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3. Concepts et champs disciplinaires infirmiers

3.1. Le choix de la population étudiée

3.2.4. Les facteurs de risque de la maltraitance

3.2.4.2. Les facteurs de risque spécifiques à la personne soignée

La déficience physique et la perte d'autonomie : « Les cas de violence dans les institutions sont dans tous les cas favorisés par la perte d'autonomie chez la personne âgée » (Moulinié, p.3, 2009). C'est ce que semble confirmer l'étude menée par Post et al. (2010) : « Les bénéficiaires de soins à long terme sont plus vulnérables de par leurs limitations fonctionnelles, et sont donc plus à risque d'être victimes de mauvais traitements » (Post & al., p.324, 2010).

Ces mêmes auteurs envisagent la déficience physique comme facteur de risque. En effet, un résident âgé, avec de grands besoins d’assistance pour les soins aura davantage d’occasions d’être victime d’actes maltraitants (Post & al., 2010).

La démence et la déficience cognitive : Dans le courant de notre formation, nous avons toutes les trois réalisé des stages en milieu gériatrique,

ce qui nous a permis de constater que la démence chez les personnes âgées, et en particulier la maladie d'Alzheimer, est très fréquente chez celles-ci. De Saussure (1999) indique qu'une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer à vingt-cinq fois plus de risque d'être victime de maltraitance physique : « La détérioration cognitive, d'autre part, constitue un facteur de risque important à l'égard de la maltraitance perpétuée par les dispensateurs de soins » (Steinmetz (1988 ; dans De Saussure, p.87, 1999)).

La démence va aussi toucher plusieurs aspects du résident et ainsi demander une prise en soin importante chez les aidants :

Le phénomène unanime relevé, autour duquel s'organisent les éléments particuliers susceptibles de donner lieu à une violence, c'est la dépendance du dément, par la charge qu'elle constitue sur les tiers, épuisés et à bout de nerfs, susceptibles au fil du temps de gestes d'égarement (De Saussure, p.88, 1999).

Les déficits cognitifs peuvent également engendrer un changement de comportement et de personnalité chez les personnes âgées. Ainsi, la prise en soin demande de multiples compétences dont celle de pouvoir s'adapter. D'après De Saussure (1999) c'est particulièrement chez ces personnes que les mécanismes d'adaptation doivent être plus souples. « Or, la démence fait du vieillard un étranger, aux réactions souvent difficiles à prévoir » (De Saussure, p.89, 1999). De plus, toujours d'après De Saussure (1999), ceci peut engendrer chez les soignants une méconnaissance du monde intérieur de la personne, engageant une angoisse et une perception du résident

comme un objet. Cette déshumanisation risque d'entraîner de la maltraitance.

Un autre phénomène peut encore provoquer des actes inadaptés dans les soins : les personnes démentes peuvent avoir une atteinte dans leur langage, et cela risque de détériorer leur relation avec le soignant. Selon De Saussure (1999), les réponses ou non des aînés peuvent être mal interprétées par le soignant, qui pourrait penser que cela provient d'un manque de volonté de la part du résident. Cette pensée risque d'engendrer une tension chez le soignant. De plus, une absence de langage chez le résident peut l'empêcher de dénoncer des actes de soins inadéquats.

Les troubles du comportement chez la personne soignée :

Les troubles du comportement chez la personne soignée, définit ici comme des violences verbales ou physiques, ainsi que des refus de soins, ont une importante incidence sur les taux de maltraitance chez la personne âgée. Les soignants, se sentant agressés, seraient alors susceptibles de retourner l'abus contre la personne soignée (Post & al., p.340, 2010).

Smith et al. (2015) ajoutent que les résidents au comportement agressif induisent des sentiments désagréables, tel que du stress, chez le soignant. Ceci peut amener à des actes violents en retour.

L'isolement social : L’isolement social représente un facteur de vulnérabilité du patient (Monod & Sautebin, 2009). Comme explicité auparavant, la vulnérabilité de la personne âgée induit un risque de maltraitance. Les études menées par Johannesen et LoGiudice (2012), ainsi

que par Smith et al. (2015), mettent en évidence l'augmentation du risque de maltraitance en cas de faible soutien social. De plus, Smith et al. (2015) expliquent celui-ci par le fait de que lors de difficultés les comportements illégitimes seront dissimulés.

3.3. La prévention

Nous avons décidé d'orienter notre thématique sur la prévention de la maltraitance. Ce choix a été fait afin de trouver des moyens et des stratégies pour lutter contre la maltraitance des aînés institutionnalisés. L'organisation mondiale de la santé définit la prévention comme: « l'ensemble des mesures visant à éviter ou à réduire le nombre et la gravité des maladies ou des accidents » (Soins infimiers, 2008). La prévention peut être distinguée selon le type d'action qu'elle souhaite effectuer.

− La prévention primaire comprend « tous les actes destinés à diminuer l'incidence d'une maladie dans une population, donc à réduire le risque d'apparition de cas nouveaux » (Soins infimiers, 2008). Elle fait appel à des mesures de prévention individuelles qui consistent en des actions que l'on fait soit même, pour sa sécurité. Comme par exemple l'hygiène corporelle ou l'alimentation. Les mesures de prévention collectives font appel à des actions en collaboration avec plusieurs personnes. Par exemple la distribution d'eau potable, ou l'élimination des déchets.

− La prévention secondaire comprend « tous les actes destinés à diminuer la prévalence d'une maladie dans une population, donc à réduire la durée d'évolution de la maladie » (Soins infimier, 2008). − La prévention tertiaire comprend « tous les actes destinés à diminuer

la prévalence des incapacités chroniques ou des récidives dans une population, donc à réduire au maximum les invalidités fonctionnelles consécutives à la maladie » (Soins infimiers, 2008).

« La prévention commence par une prise de conscience des mentalités que nous développons à l'égard de la vieillesse » (Amyot, p.61, 2010). Mais malheureusement, beaucoup d'aspects restent inconnus, comme l'ampleur et l'incidence de la maltraitance chez les aînés institutionnalisés. L’OMS (2002) indique que la recherche sur l'efficacité des interventions n'a pour le moment développé aucun résultat fiable ou utile. Il est donc difficile d'affirmer quelles sont les approches les plus fructueuses. « C'est parce qu'une grande partie des maltraitances est si bien intégrée à nos manières d'agir, de penser et de voir qu'elles ne peuvent faire l'objet de prévention efficace » (Amyot, p.61, 2010).

Nous allons dans ce concept aborder différentes préventions qui nous paraissent les plus adaptées à notre sujet et aux différents facteurs de risque cités précédemment. Pour ce faire, nous allons relater la prévention à travers quatre aspects : le personnel soignant, la personne soignée, l'institution et la société.