• Aucun résultat trouvé

Exils, 2004.

INTRODUCTION

Nous vivons incontestablement dans l'ère du numérique. Une ère qui fait de l’intelligence et du savoir une source de richesse économique des personnes, des sociétés et des entreprises. Une ère qui érige les technologies de l’information et de la communication en facteur de développement économique, social et politique. Une ère qui ne se conçoit qu’avec et à travers la maîtrise de ces technologies et leur déploiement dans tous les secteurs de l’activité humaine.

Toutefois, ce phénomène de la scène numérique mondiale ne peut s’envisager qu’a travers des notions d’universalité, d’ouverture, de liberté et de partage. Des notions qui placent certaines technologies sur un piédestal et les prédisposent à devenir les outils idéaux pour instaurer une certaine écologie dans les activités humaines. Des notions qui symbolisent une profonde aspiration à participer à l’élaboration du monde. Des notions qui vont au delà des enjeux techniques pour signifier que la connaissance est, et restera, un bien commun auquel chaque individu a le droit d’accéder, d’apporter sa pierre et de la transmettre.

Il semble que ces notions vont en parfaite symbiose avec le concept et la philosophie des logiciels libres. Plus qu’un outil, ils apportent une vision novatrice fondée sur la gratuité et le partage des informations. Liberté d'utilisation, liberté d'accès, liberté de modification, liberté de distribution : ces quatre libertés sont à la base du développement des logiciels libres, une alternative intéressante face aux contraintes imposées par les technologies dites propriétaires.

Ainsi, et après avoir révolutionné le monde du logiciel, les technologies libres investissent aujourd’hui l’ensemble de la société de l’information. Considérés à leur début comme utopiques, ils constituent actuellement une réalité bénéficiant tant au secteur public qu’au privé. Il s’agit là d’un " bon filon" que tous les acteurs de la société devraient saisir, maîtriser mais surtout utiliser à bon escient.

Les administrations publiques font partie de ces acteurs qui doivent profiter de ces technologies des logiciels libres. Elles doivent non seulement les considérer comme moyen contribuant à la bonne gouvernance, mais doivent surtout les utiliser comme outil de modernisation de leurs systèmes d’information visant l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience de leurs prestations. En effet, le recours aux logiciels libres pour l’administration marocaine peut être guidé par plusieurs raisons :

Faciliter l’accès et le partage de l’information ;

Limiter la dépendance vis-à-vis des fournisseurs de logiciels;

Disposer de logiciels ouverts, facilement adaptables aux besoins fonctionnels de l’administration ;

Economiser les deniers publics en limitant les coûts d’investissement et de fonctionnement ;

Combattre l’illégalité et le piratage en utilisant des logiciels disponibles librement et sans contraintes ;

Disposer de solutions pérennisables, stables et normalisées.

A cet égard, les logiciels libres semblent une solution très intéressante au niveau du coût, de la maintenance et de la pérennité des données et du système. Ce n’est donc pas étonnant que certaines instances internationales invitent et encouragent les gouvernements des pays en développement à tirer le meilleur parti possible de ces technologies libres et de leur application dans le secteur public.

En effet, le plan d’action adopté par le Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) en 2003 à Genève, va dans ce sens, dans la mesure ou il incitait les pays en développement à recourir, de plus en plus, aux logiciels libres afin de réduire leur dépendance technologique, et d’exploiter le large potentiel qu’ils offrent en matière de fonctionnalités et de performances. Ce sommet, va même jusqu’à considérer le niveau d’utilisation des logiciels libres comme indicateur de bonne gouvernance et de développement durable dans les politiques nationales de coopération en Afrique1. Cette reconnaissance du potentiel des logiciels libres a même été renforcée par l’UNESCO qui n’a pas hésité à leur revendiquer le statut de " patrimoine de l’humanité"2 et à leur consacrer tout un portail d’information3.

Au niveau national, le programme E-Gouvernement 2005-2008, baptisé " IDARATI", est articulé sur un certain nombre de chantiers où il est clairement demandé aux organismes étatiques et aux entreprises de recourir de plus en plus aux standards ouverts et aux logiciels libres. Ceci a pour objectif de faciliter la transposition d'applications, d’assurer une certaine interopérabilité et, par conséquent, faire réussir le défi de l’administration en ligne.

