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Les facteurs associés à la pratique régulière de l’activité physique chez les jeunes

CHAPITRE 2: RECENSION DES ÉCRITS

2.6 Les facteurs associés à la pratique régulière de l’activité physique chez les jeunes

pratique d’activités physiques spécifiquement chez les jeunes de 9 à 12 ans. Des revues d’études qualitatives (Martins, Marques, Sarmento, & Carreiro da Costa, 2015) et d’études quantitatives (Biddle, Atkin, Cavill, & Foster, 2011; Ridgers et al., 2012) le plus souvent transversales ou corrélationnelles ont été conduites. Selon les auteurs de ces revues de la littérature, la pratique régulière d’activités physiques chez les jeunes représente un comportement multidimensionnel influencé par des facteurs individuels et environnementaux (Biddle, Whitehead, O'Donovan, & Nevill, 2005; Rees et al., 2001). Les facteurs individuels regroupent des éléments d’ordre biologique, physiologique, psychosocial et sociodémographique et les facteurs environnementaux concernent l’environnement physique et social ainsi que les caractéristiques et les politiques des organisations. Dans cette section sont décrits les facteurs environnementaux et individuels influençant l’activité physique chez les jeunes.

2.6.1 Les facteurs environnementaux

Les résultats de recherches antérieures, menées dans d’autres pays que le Liban, indiquent que des facteurs liés à l’environnement physique scolaire, familial et social des jeunes ont une influence sur la pratique d’activités physiques (Sallis, Prochaska, & Taylor, 2000).

L’environnement physique scolaire. L’environnement physique scolaire concerne la disponibilité d’espaces et d’équipements pour réaliser des activités physiques. Selon une revue d’études qualitatives (Martins et al., 2015) et une autre revue d’études quantitatives (Ridgers et al., 2012), la pratique d’activités physiques chez les jeunes de 12 ans et moins pendant les récréations serait influencée par l’accès à des installations dédiées ou favorables à l’activité physique (e.g., gymnase, terrain de basketball, cour de récréation) et à l’accès à de l’équipement non fixe (e.g., ballons, cordes à sauter).

L’environnement familial. Des revues de la littérature ont cherché à explorer la relation entre le « modeling parental » et l’activité physique des jeunes d’âge scolaire. Leurs résultats se sont avérés plutôt contradictoires, car la méthode de mesure de la dynamique familiale variait

d’une étude à l’autre (Gustafson & Rhodes, 2006; Sallis et al., 2000). Les auteurs de ces revues de la littérature soulignent l’impossibilité de déterminer si cette variable a réellement une incidence sur l’intention et le comportement des jeunes. L’influence du soutien familial est, pour sa part, relativement plus consistante (Moore et al., 1991; Van Der Horst, Paw, Twisk, & Van Mechelen, 2007). Selon la revue de la littérature de Gustafson et Rhodes (2006), le soutien familial dicte explicitement ou implicitement les activités physiques des jeunes par l’encouragement verbal, l’implication des parents et leur soutien technique.

L’environnement social. L’influence directe de l’environnement social, c’est-à-dire des pairs, des professeurs d’éducation physique et de la supervision d’un professeur lors des recréations sur les jeunes, est peu documentée. Toutefois, les études qui se sont penchées sur le sujet présentent des résultats controversés : soit il existe une relation positive (Bauman et al., 2012; Ridgers et al., 2012), soit il existe une relation négative (Martin, Oliver, & McCaughtry, 2007).

2.6.2 Les facteurs individuels

En 2007, une synthèse de cinq revues de la littérature (Biddle et al., 2005; Davison & Lawson, 2006; Ferreira et al., 2006; Gustafson & Rhodes, 2006; Sallis et al., 2000) a été effectuée (National Institute for Clinical Excellent, 2007). Dans les études incluses, l’identification des facteurs individuels associés à la pratique d’activités physiques chez des jeunes a été réalisée le plus souvent à l’aide d’études transversales et corrélationnelles. Les données présentent les facteurs individuels associés à la pratique régulière d’activités physiques chez les enfants de 12 ans et moins et chez les adolescents de plus de 12 ans vivant dans des pays industrialisés occidentaux.

Pour ce qui est des facteurs sociodémographiques et biologiques, les enfants les plus jeunes, non obèses, de sexe masculin et dont le niveau de scolarité des parents est élevé (souvent collégial ou universitaire) sont plus actifs. Les garçons sont plus actifs que les filles dans plusieurs études quantitatives (Falgairette, Deflandre, & Gavarry, 2004; Telama & Laakso, 1983; Telama & Yang, 2000; Trost, Pate, et al., 2002) et une revue d’études qualitatives (Martins et al.,

2015), mais toutes notent un déclin de l’activité physique au moment de la puberté chez les deux sexes. Cependant, des résultats contradictoires sont obtenus en ce qui concerne le fait qu’un faible niveau d’activités physiques s’associe à un excès de poids (Biddle, Braithwaite, & Pearson, 2014; Sallis et al., 2000).

De façon générale, le patrimoine ethnique et génétique ainsi que les comportements sédentaires influencent peu l’activité physique des jeunes (Biddle et al., 2014; Sallis et al., 2000). Ces variables, lorsqu’elles sont utilisées dans des modèles de prédiction comportementale, ne semblent pas avoir d’influence sur l’intention ou la pratique d’activités physiques chez les jeunes (Belanger-Gravel & Godin, 2010; Foley et al., 2008; Godin & Bélanger-Gravel, 2006; Martin et al., 2007; Rhodes, Macdonald, & McKay, 2006; Trost, Pate, et al., 2002; Trost, Saunders, & Ward, 2002; L. Wang & Wang, 2015). À cet égard, certains auteurs (Seabra, Mendonca, Goring, Thomis, & Maia, 2008) ont soulevé la difficulté de distinguer le rôle de la génétique de celui de l’environnement familial dans l’adoption d’un tel comportement.

