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De la fascination à la peur, le pouvoir féminin

Si, à travers ces scènes de travestissement, se dévoile un féminin négatif, venant injurier et moquer le héros viril, il existe également un pendant positif où celui-ci vient souligner et valoriser l’andreia du même héros. Deux programmes sont donc possibles à travers ces scènes, dans lesquelles se montrent également les rapports intrinsèques entre le féminin et le masculin. Certes, le féminin apparaît subordonné au masculin — servant dans une optique péjorative ou méliorative.

Néanmoins, à travers ces scènes de travestissement se révèlent ces liens qui unissent les deux. Le masculin ne pouvant vivre sans le féminin, un rapport ambivalent se crée par rapport à lui, relevant tant de la fascination que de la peur.

1. 1. Au commencement était la femme

Les Grecs ont, avec fermeté, tenté d’appliquer une stricte séparation des genres — reposant sur un substrat biologique —, délimitant le féminin aux femmes et le masculin aux hommes. Ils ont ainsi exclu, par nature, les femmes de la virilité, ne les reconnaissant ni pour leur personnalité, ni

pour leur intelligence . Malgré tout, les scènes de travestissement de ces héros de l’andreia le 298 révèlent bien, il y a eu des débordements, le féminin empiétant sur le domaine du masculin. Et cela parce qu’il était impossible d’évacuer le féminin, et par extension la femme, de la société. Les Grecs ont bien dû reconnaitre leur nécessité, au moins pour leur fonction biologique. En effet, pour une société où la descendance et l’assurance d’un héritage laissé derrière soi étaient primordiales, les hommes ont bien dû accepter les femmes pour se reproduire (et avoir des fils). Ils ont donc, dès lors, tout tenté pour réduire les femmes à cette simple fonction reproductrice.

Un discours porté par les écrits de la Collection hippocratique, corpus médical antique, qui a largement participé à la construction idéologique du masculin et du féminin en définissant une séparation des deux corps — sous-entendant dès lors une séparation des genres. Il apparaît ainsi un corps masculin normatif et un corps féminin anormal, caractérisé par la présence d’un organe absent de l’anatomie masculine : l’utérus . Dès lors, celui-ci apparaît fondamental dans la définition du 299 corps féminin, étant autant la source des capacités reproductrices primordiales de la femme que la source de toutes les maladies féminines. Et, comme l’indique Jean-Baptiste Bonnard, « la Collection hippocratique donne l’impression que toute femme court un danger dès lors qu’elle n’est pas enceinte » . Par là, le discours médical semble sous-entendre que la femme existe avant tout 300 301 par sa capacité reproductive, seul moyen pour elle d’être reconnue dans cette société de l’andreia.

Car, si par nature la femme en est exclue, son ventre est capable, en toute proportion gardée, de lui octroyer une part de virilité, et cela par un système d’équivalence. Il a déjà été dit que dans l’Iliade, le féminin apparaît parfois positivement, notamment dans le cadre de la maternité, les souffrances d’une mère servant à dire les douleurs du héros viril . Le 302 ponos viril, celui des Travaux d’Héraclès, déborde alors sur la douleur de l’enfantement et, en cela, la femme acquiert un peu de l’andreia masculine. Par cette entrée dans le régime du ponos, la femme est admise dans la société virile parce qu’elle est une mère, soit en tant que femme reproductrice . Ainsi, l’homme grec 303 admet la femme car elle est ce ventre fécond qui lui assure une descendance, ce qui établit dès lors

Vern L. BULLOUGH et Bonnie BULLOUGH, Cross Dressing, Sex, and Gender, op. cit., p.33.

298

Jean-Baptiste BONNARD, « La construction des genres dans la Collection hippocratique », art. cit., p.162.

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Ibid., p.165 : en effet, si une femme en âge d’avoir des enfants n’est pas enceinte, elle risque une

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aménorrhée (une absence de règles) pouvant mener au virilisme qui acte, dès lors, son impossibilité d’avoir des enfants et, par extension, son exclusion du statut de femme.

La langue semble porter un discours identique, puisque la femme ne reçoit le statut de hê gunê qu’une

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fois après avoir accouché de son premier enfant, cf. Supra p.76.

cf. Supra p.63.

