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3. Expérience de la mise en place d’un jeu pédagogique

3.1 Pourquoi le jeu pédagogique ?

3.1.1 Les formations existantes

Les formations que le FIRC propose, dépendent lors de l’arrivée d’un nouveau collaborateur de tout un parcours d’intégration préétabli. Pour commencer, les responsables d’équipe informent le FIRC de l’intégration d’un nouvel arrivant et précisent les dates de mise en production souhaitées. Relativement à la fonction occupée par ce nouveau collaborateur, le FIRC décline le parcours d’intégration associé, le soumet aux responsables d’équipe pour validation, et identifie les intervenants14.

Le FIRC propose également des formations dites de « perfectionnement », pour répondre à un besoin exprimé ou perçu. Les besoins en formation des correspondants clients naissent d'abord de l'environnement extérieur : les évolutions technologiques sont par exemple source de besoins de formation. De façon assez régulière, de nouveaux outils de traitement de l'information apparaissent, toujours plus performants. Afin de garantir sa compétitivité, Humanis évolue avec ces évolutions technologiques en changeant ses outils informatiques, ses logiciels. Il est donc nécessaire de réadapter l'activité des conseillers avec l'utilisation de ces nouveaux outils en proposant des formations leur permettant de s’adapter. Le domaine de la retraite est, de plus, fortement lié à un facteur externe : celui des changements de politique de l'Etat. Ainsi les cadres législatifs évoluant, les Institutions de Retraite Complémentaire doivent être capables de s'adapter et d'être en phase avec ces changements.

Le FIRC propose (pour répondre à ces besoins) trois types de supports utilisables en formation : l’éternel Power Point cher aux formations en présentiel, le didacticiel usité en formation e-learning, et le jeu pédagogique (essentiellement de plateau). L’apparition dans le temps de ces différents types de supports au sein du FIRC reprend respectivement cet ordre de

14 Inspiré du Book du FIRC

51 présentation. Les parcours d’intégration et de formation se sont donc au fil des ans enrichis de nouvelles méthodes pédagogiques.

Les supports de formation en présentiel représentent aujourd’hui environ 75%15

de l’offre de formation FIRC. Ils en constituent donc l’essentiel et disposent d’une bonne appréciation de la part des conseillers clients référents (formateurs « occasionnels »), qui les connaissent bien, les maîtrisent. Conscient du côté rébarbatif et linéaire qu’ils peuvent avoir, le FIRC cherche au maximum à donner une image positive de ces supports et à faire en sorte qu’ils soient efficients d’un point de vue pédagogique. Utilisés à bon escient, ceux-ci peuvent tout de même avoir leur avantage. Devenues très communes en formation, les méthodes pédagogiques descendantes (type cours magistral) doivent pour être efficaces, être accompagnées de méthodes alternatives, comme le e-learning par exemple.

« Envisagé d’abord comme un outil informatique, le e-learning est devenu peu à peu

un outil d’apprentissage » (Baujard, 2008, p.68). Il s’agit d’un moyen efficace, selon l’auteur,

« pour démultiplier et pérenniser la formation, un moyen pour rendre les pratiques

cohérentes et optimiser l’efficience de la formation » (op.cit.). Pourtant, malgré ces (semble-t-

il) grands avantages, la formation e-learning n’est pas encore une des plus courantes. Lors d’un échange effectué l’an passé, Stéphanie Serruys (pilote d’un projet interne à Humanis) fit part de son étonnement quant à la présence du e-learning dans une des formations proposée par le FIRC : « il y avait du e-learning qui n’était pas du tout exploité à ma connaissance sur

les outils NT. (…) Pour moi ça allait vraiment au-delà [de mes attentes] ». Force est de

constater, que le e-learning, n’est pas en 2013/2014 (et contrairement à ce que l’on pourrait penser) quelque chose de bien établi ou de véritablement entré dans les mœurs. Les didacticiels conçus par le FIRC représentent environ 15%15 de l’offre de formation. S’intercalant entre les formations en présentiel et les prises de poste accompagnées, ils permettent de dynamiser et de moderniser les parcours de formation à l’aide de l’outil informatique. Utilisé de façon adaptée, le e-learning possède indéniablement de certains avantages qui peuvent tout de même se transformer en désavantages lorsqu’il est utilisé de manière inadéquate (une journée complète sur plusieurs didacticiels par exemple).

