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La Frégate l‟Astrée - Histoire d‟une frégate au XIXème siècle

Mise sur cale à Lorient en 1845 sur plans de l‟ingénieur Legrix, la frégate mixte l’Astrée ne fut mise à l‟eau que le 24 décembre 1859: entre temps, sa coque avait été rallongée de cinq entre-axes de sabords (16,40 m), son avant et son arrière modifiés (plans Sollier), pour recevoir une machine à vapeur de 600 chevaux nominaux et ses 6 corps de chaudières. Dotée d‟un puits d‟hélice et d‟une hélice relevable, sa coque en bois est habillée de plaques de cuivre dans ses oeuvres vives; elle a un gréement de frégate complet (gréement dormant en torons de fil de fer zingué), elle fut armée en transport de troupes en 1862 lors de la guerre du Mexique (Lorient – Fort de France – Vera-Cruz et retour).

De 1863 à 1866 elle fit partie de la station navale du Brésil et de la Plata (Capitaine de vaisseau Jouslard, contre-amiral Chaigneau). A Rio de Janeiro elle reçut l‟empereur du Brésil Pedro II (gravure de Lebreton). De 1868 à 1871, elle porta le pavillon du contre amiral Georges Cloué, commandant la station navale du Pacifique. Celle-ci se composait de la frégate mixte Astrée, des avisos La Motte-Picquet et d’Entrecasteaux et du transport la Mégère.

L‟Astrée était commandée par le capitaine de vaisseau Peyron, futur contre amiral et ministre de la marine. Après des escales aux Canaries, à St Vincent du Cap Vert, à Montevideo, elle passa par le canal de Magellan et les canaux latéraux de Patagonie, où elle s‟endommagea la quille et l‟étrave sur une roche. Suivent ensuite des escales sur les côtes d‟Amérique du Sud.

Au Pérou, à Callao, on répara les dommages sur le dock flottant. C‟est ensuite Panama, San Francisco (visite de l‟amiral américain Farragut). L‟état-major visite le fort d‟Alcatraz et ses canons géants. On fait escale ensuite à Esquimalt Bay (île de Vancouver, Colombie Britannique), puis c‟est à nouveau San Francisco, et enfin Papeete.

L’Astrée y séjourne trois mois. Miot prend de nombreuses photos. Bourbonne devient le « tayo » d‟Ariiaué, le futur Pomaré V « …en connaissant mieux mon nouvel ami, je découvris chez lui un bien grave défaut, mon cher tayo est un ivrogne, plusieurs fois nous l’avons ramené couché dans le fond de la voiture…» Visite et séjour à Atimaono, à la plantation Steward. Cloué complète l‟hydrographie de la côte entre la Pointe Vénus et Papenoo, on précise les contours du « Banc de l‟Artémise », où Laplace endommagea sa frégate en

l‟échouant, en avril 1839.

L‟Astrée reviendra encore à Tahiti, en revenant des Marquises. Elle séjournera à Papeete du 22 juin au 1er septembre 1870: « samedi 3 septembre 1870 (après le départ de l‟Astrée).

L’amiral Cloué a reçu avec la plus vive satisfaction le petit modèle de la frégate Astrée fait par l’habile artiste M. Morand et offert comme souvenir par MM. Les résidants de Tahiti… ».

Pendant le second séjour, le petit transport à voiles l’Euryale se perd sur un îlot de Starbuch.

Cloué envoie le transport la Somme en secours. Papeete reçoit la corvette russe Almaz (Diamant), la corvette américaine Resaca, la frégate à voiles Sibylle, les avisos d‟Entrecasteaux et La Motte-Picquet. Le transport la Mégère part pour la France, le transport à voiles le Chevert arrive de San Francisco et annonce à la colonie l‟état de guerre entre la France et la Prusse. Le 15 août 1870 l’Astrée reçoit la reine Pomaré. Le même jour a lieu une course de pirogues.

L‟Astrée quitte définitivement Tahiti le 1er septembre 1870. Elle navigue le long des côtes d‟Amérique du Sud, dans une inaction qui pèse sur l‟équipage, sans rencontrer de navire de guerre prussien ni sans arraisonner de navire marchand. Elle rentre en France le 21 janvier 1871 depuis Valparaiso, passe le cap Horn, relâche à Dakar et arrive à Lorient le 8 avril. Elle est définitivement désarmée le 27 du même mois. Elle figure encore sur la liste de la flotte de 1877 à « bâtiments maintenus provisoirement auxquels on ne travaillera qu’au fur et à mesure des besoins ».

Elle est rayée des listes à la fin de la même année et restera comme ponton, rasée, la guibre enlevée révèlant une étrave droite, jusqu‟à sa démolition en 1923. Depuis 1913, elle s‟appelait

« ponton magasin n°2 », son nom ayant été donné à un sous-marin. Elle servit à Lorient comme ponton-caserne et comme poste d‟armement de la direction du port. Elle a une importante voie d‟eau en 1911. Elle est vendue à M. ferrand, de Vannes, pour la somme de 96.213 f. Le 17 février 1923 elle quitte Lorient pour St Nazaire, remorquée par l‟Audax, pour sa démolition définitive.

Caractéristiques générales, après allongement sur cale :

longueur à la flottaison : 76,63 m (longueur hors râblure à la flottaison en charge, c‟est à dire qu‟est comprise la longueur de la cage d‟hélice entre les étambots. La longueur de râblure en râblure est de 74,52 m)– largeur hors bordages 14,40 m – Tirant d‟eau moyen 6,28 m

La machine à vapeur était à deux cylindres, à bielles renversées (bielles « retour »), construite à Marseille-Menpenti par l‟ingénieur François Bourdon (la machine est du type « Algésiras modifié », elle fut transportée de Marseille à Lorient par le transport La Meuse.

Diamètre des cylindres 1,75 m. , course 1,06 m Vitesse aux essais : 11 nœuds. Consommation de charbon moyenne de 2 kgs par heure et par cheval indiqué. Hélice Mangin à 2 ailes doubles , emmanchement de l‟hélice démontable par tronc de pyramide, butée mobile à tourillons système Mazeline

Equipage 415 hommes.

Appréciation des commandants : « le navire est très mauvais marcheur à la voile » , « l‟Astrée est une grande rouleuse à la voile et à la vapeur, par mer de travers »

Artillerie : 12 canons de 16 cm, modèle 1864, se chargeant par la culasse, 4 canons de 16 cm, modèle 1860, se chargeant par la bouche.

Cheminée téléscopique dite « à longue-vue »

Embarcations : Une chaloupe à vapeur remplace la chaloupe de 11 m. un grand canot de 9,50 m, deux canots de 9,50 m, deux baleinières de 8,50 m, un youyou de 4 m.

Distillateur d‟eau pour l‟équipage (Modèle Sabattier), chaudières alimentées par l‟eau de mer.

La frégate possède en équipement un scaphandre « Cabirol », système « Rouquayrol-Denayrouze »

Claude Millé

Paquebot YARRA - Compagnie des Messageries Maritimes, 1884 -