou alors plus intuitivement ` a l’aide de matrices al´eatoires.

D´ efinition 1.3 (voir [AGZ, Corollaire 5.4.11]). Soient A et B deux matrices al´eatoires hermitiennes N × N ind´ependantes telles que :

– A ou B est unitairement invariante, c’est-` a-dire pour M = A ou B, pour toute matrice U ∈ U

N

, U M U

a la mˆeme loi que M ;

– µ

A

et µ

B

convergent faiblement en probabilit´e vers des lois µ

1

et µ

2

sur R quand N → + ∞ .

Alors, quand N → + ∞ , la mesure spectrale µ

A+B

converge faiblement en probabilit´e vers une loi d´eterministe ne d´ependant que de µ

1

et µ

2

. Cette loi est appel´ee convolution (additive) libre de µ

1

et µ

2

et not´ee µ

1

⊞ µ

2

. Si de plus, la matrice A est positive, alors, quand N → + ∞ , la mesure spec- trale µ

A1/2BA1/2

converge faiblement en probabilit´e vers une loi d´eterministe ne d´ependant que de µ

1

et µ

2

. Cette loi est appel´ee convolution multiplicative libre de µ

1

et µ

2

et not´ee µ

1

⊠ µ

2

.

De mˆeme, on peut s’int´eresser aux valeurs singuli`eres de la somme de deux matrices rectangulaires. On rappelle que les valeurs singuli`eres d’une matrice A ∈ M

n,p

( C ), not´ees σ

1

(A), . . . , σ

n∧p

(A) sont les racines carr´ees des valeurs propres de la matrice positive AA

si n ≤ p, ou A

A si n ≥ p. On d´efinit alors une probabilit´e sur R

+

, appel´ee mesure empirique des valeurs singuli`eres de A, par

ν

A

= 1 n ∧ p

n∧p

X

k=1

δ

σk(A)

.

D´ efinition 1.4 (voir [BG1, Th´eor`eme 3.13]). Soient A et B deux matrices al´eatoires n × p ind´ependantes telles que :

– A ou B est bi-unitairement invariante, c’est-` a-dire pour M = A ou B, pour toutes matrices U ∈ U

n

et V ∈ U

p

, U M V a la mˆeme loi que M ; – ν

A

et ν

B

convergent faiblement en probabilit´e vers des lois µ

1

et µ

2

sur R

+

quand n, p → + ∞ avec

np

→ c ∈ [0, + ∞ [.

Alors, quand n → + ∞ , la mesure empirique des valeurs singuli`eres ν

A+B

converge faiblement en probabilit´e vers une loi d´eterministe ne d´ependant

que de µ

1

, µ

2

et c. Cette loi est appel´ee convolution libre rectangulaire de

rapport c de µ

1

et µ

2

et not´ee µ

1

c

µ

2

.

(24)

Autrement dit, la mesure spectrale empirique µ

(A+B)(A+B)

converge vers la mesure √ µ

1

c

√ µ

2

2

, o` u pour tout µ ∈ P (R), µ

2

d´esigne la loi de X

2

lorsque X est de loi µ et pour tout µ ∈ P (R

+

), √ µ d´esigne la loi de √

X lorsque X suit la loi µ.

La convolution libre rectangulaire permet donc de d´ecrire le comporte- ment de la mesure spectrale dans le mod`ele information-plus-bruit. Il est mˆeme possible de le quantifier. Pour cela, on d´efinit une famille de distances sur P ( R ) par

d

s,t

(µ, ν ) = sup

z∈Vs,t

| G

µ

(z) − G

ν

(z) | (1.3) pour tous s, t > 0, o` u G d´esigne la transformation de Stieltjes d´efinie par

G

µ

(z) = ˆ

R

1

z − y dµ(y)

pour tous µ ∈ P (R) et z ∈ C \ R (voir annexe A.3), et o` u V

s,t

=

z ∈ C

Im z > s,

Re z Im z < t

. (1.4)

Figure 1.4 – Le domaine V

s,t

.