52 D’un point de vue pédagogique, Meignant (2009, p.209) décèle deux limites à l’utilisation du e-learning : « certaines études montrent une certaine tendance des apprenants

à ‘papillonner’ sur le modèle du zapping », interférant de façon indubitable sur

l’apprentissage de fond. On se rapproche ici plutôt de l’information que de la formation. Et l’auteur de rajouter que « le temps d’attention soutenue des apprenants dépasse difficilement

quelques dizaines de minutes » (op.cit.). Même si cette attention semble plus intense, elle ne

peut être maintenue exclusivement par l’utilisation de l’outil informatique. Pour atteindre l’excellence pédagogique, la construction de supports peut prendre beaucoup de temps. De ce fait, et nonobstant encore une fois les idées reçues, « les coûts de développement sont plus

élevés que pour un cours ‘classique’ » (Meignant, 2009, p.203).

Meignant ne semble pas être le seul à émettre quelques critiques quant à l’utilisation du e-learning en formation. Comme le rappelle Chaptal (2003, p.131), « de nombreux auteurs

tant français qu’américains ont signalé depuis longtemps le mirage d’un effet cognitif miraculeux découlant de l’exposition d’un élève à un ordinateur ». Baujard (2008, p.105)

quant à elle, décèle que « les complémentarités des logiques d’appui et d’accompagnement

engendrent des tensions qu’il convient de gérer en respectant l’équilibre des deux types de formation [présentielle et en ligne]». Le e-learning devient alors véritablement efficace et

pertinent (comme précisé ci-dessus) lorsqu’il devient complémentaire d’une formation présentielle préexistante. Pour justifier ce propos, Baujard note que « la plupart des

participants apprécient de retrouver dans les modules e-learning des apports du séminaire en salle : cela les aide à assimiler et à mettre en pratique » (op.cit.).

Le focus que nous faisons ici sur le e-learning est assez conséquent car il convient de mesurer les propos communément admis dans le champ de la formation, faisant de l’apprentissage en ligne le « graal » des méthodes pédagogiques alternatives. Parmi celles-ci, une « petite nouvelle » a fait son apparition ces dernières années, et tend à progresser : on parle bien sûr du sujet de cette étude, le jeu pédagogique. Grâce à une veille permanente des évolutions dans le monde la formation professionnelle et de l’ingénierie de formation, le FIRC a tout loisir d’être en pointe et de proposer des formations « dans l’ère du temps ». Ainsi, c’est à partir de juillet 2012 que le FIRC s’est lancé dans la conception de son premier jeu pédagogique. Barthélémy-Ruiz C. (1993, p.71) avance l’hypothèse que c’est grâce à la législation que la France a pu « voir naître autant d’expériences différentes » dans la réalisation de jeux à destination d’un public adulte en formation. Il va de soi que cette

53 démarche de conception dans une entreprise dépend également (et fortement) d’une politique de formation, voulue et encouragée par les instances décisionnaires. La mise en place de jeux pédagogiques au sein du département Interlocution Client Retraite (ICR) ne détonne pas et semble plutôt logique, si tant est que nous considérons le jeu en formation comme « innovant ». Katherine Hénault, responsable du département ICR précise que « l’idée du

FIRC c’était aussi de pouvoir utiliser tous les outils mis à notre disposition et tous les vecteurs innovants » (l.282/283)16, en proximité effective des correspondants clients (cf. supra. partie 1.2.2, p. 12).

Les jeux pédagogiques (que nous présenterons ci-dessous), peuvent être usités à Humanis de trois façons différentes : la première lors de l’intégration (inscrite au plan) d’un nouveau collaborateur ; la seconde lors de formations de perfectionnement (inscrites au plan également) ; et la troisième enfin, lors d’un creux d’activité permettant ainsi d’occuper utilement les correspondants clients.