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Facteur de Réingénierie des processus d’affaires et des flux d’information

CHAPITRE 6 : DISCUSSION SUR LES RÉSULTATS

6.3 Discussions et enseignements sur les facteurs et actions du modèle

6.3.2 Facteur de Réingénierie des processus d’affaires et des flux d’information

La moyenne globale des actions associées au facteur de réingénierie des processus s’élève à 4,15, ce qui atteste d’une bonne pertinence générale. Comme écrit ci-dessus, cela apporte également un argument supplémentaire en faveur de l’intérêt du facteur dans le modèle. Sur les onze actions proposées au premier tour, sept obtiennent une moyenne supérieure à 4 et tendent donc à être primordiales, alors que les quatre autres réalisent un score tout de même convaincant se situant entre 3 et 4. L’action ajoutée à l’issue du premier tour donne raison à ce choix puisqu’elle obtient de son côté une note moyenne de 4,2.

Les actions 3, 4, 5, 6, 7, 8, 10 et 12 sont donc celles qui soulèvent le moins de questions. Elles recueillent des notes élevées voire maximales de la part de l’ensemble du panel. Aucune n’affiche cependant un résultat parfait à 5. Les actions reliées à la connaissance et la maîtrise de l’information au sein de l’entreprise et lors des projets utilisant le BIM ont été particulièrement plébiscitées. Le fait de lister les modèles usuels du bâtiment a notamment obtenu la meilleure évaluation des actions de ce facteur avec un score de 4,6, tout comme la répartition des maquettes et modèles à produire selon le niveau de détail dans le WBS. Ces résultats ne sont pas surprenants dans le sens où il est nettement ressorti des entrevues qu’une des premières étapes pour se lancer dans la philosophie BIM et adapter son mode de travail est de savoir exactement ce que l’on fait et ce que l’on souhaite produire avec le BIM. De la même manière, comme il sera constaté dans les lignes à venir, la standardisation s’impose comme une condition nécessaire pour entamer une transition BIM.

L’action prescrivant de mettre en place un suivi des hôtes successifs des modèles du bâtiment s’est elle aussi vue attribuer la note de 4,6. L’exactitude de l’information est un enjeu clé de la réussite de l’utilisation du BIM dans une organisation. En outre, l’identification des intervenants sur l’information permet d’impliquer l’ensemble de ces derniers dans l’effort à fournir pour générer une information digne de confiance. À ce propos, il est utile d’apporter une précision quant à l’action 5, concernant la détermination de la part d’information créée à l’interne et celle reçue de l’extérieur. L’objectif de cette opération est de dresser un portrait exhaustif des sources

d’information potentielles, mais en aucun cas de pouvoir s’en servir par la suite pour attribuer des responsabilités en cas d’information erronée ou de manquements dans les obligations tenant chacun des intervenants. L’information doit pouvoir véhiculer à titre de propriété du projet et la crainte de devoir répondre d’une erreur commise entraîne le refus de s’impliquer dans le travail collaboratif BIM. C’est une barrière annihilant toute tentative de passage vers le BIM si elle vient à se dresser.

La nouvelle action proposée, à savoir l’identification des profils des personnes impliquées sur des projets, s’est vue attribuée une excellente note, justifiant ainsi sa présence dans le modèle. Elle a toutefois généré plusieurs commentaires dignes d’intérêt. Tout d’abord, la formulation peut être sensiblement modifiée pour prendre un sens plus pertinent et avoir des impacts plus significatifs. En effet, les profils peuvent être déterminés avant même l’inclusion des personnes sur les projets, pour ainsi pouvoir embarquer des éléments qui vont, de par leurs agissements au sein du projet, favoriser l’expansion du BIM et la réussite de son implantation. L’action se réalise donc plutôt à l’échelle de l’entreprise et la nuance prend tout son sens pour cette opération en particulier. Plus concrètement, il aurait été possible d’ajouter des activités comme l’engagement d’un « profiler » présent pour cerner les caractères des personnes, effectuer des bilans de compétences et connaître les volontés d’évolution des personnes.

