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GESTION DE L’INTERCOMPRÉHENSION

4. Ce que les réactions dévoilent des hypothèses interprétatives

4.1. Exposition du contenu de l’hypothèse interprétative

4.1.1. La formulation de l’hypothèse permet de reconstruire l’intercompréhension

La formulation de l’hypothèse interprétative permet à l’interprétant d’exposer directement un aspect ou une partie185 de son hypothèse. Le plus souvent, ces formulations sont produites lorsqu’il a un doute ou une insatisfaction, comme c’est ici le cas pour Jacqueline :

184 Composé des corpus Écrivain public, Préfecture de police et Secrétariats et scolarités de FLE (cf. supra p. 78).

185 Nous étudions plus loin les objets et les dimensions de l’interprétation (cf. infra, p. 203). La diversité des objets ainsi que la multiplicité des dimensions justifient l’impossibilité de formuler une hypothèse interprétative

4. Ce que les Interventions dévoilent des interprétations 147

[10] Modification d’une hypothèse interprétative

Tiré du corpus Écrivain public Anicham pdf p. 46 Actes 194-244.

Transaction de service : complétion d’une demande d’allocations familiales.

01. Jacqueline alors si vous avez les bulletins de salai:res

dans son intégralité et dans toute sa granularité. L’interprétation est une appropriation d’un ensemble d’indices interconnectés auquel l’interprétant donne un sens qu’il ressent : il ne peut que faire part de morceaux choisis de son hypothèse.

148 II. Co-construction du sens et gestion de l’intercompréhension

32. qu’est-ce qu’il fait exactement 33. Anicham retou- retouches là

34. Jacqueline euh

35. Anicham pour les retousses (lapsus) 36. retouches euh pour les qu’elle demande les bulletins à Anicham, et Anicham répond qu’ils n’existent pas. Plus tôt déjà, Jacqueline avait coché la case Salarié lorsqu’Anicham lui avait dit que son mari travaillait. Ces deux Actes signifiants, le fait de cocher la case Salarié et celui de demander les bulletins de salaire, nous permettent de reconstituer certains éléments de l’hypothèse interprétative globale de Jacqueline : elle pense que le mari d’Anicham travaille, qu’il est salarié, qu’à ce titre il est payé, et qu’il reçoit des bulletins de salaire dont il doit être en possession. Cependant, la réaction d’Anicham, « non pas bulletins de salaire non parce que le impôt tout est impôt » (Actes signifiants 02 à 05), conduit Jacqueline à remettre en question ses croyances. C’est à partir de ce moment-là que Jacqueline expose le contenu de son hypothèse interprétative, d’abord dans l’Acte signifiant 12, puis de manière inachevée dans l’Acte 18, et à nouveau dans les Actes 22, 27, 28, 31, 38, 42, 46, 50 et 51. La première version de son hypothèse interprétative globale a été invalidée : elle doit donc vérifier quels éléments de cette première version restent valables et quels éléments doivent être modifiés.

Sa première tentative de construction d’une hypothèse interprétative globale satisfaisante ayant échoué, Jacqueline entreprend de la reconstruire en collaboration avec Anicham : elle soumet d’abord les parties à vérifier :

« alors c’est pa:s \ par mois / qu’il est payé \// »

« donc en fait euh »

4. Ce que les Interventions dévoilent des interprétations 149

« il est salarié / quand même / »

« c’est pas / salarié / »

puis, après avoir déconstruit les éléments faux et après avoir repéré l’origine de l’erreur, elle procède par tentatives pour reconstruire une nouvelle hypothèse interprétative globale compatible avec celle d’Anicham186 :

« il touche / quelque chose / »

« il est / travailleur in- euh »

« il est artisan /\ »

« à son compte \ »

Nous pouvons observer plusieurs choses à partir de ces réactions. Premièrement, les hypothèses interprétatives soumises à évaluation ont une intonation globalement montante et obtiennent une réaction d’infirmation ou de confirmation : les interactantes s’accordent sur la valeur interactantielle de question de ces formulations.