Par ailleurs, il a été remarqué que, d'une manière générale, les standards ouverts sont respectés alors que les logiciels libres sont encore faiblement introduits dans l'administration marocaine. Ceci, non pas parce qu’ils sont méprisés mais plutôt parce qu’ils restent, pour l'instant,

1 Le Sommet mondial de la société de l’information (SMSI). Plan d’action de Genève WSIS-03/GENEVA/DOC/0005 [en ligne]. SMSI (Genève), mars 2003-[réf. du 10 mai 2007]. Disponible sur Internet :

<http://www.itu.int/wsis/docs/geneva/official/poa-fr.html >.

2 DIAKITE, A. Rapport sur les Rencontres Mondiales du Logiciel Libre. [en ligne] UNESCO [s.l.], session

2002- [réf. du 10 mai 2007]. Disponible sur

Internet :<http://www.unesco.org/webworld/portal_freesoft/reports/rmll.rtf>.

3 L’url de ce portail est disponible à l’adresse suivante : http://www.unesco.org/cgi-bin/webworld/portal_freesoftware/cgi/page.cgi?d=1

méconnus ou peu connus par cette dernière4. Il s’agit donc vraisemblablement d’un problème d’information.

Partant de cette hypothèse, nous avons tenté d’établir un état des lieux en matière d’utilisation des logiciels libres en déterminant, d’une part, si effectivement ces technologies sont inconnues par les administrations et, d’autre part, en essayant d’identifier celles qui les utilisent ainsi que les motivations ayant justifié ce recours. Cet état des lieux ne se serait pas avéré concluant si nous n’avions pas identifié les autres administrations n’ayant pas eu encore recours à ces logiciels libres.

A l’issue de ce constat, nous avons prêché l’ambition de concevoir un portail d’information sur les logiciels libres destiné à centraliser des informations détaillées, pertinentes et actualisées, aussi bien théoriques que pratiques sur ces technologies. Exploiter de façon optimale cette mine d’information et la mettre à la disposition des différents gestionnaires des systèmes d’information, peut s’avérer très utile et profitable pour la promotion de ces technologies au sein de l’administration publique. Pour ce faire, et afin d’atteindre ces objectifs, nous avons décidé d’articuler notre travail en deux parties.

La première partie est composée de trois chapitres, dont le premier a pour objectif de situer le présent travail dans son contexte de recherche et son environnement opérationnel.

Le deuxième chapitre a été consacré à la revue de la littérature qui a été développée en fonction des principaux axes de travail de notre recherche. Il a été question donc, dans un premier temps, des logiciels libres, de leur histoire, de leur fonctionnement, ainsi que des avantages intrinsèques qu’ils peuvent représenter comme outil de bonne gouvernance et de modernisation des systèmes d’information publics. Dans un deuxième temps, nous nous sommes penchés sur la technologie des portails vu que c’est le média que nous avons choisi pour informer sur les technologies du libre.

Le troisième chapitre, quant à lui, a été dédié à l’approche méthodologique notamment, les objectifs de recherche, la définition des concepts et les méthodes de recherche choisies pour mener à bien cette étude.

La deuxième partie de ce mémoire est subdivisée en trois chapitres correspondant aux objectifs de recherche assignés à cette étude. Le premier chapitre est consacré à la présentation des résultats de l’analyse de l’existant en matière de logiciels libres. Le second chapitre expose les résultats de l’enquête sur le terrain que nous avons conduite auprès des départements ministériels.

Le troisième chapitre est consacré à la conception du portail sur les logiciels libres.

4 DEPTI. Programme national e-gouvernement 2005-2008 : pour une administration électronique intégrée et citoyenne, IDARATI. [en ligne] DEPTI (Rabat), version 4.5 du 25 janvier 2006- [réf du 10 mai 2007].

Disponible sur Internet : <http://www.idarati.ma/ProgrammeIDARATI/Programme%20e-gouvernement.pdf>.