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Chapitre 4. Musculature, minceur et féminité

4.4 La figure de la boxeuse : une (sous-)culture d’apparence propre à la boxe?

Dans une étude sur le rapport au corps de jeunes sportives, Carolina Lunde et Kristina Holmqvist Gattario (2017) montrent que ces femmes doivent négocier avec des normes corporelles contradictoires issues, d’une part, de la culture sportive qui se concentre sur la performance et, d’autre part, de la culture « hors sport » (à l’école, par exemple), qui met l’accent sur l’apparence physique et à travers laquelle interviennent les normes sociales de genre. Cette culture de l’apparence concerne avant tout les femmes, puisque le discours sur la féminité fait valoir l’importance de l’apparence des femmes (avec une attention particulière pour la taille et la forme de leur corps) pour leur désirabilité et leur bien-être (Chapman, 1997, p. 219). Lunde et Gattario expliquent que les jeunes sportives font très tôt l’expérience des contradictions entre la culture sportive et la culture de l’apparence, le corps nécessaire pour performer dans la première ne correspondant pas toujours au corps idéalisé dans la seconde (2017, p. 84). C’est notamment à travers cette expérience que s’expriment des rapports au corps négociés et ambigus, mais aussi des formes de contestation des discours dominants (Chapman, 1997, p. 219).

L’environnement sportif serait toutefois émancipatoire en ce qu’il favorise un rapport positif au corps lié à l’usage, la fonctionnalité et la capacité du corps, plutôt que seulement son apparence (Lunde et Gattario, 2017, p. 81). La culture sportive entre alors en tension avec la culture de l’apparence, qui, elle, incite les femmes à concevoir leur corps d’abord et avant tout comme des objets passifs de désir : « This view of the performing body was, however, heavily compromised by a more passive, objectified view of the body, relating to a wish of conforming to cultural ideals of beauty and to be desirable in the eyes of others » (Lunde et Gattario, 2017, p. 86). Selon ces autrices, la culture sportive permettrait aux femmes d’habiter leur corps autrement que comme un site d’objectivation, soit comme un site de subjectivation (Lunde et Gattario, 2017, p. 81). Dans la présente section, je prends comme point de départ les constats présentés par Lunde et Gattario pour réfléchir aux spécificités des expériences des boxeuses au sujet de la musculature.

À la boxe, la performance sportive repose sur des qualités physiques telles que la force de frappe, la puissance, la vitesse et les mouvements explosifs qui demandent un grand travail musculaire. Les boxeuses soulignent l’importance des muscles pour leur performance sportive, parfois même au détriment des normes corporelles de genre. Le thème de la culture sportive fait donc parfois de l’ombre à celui de la culture de l’apparence dans leurs propos. Par exemple, Anna raconte la manière dont elle est arrivée à apprécier son corps en misant sur sa fonctionnalité plutôt que sur son apparence :

J'ai appris un peu plus à apprécier mon corps, parce que, aussi les derniers temps, je m'entraîne plus, fait que je vois un peu plus mes muscles. Je suis plus forte aussi. J'ai appris à mettre un peu l'esthétique de côté pis à regarder la force versus l'esthétique, parce que c'est ça, je me sens forte, je me sens bien. Je me sens en forme, pis c'est ça je pense qui est le plus important que d'avoir l'air ou de pas porter de short, parce que j'ai de la cellulite. […] J'ai fait une grosse étape pour ça [l'appréciation de son corps], mais jusqu'à maintenant, j'ai jamais aimé mon corps à 100%. Pis j'ai changé ma vision aussi de la vie. Versus regarder mes défauts, je regarde « Ah! Wow! Tu as des belles épaules fortes. Tu es capable de faire un pull-up et un chin-up. T'es capable de faire des push-

ups maintenant ». Je regarde plus ça de ce côté-là que du côté « Ah, tu as des belles

fesses rondes ou ben t'as des fesses molles » (Anna).

