2 Les familles dites vulnérables
2.3 Familles vulnérables au Luxembourg
2.3 Familles vulnérables au Luxembourg
De manière brève, les familles vulnérables sont des familles en difficulté sociale et/ou matérielle. Les familles monoparentales, nombreuses, migrantes et celles ayant un membre malade sont identifiées comme la population familiale la plus susceptible de basculer en situation de vulnérabilité. Les problématiques de l’emploi précaire du parent, de la maltraitance et de la multiplication des difficultés en famille s’ajoutent aux situations de vulnérabilité décrites.
En matière d’intervention, notre synthèse succincte du point précédent révèle l’importance d’une approche holistique en faveur d’une combinaison des aides en espèces et en services afin de renforcer les familles dans leur rôle de socialisation.
Pour le Luxembourg, la Croix Rouge luxembourgeoise (2014) parle de plusieurs centaines de familles en détresse qui souffrent quotidiennement de crises. Ces situations de vulnérabilité sont surtout dues aux troubles psychologiques, aux violences ou aux toxicomanies au sein de la famille (Croix Rouge, 2014). En outre, nous avons décrit préalablement que les familles monoparentales sont les plus touchées par le risque de pauvreté, dû à un seul revenu financier, au réseau social plus restreint et aux conditions de logement moins favorables (Breulheid & Genevois, 2008 ; Osier & Zahlen, 2011). De plus, le risque de pauvreté et les avantages ou désavantages sociaux et éducatifs semblent se reproduire au Luxembourg d’une génération à l’autre (OCDE, 2010).
Concernant les aides en espèces, nous avons montré précédemment18 que ces aides en direction des familles sont plus répandues au Luxembourg que dans d’autres pays européens (Zahlen, 2013). Le Luxembourg fait même partie des pays de l’OCDE qui utilisent des aides spécifiques pour soutenir le parent isolé, notamment par des exonérations fiscales, et qui n’impose la recherche d’un emploi au parent qu’à partir du moment où son enfant est scolarisé (OCDE, 2011). A l’inverse, le risque de pauvreté de 17.8% est l’un des plus élevés d’Europe. Sans prestations familiales, le risque de pauvreté augmenterait à 29%, incluant un certain nombre de familles (Van Dyck, 2012).
Concernant les aides en services, de nombreuses offres existent en faveur des familles en détresse au Luxembourg (Croix Rouge, 2014). Par exemple, les services de protection de la jeunesse mènent des enquêtes sociales pour répondre aux signalements des situations de mise en danger de l’enfant afin de proposer une action de protection (cf. OCDE, 2011). Ces situations sont diverses. En 2013, le SCAS a mené les enquêtes sociales et a étudié le milieu social et familial du jeune suite aux signalements d’indisponibilité parentale, de maltraitance, d’absentéisme scolaire, de soupçon d’abus sexuel, de
18 Au cours des premiers pages de ce travail, chapitre intitulé La famille au Luxembourg, nous avons présenté de manière succincte les différentes aides aux familles.
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demandes de changements dans les droits de garde et de visite, de toxicomanie du jeune et de délinquance juvénile (SCAS, 2014).
Nous constatons donc la présence de différentes situations de vulnérabilité par lesquelles une famille peut être touchée au Luxembourg. En conséquence, nous observons également la mise en place de différentes aides en faveur de l’enfant et de sa famille pour soutenir l’éducation familiale et pour remédier aux situations problématiques. Celles liées au contexte de protection de la jeunesse seront précisées et examinées plus loin.
Résilience 51
Chapitre 3
La résilience
La résilience désigne le processus, la capacité ou le résultat de l’adaptation réussie malgré des circonstances difficiles ou menaçantes (Masten, Best & Garmezy, 1990). Généralement, la notion de résilience est retenue comme un processus dynamique qui amène à une adaptation positive en faisant face à une situation adverse (Luthar, Cichetti & Becker, 2000 ; Werner, 2005). Pour Manciaux (2001), la résilience se caractérise à la fois par la résistance à la destruction et par la construction d’une existence de valeur. Elle est interactive, c’est‐à‐dire qu’elle ne peut se manifester qu’en combinaison avec des expériences de risque (Rutter, 2006 ; 2012). Elle permet toutefois un fonctionnement ou un développement dans le temps (Riley & Masten, 2005). De plus, la résilience est considérée comme un processus multicausal par la transaction de déterminants internes et externes (Cyrulnik, 2013). Cyrulnik (2012) définit la résilience comme « un processus biologique, psychoaffectif, social et culturel qui permet un nouveau développement après un traumatisme psychique » (p. 8). Pour Vergely (2005), la résilience passe par trois étapes, à savoir le soutien et le regard d’autrui, le rebondissement intérieur par soi‐même et l’existence de l’avenir. Il s’agit d’un nouveau développement de la personne (Cyrulnik, 2013). Pour Onfray (2014), la résilience témoigne d’une grande souffrance, mais rend la répétition de la même souffrance impossible. Ainsi, elle constitue un fonctionnement qui rend plus fort. Selon Poletti et Dobbs (2001), la résilience est une capacité humaine fondamentale qui mobilise les compétences nécessaires pour transformer sa vie et cicatriser la blessure. Elle est la réponse aux turbulences et discontinuités de la vie (Bhamra, Dani & Burnard, 2011).
La résilience n’apparaît pas « de soi » (Cyrulnik, 2000). Pendant la mise en place d’un processus de résilience, les interactions entre l’individu et son environnement socio‐affectif jouent un rôle important (Anaut, 2006). La résilience est constamment en évolution du fait des déterminismes multiples produits par l’interaction dans un contexte ecosystémique donné (Waller, 2001). Elle se base sur des ressources individuelles qui sont contextualisées avec l’environnement social (Anaut & Cyrulnik, 2014). Les facteurs de protection favorisent le développement et l’équilibre entre résultat positif et circonstance défavorable (Bonanno, 2004). La résilience se réalise aussi bien à un niveau matériel et concret qu’à un niveau spirituel (Vergely, 2005). Le point suivant donne une approche historique de la notion et contribuera ainsi de manière complémentaire à la définition de la résilience.
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