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Nicole LORAUX, Les expériences de Tirésias, Le féminin et l’homme grec, op. cit., p.58.

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un lien basé sur la sexualité entre l’homme et la femme . Se dévoile une complémentarité 304 nécessaire, que les hommes ont cependant placé sous le prisme de la misogynie de manière à ne pas laisser trop de place à cette femme, source de vie.

Car si la médecine antique a construit un corps féminin, infra-masculin, de manière à le réduire à son utérus, le mythe a également construit ce même corps, tout autant infra-masculin et tout autant réduit à une fonction reproductrice. Cette conception se retrouve ainsi dans les œuvres du poète archaïque Hésiode qui a laissé à la postérité le récit de la création de la femme. Celle-ci prend part dans deux poèmes datés du VIIe siècle avant J.-C., dont l’un est un poème épique retraçant la naissance du monde et des dieux : La Théogonie. Dans ce contexte de génétique du monde, la création de la femme ne détonne pas, néanmoins, il est remarquable qu’il n’est pas question de la création de l’homme — ni même d’anthropogonie. En réalité, Hésiode ne dit pas comment l’espèce humaine est née, elle est là, puis est ensuite créée la femme. Toutefois, cet enchaînement est intéressant car, avant la création de la femme, il est bien question de l’humain·e au sens générique du terme : la création de la femme prenant place « lorsque en effet les dieux (theoi) et les hommes (anthrôpoi) se séparèrent à Méconè » . Si la traduction française donne le 305 terme « homme », il ne semble pas que cela soit approprié car, si l’auteur avait voulu désigner des êtres humains uniquement masculins, il aurait utilisé le terme hoi andres. Dès lors, l’hypothèse pourrait être que, si le poète parle de anthrôpoi, c’est que les êtres humains, avant la création de la femme, étaient tous·tes intersexué·e·s, au sens où iels possédaient tant les caractéristiques masculines que féminines sans aucune séparation stricte . Et si Hésiode ne traite pas de 306 l’anthropogonie, il semble traiter de l’apparition de la différenciation sexuelle à la source de laquelle se trouve la création de la femme. Au commencement il y a donc toujours la femme. C’est avec elle que se séparent définitivement les anthrôpoi des theoi, et plus encore que se sépare le masculin du féminin en instaurant la sexualité . En ce sens, la femme révèle l’homme — d’une 307 manière analogue au féminin qui souligne le masculin dans les scènes de travestissement.

Cela est présent dès l’Iliade (chant IX, v.134) où Agamemnon présente l’humanité comme définie par une

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relation complémentaire, basée sur la philotês — concept définissant l’attachement de deux personnes dans un rapport de confiance mutuelle et, dans ce cadre, un attachement érotique —, qui unit les hommes aux femmes, cf. Nicole LORAUX, Les enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, op. cit., p.80.

HÉSIODE, La Théogonie, v.535-536.

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Morine MEUNIER, Les représentations de la bisexualité dans la mythologie antique, Mémoire de master

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en Arts, Lettres et Civilisations, sous la direction de Laurent Gourmelen, soutenu le 24 juin 2019, Université d’Angers, p.13, [en ligne], consulté le 02 janvier 2020, URL : http://dune.univ-angers.fr/documents/

dune10439.

Nicole LORAUX, Les enfants d’Athéna. Idées athéniennes sur la citoyenneté et la division des sexes, op.

307

cit., p.81.

La femme apparaît à la fin d’une lutte opposant le titan Prométhée au dieu Zeus, les deux s’affrontant sur le terrain de la mêtis, de la ruse — sans affrontements directs, mais avec un enchaînement de ruses et de tromperies. Après avoir voulu tromper Zeus au cours d’un sacrifice en donnant la meilleure part aux anthropoi — du moins, celle qu’il croyait être la meilleure, faite de viandes cachées dans le ventre du bœuf (gastri boein) —, Prométhée vola le feu de Zeus que celui-ci avait retiré de la terre. Alors le dieu créa la première femme. Tout l’épisode est fondé sur la définition de l’humanité et celle-ci, avec l’apparition de la femme, se sépare et devient 308 dépendante de la sexualité, de l’union entre les deux sexes. Union qui se concrétise par le mariage, institution permettant de donner naissance à des enfants légitimes qui sont l’assurance, autant pour le père que pour le corps civique, d’une descendance. Et alors que le genre féminin tarde à arriver dans le texte , l’imagerie du mariage est présente dès l’apparition de ce qui s’apprête à devenir la 309 première femme :

