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CONCLUSION DU CHAPITRE

CHAPITRE 2 : VERS UN GLISSEMENT DES GENRES, LA FANTASY NOUVELLE REINE FANTASY NOUVELLE REINE

2.2 LA FANTASY : HISTOIRE ET DÉVELOPPEMENT

2.2.3 Des sous-genres compl exes

Aujourd’hui la fantasy est d’une richesse impressionnante, diversifiée, elle étend son domaine en avalant des domaines frontaliers, elle s’éclate en de multiples catégories dures à

nommer, à décrire et à délimiter. Plusieurs ouvrages sont aujourd’hui considérés comme

relevant de la fantasy alors qu’ils sont en soi bien différents (âge du public concerné,

thématiques exploitées, mondes décrits). La fantasy englobe une multitude d’œuvres

distinctes, preuve de sa diversité. En France, le regain du Seigneur des Anneaux et l’arrivée du

célèbre Harry Potter, font du secteur de la fantasy un « nouveau Graal161 ». La fantasy est

composée aujourd’hui de multiples sous-genres qui s’entrechoquent, se confondent, se

concurrencent. Chaque théoricien, soucieux de faire une typologie de la fantasy, va s’essayer

à classer les sous-genres, dénoncer les idées marketing qui ne s’accordent pas aux leurs. De

leurs côtés, les auteurs vont constamment remettre en cause les principes et idées établies en

159 Robert. E Howard et Lyon Sprague de Camp, Conan : la fin de l’AtlantideConan the adventurer », 1966), trad. par François Truchaud, Paris, Lattès, 1972.

160 John Ronald Reuel Tolkien, Le Silmarillion The Silmarillion »,1977), trad. par Francis Ledoux, Paris, Christian Bourgois, 1978.

transgressant ces frontières. Malgré cette difficulté à cerner les sous-objets de notre

thématique, certaines idées, sous-genre perdurent : la séparation entre low et high fantasy, la

division entre mythes et contes, la fantasy arthurienne, animalière, dark, urbaine, historique,

heroic. Jacques Baudou162 développe plusieurs types de sous-ensembles fantasy, nous les développerons ici en tenant compte de ceux que nous avons légèrement évoqués :

· La fantasy épique qui dérive de l’œuvre de J. R. R. Tolkien. Située à une époque

médiévale réinventée mais qui emprunte au Moyen Âge son organisation (politique,

sociale), c’est le sous-genre de la fantasy le plus important. Il contient l’heroic fantasy

et la sword and sorcery. Les auteurs les plus importants hormis J. R. R. Tolkien sont

Terry Goodkind auteur du cycle de L’épée de vérité163, Terry Brooks avec les cycles

de Shannara et de Landover164, George R. R. Martin avec le cycle du Trône de fer ou

Robin Hobb et L’assassin royal165.

· La fantasy humoristique ou light fantasy : représente des textes empreints d’humour

noir, satire, parodie, détournement. Ce sous-genre est parfois nommé fantasy

burlesque. Un des maîtres incontesté est Terry Pratchett avec sa série du Disque

Monde166 qui mélange humour et cosmique.

· La fantasy urbaine ou urban fantasy : les histoires se situent dans des villes

contemporaines, un univers familier de l’homme où va se manifester de la magie, où

va surgir le surnaturel. C’est le cas du Londres dans le Neverwhere de Neil Gaiman.

Ce genre est au confluent du fantastique pour l’irruption du surnaturel et de la fantasy pour sa magie, son univers différent.

· La fantasy exotique ou oriental fantasy : Elle prit naissance dans les années 30 dans

les pulps et s’inspire des Mille et Une Nuits. Une des œuvres la plus importante est La magnificence des oiseaux167 en 1984 de Barry Hughart qui obtient le prix World fantasy Awards en 1985.

162 Jacques Baudou, La fantasy, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2005, pp. 54-63

163 Terry Goodkind, Cycle de L’épée de véritéThe Sword of Truth », 1994-2015), trad. par Jean-Claude Mallé, Paris, Bragelonne, 2003-2015.

164 Terry Brooks, Cycle du Royaume magique de Landover Magic Kingdom of Landover », 1986-2009), trad.

par Emmanuelle Pingault, Paris, J’ai lu, 1994-2009.

165 Robin Hobb, Cycle de L’assassin royal (éd. Originale 1995-2016), trad. par Arnaud Mousnier-Lompré, Paris, Pygmalion, 1998-en cours.

166 Terry Pratchett, Série du Disque-mondeDiscworld », 1983-2013), trad. par Patrick Couton, Nantes,

L’Atalante, 1993-2014.

167 Barry Hughart, La magnificence des oiseaux Bridge of Birds », 1984), trad. par Patrick Couton, Paris, Denoël, coll. « Lunes d’Encre », n°9, 2000.

· La fantasy arthurienne : Elle prend source dans la légende du roi Arthur, elle se rapproche à la fois de la fantasy mythique et à la fois du roman historique. La mise en scène des éléments liés à la légende du roi Arthur est parfois calquée, remaniée, réinventée.

· La science-fantasy : Où les moyens de fantasy sont déployés dans un contexte de

science-fiction. Elle désigne des œuvres hybrides mêlant sociétés plus ou moins

médiévales avec des technologies avancées.

· Les « francs-tireurs » : ce terme désigne les écrivains aux positions les plus singulières

et qui utilisent plusieurs thèmes en même temps comme dans Le parlement des fées168

de John Crowley couronné par le World fantasy Awards.

Il y a donc, comme nous venons de le décrire, une multitude de sous genres ce qui amène une difficulté de classement, de typologie. De plus, le mélange des genres et sous-genres ne se limite pas toujours à deux cas comme la fantasy historique qui mêle imaginaire et faits historiques avérés, mais à beaucoup plus, ce qui accentue la difficulté de donner une typologie stable.

« La position de force qu’occupe actuellement la fantasy au sein des récits de

genre lui permet donc de s’imposer de nouvelles intersections à son profit. Sa production est au cœur d’une poétique de l’hybridation, ou du mixage, qui

caractérise la postmodernité culturelle comme le reflet de notre époque

contemporaine169 ».

2.3 DANS LA LITTÉRATURE MAIS PAS SEULEMENT…

Il ne paraît pas aujourd’hui possible d’approfondir l’imaginaire dans la littérature sans

intégrer le versant visuel. Il est plus que courant de voir aujourd’hui des œuvres de

l’imaginaire adaptées au cinéma, à la télévision. L’image a une importance clé, J. R. R.

Tolkien l’avait bien compris, nous retrouvons dans ses œuvres plusieurs illustrations

permettant de faire un lien entre image, imaginaire et public. La bande dessinée est un bon

exemple du regroupement texte/image, elle fait également partie des médias de l’illustration

au sein duquel la fantasy peut éclore et se développer.

168 John Crowley, Le parlement des féesLittle, Big », 1981), trad. par Doug Headline, Paris, Rivages, 1994. 169 Anne Besson, La fantasy, Paris, Klincksieck, coll. « 50 questions », 2007, p. 120.