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Facteur d’Éducation à la gestion de l’information au cours d’un projet

CHAPITRE 6 : DISCUSSION SUR LES RÉSULTATS

6.3 Discussions et enseignements sur les facteurs et actions du modèle

6.3.5 Facteur d’Éducation à la gestion de l’information au cours d’un projet

Le facteur d’éducation à la gestion de l’information est au milieu du classement si l’on regarde la moyenne générale obtenue. Avec un score global de 4,37, il est fortement approuvé par les experts et confirme l’impression ressentie lors de l’étude de la littérature : les problématiques de gestion de l’information et de philosophie de management de celle-ci sont prépondérantes dans un environnement BIM. Le choix précédemment motivé de créer un facteur uniquement dédié à cet enjeu se justifie donc ici par les résultats. Comme il était prévu, plusieurs actions ont été comparées avec le facteur suivant concernant l’éducation technique sur les outils du BIM, et certains rapprochements peuvent être effectués. La majeure partie des actions, cinq sur six, voient

leur score final dépasser 4, et une action reçoit la note parfaite de 5. L’action restante a en revanche fortement déçu avec une des moyennes les plus faibles de l’étude à 3,2, due notamment à deux notes 1 attribuées par les répondants. L’action ajoutée à l’issue du premier tour performe pour sa part très bien, essentiellement grâce au fait qu’elle compense les faiblesses de l’action évoquée juste avant.

Les énoncés de certaines des actions peuvent paraître prôner la vertu, comme il a été dit lors de la présentation du facteur au chapitre 4. La volonté d’insister sur cet aspect de gestion de l’information et de culture d’entreprise avait poussé à faire ce choix. L’impression initiale est confirmée avec l’action 1, qui demande d’insuffler à l’ensemble de l’entreprise la culture de la gestion de l’information orientée BIM. Cette action a obtenu la note maximale de 5/5 et n’a généré aucune hésitation chez les experts. Cela est renforcé par le caractère légèrement moins concret que la plupart des autres actions du modèle. Plus conceptuelle, la pertinence de l’action peut difficilement être remise en cause. Sa suppression du modèle pour conserver un focus très pratique pourrait être envisagée. Cependant, le défaut de cette action avait été pressenti dès son inclusion dans le modèle, avant les discussions avec les experts, et sa présence était donc due au souhait de mettre l’accent sur la problématique informationnelle. Elle était d’ailleurs placée en première place de la liste des actions car elle pouvait incarner une sorte de préambule au reste. À la lumière de la réflexion précédente, le modèle final comportera encore l’action 1.

La mise en place de procédures de vérification de la qualité des données intégrées au BIM, de l’exactitude et de la cohérence des modèles, a également été fortement appuyée par les répondants au questionnaire, avec une moyenne à 4,8, due à la présence d’un score 4 parmi un ensemble de 5 (action 2). Cette action est essentielle lors de la transition BIM et dans les premiers moments de son utilisation, puisqu’elle va assurer que les informations contenues dans le BIM permettent de travailler correctement, et donc accroître la confiance dans l’outil, afin qu’il devienne en bout de ligne une source faisant autorité dans l’entreprise. La vérification autorise également un certain contrôle sur les utilisateurs du BIM et les projeteurs, ainsi qu’un retour sur leur assimilation correcte des pratiques associées. Il est utile de rappeler pour ce point que les profils des personnes

pèsent énormément dans le travail produit par la suite et qu’un projeteur impliqué dans la transition et motivé pour adapter ses méthodes sera plus à même de produire des maquettes intègres. 5

L’action 3 présente selon sa formulation certaines similitudes avec l’action 1 unanimement approuvée. Elle est en effet plutôt généraliste et peu concrète. Elle a cependant été légèrement moins appuyée que son homologue 1. Par ailleurs, elle ne génère pas un consensus sur son aspect primordial comme l’action 9 du facteur d’implication des parties prenantes extérieures, traitant aussi d’ « information stewardship ». Cela peut être dû à la priorité portée par les experts sur la relation avec les partenaires d’affaires plutôt que sur la philosophie interne. La structure fragmentée de l’industrie de la construction explique éventuellement la plus grande inquiétude associée aux collaborateurs et à leurs efforts pour transiter vers le BIM.

L’action 4 qui demande de prohiber l’utilisation des formats papier sera également présente dans le modèle final à la vue des notes récoltées lors des deux tours du questionnaire. Il est toutefois utile de faire une précision pour adapter quelque peu la formulation de l’action. Les livrables ont été évoqués au sein de la discussion du facteur concernant les partenaires extérieurs, et interviennent dans les débats sur l’action 4 à nouveau. En effet, les livrables ne peuvent pas être modifiés dans l’état actuel de l’industrie AIC et du développement du BIM des maquettes tridimensionnelles. Les formats 2D sont systématiquement les rendus finaux dans les projets de construction. Il est par conséquent impossible d’interdire la dégradation des données en fin de projet. La cible de l’action 4 est donc la communication en cours de projet, interne ou entre partenaires d’affaires, qui doit être basée le plus possible au sein du BIM et sur les modèles du bâtiment.

Finalement, les actions 5 et 6 sont intimement reliées et servent un même et unique objectif de formation à la gestion de l’information. Cependant, elles ont obtenu des résultats très différents, ce qui s’explique comme suit. L’action 5 demande de préparer un ensemble de formation pour les nouveaux arrivants dans l’entreprise afin de les initier à la gestion de l’information. Son faible score prend racine une fois de plus dans la dualité entreprise-projets qui existe dans les cas d’implantation du BIM. La formation à l’échelle de l’organisation n’a pas de sens selon les experts,

5 L’action 2 et ses enjeux seront incorporés à l’action 5 du facteur d’éducation technique. Voir la décision prise par

ou serait en tout cas réduite à très peu de principes, puisque ceux-ci varient selon les projets. Tout comme pour les standards, il est éventuellement envisageable d’éduquer à différentes manières de gérer son information pour préparer exhaustivement les membres de l’entreprise. Cependant, le cas se règle plutôt projet par projet et la formation ne peut être dispensée que dans un contexte spécifique. Le bagage concernant la gestion de l’information globale doit également être acquis auparavant lors de la formation scolaire des personnes et l’entreprise n’a normalement pas à s’impliquer sur ce point. Les répondants au questionnaire ont indiqué cette faiblesse et le manque de pertinence de l’action 5 au premier tour, ce qui a entraîné l’introduction de l’action 6, traitant de formation par projet. Logiquement, elle a été très bien évaluée et compense donc l’action 5. Pour cette raison, l’action 5 sera supprimée du modèle et l’action 6 prendra sa place, avec une formulation retravaillée.