Deuxièmement, certaines formulations sont positives (« il est salarié quand même ») et d’autres sont négatives : les formulations positives soumettent à évaluation une hypothèse positive (une information positive que Jacqueline croit vraie), et les formulations négatives soumettent à évaluation une hypothèse négative (une information négative qu’elle croit vraie).

Ainsi, lorsqu’Anicham confirme une hypothèse positive (« il est artisan » « artisan oui voil- »), Jacqueline en tire une connaissance positive : il est artisan. Lorsqu’Anicham infirme une croyance positive (« il est salarié quand même » « euh oui pa:s salarié » 187), Jacqueline en tire une connaissance négative : il n’est pas salarié. Lorsqu’Anicham confirme une croyance négative (« c’est pa:s par mois qu’il est payé » « non c’est pas par mois »), elle en tire une connaissance négative : il n’est pas payé par mois. Une hypothèse positive infirmée et une hypothèse négative confirmée ne produisent pas un vide informatif, elles construisent une information négative ; c’est-à-dire que l’hypothèse interprétative ne contient pas une absence d’information au sujet du revenu de la personne, elle contient l’information que le revenu n’est pas mensuel, que le mari d’Anicham n’est pas salarié et qu’il n’est pas payé par un patron.

186 Ce processus de reconstruction perdure dans l’interaction. Jacqueline avait construit une hypothèse interprétative complexe et multiple sur la base de l’information « salarié », et d’autres éléments, outre l’existence de bulletins de salaire, doivent être reconsidérés (cf. pdf p. 43-74) : « vous payez un loyer pour la petite boutique » (Acte 273 dans la transcription intégrale), « et lui il travaille tout seul » (281) « et il reçoit les clients » (283) « qui veulent faire des petites retouches » (285) « travailleur indépendant je crois que c’est ça ou ou gérant » (299-300) « alors et il a un compta:ble peut-être qui fait après les comptes » (313) « et ça donne votre revenu » (319).

Nous voyons ici, à travers ces formulations d’hypothèses, à quel point l’interprétation d’une situation (usager non salarié) engendre une hypothèse interprétative complexe et ramifiée. Les informations déduites sont nombreuses et concernent des domaines variés (la location d’une boutique, le travail seul, les services du comptable, les activités du métier, les alternatives statutaires, la méthode de calcul du revenu non mensuel) : l’hypothèse interprétative globale a de nombreuses facettes (cf. infra, p. 203).

187 Ces soumissions d’hypothèse interprétative positives et négatives à évaluer sont l’occasion pour l’évaluateur de répondre par « oui », « non » ou « si ». Ces trois mots sont difficiles à utiliser en français comme le montre l’utilisation d’un « oui » par Anicham là où un locuteur natif aurait employé un « non ».

150 II. Co-construction du sens et gestion de l’intercompréhension

Enfin, les formulations négatives sont plus nombreuses au début de la remise en question de l’hypothèse interprétative : elles participent au repérage des éléments erronés et à leur déconstruction ; les formulations positives semblent être utilisées par Jacqueline pour tenter de reconstruire une hypothèse interprétative satisfaisante.

En conclusion, lorsque l’interprétant (en l’occurrence Jacqueline) a construit une hypothèse interprétative qui est contredite par une information jugée plus solide, elle est remise en question, et l’interprétant a intérêt à exposer les différents éléments de son hypothèse afin d’en déconstruise les éléments invalides, d’en consolide les éléments valides, et de reconstruire une hypothèse interprétative satisfaisante avec l’aide de son partenaire. Les expositions d’hypothèses permettent donc de modifier leur contenu en collaboration avec l’autre interactant ; elles permettent de faire le point sur ce qui est valide et ce qui ne l’est pas et de construire une nouvelle version plus satisfaisante de l’hypothèse. L’exposition du contenu de l’hypothèse permet au partenaire de produire une évaluation plus sure de son contenu et de reconstruire l’intercompréhension de manière plus efficace.

