• Aucun résultat trouvé

28 2. Coup d'œil Philosophique

2.1. Généralité sur la notion d’ambiance

Ambiance :cette notion demeurant mal découpé du langage commun parait aujourd‘hui emporter un franc succès, en particulier dans le monde de la recherche architecturale et urbaine qui, entre savoir et action, semble avoir trouvé dans cette notion une importante ressource comme l‘illustre entre autres choses le récent numéro du bulletin Culture.

Selon Jean-François Augoyard, l‘ambiance est une atmosphère matérielle et morale qui environne une personne ou qui existe autour d'une personne ; Réaction d'ensemble d'une assemblée (Augoyard, Les ambiances :concepts fondamentaux et problématiques interdisciplinaires s.d.).

2.1.1. Définitions Qu‘est-ce qu‘une ambiance ?

Ce terme recouvre une réalité complexe, étymologiquement il est dérivé du latin ambiens, participe présent du verbe : ambire (latin) : entourer, environner (wikipedia s.d.).

D‘après le dictionnaire Larousse, « l‘ambiance est un ensemble de caractères définissant le contexte dans lequel se trouve quelqu'un, un groupe, climat, atmosphère : Une ambiance Chaleureuse, triste »,

« une Constitution et propriétés du milieu dans lequel se déroule une opération»(Larousse s.d.).

Par ailleurs, Hégron et Torgue ont avancé que : «La notion d'ambiance nous permet d‘échapper précisément à une trop stricte opposition sujet/objet ; c‘est-à-dire éviter la séparation entre la perception du milieu par un usager et l‘objet perçu. Elle articule la connaissance des phénomènes physiques en présence, leurs interactions avec la forme construite, les usages des espaces architecturaux et urbains, la perception de l‘usager et ses différentes représentations»(Hégron et Torgue 2010).

Selon Pascal.J, le mot ambiance peut avoir dix synonymes, qui sont : atmosphère, aura, climat, compagnie, décor, entourage, environnement, influence, milieu et temps. Il se trouve qu‘il ya des termes comme mieux centrés sur l‘ambiance : milieu, atmosphère, environnement. Et d‘autres périphériques : influence, temps, compagnie (BOULFANI 2010).

L‘ambiance serait l‘ensemble des « je-ne-sais-quoi » et des « presque-rien » qui font que les uns ou les autres vont associer à telle ou telle ville ou à un quartier, vécu à tel ou tel moment du jour ou de l‘année, des sensations de confort, d‘agréments, de liberté, de jouissance, de mouvements, ou de malaise, d‘inconfort, d‘insécurité, d‘ennuis. L‘ambiance est définie nécessairement par la subjectivité et l‘instantanéité de l‘expérience, mais elle n‘a pas qu‘une dimension individuelle et passagère, elle peut être mise en relation avec des éléments objectifs et mesurables du cadre de vie ou des comportements collectifs. Cette notion complexe est analysée conjointement par les sciences physiques et les sciences sociales, qui tentent d‘associer des éléments objectifs mesurables physiques et climatiques (...), des éléments plus subjectifs qui varient selon les usages et les perceptions différentiels du sensible (dimension sonore et olfactive) (Chadoin, La notion d‘ambiance 2010).

Ces définitions nous renvoient d‘emblée à la dualité objectif et subjectif et ouvrent la discussion sur la complémentarité des notions « d‘ambiance». Il est en effet possible d'isoler la dimension physique des phénomènes d‘ambiance de leur perception sensible et esthétique o u d'associer à l‘ambiance

29

générale d‘un lieu les différents phénomènes physiques et sensibles qui se rattachent aux ambiances lumineuses, sonores, thermiques, olfactives, etc. (Hégron et Torgue 2010).

2.1.2. Les éléments constitutifs d’une ambiance

Avant d‘aller plus loin, il convient de souligner une singularité sur les éléments qui constitue une ambiance. Les phénomènes physiques comme la lumière, le son, la chaleur, le vent et les odeurs révèlent à l‘observateur, grâce à ses cinq sens, les formes et propriétés de l‘environnement construit et naturel ainsi que la qualité des espaces urbains.