Le très illustre artisan, le Boiteux, façonna dans la terre (gaiês), — Zeus le voulait — un être semblable à la vierge pudique (parthenô aidoiê ikelon), et Athéna aux yeux de chouette noua sur sa taille une robe d’argent. Sur son front, ses mains relâchèrent les diaprures splendides d’un voile (kaluptrên), vision merveilleuse ! [Et Pallas Athéna rehaussa son chef de couronnes merveilleuses de fleurs cueillies dans l’herbe nouvelle.] Elle posa sur le front de la vierge une belle couronne d’or (stephanên chruseên), ouvrage qu’avait forgé le Boiteux très illustre, de ses propres mains, pour plaire au Cronide son père. 310

Créée à partir de terre , elle est un être artificiel fait à l’image d’une parthenos, cette jeune 311 vierge en âge de se marier. Dès lors, il apparaît que la femme est née pour le mariage, elle se présente, avant même d’être nommée — au féminin ou par son nom, celui-ci n’apparaissant que dans Les Travaux et les Jours —, comme au jour de son mariage. Habillée d’une robe argentée nouée par une ceinture , sa tête est recouverte d’un voile à la manière d’une femme mariée . Ici 312 313

En effet, le sacrifice vient déterminer la place de l’humanité dans l’univers (inférieure à la divinité, elle

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lui sacrifie un animal auquel elle est supérieure), et le feu vient définir l’humanité par une alimentation cuite.

La langue grecque ayant trois genres grammaticaux, le masculin, le féminin et le neutre, c’est ce dernier

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qui est d’usage au début de l’épisode de la création de la femme pour la désigner.

HÉSIODE, La Théogonie, v.576-580.

310

La première femme n’est pas née de la terre glèbe à la manière des autochtones (mythème positif réservé

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aux hommes), mais elle est créée à partir « de la glaise et de l’eau », cf. HÉSIODE, Les Travaux et les Jours, v.61.

Cette ceinture que le mari dénoue le soir des noces, cf. Supra p.78-79.

312

cf. Ana IRIARTE, « Le genre des habits et le tissage de la nudité en Grèce ancienne », art. cit., p.291 :

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tandis que les jeunes filles portaient le voile sur les épaules, les femmes mariées le portaient sur la tête, le vêtement marquant ainsi leur statut.

se dévoile ainsi que le mariage est la condition sine qua non pour être une femme, car, à la suite de cette union, vient l’enfantement. Et une nouvelle fois se démontre que la femme est avant tout réduite à son ventre, réduction agrémentée d’une bonne part de misogynie puisque celui-ci est, avant tout, un ventre pilleur.

En effet, Hésiode, afin de décrire « la race (genos) des femmes » , use d'une métaphore des 314 abeilles et des frelons dans laquelle, paradoxalement, les femmes sont associées à l’image des frelons — terme également masculin en grec — et les hommes sont associés à l’image des abeilles

— terme également féminin en grec. Pourtant, ce sont bien les frelons le problème : à leur image, les femmes dévorent tout le produit durement récolté par le travail des hommes afin de remplir ce ventre insatiable . Toutefois, c’est un ventre qui est nécessaire car c’est par lui qu’est assurée la 315 descendance de l’homme . En effet, s’il veut des fils pour perpétuer sa lignée et sa mémoire 316

— évitant par là de s’éteindre dans l’oubli, la véritable mort grecque —, l’homme se doit de prendre en mariage une femme. Car c’est seulement par son union avec elle qu’il aura le bonheur d’avoir des fils. En cela apparaît le pendant positif de la femme, ou plus précisément de son ventre. Dès lors, la comparaison des femmes-frelons, bien qu’ironique en ce qu’elle amène à dire les femmes au masculin, pourrait être comprise comme une tentative volontaire du poète de déplacer les femmes sur le plan du masculin. En faisant cela, le poète permettrait aux femmes d’accéder à une part du masculin, perçue comme méliorative, et reconnaîtrait par là la face positive des femmes — après 317 tout, si elles restent à la maison tout le long du jour, c’est bien pour s’occuper des enfants qu’elles ont eu·e·s de leur union. Il reste tout de même que le texte est extrêmement misogyne, répondant sans doute à la misogynie historique qui se déploya dans toute la civilisation grecque.