Dans l’extrait précédent, le repérage d’une incompatibilité entre les hypothèses interprétatives avait été opéré par la personne qui détenait une information incontestable et incompatible, ce qui avait permis à l’interprétante de remettre en question son hypothèse. Dans l’extrait suivant, l’interprétant n’est pas mis en doute par un tiers :

[11] Formulation d’une hypothèse pas suffisamment sure Tiré du corpus Écrivain public Chellamani 01 p. 75 02-03 et 16-28.

Transaction de service : déclaration d’un incendie de voiture à l’assurance par courrier.

01. Chellamani oui ben c’est le problème

08. \ah j’avais cru comprendre que ah j’avais cru comprendre que ah j’avais cru comprendre que ah j’avais cru comprendre que vous disiez y a

12. Jacqueline seize décembreseize décembreseize décembreseize décembre

13. (sil)

4. Ce que les Interventions dévoilent des interprétations 151

14. d’accord

15. Chellamani oui • Confirmation

Dans l’Acte signifiant 03, Jacqueline expose le contenu d’une partie de son hypothèse en construction (intonation montante forte) : « c’était y a deux ans // ». Cet Acte signifiant est interprété comme une demande de validation par Chellamani, qui l’évalue (Acte signifiant 04

« non » et Actes suivants 05, et 09 à 11). Cette évaluation est acceptée par Jacqueline : elle cherchait effectivement à savoir si son interprétation était valide.

La réaction est une hypothèse soumise à évaluation : l’évaluation est binaire, confirmative ou infirmative. L’interprétant peut également poser une question ouverte, comme « c’était quand », mais cela laisserait supposer au partenaire qu’il n’a pas d’hypothèse interprétative à ce sujet ; au contraire, la soumission d’une hypothèse interprétative (ici « c’était y a deux ans // ») manifeste l’existence d’une hypothèse, cependant jugée trop incertaine pour être satisfaisante188.

La formulation d’une hypothèse peut donc être produite lorsque l’interprétant est obligé d’en reconsidérer la validité et d’en construire une nouvelle version, ou lorsqu’il a lui-même un doute sur la validité ou sur la qualité de l’hypothèse interprétative construite. Dans ce dernier cas, il peut la soumettre à évaluation en la formulant avec une intonation interrogative forte par exemple.

La formulation d’une hypothèse interprétative est l’exposition, par la production d’Actes signifiants, d’une partie du résultat du processus d’interprétation : le producteur de cette réaction fournit des indices prégnants du contenu de ce résultat dans la production d’une

« proposition d’actualisation d’un des éléments [du] potentiel [de sens porté par l’Acte interprété] » (Brassac 1998, p. 9). Pourtant cette « formulation » n’a, à notre connaissance, pas été étudiée pour elle-même, même par Brassac qui parle de « reformulation » de l’énoncé précédent (2004). Les deux concepts sont proches, mais pas identiques : la formulation de l’hypothèse interprétative expose le résultat d’un processus cognitif ; ce qui nous intéresse est ce que cette formulation laisse transparaitre de l’interprétation et des éventuels besoins qu’elle peut suggérer. La reformulation est le résultat d’une reprise éventuellement modifiée d’un énoncé (plus rarement d’une autre production) : « Le concept de reformulation implique que le segment reformulé X’ reprenne, sous une forme ou sous une autre, un segment source X qui a été formulé antérieurement » (Rabatel 2010, p. 13), elle fait le plus souvent l’objet d’analyses comparatives entre « forme source » et reformulation, d’analyses d’intertextualité ou de prise en charge énonciative par exemple. Le rôle du processus interprétatif est secondaire, et la force illocutoire et la valeur interactantielle de cette reformulation sont peu observées.

