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Partie 2 Etude de cas : enseignement/apprentissage du chinois en SIC à Shanghai vu par les acteurs 47

2.   Fonctionnement didactique incluant des « DNL » 29

Le principe des Sections Internationales est notamment d’appuyer l’enseignement de la langue cible sur le contenu d’une discipline. La discipline choisie varie selon la section internationale, mais le but commun demeure d’offrir un espace supplémentaire d’exposition à la langue, et de multiplier les opportunités d’échanges dans la langue de la section.

2.1. Définition et remise en cause du terme de DNL

La notion de « Discipline Non Linguistique » décrit un enseignement scolaire n’ayant pas pour objectif l’étude de la langue elle-même, mais l’étude d’une discipline scolaire en langue cible. Dans le cadre des SELO, les professeurs responsables de ces enseignements sont bilingues et dispensent cet enseignement dans les deux langues de la section. Ce bilinguisme n’est pas imposé aux professeurs de la Section Internationale Chinois. De plus, un professeur de DNL en SIC « n’est pas un professeur de langue

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étrangère » (Duverger, 2009 : 118), c’est un professeur spécialisé dans l’enseignement de la discipline scolaire concernée, ce qui confère toute sa spécificité à ce parcours.

Au sein des SELO, ces modalités d’enseignement reposent sur des concepts élaborés par les institutions européennes, de type CLIL selon l’appellation anglo-saxonne (Content and Language Integrated Learning), ou EMILE (Enseignement d’une Matière par l’Intégration d’une Langue Etrangère) à la française. En SIC, le fait que le professeur de DNL ne soit pas nécessairement bilingue laisse entrevoir une approche davantage monolingue de ces enseignements.

L’expression « DNL » demeure controversée, notamment remise en cause par Hélot dans Hélot et Erfurt (2016), et ne nous semble par ailleurs pas correspondre pleinement à la réalité des enseignements proposés ; en effet, tout enseignement passe par la communication, l’expression et la compréhension, et comporte donc nécessairement une dimension linguistique. Ces enseignements ont pour but d’accroître le temps d’exposition à la langue cible des apprenants en sections internationales, et d’encourager les échanges dans cette langue pendant les cours, tout en leur proposant une approche didactique culturellement différente de la matière enseignée ; ils présentent également l’intérêt d’introduire une certaine diversification du répertoire langagier des apprenants. L’objectif est bien de leur permettre d’être en contact de manière régulière, tout au long de leur parcours éducatif, avec les deux cultures éducatives, et d’avoir l’occasion de passer d’une langue à l’autre pour enrichir leurs compétences communicatives.

2.2. Justification des choix opérés

Dans le cadre des SIC, le choix s’est porté sur l’enseignement des mathématiques, puis s’est étendu au collège à des matières actionnelles comme les arts plastiques, ainsi qu’à l’éducation musicale au primaire. Ce choix, plutôt que celui de l’histoire-géographie, peut notamment se justifier par la lourde charge sinographique que représenterait un enseignement de cette discipline en chinois. Précisons que malgré cet argument non négligeable, ce fut la matière retenue dans le cadre des SELO ; notre propos n’est pas ici d’effectuer une comparaison entre ces deux modèles d’enseignement bilingue, mais ce point mérite d’être relevé et peut soulever un certain nombre de questionnements.

En SIC, les textes officiels prévoient que le professeur de mathématiques en chinois se conforme au programme de l’Education nationale française, et les enseignements en

chinois doivent intervenir à la suite des enseignements suivis par les élèves en mathématiques en français.

« L’enseignement des mathématiques dispensé en langue chinoise prend appui sur des notions qui ont, au préalable, été abordées dans le cadre de l’enseignement des mathématiques en français. Le professeur de mathématiques en langue chinoise prend en compte pour établir sa progression l’avancée du programme de droit commun » (Annexe, BO N°29 du 21-07-2016)

Si l’objectif de cet enseignement consiste à permettre aux apprenants le passage d’une culture éducative à l’autre, le « choc des cultures éducative et pédagogique auquel sont confrontés les professeurs mis à disposition par la Chine » (Bellassen et Min Liao dans Hélot et Erfurt, 2016 : 362) ne doit pas être négligé : en plus de devoir s’adapter à un système éducatif éloigné du leur, ils ont la charge de concevoir une discipline nouvelle, les « mathématiques langue étrangère ». Nous reviendrons au cours de notre analyse sur les différences observées par les acteurs de la SIC, entre les deux approches pédagogiques et culturelles de cette discipline.

« Le principal objectif de l’enseignement des mathématiques en chinois au collège est de développer des compétences d’expression en langue chinoise. Dans cette perspective, les activités qui amènent les élèves à expliquer, à l’oral ou à l’écrit, des démarches, à décrire des situations, des objets géométriques sont privilégiées. » (Annexe, BO N°29 du 21-07-2016)

Cet extrait du Bulletin Officiel de l’Education nationale nous confirme dans quelle mesure l’enseignement des mathématiques en chinois a pour vocation de servir de support à la pratique de la langue chinoise. Le fait que cet apprentissage soit abordé sous un angle potentiellement différent de l’approche pédagogique d’enseignants français contribue à sensibiliser les apprenants à la culture éducative du pays dont ils étudient la langue.

2.3. Volume horaire des enseignements en chinois

Nos observations nous ont permis de remarquer qu’en classe de 6ème SIC au LFS, les élèves disposent de cinq heures par semaine d’enseignement de langue et littérature chinoises. L’emploi du temps de l’un de nos enquêtés (Annexe 13, p. 176), laisse apparaître une répartition équilibrée de ces cours, à raison d’un cours par jour.

Concernant les DNL, le volume horaire se répartit en deux heures de mathématiques en chinois par semaine et une heure d’arts plastiques enseignés en chinois. Les heures de mathématiques en chinois, et le volume des heures d’enseignement de langue et littérature chinoises, contribuent à la densité de l’emploi du temps d’un collégien de SIC. L’heure

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d’arts plastiques n’est pas un ajout, puisqu’elle figure, enseignée en français, dans l’emploi du temps de chaque collégien, toutes sections confondues.

Au total, l’emploi du temps d’un élève de 6ème SIC au LFS totalise trente-quatre heures de cours par semaine.