Les actions suivantes ont pour leur part généré des avis moins unidirectionnels : 1, 2, 9 et 11. Les actions 1 et 2 sont très proches dans le message qu’elles véhiculent et ont reçu la note 1 de la part d’un même et unique répondant. Leur proximité vient de leur objectif commun d’établir des états de fonctionnement avant le BIM, sur le plan des processus pour l’action 1 et sur le plan humain pour la 2, puis les états souhaités avec le BIM. La mauvaise notation provient du fait que le répondant ne voyait pas l’intérêt de prioriser la modification des pratiques avant l’installation durable de l’utilisation d’une maquette tridimensionnelle. Cette vision est quelque peu réductrice par rapport à la philosophie BIM et ses implications. La description des états de maturité vue dans la revue de littérature au chapitre 2 peut être évoquée ici, car cette perception du BIM correspond à la maturité de niveau 1. Le poste du répondant impliqué dans ces réponses peut être une hypothèse pour expliquer ses notes. En tant que directeur de projet (répondant D), celui-ci ne perçoit pas réellement dans son travail l’intérêt des deux strates, entreprise et projets, évoquées avant. La réingénierie à un haut niveau stratégique n’entre pas dans le champ de ses considérations et les actions 1 et 2 perdent de leur sens. Il faut toutefois être prudent puisqu’il est également très souhaitable de modifier les processus à l’échelle des projets. Les états « To Be » doivent alors être

graduels, car l’évolution vers un projet géré intégralement avec le BIM ne peut s’effectuer en une étape. La précision de la formulation est susceptible d’être entrée en compte dans le choix de notes très faibles pour ces actions et l’ajout de la dimension projet peut être nécessaire.

L’action 2, par ailleurs, est sujette à un certain couplage avec la nouvelle action 12 puisque les deux concernent la dimension humaine, l’implication des membres de l’organisation et l’attribution des rôles. Les objectifs des deux activités peuvent paraître extrêmement proches et ne pas justifier la division en deux éléments. Le choix de conserver les deux actions dans le modèle est cependant préférable. Tout d’abord, malgré la présence de ces deux items lors du second tour, aucun commentaire n’a été fait à ce propos et les experts ont su déceler des différences entre ces derniers. La dualité entreprise-projets est une fois de plus présente et justifie certainement la présence des deux actions. L’ambiguïté est également apparue à nouveau pour le répondant D pour l’action 11 qui évoque des rôles dans l’entreprise et non au sein des projets. Les autres experts l’ont déjugé en notant deux fois 4 et deux fois 5 cette activité-là. Pour les mêmes motifs que précédemment, elle sera conservée dans le modèle.

L’action 9 concernant l’intégration des données dans le BIM au moment de leur création a également reçue le score de 1 de la part d’un expert (répondant C). Selon lui, l’effort ne doit pas être investi pour contrôler cela, mais plutôt pour responsabiliser les personnes produisant des modèles et créant des objets paramétriques afin qu’ils ne gaspillent pas de l’information. Cela passe également par le contrôle du débit de travail des projeteurs (personnes responsables de la modélisation), qui doivent modéliser en étant synchronisés sur la cadence à laquelle les informations externes parviennent à l’entreprise. On peut lier cette remarque avec la proposition d’engager un « profiler », qui sera responsable de détecter les personnes les plus à même d’intégrer ces bonnes pratiques de création d’information et de modélisation. Pourtant, il est également envisageable de mettre en place des procédures de contrôle pour vérifier si l’ensemble des objets créés sont bien répertoriés dans le BIM. Les autres répondants ont tous approuvé le sens de cette initiative en notant à 3, 4 et deux fois 5. La nuance est à garder à l’esprit, mais n’annule cependant pas la validité de l’action.

L’ensemble des actions pour ce facteur va par conséquent pouvoir être conservé dans le modèle. L’apport de certaines précisions dans les énoncés ou de commentaires mettant en garde contre les principaux risques liés aux actions sera fait pour parer aux points sensibles discutés ci-

dessus. Un nouvel ordre des actions sera également mis en place pour les regrouper et les hiérarchiser selon le sens et la pertinence.