188 Nous revenons sur la comparaison entre questions fermées et formulations d’hypothèses (cf. infra p. 176).

152 II. Co-construction du sens et gestion de l’intercompréhension

Du point de vue de la gestion de l’intercompréhension, la « reformulation » de l’énoncé précédent n’a pas d’intérêt : la « reformulation » est stylistique, intertextuelle, désincarnée ; elle relève de la manipulation textuelle189 : elle ne donne aucun indice sur l’interprétation qu’a effectuée son producteur, seulement sur son habileté à manipuler les mots190. La formulation de l’hypothèse interprétative constitue un choix stratégique pour la gestion de l’intercompréhension. Elle sert un objectif : fournir des indices aussi nombreux et précis que possibles du contenu de l’hypothèse au partenaire pour que son évaluation soit la plus solide possible. Elle est la mise en Acte (pointage, représentation gestuelle, production verbale, etc.) d’une sélection de sens pour un Acte ou pour un objet interprété : elle offre des indices précieux pour que le partenaire joue son rôle dans la gestion de l’intercompréhension. En conséquence, en didactique des langues, si l’apprentissage de la manipulation morphosyntaxique, lexicale et textuelle est utile pour pouvoir formuler son hypothèse interprétative en manifestant ses spécificités par rapport à l’Acte ou à l’objet interprété, il est important qu’elle soit enseignée du point de vue du potentiel de sens que les différentes formulations peuvent suggérer, et donc des hypothèses interprétatives et des jugements qu’elles peuvent laisser transparaitre.

Les analyses de « reformulations » ont parfois abouti à des résultats intéressants de ce point de vue, en particulier au sujet de la prise en charge énonciative (travaux de Rabatel par exemple), et les analyses sur les connecteurs, les ponctuants et autres marqueurs discursifs fréquemment utilisés dans la formulation de l’hypothèse interprétative peuvent compléter nos recherches. Liés à cet aspect, les marqueurs suivants ont été repérés dans le corpus :

[12] « peut-être »191

Jacqueline euh alors euh il attend d’ailleurs dans l’a- dans l’hôpital peutpeutpeutpeut--- -être

être être être ça

Jacqueline parce qu’il était rentré comme ça sans donner les papiers peutpeutpeutpeut--- -être

être être être euh

[13] « ça veut dire » et « par exemple »192

Chellamani ça veut direça veut direça veut direça veut dire mutuelle par exemplepar exemplepar exemplepar exemple je payer par mois Jacqueline y- y- y avait les travaux par exemplepar exemplepar exemple par exemple

189 La re-formulation présente un intérêt pour la gestion de l’intercompréhension lorsque le producteur d’un Acte re-formule ou re-produit cet Acte parce qu’il a repéré une difficulté dans le processus d’interprétation de l’autre : il ne s’agit alors pas de la formulation de son hypothèse interprétative (qui consiste en une évaluation de la qualité de l’hypothèse interprétative de l’autre et de son jugement sur elle), mais d’une stratégie de facilitation de l’interprétation pour son partenaire. La re-formulation est alors effectivement une pratique de manipulation textuelle, qui s’apparente aux exercices structuraux de l’enseignement des langues à l’époque de l’audio-oral (Réquédat 1972).

190 Comme la re-production informe sur sa capacité à produire des Actes, non à les interpréter, cf. infra p. 287.

191 Extraits tirés du corpus Écrivain public Prithviraj pdf p. 233 Acte 709, Prithviraj pdf p. 240 Actes 1027 et 1028.

192 Extrait tiré du corpus Chellamani 02 pdf p. 132 Actes 1257 et 1258, Shamina pdf p. 273 Acte 157.

4. Ce que les Interventions dévoilent des interprétations 153 [14] « c’est-à-dire que »193

Jacqueline euh c’estc’estc’estc’est----àààà----dire qu’dire qu’dire qu’dire qu’il sortira de l’hôpital euh quand y aura une place ailleurs

Jacqueline c’estc’estc’estc’est----àààà----dire quedire quedire quedire que vous n’avez pas été consulté(e)(s) Jacqueline c’estc’estc’estc’est----àààà----dire qu’dire qu’dire qu’dire qu’un jour ils sont venus