Cependant, même cette misogynie du poète peut poser question, et cela à cause de son extrémité : Hésiode, par tous les moyens, dénonce la femme, l’injure et la réduit à sa part la plus négative. Misogynie outrancière qui laisse toutefois un certain malaise, car la finalité reste la même : la femme est nécessaire et, en réalité, elle est au cœur de l’humanité. C’est avec ce

HÉSIODE, La Théogonie, v.590.

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cf. Ibid., v.593-599 : tandis que les abeilles travaillent durement tout le jour, les frelons restent à

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l’intérieur et se remplissent le ventre, le gaster, des récoltes durement acquises.

cf. Ibid., v.603-610 : celui qui fuit le mariage n’a pas à supporter le ventre vorace des femmes, mais finit

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sa vie seul et sans soutien ; au contraire, celui qui se marie se voit accorder un certain bonheur, le ventre fécond des femmes pouvant donner naissance à des fils — bonheur pouvant être doublé si l’homme épouse une sage épouse.

Par ailleurs, Sémonide d’Amorgos, poète du VIIe siècle avant J.-C., écrivit un Catalogue des femmes

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— texte fortement misogyne une nouvelle fois — dans lequel il recense dix races, ou types, de femmes plus terribles les unes que les autres. Il existe toutefois une exception, la femme-abeille, unique femme positive.

Si Sémonide parodie ici Hésiode, il n’en reste pas moins amusant de voir que la femme équivaut autant au frelon qu’à l’abeille pour ces Grecs archaïques.

prototype que naissent, à travers la sexualité, tant les femmes que les hommes. Cette misogynie extrême ne serait alors qu’un vernis pour cacher le profond malaise des hommes vis-à-vis de la puissance féminine originelle.

Car les mythes, en réalité, traduisent bien l’existence d’un pouvoir au féminin, et notamment dans les mythes des origines. La femme est à l’origine de l’humanité, mais elle est également à l’origine du monde. Hésiode, dans sa Théogonie, a laissé à la postérité une cosmogonie, traitant de la naissance de l’univers. Et au cœur de celle-ci se trouve un féminin originel :

Le premier qui naquit fut le Vide (Chaos), suivi par la Terre (Gaïa) à la vaste poitrine, séjour à jamais infrangible de tous les dieux, qu’ils occupent les monts neigeux de l’Olympe, ou le Tartare brumeux dans le sol aux routes profondes ; puis l’Amour (Eros), le plus beau des dieux qui sont et qui furent, briseur de membres, qui de tous les dieux et les hommes dompte le cœur et la sage pensée au fond des poitrines. 318

Voici les trois divinités primordiales : Chaos, Gaïa et Éros . Et si Chaos est le premier, il 319 apparaît toutefois caractérisé par le vide, par l’absence de forme. Dès lors, c’est Gaïa, puissance féminine originelle, qui offre la première stabilité au monde, et par là, la possibilité de créer, de naître, de vivre. Se dessine, de nouveau, le féminin comme commencement, assurant la continuité de la création dans laquelle le masculin est secondaire. D’autant plus secondaire qu’au début des temps, la création se fait principalement par parthénogenèse : Gaïa enfante seule, sans principe mâle, le Ciel étoilé (Ouranos). L’homme apparaît, dans cette création, relativement caduc face au pouvoir féminin. Un pouvoir qu’ils ont donc rapidement cherché à nier, et cela passe par le déplacement sur un plan connu et maîtrisé des hommes, un plan civique . 320

En effet, une fois que la divinité mâle — enfantée par Gaïa seule et correspondant à son égale — apparaît, le poète fait recouvrir la divinité féminine par son pendant masculin. Alors qu’elle avait enfanté seule des divinités primordiales , sous le joug d’Ouranos, elle enfante la 321 première génération de dieux : les Titans et Titanides. S’engage alors une lutte successive des générations jusqu’à l’apogée de Zeus qui instaure l’ordre. En réalité, se dévoile ici la notion civique

HÉSIODE, La Théogonie, v.116-122.

