LA FAUNE ICHTYENNE: LA RESSOURCE SAUMON

4.2.4.1 LES RUISSEAUX LAJOIE, LEVASSEUR ET LAVILLE

Nous nous attarderons ici à l'examen de la ressource saumon pour les trois cours d'eau mentionnés en rubrique, alors que le potentiel pour la faune ichtyenne en général sera décrit à la section 4.2.5.

Suite aux observations effectuées sur le terrain les 20 et 21 octobre 1983, il apparait que les caractéristiques physiques et hydrographiques des trois cours d'eau, i.e. leur taille réduite, leur confèrent un potentiel à toutes fins pratiques nul pour le saumon en période de reproduction. Il est néanmoins possible que ces ruisseaux abritent des saumoneaux ou des tacons, bien que nous n'ayons pu en identifier

positivement lors de notre visite.

4.2.4.2 LA RrVIERE MATAPEDIA

En raison du fort potentiel qu'offrent les rivières Matapédia et Causapscal (1) pour le saumon, ainsi que de la forte inci-dence que représente pour la région cette espèce sur le plan économique et touristique, nous déborderons de la zone d'étu-de afin d'étu-de bien cadrer l'habitat global.

(1) La rivière Causapscal, tributaire de la rivière Matapédia à la hauteur du village de Causapscal, joue un rôle vital pour le saumon; cette rivière possède le statut de sanc-tuaire (sites de fraye et de repos pour l'espèce) et la pêche y est formellement interdite.

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La Matapédia passe pour l'une des meilleures rivières à sau-mon du Québec. Les statistiques de pêche sportive indiquent effectivement qu'on y récolte en moyenne quelque 1 200 sau-mons annuellement depuis 1978 (Lebel et Gauvin, 1983), ce qui

représente à peu près 20% du total des captures dans la ré-gion du Bas St-Laurent/Gaspésie, et 6% de l'ensemble des pri-ses de tout le Québec. L'effort qu'y consacrent les pêcheurs se chiffre autour de 6 000 jours/pêche par année et on évalue le succès de capture à environ 0,1 - 0,2 saumon/jour.

Les activités de pêche sportive dans la rivière fournissent par ailleurs un apport économique indéniable à la région. En fait, la ressource saumon constitue une partie importante du potentiel touristique régional et on estime que chaque saumon récolté rapporte 660,00$ à l'économie locale (Cantin, 1983).

La saison d'exploitation s'étale normalement du début juin à la fin août et le nombre de captures est limité à deux par personnes par jour.

La section de rivière comprise entre Causapscal et Sainte-Florence correspond à la partie amont du secteur de pêche no 3 de la réserve faunique de la rivière Matapédia et fait par-tie d'une zone dite non contingentée pour la pêche, par oppo-sition au secteur no 2 (Glen Emma - McDonnell) où le nombre de pêcheurs est limité et les services de guide et de canot sont obligatoires. Quant aux fosses dont la localisation ap-paraît à la figure 8, on n'y dénote pas de problèmes particu-liers d'accès car la loi provinciale des trois chaînes s'ap-plique ici de chaque côté de la rivière et permet un accès public.

Le potentiel de pêche du secteur no 3 est élevé puisque ce secteur contient 37 fosses, soit un peu plus du tiers de tou-tes celles que renferme la rivière (104), et le tronçon de rivière entre Causapscal et Sainte-Florence en présente 17 à lui seul. Comme on peut le constater au tableau 6, le nombre de captures dans les secteurs non-contingentés (1, 3 et 4) est du même ordre que celui dans le secteur contingenté et légèrement supérieur à celui du secteur privé; toutefois l'effort de pêche diffère totalement pour nettement avantager les secteurs Glenn Emma McDonnell et privé.

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La montaison du saumon de la Matapédia débute vers la fin du mois de mai, mais c'est entre la fin de juin et la mi-juillet que les plus forts contingents accèdent à la rivière. Au cours de leur périple en eau douce, les saumons se concen-trent dans des fosses ou aires de repos intercalées entre les sections de rapides et de cascades. Ces endroits sont recon-nus comme lieux de prédilection pour la pêche sportive.

Lorsque la température de l'eau s'abaisse, à l'automne, les saumons quittent peu à peu les fosses et se dirigent vers les frayères. Celles-ci se distribuent tout le long de la Mata-pédia, mais bon nombre d'entre elles se trouvent sur ses af-fluents, en particulier sur la rivière Causapscal. Cette dernière a d'ailleurs été déclarée sanctuaire faunique en raison de la qualité et de l'abondance des zones favorables à la reproduction qu'elle recèle. Au moment de la fraye, oeufs et laitance sont déposés dans des nids que les femelles au-ront pris soin de creuser auparavant sur des lits de gravier.

La période d'incubation des oeufs fécondés dure généralement de 160 à 200 jours. A la fin de l'hiver, ou tôt le prin-temps, les oeufs éclosent pour libérer les alevins. Ceux-ci sont alors vésiculés (c'est-à-dire qu'ils portent un sac vi-tellin sous leur ventre) et demeurent enfouis dans le gravier pendant 3 à 4 semaines, le temps d'épuiser le gros des réser-ves nutritiréser-ves contenues dans leur sac vitellin. Après cette période, les alevins émergent du lit de la rivière et peuvent nager activement, à la recherche de nourriture (organismes planctoniques, petits insectes).

A la fin de leur premier été, ils quittent habituellement les environs immédiats de la frayère où leurs parents les ont dé-posés, l'automne précédent, pour gagner les zones de rapides.

Là, ils continuent leur croissance en recherchant des proies de plus grande taille (larves de plécoptères, d'éphéméroptè-res, d'odonates, etc.). Lorsqu'ils atteignent la taille de 15 a 20 centimètres, à l'âge de 2 ou 3 ans, leur organisme connaît une forte poussée hormonale qui provoque chez eux d'importantes transformations, tels l'allongement du corps, le changement de coloration et diverses modifications physio-logiques. Peu après, profitant ordinairement d'une crue printanière, ils dévalent vers la mer pour migrer vers les vastes pâturages marins au large de la côte ouest du Groën-land. La variété et l'abondance de nourriture à cet endroit

TABLEAU 6: BILAN DE LA PECHE SPORTIVE DANS LA RIVIERE MATAPEDIA PAR SECTEURS

ANNEES

JOURS DE PECHE