Mentionnons que d

s,t

est une distance pour la convergence en loi et que pour tous µ, ν ∈ P (R), on a

d

s,t

(µ, ν) ≤ min (d

KS

(µ, ν ), W

1

(µ, ν)) (1.5) d`es que s ≥ π, o` u d

KS

et W

1

d´esignent respectivement les distances de Kolmogorov-Smirnov et de Wasserstein d’ordre 1 (voir annexe A.4).

Le premier r´esultat important de cette th`ese peut ainsi ˆetre ´enonc´e.

Th´ eor` eme 1.5. On suppose que c

n

=

np

est minor´e et major´e par deux

constantes strictement positives. Soit c ≥ 0. Il existe s, t > 0 et une constante

c

s,t

> 0 tels que pour toute matrice al´eatoire Y ∈ M

n,p

(R) ` a coefficients i.i.d.

(25)

v´erifiant Var(Y

1,1

) = 1 et E(Y

1,14

) < + ∞ , pour toute matrice d´eterministe M ∈ M

n,p

(R) et pour tout n assez grand, on a

d

s,t

(Y /p+M)(Y /p+M)t

, √ µ

M Mt

c

√ µ

MP,c

2

≤ c

s,t

E | Y ˚

1,1

|

3

+ E( ˚ Y

1,14

) 1

√ n + Tr(M M

t

)

1/2

n

!

+ c

s,t

| c

n

− c | + 1

n + Tr(M M

t

)

1/2

n

5/4

! ,

o` u Y ˚

1,1

= Y

1,1

− E (Y

1,1

).

Ce r´esultat de quantification de la libert´e asymptotique dans le mod`ele information-plus-bruit sera comment´e en d´etail dans la section 3.3 et d´emontr´e dans la section 3.4.

1.4 Grandes d´ eviations de matrices al´ eatoires

Apr`es l’obtention de r´esultats de convergence, il est naturel de se poser la question de la vitesse de cette convergence. [LP2] ont par exemple obtenu des th´eor`emes de la limite centrale pr´ecisant la vitesse de convergence dans les th´eor`emes de Wigner et de Marcenko-Pastur. Un autre moyen de quantifier ces convergences est l’´etablissement de principes de grandes d´eviations, dont on rappelle la d´efinition (voir aussi annexe A.6 et [DZ]).

D´ efinition 1.6. Une suite (Z

n

)

nN

de variables al´eatoires ` a valeurs dans un espace topologique (E, O ) muni de sa tribu bor´elienne B satisfait le principe de grandes d´eviations (PGD) de vitesse v avec la fonction de taux I dans la topologie O si :

– I : E → [0, + ∞ ] est semi-continue inf´erieurement, c’est-` a-dire l’en- semble de niveau { x ∈ E | I (x) ≤ t } est ferm´e pour tout t ≥ 0 ; – v : N → ]0, + ∞ [ admet une limite ´egale ` a + ∞ ;

– pour tout B ∈ B , on a

− inf

x∈Int(B)

I(x) ≤ lim inf

n→+∞

1

v(n) ln P (Z

n

∈ B )

≤ lim sup

n→+∞

1

v(n) ln P (Z

n

∈ B ) ≤ − inf

x∈Adh(B)

I (x) o` u Int(B) et Adh(B) d´esignent respectivement l’int´erieur et l’adh´erence de B.

On dit que la fonction de taux I est bonne si l’ensemble de niveau { x ∈

E | I(x) ≤ t } est compact pour tout t ≥ 0.

(26)

On d´etaillera dans le chapitre 2 les principes de grandes d´eviations exis- tants en th´eorie des matrices al´eatoires, notamment ceux de Ben Arous et Guionnet [BAG] pour le GUE, de Hiai et Petz [HP1] pour le LUE et de Bordenave et Caputo [BC] pour des matrices de Wigner ` a coefficients sous- gaussiens au sens suivant.