De son côté, Isabelle fait fi de la soi-disant limite de la musculature pour les femmes en mettant de l’avant ses objectifs de performance sportive, plus importants pour elle que les normes corporelles de genre : « quand je faisais mes 500 push-ups, je savais que ça les

musclait, sauf que je tenais à faire mon entraînement pour être prête pour mon combat, fait qu’il y avait le combat qui entrait en ligne de compte qui était un peu plus important que le fait d'être musclée » (Isabelle). Nora met aussi l’accent sur la fonctionnalité de ses muscles plutôt que sur leur apparence : « Il m'en faut des muscles, parce que je veux être plus forte. Je ne suis pas quelqu'un qui est très forte, qui fait trop mal à ses adversaires. C'est sûr que j'ai commencé la muscu il y a quelques mois ». La musculature est donc désirable pour les boxeuses qui visent à perfectionner la fonctionnalité de leur corps.

De plus, Marie-France explique que sa préparation physique – composante de l’entraînement qui se concentre sur le développement des qualités physiques nécessaires à la discipline pratiquée – met un frein à sa perte de poids en développant sa masse musculaire. Plutôt que de se préoccuper du contrôle de son poids, elle apprécie le fait d’être plus musclée, puisqu’elle ressent la différence dans ses coups de poing sur le ring :

Je prends de la masse musculaire, parce que je fais de la prép[aration] physique pour les galas, mais si je n'avais pas commencé cette prép-là, je pense que j'aurais encore sûrement perdu un petit peu de poids, parce que la boxe c'est super cardio, mais j'aurais pas d'autres muscles que j'aurais développés. Pis c'est quand même à mon avantage, parce que tu le vois vraiment la différence mettons quand je donne un jab [coup de poing direct du bras avant]. Mon jab est tellement plus puissant, il fait tellement plus mal. C'est niaiseux, mais c'est juste parce que j'ai développé un muscle dans mon épaule que je n'avais peut-être pas avant (Marie-France).

Les propos de Marie-France montrent également que le fait de perdre du poids peut être compris comme étant intrinsèquement lié à une perte de puissance, de force et de solidité en empêchant le développement de la masse musculaire. La norme de minceur/féminité qui encourage les boxeuses à perdre du poids entre par conséquent en tension avec les normes corporelles de performance qui associent la musculature à la force et à la puissance physiques.

Par contre, Lunde et Gattario avancent aussi que la culture sportive et la culture de l’apparence sont perméables. Elles coexistent dans les expériences des jeunes sportives et tendent à s’influencer mutuellement : « appearance matters and gender stereotypes permeated into the sporting context, and performance matters permeated into the non- sporting context » (Lunde et Gattario, 2017, p. 84). Les données recueillies sur les

expériences des boxeuses permettent cependant de complexifier l’analyse de cette articulation entre culture sportive et culture de l’apparence. En effet, d’après mes observations et mes entretiens, l’opposition entre un corps performant (culture sportive) et un corps objectivé (culture de l’apparence) n’est pas tout à fait juste, puisque la culture sportive de la boxe entraîne aussi une objectivation du corps, notamment à travers l’utilisation de la balance et le calcul des calories, comme je l’aborde dans le chapitre 5. De plus, en idéalisant une certaine image corporelle de boxeuse, les participantes semblent (re)produire ce que j’appelle ici une « sous-culture de l’apparence » propre à la boxe. Les boxeuses négocient alors la régulation de leurs muscles à partir de la manière dont elles construisent cette figure idéale de la boxeuse.