Les jugements portés sur le caractère de ces phénomènes physiques d‘ambiance dépendent par ailleurs de l‘usage du lieu où l‘on observe, agit et se déplace, et des représentations cognitives et références mobilisées lorsque l‘on interprète les signaux perçus. La notion d‘ambiance permet également de traverser les échelles spatiales et temporelles. Les travaux de recherche sur les ambiances articulent les trois composantes qui caractérisent le plus souvent la spécificité de la recherche architecturale :

 Les objets : il s‘agit ici des phénomènes physiques d‘ambiances, naturels et anthropiques, qui sont en interaction avec l‘environnement construit (bâtiments, infrastructures, ...) et naturel (parcs, végétation, plans d‘eau, ...) ;

 Les sujets : sont des habitants qui pratiquent ou fréquentent les environnements architecturaux et urbains et qui perçoivent et ressentent leur environneme nt physique (objet en fonction de leur sensibilité physiologique, psychologique et culturelle (représentations cognitives) et de l‘usage de ces lieux ;

 Le projet : l'enjeu est de concevoir un projet urbain ou architectural qui respecte les intentions d‘ambiance du concepteur (architecte, urbaniste). Il s‘agit d‘anticiper les propriétés d‘ambiance d‘un environnement à construire. Les travaux sur les ambiances constituent par conséquent une

Figure II. 1. Éléments constitutifs des ambiances. Source : (Hégron et Torgue 2010)

II- SUR L‘AMBIANCE

30

recherche intrinsèquement interdisciplinaire qui marie l‘architecture et l‘urbain avec et les sciences humaines et sociales.

Paradoxalement, les recherches engagées depuis quelques décennies entretiennent cependant une certaine dualité sujet/objet en se focalisant sur deux champs complémentaires : l‘un se concentrant davantage sur la maîtrise des flux ambiants (lumière, son, chaleur, aéraulique, odeur, ...) s‘appuyant sur les sciences de l‘ingénieur et la connaissance des formes urbaines et architecturales, l‘autre explorant l‘analyse de l‘expérience sensible in situ et mobilisant les savoirs sur les usages et les représentations (Hégron et Torgue 2010).

2.1.3. Structure des renvois analogiques et place de l’ambiance

Les différents renvois ne sont pas de la même nature logique, on peut d istinguer quartes dimensions :

 Une dimension causale : qui comprendra l‘environnement, le climat et le cadre.

 Cette dimension causale consiste à déterminer et à analyser la production du phénomène par décomposition.

 Une dimension interactionnelle : qui comprendra un milieu biologique et humain ;ce qui exprime une causalité réciproque et un effet induit ;

 Une dimension organisationnelle : qui comprendra le paysage. Le phénomène à travers cette dimension vient de la composition ;

 Une dimension sémantique et représentative : exprimé par deux renvois analogique : atmosphère et décor.

2.1.4. Concevoir une ambiance en architecture

En tant que perception sensible de l‘environnement urbain et architectural, l‘ambiance est une expérience partagée par tout le monde mais le plus souvent difficilement communicable et explicable. Les définitions les plus courantes du terme «ambiance» sont les suivantes :

« Éléments et dispositifs physiques qui font une ambiance ».

« Atmosphère matérielle et morale qui environne un lieu, une per sonne » (Hégron et Torgue 2010).

Figure II. 2. Structure des renvois analogique et place de l’ambiance.

Source :Augoyard

31

« Faire une ambiance »ne sous- entend pas nécessairement que seul l'architecte peut le faire.

Onpourrait, en paraphrasant Jacque Salom, dire que l'ambiance est faite à deux, par l'architecte qui modèle l'espace et l'usager qui le vit .Pour autant que derrière « faire une ambiance », est la toute-puissance de l'acte d'un concepteur qui est entendue (Ouard 2008).