D´ efinition 1.7. Soient α > 0 et a ∈ ]0, + ∞ ]. On note S

α

(a) la classe des variables al´eatoires Z telles que

t→

lim

+∞

t

α

ln P( | Z | ≥ t) = − a

et telles que | Z | et Z/ | Z | sont ind´ependantes pour de grandes valeurs de | Z | , dans le sens o` u il existe t

0

> 0 et une probabilit´e ϑ

a

sur le cercle unit´e S

1

tels que pour tout t ≥ t

0

et pour tout U ⊂ S

1

mesurable, on a

P( | Z | ≥ t et Z/ | Z | ∈ U ) = ϑ

a

(U)P( | Z | ≥ t) .

Il est possible d’´etendre le r´esultat de Bordenave et Caputo aux matrices de covariance empiriques ` a coefficients sous-gaussiens, ce qui constitue le deuxi`eme r´esultat important de cette th`ese.

Th´ eor` eme 1.8. Soit X ∈ M

n,p

( R ) une matrice al´eatoire telle que c

n

=

n

p

→ c ∈ ]0, + ∞ [. On suppose que les coefficients de X sont i.i.d., que Var(X

1,1

) = 1 et qu’il existe α ∈ ]0, 2[ et a ∈ ]0, + ∞ ] tels que X

1,1

∈ S

α

(a).

Alors, la mesure spectrale empirique µ

XXt/p

satisfait le PGD de vitesse n

1+α/2

sur P (R

+

), gouvern´e par la bonne fonction de taux J

d´efinie par

J

(µ) =

 

a

cα/2

m

α/2

(ν) s’il existe ν ∈ P (R

+

) telle que µ = √

ν ⊞

c

√ µ

MP,c

2

et ν ( { 0 } ) ≥ max 0, 1 −

1c

+ ∞ sinon

o` u m

p

(µ) = ´

R

| x |

p

dµ(x) d´esigne le p-i`eme moment d’une loi µ.

Ce r´esultat sera comment´e dans la section 4.1. On verra en particulier que sa d´emonstration, pr´esent´ee dans le chapitre 4, fait intervenir de mani`ere cruciale le th´eor`eme 1.5 de libert´e asymptotique pour le mod`ele information- plus-bruit.

1.5 Mouvement brownien de Dyson et ´ equation de Fokker-Planck libre

Des mod`eles de matrices al´eatoires dynamiques ont aussi ´et´e ´etudi´es,

dans lesquels les coefficients des matrices ne sont plus des variables al´eatoires

mais des processus stochastiques. Le mod`ele le plus c´el`ebre est celui o` u les co-

efficients sont des mouvements browniens. Les valeurs propres d’une matrice

(27)

hermitienne de taille N × N ` a coefficients browniens, not´ee (H

tN

)

t0

, forment un gaz de particules appel´e mouvement brownien de Dyson. Dyson a en effet montr´e en 1962 [Dys] que les valeurs propres ordonn´ees (λ

N1

(t), . . . , λ

NN

(t))

t0

de la matrice H

tN

/ √

N appartiennent presque sˆ urement au simplexe ouvert

N

=

(x

1

, . . . , x

N

) ∈ R

N

| x

1

< x

2

< . . . < x

N

et qu’elles satisfont le syst`eme d’´equations diff´erentielles stochastiques (EDS) :

∀ j ∈ J1, N K, dλ

Nj

(t) = 1

√ N dB

j

(t) + 1 N

X

k6=j

1

λ

Nj

(t) − λ

Nk

(t) dt , o` u les B

j

sont des mouvements browniens r´eels standards ind´ependants. Voir aussi [AGZ, Section 4.3].

