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Les di fférents types de sci ence -fi cti on

CONCLUSION DE CHAPITRE :

CHAPITRE 4 : LA PLACE DE LA SCIENCE-FICTION

4.1 LA SCIENCE-FICTION

4.2.1 Les di fférents types de sci ence -fi cti on

Comme les autres genres, la science-fiction est difficile à classer, certaines œuvres ne

se rangent dans aucune catégorie car elles pourraient se classer dans plusieurs. Les éditeurs et les revues spécialisées donnent des noms différents, il paraît difficile de s’y retrouver. Gilbert

313 Frank Herbert, Dune, trad. par Michel Demuth, Paris, Robert Laffont, 1970 (éd. Originale 1965). 314 David Lynch, Dune, États-Unis, 1984.

315 Pierre Boule, La planète des Singes, Paris, Julliard, 1963.

316 Franklin Schaffner, Planet of the HapesLa planète des Singes »), États-Unis, 1968. 317 George Lucas, Star WarsLa Guerre des étoiles »), États-Unis, 1977.

318 Ridley Scott, Blade Runner, États-Unis, 1981.

319 John Carpenter, Escape from New YorkNew York 1997 »), États-Unis, Royaume-Uni, 1981. 320 Chris Carter, The X-Files, États-Unis, 1993- toujours en cours.

Millet et Denis Labbé s’accordent sur quatre322 grands types de science-fiction que nous énumérerons ici en suivant leur modèle : space opera, hard science, cyberpunk et steampunk.

· Space opera

Terme anglo-saxon se traduisant par « opéra de l’espace », il fut utilisé pour la

première fois par l’écrivain Wilson Tucker en 1941 dans une application péjorative désignant un cliché du roman d’aventure transposé dans l’espace. Ce terme désigne aujourd’hui un récit

de voyage dans l’espace, d’exploration de nouvelles planètes, de découvertes d’extra -terrestres, de guerres intergalactiques. Ce type de science-fiction a connu une belle ampleur au

lendemain de la première guerre mondiale et de la crise économique de 1929. C’est la période de l’écroulement des utopies véhiculées par les philosophes des lumières. En cette période de

rêves brisés, le space opera a été une « nécessaire évasion pour les lecteurs avides d’autre

chose323 ». Les univers des premiers récits de space opera sont proches de ceux de l’heroic

fantasy, ce n’est pas un hasard, les deux obéissent aux mêmes règles narratives qui sont celles du roman d’aventure. Cinq auteurs contribuèrent à l’émergence de ce genre en publiant dans

les pulps des nouvelles et romans de ce type : Edward Elmer Smith, Edmond Hamilton, Ray

Cummings, John W. Campbell et Jack Williamson. C’est en 1928 sous la plume d’E. E. Smith que la Curée des astres324 amènera le lecteur au-delà du système solaire. Il ouvrira la voie à

d’autres écrivains.

Typiquement américain, on retrouve dans les histoires spatiales de space opera le

reflet des conquêtes américaines (sur les autochtones d’Amérique, des terres d’Asie, d’Afrique). Le développement de la space opera, pendant la période de « l’Âge d’or » (les années 1950), est mis en relation avec les dernières conquêtes américaines et les thèmes de la

rencontre avec l’étranger, la découverte de nouveaux mondes, la conquête d’espaces lointains.

La science-fiction va offrir, en cette période, une ouverture sur ces différents thèmes. À partir de là, les sujets vont se diversifier et se centrer plus sur le développement de l’humain que sur l’expansion géographique pour finalement voir un déclin de ce genre car le public va se lasser des conquêtes spatiales. Au milieu des années 1970, alors que l’on pensait ce genre

définitivement oublié, George Lucas lança La Guerre des étoiles (premier scénario en 1974)

322 Gilbert Millet, Denis Labbé, La science-fiction, Paris, Belin, coll. « Sujets », 2001, pp. 46-70. 323Ibid., p. 46.

324 Edward Elmer Smith, La curée des AstresThe Skylark of Space », 1928), trad. par M. Bertin, Paris, Hachette/Gallimard, 1954.

suivit des deux autres volets L’Empire contre-attaque325 et Le Retour du Jedi326. Plus tard,

dans les années 1980, les romans de space opera s’empareront de l’humour et de la dérision,

les préoccupations ont changé, les écrivains se centrent moins sur les combats intergalactiques

mais plus sur les personnages, les civilisations. Il existe également une variante du space

opera, le planet opera qui ne se centre pas sur les conquêtes et voyages mais sur une planète

unique, prise comme un objet d’étude, c’est le cas dans le récent film Avatar327 de James

Cameron.