Toute architecture estime par nature des usagers spécifiques, une situation géographique et autant d'éléments qui seront partie prenante dans l'ambiance que chacun expérimentera. Ces éléments n'étant pas du ressort de l'architecte, on peut émettre l'hypothèse qu'à tout espace préexiste un champ restreint d'ambiances à venir.

L‘ambiance est contextuelle et l'architecte ne peut que s'insérer dans ce contexte donnant alors la .Aussi, l'architecte ne peut être considéré comme un « faiseur d'ambiances », il est celui qui, par son intervention sur le cadre physique, va modeler l'ambiance préexistante d'un lieu. Ce « simple » constat amène, de fait, à une autre définition du rôle de l'architecte vis-à-vis de l'ambiance d'un lieu.

Elle n'est plus simplement la plus- value < luxueuse > donnée à un édifice, mais un véritable enjeu dans sa conception. Car, faute d'une pensée sur l'ambiance préexistante, celle-ci pourrait s'avérer contre-productive à la qualité architecturale, voir à l'émancipation de l'individu.

Lorsque nous employons l'expression « concevoir une ambiance », il s'agit plus exactement de concevoir les espaces qui permettront de réunir les conditions pour que l'usager puisse voir, entendre, toucher, sentir ce que l'architecte a projeté. Nous imaginons bien entendu que chaque usager individuellement va avoir sa propre perception des lieux, son interprétation personnelle en fonction de nombreux critères tels que sa culture, son humeur, ses expériences antérieures. Ceci ne s'oppose pas à ce que les perceptions de plusieurs usagers peuvent détenir des points de convergence (M'sellem 2017).

2.1.5. Les échelles d’une ambiance 2.1.5.1. L’échelle spatiale

Selon Hégron.G, Torgue.H :« De la micro-échelle, à savoir l‘espace immédiat qui environne un usager (une rue, une place, un bâtiment, …) à la macro-échelle (le tissu urbain), d‘autres niveaux d‘échelles intermédiaires peuvent être considérés comme l‘îlot et le quartier urbain ».

La démarche d'appropriation et de transformation spatiale, propre aux pratiques architecturales, s'appuie sur un mode de lecture et d'analyse qui envisage l'espace selon de multiples échelles, dont au moins trois fondamentales: l'édifice, la ville et le territoire.

Au plan spatial, le contexte doit être approché selon différentes focales: celle de l'édifice lui- même comme projet et comme unité d'appréhension, celle de la ville ou du quartier, qui cadre le projet, l'irrigue et l'inscrit en réseau comme élément du puzzle urbain, et enfin, celle du territoire, qui le positionne dans un ensemble de pratiques et d'actions débordant l'e space physique en le reliant a la politique et à l'imaginaire du "local"(Torgue 2013).

2.1.5.2. L’échelle temporelle

L‘échelle "temporelle" concernant les variations des conditions de l‘environnement, une ambiance est relative au facteur de temps, car elle change avec les heures de chaque jour :en exemple, on trouve une ambiance thermique globale si on s‘intéresse à l‘échelle temporale macro (année), elle

II- SUR L‘AMBIANCE

32

peut être plus réduite selon : le mois, la semaine, le jour et l‘heure… tout simplement, elle est évolutive selon les différentes temporalités.

2.1.5.3. L’échelle climatique

Le facteur climatique a une influence sur l‘ambiance, à savoir : la température de l‘air, l‘humidité, le vent… par exemple sous une ambiance thermique très chaude les usagers de tel espace cherchent de l‘ombre et avoir plus de froid, leurs comportements peuvent être sous plusieurs formes physiologique, comportementales ou bien techniques et d‘une manière consciente ou inconsciente.

Si l‘occupant se trouve dans une ambiance froide, sa sensation sera complètement inversée par rapport à la première situation. Il va chercher un climat plus chaud à travers les différentes réactions citées-ci dessus. Dans des conditions de neutralité l‘homme ne veut ni chaud ni froid. Mais tout cela reste relatif à d‘autre paramètres comme : l‘âge, santé, sexe (BOULFANI 2010).