De mani`ere plus g´en´erale, on peut consid´erer le mouvement brownien de Dyson g´en´eralis´e (GDBM), d´efini comme ´etant la solution du syst`eme d’EDS :

∀ j ∈ J1, N K, dλ

Nj

(t) = r 2

βN dB

j

(t)+ 1 N

X

k6=j

1

λ

Nj

(t) − λ

Nk

(t) dt − 1

2 V

Nj

(t))dt , (1.6) o` u les B

j

sont des mouvements browniens standards ind´ependants, β > 0 est le param`etre de Dyson habituel en matrices al´eatoires et V est un potentiel g´en´eral de confinement pour les particules. Mˆeme si ce syst`eme d’EDS ne repr´esente pas les valeurs propres d’un mod`ele matriciel explicite en toute g´en´eralit´e, on peut montrer sous certaines hypoth`eses sur V et β que le GDBM est bien d´efini (voir [LLX, Th´eor`eme 1.1]), c’est-` a-dire ´etant donn´ee une condition initiale λ

N

(0) ∈ ∆

N

, le syst`eme d’EDS (1.6) admet une unique solution forte (λ

N

(t))

t≥0

` a valeurs dans ∆

N

.

Pour ce processus de N particules, on d´efinit la mesure spectrale empi- rique au temps t par

L

N

(t) = 1 N

X

N k=1

δ

λN k(t)

.

D’une part, ` a N fix´e, quand t → + ∞ , la mesure L

N

(t) converge vers la mesure empirique L

N

de N particules distribu´ees selon

1 Z

N

Y

1≤j<k≤N

| x

j

− x

k

|

β

exp

 − βN 2

X

N j=1

V (x

j

)

 dx

1

. . . dx

N

.

En effet, cette loi est la mesure de Gibbs associ´ee au syst`eme d’EDS (1.6) et on peut appliquer un th´eor`eme ergodique.

Lorsqu’on fait ensuite tendre N vers + ∞ , la mesure L

N

converge alors vers

(28)

la mesure d’´equilibre µ

V

associ´ee au potentiel V . Cette mesure, bien connue en th´eorie du potentiel [ST], est d´efinie lorsque V satisfait

|x|→

lim

+∞

V (x) − 2 ln | x | = + ∞ comme ´etant l’unique minimiseur sur P (R) de la fonction

µ 7→ −

¨

R2

ln | x − y | dµ(x)dµ(y) + ˆ

R

V (x) dµ(x) ,

´egalement connue en probabilit´es libres sous l’appellation d’entropie libre de Voiculescu.

D’autre part, Li, Li et Xie [LLX, Th´eor`eme 1.4] ont montr´e que si L

N

(0) converge vers une mesure µ(0) ` a support compact et si V

′′

est uniform´ement minor´ee, alors, quand N → + ∞ , la mesure L

N

(t) converge vers une loi µ

t

, satisfaisant l’´equation de Fokker-Planck libre

∂µ

t

∂t = ∂

∂x

µ

t

1

2 V

− Hµ

t

(1.7) de condition initiale µ(0), o` u H d´esigne la transform´ee de Hilbert, c’est-` a- dire pour toute mesure µ sur R et tout x ∈ R,

Hµ(x) =

R

1

x − y dµ(y) = lim

ε→0

ˆ

R\[x−ε,x+ε]

1

x − y dµ(y) par d´efinition de la valeur principale ffl

.

La question de la commutativit´e du diagramme L

N

(t) → µ

t

↓ ↓ ?

L

N

→ µ

V

est donc toute naturelle.

On verra dans le chapitre 6 que Li, Li et Xie [LLX, Th´eor`eme 1.6] ont montr´e la convergence de µ

t

vers µ

V

quand t → + ∞ dans le cas o` u le potentiel V est C

2

et strictement convexe. Ce r´esultat englobe le cas du tr`es

´etudi´e potentiel quadratique V (x) =

12

x

2

, pour lequel la mesure d’´equilibre est la loi semi-circulaire µ

sc

, et aussi celui du potentiel quartique

V (x) = 1 4 x

4

+ c

2 x

2

lorsque c ≥ 0. Pour ce potentiel, la mesure d’´equilibre est ´egalement expli-

cite, voir [Joh1, Exemple 3.2] ou le chapitre 7 :

(29)

– si c ≥ − 2, alors µ

V

a pour densit´e ρ

V

(x) = 1

π 1

2 x

2

+ b

0

p

a

2

− x

2

1

[a,a]

(x) (1.8) avec

a

2

= 2 3

p c

2

+ 12 − c

, b

0

= 1 3 c +

r c

2

4 + 3

!