Jacqueline ah c’estc’estc’estc’est----àààà----dire quedire quedire quedire que c’était pendant les travaux que vous avez été logés là

[15] « donc en fait »194

Jacqueline doncdoncdoncdonc en faiten faiten faiten fait là ce que vous recherchez plus c’est pour euh écrire Jacqueline doncdoncdoncdonc en faiten faiten faiten fait c’- votre motivation c’est- c’est c’- pour l’instant

c’est ça

Jacqueline donc en faitdonc en faitdonc en faitdonc en fait c’est la même personne qui a fait les travaux qui a fait le le qui a pose le vitrage

Jacqueline doncdoncdoncdonc en faiten faiten faiten fait oui alors vous avez pas été prévenue vous avez pas eu le devis avant

[16] « donc »195

Jacqueline doncdoncdoncdonc euh jamais il n’a répondu à cette lettre-là

Jacqueline et doncdoncdoncdonc la demande que vous faites au pôle emploi c’est d’être aide à domicile

Élodie doncdoncdoncdonc vous vivez dans un appartement y a des travaux qui sont faits dans cet appartement doncdoncdonc vous avez été vivre dans un autre donc

appartement

Jacqueline même dans cet appartement-là doncdoncdoncdonc y avait des travaux à refaire Juana (Claudia « un an ») doncdoncdonc euh j’ai septembre donc

Monique doncdoncdoncdonc c’est ça plus ça

Monique doncdoncdoncdonc vous venez les deux semestres Colette mais doncdoncdonc pour la rentrée prochaine donc

Jean doncdoncdoncdonc c’est de rem- c’est de remplir (sil) la- l’inscription la demande préalable

Les connecteurs tendent à renforcer la dimension hypothétique du contenu exposé ainsi que le fait que l’hypothèse interprétative est le résultat d’une sélection entre plusieurs choix : ils introduisent ou ponctuent la proposition d’interprétation. L’interprétant manifeste peut-être par ces expressions le fait qu’il propose une hypothèse fondée sur un choix, mais aussi qu’il conçoit que d’autres choix sont possibles, qu’il est conscient que sa sélection peut ne pas convenir et qu’il est prêt à explorer d’autres options. Il nous est difficile de tirer des

193 Extraits tirés de Écrivain public Prithviraj pdf p. 233 Actes 710 et 711, Shamina pdf p. 276 Acte 326, Shamina pdf p. 274 Actes 218 et 220, Shamina pdf p. 275 Actes 244 et 245.

194 Extraits tirés des corpus Écrivain public Rahifa pdf p. 250 Acte 184, Rahifa pdf p. 259 Acte 635, Shamina pdf p. 273 Actes 149 et 150, Shamina pdf p. 277 Actes 350-355.

195 Extraits tirés des corpus Écrivain public Prithviraj pdf p. 222 Acte 132, Rahifa pdf p. 256 Acte 469, Shamina pdf p. 275 Actes 270, 272 et 273, Shamina pdf p. 276 Actes 281 et 283, Préfecture de police Juana pdf p. 734 Acte 159, Secrétariats de FLE Aiko pdf p. 791 Acte 21, Aiko pdf p. 792 Acte 81, Ling pdf p. 809 Acte 35, Ling pdf p. 812 Acte 186.

154 II. Co-construction du sens et gestion de l’intercompréhension

différences de potentiels de sens entre ces différents marqueurs à partir de ces quelques exemples, mais d’autres chercheurs ont analysé le fonctionnement de certains d’entre eux196. 4.1.2. La demande de précision

D’autres expositions d’hypothèses ne servent pas à permettre l’évaluation du contenu des hypothèses, mais à manifester un sentiment d’incomplétude monologique jugé trop important par l’interprétant.

L’interprétant peut ressentir cette insatisfaction à plusieurs niveaux et formuler son besoin de compléments d’information de différentes manières, comme l’illustrent les extraits qui suivent :

[17] Questions

Tiré du corpus Écrivain public Shamina pdf p. 272 Actes 117-128.