318

Ces trois divinités correspondent, pour l’instant, davantage à des principes fondamentaux : Chaos,

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difficile à traduire en français, ne représente pas le désordre mais plutôt le Vide primordial caractérisé par une absence de formes ; Gaïa est la Terre Mère, représentante de la stabilité qui se forme dans ce Vide ; Éros représente l’Amour dans sa forme primitive à la fois unificateur et différenciateur, représentant le principe d’union et de cohésion, rendant manifeste la dualité dans l’unité (ignorant encore l’attrait amoureux).

Nicole LORAUX, Les expériences de Tirésias, Le féminin et l’homme grec, op. cit., p.228.

320

cf. HÉSIODE, La Théogonie, v.131-132 : elle enfante la Mer et l’Abîme par parthénogenèse, celles-ci

321

ressemblant plutôt à des principes.

de descendance qui devient un enjeu permanent : dès lors qu’Ouranos recouvre Gaïa, se dessine une union reproductrice présidée par la différenciation sexuelle. Le principe mâle devient nécessaire, à l’égal du principe femelle, et ce dernier est alors placé sous le joug du premier, sur le plan littéral mais également métaphorique. En faisant recouvrir la Terre par le Ciel étoilé, le poète donne une image schématique de l’ordre céleste — le ciel est au-dessus de la terre —, mais également de l’ordre sexuel — montrant que le masculin recouvre le féminin, il prend le dessus —, et de l’ordre moral — le principe féminin se doit d’être couvert, Ouranos est à l’image d’un vêtement . La 322 puissance primordiale féminine se voit dépouillée de son pouvoir originel dès lors qu’apparaît la notion civique de descendance. Gaïa, réduite à la place de mère, est à l’image de la femme accomplie, « [domestiquée] par le mariage et [aguerrie] par la maternité » . Par un déplacement 323 sur un plan dominé par l’homme — plan du pouvoir, plan civique —, le poète replace le principe féminin sous le joug du masculin. Par là, l’homme nie la puissance féminine, la rejetant de manière à garder sa dominance. Il n’en reste pas moins qu’au commencement était d’abord la femme.

1. 2. Quand « femme » rime avec « pouvoir »

Si les hommes ont donc bien eu conscience du pouvoir féminin, ils ont tout tenté pour l’évacuer — celui-ci pouvant, après tout, provoquer la chute du modèle patriarcal grec. Toutefois, il est flagrant que ce puissant féminin a débordé des limites imposées par les hommes : les scènes de travestissement des héros virils en sont, sans doute, une des premières preuves. Alors qu’ils incarnaient l’andreia dans son état le plus pur, ils ont connu un état où le féminin prenait le dessus sur eux, et un féminin aux effets — dans certains programmes — bénéfiques. Les hommes ont ainsi reconnu un pouvoir qui se dit au féminin, pouvoir amoindri et prenant place dans des contextes précis, mais existant malgré tout. Néanmoins, par ces scènes, ils ont sûrement révélé aussi une

Si les hommes ont donc bien eu conscience du pouvoir féminin, ils ont tout tenté pour l’évacuer — celui-ci pouvant, après tout, provoquer la chute du modèle patriarcal grec. Toutefois, il est flagrant que ce puissant féminin a débordé des limites imposées par les hommes : les scènes de travestissement des héros virils en sont, sans doute, une des premières preuves. Alors qu’ils incarnaient l’andreia dans son état le plus pur, ils ont connu un état où le féminin prenait le dessus sur eux, et un féminin aux effets — dans certains programmes — bénéfiques. Les hommes ont ainsi reconnu un pouvoir qui se dit au féminin, pouvoir amoindri et prenant place dans des contextes précis, mais existant malgré tout. Néanmoins, par ces scènes, ils ont sûrement révélé aussi une