; – si c < − 2, alors µ

V

a pour densit´e

ρ

V

(x) = 1 2π | x | p

(x

2

− a

2

)(b

2

− x

2

)1

[b,a][a,b]

(x) (1.9) avec a

2

= − 2 − c, b

2

= 2 − c.

(a)c=−1. (b)c=−2. (c)c=−3.

Figure 1.5 – Allure de la densit´e ρ

V

pour diff´erentes valeurs de c.

Le troisi`eme r´esultat principal de cette th`ese est le suivant.

Th´ eor` eme 1.9. Soit V (x) =

14

x

4

+

c2

x

2

avec c ≥ − 2. La solution (µ

t

)

t0

de l’´equation de Fokker-Planck libre (1.7) de condition initiale µ

0

` a support compact satisfait

t→

lim

+∞

W

p

t

, µ

V

) = 0

pour tout p ≥ 1, o` u W

p

d´esigne la distance de Wasserstein d’ordre p (voir annexe A.4) et µ

V

est la mesure d’´equilibre donn´ee par (1.8).

Le th´eor`eme 1.9, d´emontr´e dans la section 7.4, r´epond ` a une conjecture de Li, Li et Xie [LLX] et fournit un premier exemple de convergence en temps long de la solution de l’´equation des milieux granulaires (5.1) en pr´esence ` a la fois d’un potentiel confinant non convexe et d’une interaction logarithmique.

1.6 Organisation du manuscrit

La suite de ce manuscrit est organis´e en deux grandes parties.

La premi`ere partie concerne les grandes d´eviations de matrices al´eatoires.

On y pr´esente les r´esultats d´ej`a existants sur ce sujet dans le chapitre 2, ainsi

(30)

que le lien entre les propri´et´es de libert´e asymptotique, les convolutions libres et certains probl`emes de grandes d´eviations, comme bri`evement mentionn´e ci-dessus. La propri´et´e de libert´e asymptotique pour les matrices de type information-plus-bruit (th´eor`eme 1.5) est d´emontr´ee dans le chapitre 3 et appliqu´ee dans le chapitre 4 lors de l’´etablissement du principe de grandes d´eviations pour des matrices de covariance al´eatoires ` a coefficients sous- gaussiens (th´eor`eme 1.8).

Les travaux pr´esent´es dans cette premi`ere partie font l’objet de l’article [Gro], accept´e pour publication dans Electronic Journal of Probability. Les d´emonstrations des th´eor`emes 1.5 et 1.8 constituent en effet les sections 2 et 3 de [Gro]. Certains apports sont toutefois in´edits dans cette th`ese, comme la d´emonstration alternative de la section 4.6 ou les d´etails de certains lemmes.

La seconde partie de ce manuscrit est consacr´ee ` a l’´equation de Fokker- Planck libre. Apr`es avoir pr´esent´e dans le chapitre 5 l’´equation des mi- lieux granulaires et les m´ethodes classiques pour ´etudier le comportement en temps long de sa solution, on pr´esente dans le chapitre 6 l’´equation de Fokker-Planck libre, qui est un cas particulier singulier de l’´equation des mi- lieux granulaires, et on d´eveloppe les m´ethodes intervenant dans son ´etude lorsque le potentiel en jeu est convexe. ` A l’aide de techniques de probabilit´es libres, on d´emontre enfin dans le chapitre 7 la convergence en temps long de la solution de l’´equation de Fokker-Planck libre pour le potentiel quartique

`

a double puits (th´eor`eme 1.9).

