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Généralités sur le changement climatique

AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

5.3. RISQUES LIES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

5.3.1. Généralités sur le changement climatique

Les causes du phénomène

Le réchauffement climatique est sans équivoque, affirme le GIEC dans son 4ème rapport sur le changement climatique, un phénomène qui découle de l’effet de serre qui est avant tout un processus naturel : en effet, une partie de l’énergie solaire reçue par la terre est réfléchie et emprisonnée par les gaz à effet de serre (CO2, CFC, CH4, N2O et vapeur d’H2O) et aérosols (SO4, nitrates, suies et les poussières) en suspension dans l’atmosphère et qui conduit à la réchauffer. De façon naturelle, l’effet de serre permet de maintenir la température moyenne à la

17 Dubreuil P., GUISCAFRE J., NOUVELOT JF et OLIVRY JC, 1975 : le bassin de la rivière SANAGA. In Monographie Hydrologique ORSTOM N°3

surface de la terre à environ +15°C, température qui permet à la vie de se développer.

Les activités humaines font augmenter considérablement la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, ce qui a pour effet d’accroître le réchauffement de la terre ; c’est le changement climatique tel que perçu de nos jours. Les émissions GES imputables à l’usage des combustibles fossiles et aux procédés industriels ont contribué dans une proportion de 78% à l’accroissement du total des émissions des GES entre 1970 et 2010. Les principales sources d’émissions de gaz à effet de serre dans le monde sont les secteurs de l’industrie, de l’agriculture et du transport.

En effet ; le transport routier utilise essentiellement comme source d’énergie, les hydrocarbures (qui sont des combustibles fossiles), et par conséquent contribue aux émissions des GES. D’après le rapport du GIEC, l’émission des GES provenant des transports a plus que doublé depuis 1970. Cette émission a atteint 7.0 GtCO2eq en 2010. Plus de 80% de ces émissions proviendraient des véhicules18. D’après la littérature, 1 kilo équivalent de CO2 est émis toutes les 4 secondes par les voitures en Europe, soit environ 4,9 milliards de kilos de CO2 chaque année.

En effet, théoriquement, la combustion d’un litre d’essence libère 2,28 kg de CO2

et celui du gasoil (diésel) 2,6 kg de CO2. Il faut cependant relativiser ces consommations, ce d’autant plus que les émissions varient avec l’âge du véhicule.

En Afrique en général et au Cameroun en particulier aucune étude disponible ne traite de la quantification des GES d’origine routière.

Manifestation du changement climatique

Le changement climatique se caractérise par une élévation généralisée de la température à la surface de la terre (+0,6± 0,02 °C). D’autres effets du changement climatique observés sont l’augmentation des précipitations dans certaines parties du globe (l’est du continent américain, nord de l’Europe et en Asie du nord et centrale), l’augmentation des évènements de fortes précipitations sur l’ensemble de la planète, des sécheresses plus intenses et plus longues, particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales, dans le Sahel, en Méditerranée, en Afrique australe et en Asie du sud19.

Au Cameroun, l’élévation des températures (+°0,2C en moyenne depuis le début des années 1970 et +0,4°C au cours de la décennie 1990 par rapport à 1961-1990), la baisse de la pluviométrie (-10% à -20% suivant les régions), la baisse des écoulements (-15 % à -35% suivant les régions )20, l’accroissement des évènements climatiques extrêmes (fortes pluies, vents violents…), les faux démarrages des saisons des pluies, les inondations et les sécheresses récurrentes prouvent que les changements climatiques ont cessé d’être une question strictement scientifique concernant un avenir lointain de la planète pour devenir

18 GIEC

19 Jones P.D., New M., Parker D.E., Martin S., Rigor I.G. (1999) Surface Air Temperature and its Changes over the past 150 Years. Reviews of Geophysics, vol.37, pp.173-199.

20 SIGHOMNOU D 2004 : analyse et redistribution des régimes climatiques et hydrologiques du Cameroun : perspective d’évolution des ressources en eau. Thèse de doctorat 3ème cycle.

un problème réel pour notre société21. Ces changements se produisent différemment d’une zone agro écologique à une autre.