L’approche figurative que j’adopte ici relie la sémiotique (c’est-à-dire les signes, les pratiques signifiantes et leurs significations) et l’ontologique (à savoir les manières d’être dans le monde) en ce que les signes et les pratiques signifiantes sont comprises comme ayant des effets matériels, sur l’apparence par exemple (Tyler, 2008, p. 18). Les figures consistent donc en des catégories d’existence particulières qui peuvent être comprises comme des objets de discours et de représentations, mais qui peuvent aussi être considérées pour l’usage concret qui en est fait, voire leur matérialisation ou plutôt leur corporéisation (Castaneda, 2002; Mercier, 2013; Tyler, 2008). Ces catégories d’existence ou « types sociaux » s’inscrivent dans ce qu’Imogen Tyler (2008) nomme des luttes représentationnelles et consistent en des « points de ralliement de différents enjeux » et de classifications sociales de genre, de race, de classe, de sexualité (Mercier, 2013, p. 15). La figure de la boxeuse agit tout particulièrement comme un marqueur de différence de genre (abordé dans ce chapitre-ci) et de classe (abordée au chapitre 5). La figure de la boxeuse semble être investie de manière positive, c’est-à-dire que les boxeuses l’utilisent comme un faire-valoir susceptible de leur procurer du capital social.

C’est d’ailleurs en faisant référence à cette figure de la boxeuse que les participantes résistent le plus à l’idée d’une limite de la musculature chez les femmes durant les entretiens. Bien que certaines participantes affirment qu’il n’est pas nécessaire d’être musclée pour faire de la boxe – « Tu n'as pas besoin d'être musclée pour être bonne » (Amélie) –, d’autres insistent sur le fait que la musculature (des bras et des épaules surtout)

constitue le moyen par excellence pour « avoir l’air d’une boxeuse ». Il y a donc une valorisation et une normalisation de la musculature chez les boxeuses : « C'est sûr qu'on va être plus musclée, t’sais surtout les bras, là. C'est quand même rare que des filles, on va être musclées des bras. C'est sûr qu'à la boxe, oui, tout le monde a des trapèzes à la boxe. Ça amène cette normalité-là » (Brigitte). Isabelle affirme aussi que la musculature chez les femmes est plus fréquente et valorisée dans le milieu de la boxe qu’en dehors. Cette figure de la boxeuse se distingue alors des autres femmes qui seraient moins musclées.

Plusieurs participantes font part d’une image à laquelle les boxeuses ressemblent, ou encore devraient ressembler, et se situent elles-mêmes par rapport à cette image au cœur de laquelle se trouvent les muscles : « Je te dirais que les filles en général sont quand même massives. Ce n'est pas des cure-dents, fait qu’elles ont des muscles et des bras, des dos et des bonnes cuisses. Si tu n'as pas ça, qu'est-ce tu fais là? […] C'est un bon dos musclé, c'est des épaules, des gros... des bons bras, des bonnes cuisses » (Marie-France). Marie-France fait même de la musculature une condition pour pratiquer la boxe féminine (« Si tu n'as pas ça, qu'est-ce tu fais là? »). De manière similaire, Dominique raconte sa surprise lorsque son amie l’a invitée à faire de la boxe avec elle la première fois : « je suis partie à rire : ‘La boxe! Tu me vois-tu vraiment boxer’! T’sais je suis grosse de même là [en montant son index] ». Dominique était, selon ses dires, très maigre à ce moment de sa vie et envisageait mal de pouvoir faire de la boxe pour cette raison. Cela ne l’a tout de même pas empêchée de s’engager dans ce sport et son corps s’en est trouvé peu à peu transformé : « moi j'ai pris de la masse musculaire, je suis devenue plus solide. Quand on prend à peu près une vingtaine de livres en deux ans – de muscles – et que les gens te font des commentaires, ‘ça paraît que tu fais de la boxe, ça paraît que tu t'entraînes’, c'est sûr que c'est valorisant » (Dominique). La musculation de son corps par la boxe lui a donc permis d’acquérir cette apparence et l’étiquette de boxeuse, autant pour elle-même que dans le regard des autres.

D’autres participantes affirment que le fait de ne pas être musclées rend plus difficile leur identification en tant que boxeuse. Par exemple, Lara aborde son désir d’avoir des bras musclés pour être comme les autres :

Quand on me regarde, j'ai pas l'air… c'est stupide de penser à ça là, je le sais, je suis très au courant. Admettons, quand les gens me demandent, « Ah tu t'entraînes? Ah ok!