· Hard science :

Désigne une science-fiction crédible qui s’appuie sur des faits vérifiables. Certains auteurs le

nomment « hardcore S-F » ou « Real Science Fiction ». Les intrigues dont traite la hard

science sont compatibles avec la réalité scientifique. Ici, la science est au cœur même du

genre. Après avoir perdu de sa légitimité auprès du public au cours du XXe siècle (bombe

atomique, pollution, nucléaire) elle revient d’une manière plus acceptée par le public, elle est réaliste. Ce genre de roman repose sur des sciences exactes et bien souvent les auteurs se trouvent être aussi des chercheurs, ingénieurs, connaisseurs. Isaac Asimov par exemple,

auteur du cycle de Fondation328 est docteur en biochimie. Dans cette œuvre il crée son

intrigue d’après des faits scientifiques avérés, il se sert par exemple de la théorie cinétique des gaz pour la transposer sur l’être humain :

« Je modelai mon concept de psychohistoire sur la théorie cinétique des gaz, dont

j’avais été abreuvé pendant mes études de chimie. Les molécules de gaz se

déplacent de façon aléatoire dans trois dimensions et à des vitesses variables, mais on arrivait à établir des probabilités moyennes de déplacement, et à en déduire des

lois régissant ces mouvements qui sont finalement d’une grande précision. […]

J’appliquais ce principe aux êtres humains329. »

C’est sur ce principe même que fonctionne la hard science. L’un des pères fondateurs de ce

type de science-fiction hyperréaliste est Hal Clément. Le reproche le plus courant qui lui est

325 George Lucas, Star Wars: Episode V – The Empire Strikes BackStar Wars, Épisode V : L’Empire contre -attaque »), États-Unis, 1980.

326 George Lucas, Star Wars: Episode VI – Return of the Jedi Star Wars, Épisode VI : Le Retour du Jedi »), États-Unis, 1983.

327 James Cameron, Avatar, États-Unis, 2009.

328 Le cycle de Fondation écrit par Isaac Asimov est composé de huit nouvelles parues entre 1942 et 1950 dans le pulpAstounding Science Fiction.

associé est justement son caractère trop scientifique, trop technique. Les thèmes empruntés

sont pourtant communs à toute la science-fiction (galaxie, extraterrestres, écologie). L’idée de

ce type de science-fiction est d’imaginer des techniques et découvertes qui permettraient de

faire atteindre le bonheur à l’humain.

· Cyberpunk :

Le mouvement cyberpunk est un courant littéraire et artistique paru dans les années 1980 sous

la plume de William Gibson, écrivain américain qui a obtenu la même année trois grands prix

pour son Neuromancien330. Scindé en deux parties, le cyberpunk devient cyber d’un côté, un

monde d’informatique et de technologies, et punk de l’autre, un milieu violent, pollué, drogué.

« Le cyberpunk décrit un avenir déchiré entre réalité et virtualité, au sein duquel

quelques personnages tentent de s’élever ou de surnager, non pas en rêvant de

galaxies lointaines ni de voyages intersidéraux, mais en essayant tout simplement de survivre dans ces mondes alternatifs qui préfigurent des lendemains qui ne scintillent guère331. »

Dans la lignée des récits de dystopie tel 1984, ils sont des mises en garde contre les excès

technologiques et sociétaux, ils utilisent des intrigues qui se rapprochent des interrogations

qui parcourent nos sociétés. C’est finalement le type de science-fiction le plus apte à étudier les sociétés et à avoir une portée sociologique importante. Un des précurseurs de ce

mouvement est Phillip K. Dick, il a influencé un bon nombre de lecteurs et d’écrivains. Il

décrit, dans plusieurs de ses œuvres, des univers déshumanisés, teintés d’ultra virtualité. Le

cyberpunk montre les dérives possibles de notre implication dans les nouvelles technologies. Dans ce courant, les écrivains utilisent beaucoup de références culturelles, il ne s’agit pas que

du cyber mais également du punk, de la culture musicale, littéraire, scientifique,

cinématographique. Le cyberpunk repose en grande partie sur l’image, nous retrouvons

aujourd’hui bon nombre de films cyberpunk comme un des plus connus, le Matrix d’Andy et

Larry Wachowski.

330 William Gibson, NeuromancienNeuromancer », 1984), trad. par Jean Bonnefoy, Paris, La Découverte, 1985.

· Steampunk :

Sur la même base que cyberpunk, steampunk désigne des œuvres d’uchronies qui se

déroulent dans un XIXe siècle alternatif. Le terme steam signifie vapeur, dans ces univers, les

véhicules fonctionnent avec des moteurs à vapeurs. Les robots et ordinateurs sont bien

présents mais l’électricité est fournie d’une autre manière, par l’eau chauffée au bois ou au

charbon par exemple. L’écriture du steampunk est soignée et poétique, elle est un savant

mélange de Jules Verne et de découvertes du XXe siècle. Ce type dénonce les problèmes sociétaux en y trouvant une réponse.

« Mouvement à la fois intellectuel et lyrique, fils légitime du cyberpunk et de la

fantasy, le steampunk marque également un renouveau – ou une décadence – de la

S-F, non plus tourné, vers un avenir virtuel, mais vers un passé magique332. »

Cette branche mélange merveilleux et technologie. Se basant sur le Frankenstein de Mary

Shelley, Jules Verne et H. G. Wells, ces récits placent science et magie sur le même plan, tout

en mêlant aventure et merveilleux. Comme tout récit de science-fiction, le steampunk

s’interroge sur nos sociétés et leurs problèmes. La Machine à différences333 de William

Gibson dont nous avons parlé un peu plus tôt, est présentée comme une uchronie, elle est l’un

des plus célèbres exemples de steampunk. Ce récit se déroule au XIXe siècle, en 1855

exactement, où Charles Babbage, inventeur des machines à différences (ordinateur à vapeur) et Lady Ada Bryon vivront des aventures dans une Angleterre sujette à une double

révolution : industrielle et informatique. Ce roman, tout comme le cyberpunk montre les

dangers d’une société face à l’ultra virtuel sauf qu’ici il y a des « remplacements » comme le numérique qui devient vapeur.