Transaction de service : contestation d’une facture pour le remplacement d’une vitre.

01. Jacqueline alors euh à l’occasion de travauxà l’occasion de travauxà l’occasion de travauxà l’occasion de travaux (lit)

02. alors en plus

03. alors ça a été cassé à quelle occasionça a été cassé à quelle occasionça a été cassé à quelle occasion ça a été cassé à quelle occasion 04. parce que là de la manière dont il écrit 05. à l’occasion des travaux de suppression

d’ac- (lit)

06. c’est l’entreprise qui l’a cassé c’est l’entreprise qui l’a cassé c’est l’entreprise qui l’a cassé c’est l’entreprise qui l’a cassé 07. ou: c’est vous ou: c’est vous ou: c’est vous ou: c’est vous

08. Shamina euh parce que euh avec nous

09. parce que il y a eu euh beaucoup de vent 10. Jacqueline oui

11. Shamina notre fenêtre ouvrir

12. notre cet- tout de suite c- fermer 13. ça a cassé petit peu

• Information jugée insuffisante

• Question ouverte

• Question avec propositions

[18] Pointage + question

Tiré du corpus Écrivain public Shamina pdf p. 278 Actes 413-423.

Transaction de service : contestation d’une facture pour le remplacement d’une vitre.

01. Shamina parce que mon mari en vérité il il n’est pas venu

02. parce qu’il travaille tout le temps

03. ne parler

196 Par exemple, la thèse de Fath (1995) dégage trois propriétés à « donc » : « donc » exploite une donnée qui fait l’objet d’un accord relatif entre les participants, il inspire une légitimité due à l’accord sur la donnée exploitée, et la donnée constitue une justification pour ce qu’introduit « donc », sans impliquer la conviction de l’énonciateur.

La locution « par exemple » a été étudiée plus largement dans son rôle argumentatif (Ouellet 1989, Rossari &

Jayez 2003), ce qui ne semble pas être le cas ici (« par exemple » désigne peut-être ici davantage la proposition d’hypothèse interprétative comme un exemple de sélection d’un potentiel de sens que comme l’introduction d’un contenu à valeur exemplaire). D’autres auteurs ont également étudié « c’est-à-dire » (comme Vassiliadou 2004 ou Jacquel 2005) et « peut-être » (Nølke 1988).

4. Ce que les Interventions dévoilent des interprétations 155 04. Jacqueline oui

05. Shamina à cause de çaà cause de çaà cause de çaà cause de ça ne peut euh

06. Jacqueline acostaacostaacostaacosta c’est quoi 07. Shamina ah non

Tiré du corpus Scolarités de FLE Mayara pdf p. 802 Actes 145-153.

Transaction de service : inscription à l’université 01. Mayara çaçaçaça sont poursont poursont poursont pour

02. Olivier ça c’est au cas où vous auriez des justificatifs

03. Mayara juscat-

04. Olivier à donner auprès de bah certains euh (sil) certains

Tiré du corpus Écrivain public Chellamani 01 pdf p. 104 Actes 1496-1502.

Transaction de service : déclaration d’un incendie de voiture à l’assurance par courrier.

01. Jacqueline vous pouvez l’envoyer peut-être 02. Chellamani euh

03. recommandérecommandérecommandérecommandé c’est mieuxc’est mieuxc’est mieuxc’est mieux 04. Jacqueline recommandé

05. voilà

06. Chellamani recommandé mhm

07. Jacqueline c’est ce que je voulais vous: vous conseiller

• Soumission de proposition

Dans ces quatre extraits, l’interprétant, qui produit les demandes, ne manifeste pas que de l’insatisfaction : dans le premier, Jacqueline ne revient pas sur la vitre ni sur le bris ; dans le

Dans ces quatre extraits, l’interprétant, qui produit les demandes, ne manifeste pas que de l’insatisfaction : dans le premier, Jacqueline ne revient pas sur la vitre ni sur le bris ; dans le