En ce qui concerne l’influence des facteurs psychosociaux chez les jeunes âgés aux allentours de 10 à 12 ans, les études ayant utilisé la théorie du comportement planifié sont principalement de nature corrélationnelle (Foley et al., 2008; Godin & Bélanger-Gravel, 2006; Martin et al., 2007; Mummery, Spence, & Hudec, 2000; Rhodes et al., 2006; Trost, Saunders, et al., 2002; L. Wang & Wang, 2015). Dans ces études, l’intention (ou la motivation) est apparue comme le déterminant qu’on associait le plus fortement et le plus régulièrement à la pratique d’activités physiques des jeunes. Autrement dit, les jeunes sont actifs principalement parce que leur intention de pratiquer de l’activité physique est forte.

Ensuite, les déterminants de l’intention des jeunes de faire de l’activité physique qui ont été identifiés sont, par ordre croissant d’importance : l’attitude, la norme subjective (la pression sociale perçue de la part des proches) et le contrôle comportemental perçu (ou sentiment d’efficacité personnelle) (Foley et al., 2008; Martin et al., 2007; Mummery et al., 2000). À elles seules, ces trois variables expliquent 45,0 % (Martin et al., 2007), 47,0 % (Mummery et al., 2000), 47,4 % (Belanger-Gravel & Godin, 2010) et 56,0 % (Foley et al., 2008) de la variance de l’intention. Il est à noter que l’ampleur de l’influence de la norme subjective (Godin & Bélanger-

Gravel, 2006; Hagger, Chatzisarantis, & Biddle, 2002) et de l’attitude (Hagger et al., 2002; Rhodes et al., 2006) sur l’intention est apparue variable dans les différentes études.

L’analyse des croyances comportementales révèle que la motivation des jeunes dépend fortement de leur désir d’avoir une meilleure apparence, d’avoir du plaisir et d’être en santé (Godin & Bélanger-Gravel, 2006; Godin & Shephard, 1986). Plusieurs études indiquent également que les connaissances des jeunes sur l’activité physique leur permettent d’en découvrir les bénéfices pour la santé(DiLorenzo, Stucky-Ropp, Vander Wal, & Gotham, 1998; Ferguson, Yesalis, Pomrehn, & Kirkpatrick, 1989) et qu’elles influent sur leur attitude (Ferguson et al., 1989).

L’analyse des croyances normatives indique que l’influence des pairs, de la famille, des professeurs et de l’entourage immédiat est remarquable (Foley et al., 2008; Martin et al., 2007; Mummery et al., 2000; Trost, Saunders, et al., 2002). Les jeunes de 9 à 12 ans qui ont l’impression que leur entourage souhaite les voir pratiquer une activité physique auront davantage l’intention de s’y adonner. Dans une étude (Belanger-Gravel & Godin, 2010), la prévalence perçue de l’activité physique dans l’entourage (norme descriptive) ne figure pas parmi le déterminant de l’intention des enfants.

Le contrôle comportemental perçu (parfois mesuré plutôt sous l’angle du sentiment d’efficacité personnelle) est apparu avoir un rôle constant dans l’intention de pratiquer de l’activité physique (Belanger-Gravel & Godin, 2010; Foley et al., 2008; Martin et al., 2007; Rhodes et al., 2006; Trost, Pate, et al., 2002; Trost, Saunders, et al., 2002). Les croyances de contrôle discrimant le plus souvent les jeunes ayant une intention faible ou élevée de s’adonner à la pratique d’activités physiques sont les suivantes : la mauvaise température, l’ampleur de la charge de travail scolaire, la fatigue, la distance des installations, la possibilité de s’adonner à des comportements sédentaires, le manque de temps et le sentiment d’incompétence (Ar-yuwat, Clark, Hunter, & James, 2013; Belanger-Gravel & Godin, 2010).

L’identité personnelle de la théorie d’identité sociale (Tajfel & Turner, 1986) est également un facteur qui est apparu influencer l’intention de pratiquer de l’activité physique.

L’identité personnelle est une variable qui peut s’ajouter aux déterminants de l’intention et du comportement habituellement identifié par la théorie du comportement planifié. L’identité personnelle réfère au niveau auquel une personne s’identifie ou se perçoit comme adoptant un rôle social donné (Conner & Armitage, 1998), comme celui d’être une personne active physiquement (Godin, 2012). Il s’agit de caractéristiques durables que la personne s’attribue comme faisant part de sa personnalité (Sparks & Guthrie, 1998). La méta-analyse de Rise, Sheeran et Hukkelberg (2010) indique que cette variable ajouterait, en moyenne, 2 % à l’explication de la variance du comportement et 6 % à la variance de l’intention après avoir contrôlé l’influence des variables de la théorie du comportement planifié. Dans leur étude sur la pratique d’activités physiques de loisir chez de jeunes Canadiens, Belanger-Gravel et Godin (2010) observent que cet apport se situe à 23 %.

Pour conclure sur les facteurs individuels, les données révèlent que les jeunes âgés de 9 à 12 ans sont actifs principalement parce qu’ils ont (a) une forte intention, (b) une perception de contrôle élevée, (c) une attitude positive, (d) une pression ressentie de la part de leurs proches, et (e) une identité personnelle positive en regard de l’activité physique.

2.7 La pratique de l’activité physique chez les jeunes Libanais et les programmes