Dans la région de l’Est Cameroun, SIGHOMNOU (2004) relève une légère élévation de la température entre 1970 et 2002. Cette hausse varie de 0,3°c pour les températures minimales à 1,3°C pour les températures maximales. Quant aux températures moyennes, l’élévation maximale est de 1°C et l’élévation moyenne de 0,2°C (tableau 25 de la page 64). La hausse moyenne des températures (maximum, moyenne et minimum) entre 1990 et 2002 se trouve être le double de ceux de 1970-2002 (figure 7). Ce qui est conforté par le PNACC (2015).

21 MINEPDED, 2015 : Plan national d’adaptation aux changements climatiques au Cameroun (PNACC).

Tableau 25: Evolution des températures dans le temps

Variable Hausse maximale entre 1970 et

2002(°C)

Hausse moyenne sur la période de

1970-2002 (°C)

Hausse moyenne sur la période 1990-2002

(°C)

Tmoy 1 0,2 0,4

Tmin 0,6 0,1 0,2

Tmax 1,3 0,3 0,6

Source : SIGHOMNOU, 2004

Figure 7: Evolution des températures moyennes par rapport à la moyenne de référence dans la région de la zone agro écologique forestière : Centre-Sud-Est (source : PNACC, 2015) En ce qui concerne les précipitations, la localité de Batouri est parmi les zones ayant subi un fort déficit. Elle enregistre un déficit de pluviométrie de -13% entre 1939-1994 (SIGHOMNOU, 2004). Ce qui a considérablement influencé le régime des écoulements dans la localité : la Kadey qui est le principal cours d’eau de Batouri a vu son module diminuer à partir des années 1970, avec un déficit de l’ordre de -20%.

Figure 8: Evolution des précipitations moyennes par rapport à la moyenne de référence dans la région de la zone agro écologique forestière : Centre-Sud-Est (source : PNACC, 2015) Le phénomène extrême régulièrement observé à Batouri est l’augmentation de la fréquence des fortes pluies qui entraine les inondations.

Prévision du changement climatique sur le plan régional

D’après le plan national d’adaptation au changement climatique, les scénarii prévoient globalement un climat plus sec au Nord du pays, plus chaud et humide au Sud. Les précipitations futures connaitront une forte variabilité sur l’ensemble du territoire camerounais : de -12 à +20 mm de pluies par mois, de -8 à +17 % dans les années 2090. Les projections climatiques au Cameroun montrent également une augmentation de la fréquence et de l’amplitude des évènements extrêmes tels que les sécheresses, l’érosion, les mouvements de terrain et les inondations. Les projections montrent au moins 5 à 10 inondations par an suivant l’intensité de pluies.

Dans la localité de Batouri, les prévisions montrent une légère augmentation des précipitations vers la fin de la période 2010-2035, puis une baisse d’amplitude croissante jusqu’à 2100. Ces baisses se situent autour de -7,8% à l'horizon 2100.

La température connaitra une augmentation de +3,6°C en 2100 par rapport à la moyenne de référence.

Les changements climatiques ont des sérieux impacts sur l’environnement, et encore plus sur les infrastructures routières.

Concrètement, une attention particulière doit être accordée au dimensionnement des ouvrages de franchissement (dalot, buses…) et de la couche de base des tronçons de la voirie qui traversent les zones basses.

Contribution du Projet au réchauffement climatique

Le projet d’aménagement des voiries structurantes dans la Commune de Batouri contribuera aux changements climatiques par les émissions de GES des activités de ses principales phases.

En phase de constructions, les émissions proviendront :

- des fumées (CO2, CO, COV…) des engins, camions et véhicules du chantier ; ceci représentera au moins 90% des émissions ;

- de la dégradation des débris de végétaux (méthane CH4) suite à la libération des emprises du Projet. Ces émissions sont moindres compte tenu des superficies à désherber.

Les émissions de cette phase sont limitées dans le temps et ne durent pas plus de 24 mois.

Par contre les émissions de la phase d’exploitation seront de longue durée. Elles seront constituées des fumées :

- des automobiles et motocycles qui circuleront sur la structurante. Elles représenteront plus de 90% des émissions de GES de cette phase du Projet ;

- des engins, camions et véhicules utilisés pour de l’entretien de la voirie structurante. Ces émissions sont limitées dans le temps.