Le travail pr´esent´e dans cette seconde partie fait l’objet de l’article

[DMGM], ´ecrit en collaboration avec Catherine Donati-Martin et Myl`ene

Ma¨ıda et soumis pour publication. La d´emonstration du th´eor`eme 1.9 pro-

pos´ee dans la section 3 de [DMGM] est reproduite ici avec des d´etails

suppl´ementaires, comme les calculs de la section 7.3. De plus, cette th`ese

est l’occasion de proposer une d´emonstration d´evelopp´ee de la proposition

6.15.

(31)
(32)

Grandes d´ eviations de matrices al´ eatoires

17

(33)
(34)

R´ esultats existants

On pr´esente dans ce chapitre les principaux r´esultats de grandes d´eviations existants pour la mesure spectrale et les valeurs propres extrˆemes de ma- trices al´eatoires dans la litt´erature. Essentiellement, des principes de grandes d´eviations ont ´et´e obtenus dans deux mod`eles : celui de matrices unitaire- ment invariantes et celui de matrices ` a coefficients sous-gaussiens.

2.1 Mod` eles unitairement invariants

En 1997, Ben Arous et Guionnet [BAG, Th´eor`eme 5.2] ont ´etabli un prin- cipe de grandes d´eviations pour la mesure spectrale d’une matrice al´eatoire

`

a coefficients gaussiens, et plus g´en´eralement pour la mesure spectrale de particules distribu´ees suivant une loi unitairement invariante.

Soient N ∈ N

, β > 0 et V ∈ C

0

(R, R), on suppose qu’il existe β

≥ β tel que

lim inf

|x|→+∞

V (x) β

ln | x | > 1 .

On note P

NV,β

la loi sur R

N

dont la densit´e par rapport ` a la mesure de Lebesgue est

1

, . . . , λ

N

) 7→ 1 Z

V,βN

Y

1≤j<k≤N

| λ

j

− λ

k

|

β

exp

 − N X

N j=1

V (λ

j

)

 ,

o` u

Z

V,βN

= ˆ

RN

Y

1≤j<k≤N

| λ

j

− λ

k

|

β

exp

 − N X

N j=1

V (λ

j

)

 dλ

1

. . . dλ

N

.

Le cas o` u V (x) =

β4

x

2

et β vaut 1, 2 ou 4 correspond respectivement ` a la loi du spectre d’une matrice du GOE, GUE, GSE. Il a par ailleurs ´et´e

19

(35)

montr´e que lorsque V est quadratique, pour un β > 0 quelconque, un N - uplet (λ

1

, . . . , λ

N

) de loi P

NV,β

peut ˆetre vu comme le spectre d’une matrice al´eatoire tridiagonale explicite, voir [DE, ES].

On note

ˆ µ

N

= 1

N X

N j=1

δ

λj

la mesure spectrale associ´ee ` a un N -uplet (λ

1

, . . . , λ

N

) de loi P

NV,β

. On a le r´esultat suivant.

Th´ eor` eme 2.1 (voir [AGZ, Th´eor`eme 2.6.1]). Sous les hypoth`eses pr´ec´edentes, ˆ

µ

N

v´erifie le PGD de vitesse N

2

sur P (R) dans la topologie faible avec la bonne fonction de taux

I

V,β

(µ) = ´

R

V (x) dµ(x) −

β2

Σ(µ) − α

V,β

si ´

R

V (x) dµ(x) < + ∞

+ ∞ sinon ,

o` u

Σ(µ) = ˜

R2

ln | x − y | dµ(x)dµ(y) si ´

R

ln( | x | + 1) dµ(x) < + ∞

+ ∞ sinon

et

α

V,β

= inf

ν∈P(R)

ˆ

R

V (x) dν(x) − β 2 Σ(ν)

∈ ] − ∞ , + ∞ [ .

Avant de commenter ce r´esultat, on ´enonce les propri´et´es de la fonction de taux I

V,β

, qui sont d’ailleurs utilis´ees dans la d´emonstration du th´eor`eme 2.1.

