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La gestion foncière marocaine et la GRDN

4. Développement d’indicateurs de vulnérabilité et de

4.1 La gestion foncière marocaine et la GRDN

En général, la croissance des risques d’inondation84 est due aux décisions inappropriées des autorités en matière d’aménagement du territoire, comme l’affectation de zones à risque pour des usages résidentiels ou l’installation d’infrastructures publiques, ou au comportement de la population qui occupe légalement ou illégalement des plaines inondables. Les habitations et les infrastructures sont construites avec des matériaux non résistants aux chocs des catastrophes naturelles. Ensuite, l’utilisation des terres et l’aménagement du territoire, lorsqu’ils sont mal planifiés, engendrent des conséquences désastreuses lors d’une inondation.

Nous avons vu dans le chapitre précédent que la politique d’édification des barrages au Maroc a permis une meilleure gestion des ressources en eau et a minimisé les dégâts des débordements d’eau. Ceci dit, la situation actuelle de la région du Gharb nous pousse à analyser d’autres avis concernant la gestion des risques des désastres naturels (GRDN), surtout ceux relatifs à la gestion foncière et la géomatique.

Jusqu’à présent, la connaissance des risques des catastrophes naturelles est insuffisante de la part des autorités et des populations ; on est encore inconscient de l’ampleur de ces risques. La forte présence de la population sur un territoire caractérisé par un risque de catastrophe aggrave les conséquences des désastres naturels et augmente les pertes humaines et matérielles.

La figure 4 illustre le cycle des catastrophes naturelles sans prise en compte des paramètres sociaux économiques de la population en contexte de désastre naturel.

Figure 4 : Négligence des facteurs sociaux et démographiques dans la GRDN

Le cycle débute quand la première catastrophe naturelle (inondation) touche la région. La population se trouve alors en situation d’urgence. Souvent surprise, elle ne dispose d’aucun moyen pour faire face à la catastrophe. Les communautés s’organisent du mieux qu’elles peuvent avec les moyens du bord. Certaines affrontent le désastre par leurs propres moyens. Les populations doivent fuir les secteurs inondés et sont obligées de se déplacer. Dans bien des cas, elles se réinstallent dans des zones inadéquates (non sécuritaires et vulnérables) qui ne sont pas prêtes à recevoir ces populations et ne disposent pas d’espaces vacants ou d’infrastructures pouvant les accueillir. C’est surtout la forte improvisation de la population non soutenue par les autorités qui caractérise cette phase. Les communautés ne sont pas en connaissance des procédures d’évacuation, elles ne sont pas en possession de plan d’évacuation à exécuter en cas d’inondation. Toutefois, après le déplacement de la population et la constatation que la zone n’est pas adaptée, les populations décident de revenir s’installer dans les zones ravagées après le retrait de l’eau. Les groupes de personnes retrouvent leur propriété en un piètre état et sont obligés de prendre plusieurs mesures pour remédier à cette situation. Ils sont alors et encore en situation de vulnérabilité. Face à une prochaine inondation, qui peut être

saisonnière ou annuelle ou simplement surprendre la population une nouvelle fois, leur vulnérabilité augmente et leur résilience se dégrade.

Les populations connaissent le risque puisqu’elles ont subi des inondations par le passé, mais nous pouvons dire qu’elles ne sont pas conscientes du danger qu’il représente sur leurs vies et leurs biens. Aussi, la raison peut aussi être qu’il n’existe pas d’autres alternatives de logements ou de revenus à part la zone à risque (surtout pour la frange de la population la plus pauvre – population captive). Les personnes sont vulnérables et leurs biens aussi. Quand la catastrophe naturelle suivante survient, les dégâts se font plus ressentir dans ce milieu fragile et fragilisé par l’inondation précédente. Il s’agit d’un comportement qui va à l’encontre de toute volonté de résilience.

D’après l’UNESCO85, de nombreuses catastrophes peuvent être fortement atténuées avec suffisamment de prévoyance et de préparation. Les responsables oublient ou ignorent que le montant de ces opérations, si elles avaient été prévues et effectuées avant, aurait été faible par rapport aux couts d’aide, de secours et de reconstruction. Il est important d’intervenir auprès de la population des zones à risque par un travail de sensibilisation et d’amélioration de l’éducation sur les catastrophes naturelles. Deux façons certaines, d’aider les populations vulnérables à faire face aux risques naturels. Nous proposons dans ce chapitre le développement de deux indicateurs, qui permettent de soutenir la prise de décision en situation d’urgence, à partir des données foncières, qui pourraient contribuer à la GRDN au Maroc, à partir de la littérature et des avis des experts des organisations internationales dans le domaine.

Le premier est un indicateur qui permet de classer les zones en fonction de leur vulnérabilité à l’aide de la gestion foncière. Le deuxième indicateur permet d’identifier la priorité de secours à l’aide de la gestion foncière pour une zone ou une commune donnée. Les deux concepts ont été pensés et élaborés en ayant comme échantillon de travail le cas de la région du Gharb. Elles pourraient être exploitées pour d’autres régions du Maroc ou du monde, mais doivent nécessairement subir quelques modifications pour représenter fidèlement la réalité et aboutir à des résultats de calcul pertinents. En voulant l’appliquer

par exemple sur un autre territoire hors du Maroc, on pourrait supprimer le paramètre de l’immatriculation foncière, car elle peut être obligatoire et dans ce cas nous n’aurons pas besoin de la quantifier.

Aussi, nous abordons le thème de la GRDN dans son contexte international. Elle implique un autre concept, celui de la réduction des risques des désastres naturels (RRDN), que nous définissons aussi. Nous discutons également de l’apport de la gestion foncière dans le processus d’inondation, sur les trois étapes spécifiques d’une inondation ou d’une catastrophe naturelle en général, à savoir avant, pendant et après le désastre naturel.