Quatre fois semaine »! Les gens sont comme un peu surpris. J'ai pas le physique d'une fille qui s'entraîne autant. J'ai l'air d'une fille qui... je pourrais faire croire que je ne fais pas de sport et les gens ne seraient pas étonnés. Tandis que quand tu regardes les autres boxeuses, elles sont bien découpées. T’sais ça paraît là (Lara).

Elle décrit ensuite une de ses adversaires qui, selon elle, a un physique parfait de boxeuse : « J'ai une fille en tête que je trouve qu'elle a vraiment la shape parfaite […]. Elle n’a pas l'air d'un bâton. Elle est vraiment légère, mais bien découpée. [...] Elle avait quand même une bonne masse musculaire. Elle n'était pas comme une fille pas de muscles. […] C'est une fille qui fait de la boxe, tu le vois un peu dans ses bras et tout ça » (Lara). La musculature du haut du corps, plus précisément des bras et des épaules, semble être un élément central dans l’identification à la figure de la boxeuse.

Cet aspect central de la figure de boxeuse entre en contradiction avec les normes corporelles de genre : « le développement des pectoraux ou du dos, des épaules et des bras, est un élément qui favorise la création d’une silhouette codée masculine » (Baril, 2017, p. 76). Carolanne, qui évoquait plus haut sa perte de féminité à travers le développement musculaire, remet en question cette codification : « J'ai des épaules. Je trouve ça beau des épaules pis une belle carrure » (Carolanne). Bien que l’apparence féminine soit quelque chose qu’elles souhaitent « faire », les participantes apprécient et valorisent tout de même la musculature des épaules et des bras qui fait partie de leur définition de la figure de la boxeuse.

L’appréciation des muscles que montrent certaines boxeuses a d’ailleurs moins à voir avec leur fonctionnalité qu’avec leur apparence, d’où l’idée d’une sous-culture de l’apparence propre à la boxe, qui s’inscrit dans une certaine mesure à contre-courant de la féminité hégémonique (ou de la culture d’apparence dominante). Par exemple, Mayra précise que d’avoir « trop » de muscles n’est pas un enjeu esthétique pour elle : « Être musclée, ça ne me dérange vraiment pas, j'aime ça ». Elle déplore plutôt le fait que la musculature soit exclue des critères de beauté féminine : « C'est beau quand tu es fit, mais on dirait que c'est mal vu si tu es musclée. Fait qu’il faut changer cette image aussi de la fille vraiment mince,

cute genre. Être musclée, c'est bien aussi » (Mayra). Cette valorisation de la musculature

musculature limitée, tel que relevé dans les propos des amies de Mayra : « Si je leur dis, tu devrais essayer la boxe, elles me disent ‘ah je ne veux pas avoir l'air trop musclée’ ».

Plusieurs études montrent que les femmes athlètes tentent de dissimuler leurs muscles (particulièrement leurs épaules et leurs bras) lorsqu’elles se trouvent en contexte non sportif (dans les bars, au travail ou à l’école, par exemple) (Krane, 2001; Lunde et Gattario, 2017). Cependant, les boxeuses ne semblent pas mettre en place cette pratique. Au contraire, je dirais même qu'elles cherchent à mettre leurs muscles en valeur, parce qu’ils sont le signe de leur appartenance au monde de la boxe et contribuent à leur identité de boxeuse, dont elles tirent de la fierté même en dehors du contexte sportif :

J'ai tout le temps eu un minimum d'abdos même quand je m'entraînais pas, mais là, ils sont là. Fait que c'est sûr que je suis quand même contente. Ça, c'est ma fierté veut veut pas. C'est surtout que je vois beaucoup les changements, le bas du corps. Ben là avec la

prép physique dernièrement, j'ai plus mettons les trapèzes et les muscles dans le dos

qui ont commencé… je trouve qu'ils ressortent plus, parce que mettons, si je me prends en photo de même avec mon top de sport, je vois beaucoup une différence. Je le vois que je suis plus musclée (Marie-France).