Lemme 2.2 (voir [AGZ, Lemme 2.6.2]). Avec les notations du th´eor`eme 2.1, on a les propri´et´es suivantes.

(i) La constante α

V,β

est finie et la fonction I

V,β

est bien d´efinie sur P ( R ), ` a valeurs dans [0, + ∞ ].

(ii) On a I

V,β

(µ) = + ∞ d`es que ´

R

V (x) dµ(x) = + ∞ ou d`es que µ poss`ede un atome.

(iii) I

V,β

est une bonne fonction de taux.

(iv) I

V,β

est strictement convexe sur P ( R ).

(v) I

V,β

admet un unique minimiseur sur P (R), not´e σ

V,β

.

(vi) La mesure σ

V,β

est ` a support compact. De plus, elle est caract´eris´ee par l’existence d’une constante C

V,β

telle que

V (x) − β ˆ

R

ln | x − y | dσ

V,β

(y) = C

V,β

σ

V,β

− p. p.

et

V (x) − β ˆ

R

ln | x − y | dσ

V,β

(y) ≥ C

V,β

pour tout x / ∈ supp(σ

V,β

), et on a n´ecessairement C

V,β

= 2α

V,β

´

R

V (y) dσ

V,β

(y).

(36)

Le principe de grandes d´eviations du th´eor`eme 2.1 est obtenu ` a partir de celui pour les mesures non normalis´ees Z

V,βN

P

NV,β

et de la preuve que la fonction de partition Z

V,βN

satisfait

α

V,β

= − lim

N→+∞

1

N

2

ln Z

V,βN

.

La borne sup´erieure du PGD est obtenue ` a l’aide de troncations de la fonc- tion

(x, y) 7→ 1

2 V (x) + 1

2 V (y) − β

2 ln | x − y | .

Quant ` a la borne inf´erieure, elle est obtenue en approchant une mesure ` a support compact et sans atome par la mesure empirique de ses quantiles d’ordre

N+11

pour N grand.

Un corollaire du th´eor`eme 2.1 est la convergence presque sˆ ure de ˆ µ

N

vers l’unique minimiseur σ

V,β

de I

V,β

. En langage de th´eorie du potentiel, on dira que σ

V,β

est la mesure d’´equilibre associ´ee ` a l’´energie logarithmique I

V,β

, qui apparaˆıt ´egalement en probabilit´es libres sous l’appellation d’entropie libre de Voiculescu.

Dans ce mod`ele unitairement invariant, il est ´egalement possible d’ob- tenir un principe de grandes d´eviations pour la plus grande valeur propre.

Ben Arous, Dembo et Guionnet [BADG] ont trait´e le cas du GOE et plus g´en´eralement, on a le r´esultat suivant.

On consid`ere ` a nouveau un N -uplet (λ

1

, . . . , λ

N

) de loi P

NV,β

et on note λ

max

= max(λ

1

, . . . , λ

N

) .

Th´ eor` eme 2.3 (voir [AGZ, Th´eor`eme 2.6.6]). On fait les mˆemes hypoth`eses qu’au th´eor`eme 2.1 et on suppose de plus que la limite

α

V,β

= lim

N→+∞

1

N ln Z

N V /(NN1 1),β

Z

V,βN

existe. Alors, λ

max

v´erifie le PGD de vitesse N sur R dans la topologie usuelle avec la bonne fonction de taux

J

V,β

(x) = β ´

R

ln | x − y | dσ

V,β

(y) − V (x) − α

V,β

si x ≥ s

+ ∞ sinon ,

o` u s = max(supp σ

V,β

).

L’hypoth`ese sur les fonctions de partition Z

V,βN

est cruciale, et elle est v´erifi´ee avec α

V,β

= −

β2

pour le GOE, GUE, GSE. Elle peut ˆetre remplac´ee par l’hypoth`ese que la fonction x 7→ V (x) − β ´

R

ln | x − y | dσ

V,β

(y) n’atteint

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