Marie-France a d’ailleurs commencé à faire de la boxe entre autres pour être plus musclée : « avant de faire de la boxe, moi je me suis dit, j'aimerais ça me remettre en shape et j'aimerais ça peser peut-être un 130-135 livres de muscles. Avant je pesais peut-être 115 livres. Fait que moi mon but, c'était vraiment de prendre de la masse, de découper » (Marie- France). La fierté que les boxeuses ont de leur musculature peut s’expliquer en partie par le fait que, dans l’univers sportif, la musculature est acceptable et légitimée parce qu’« utile » pour la performance : « Le muscle est reconnu, parfois admiré pour son efficacité. Dès lors qu’il s’associe à l’espoir d’une performance sportive, il bénéficie d’une reconnaissance culturelle » (Roussel et Griffet, 2004, p. 146). Peggy Roussel et Jean Griffet expliquent que c’est justement la raison pour laquelle les muscles des femmes culturistes sont stigmatisés : ce sont des muscles esthétiques, gratuits, qui « ne servent ni à courir ni à lancer » (Courtine, 1993, p. 226) et qui s’inscrivent donc en rupture avec la logique sportive (2004, p. 146).

Plus qu’une simple reconnaissance culturelle de leur « utilité » sportive, j’avance ici que les muscles des boxeuses ont aussi à voir avec une certaine féminité alternative investie à

travers la figure de la boxeuse. La culture de l’apparence de la boxe peut alors être pensée comme une sous-culture comportant ses propres normes corporelles, normes alternatives ou plutôt contre-hégémoniques qui entrent en tension avec les normes corporelles dominantes de la culture d’apparence.

Plus précisément, ce que j’ai appelé une « culture de l’apparence propre à la boxe » peut être rapproché du concept de « style sous-culturel » de Dick Hebdige (2008). Au sein de cette sous-culture d’apparence de la boxe, les muscles apparaissent comme le signe d’appartenance à un groupe, à une identité collective, le signe reconnaissable de la « figure » de la boxeuse. À l’instar des sous-cultures décrites par Hebdige, la culture de l’apparence de la boxe exhibe ses propres codes (ici corporels, mais pas seulement) et s’inscrit alors « contre la logique de la culture dominante » (2008, p. 108). En investissant la figure de la boxeuse (que j’associe à une féminité alternative) et en (re)signifiant la musculature au féminin, les boxeuses défient l’idée naturalisée que les femmes ne sont pas (et ne doivent pas) être très musclées. Leur résistance face aux codes dominants n'est cependant pas absolue. En d’autres mots, elle s’exerce en lien avec les normes corporelles dominantes, ce qui explique par exemple que, même si les boxeuses (re)valorisent leur musculature, elles ne veulent quand même pas « ressembler à des hommes ». Le « style de la boxeuse » constitue donc un lieu de tensions entre l’exercice et la contestation du pouvoir. La production et l’identification à la figure de la boxeuse impliquent de « communiquer une différence » (Hebdige, 2008, p. 108; italiques dans l'original). Face à cette forme de féminité différente/minoritaire/alternative, la féminité dominante n’en ressort pas indemne, pour reprendre les termes de Marie-Hélène/Sam Bourcier (2008, p. 82). L’ordre de genre existant n’est pas fixe ou stable. Il n’est pas non plus absolu, c’est-à- dire que le champ de représentations du genre comporte des failles. Ces failles forment ce que de Lauretis (2007) nomme le « hors-champ », c’est-à-dire les marges des discours hégémoniques de genre dans lesquelles se forgent des manières différentes (à contre- courant ou « entre les lignes ») de construire le genre (p. 93) :

[La] construction du genre se poursuit à travers des technologies de genre variées […] qui ont le pouvoir de contrôler le champ des significations sociales et donc de produire, promouvoir et « implanter » des représentations du genre. Cependant, les conditions de possibilité d’une construction différente du genre existent aussi dans les marges des discours hégémoniques. Situées en dehors du contrat social hétérosexuel et inscrites