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PARTIE 1 : LE TEXTE DES INSCRIPTIONS

1.4. Fête de la dédicace et sanctoral

Ecclesiarum consecrationes, quamvis omni die de iure fieri possint, decentius tamen in dominicis diebus, vel in sanctorum sollempnitatibus fiunt68.

Guillaume Durand, Le pontifical romain au Moyen Âge, XIIIe s. La date de la dédicace d'une église ou de l'autel n'était pas choisie au hasard. Selon Guillaume Durand, l'essentiel était qu'elle soit célébrée un dimanche, ou en corrélation avec la fête d'un saint. Dans la pratique, ce cadre liturgique pouvait être ajusté à la faveur de critères conjoncturels qui s'imposaient comme le passage d'un pape, les tournées de consécration ou des tensions particulières dans la communauté69. Même dans ces circonstances, on (l’évêque et/ou la communauté ?) tentait de rattacher la dédicace à une autre fête, quitte à échaufauder un véritable jeu sur le temps. L'inscription de Montierneuf est à plusieurs titres un très bon exemple. Selon la chronique du monastère rédigée au XIIe siècle, l’abbé, apprenant le passage d'Urbain II dans la région, organisa in extremis

la dédicace d'un autel pour bénéficier d'une consécration papale70. Celle-ci eut lieu le 22

janvier 1096, qui tombait cette année-là un mardi. Cela n'a pas empêché les moines d'en faire un véritable monument temporel en réalisant une inscription dont le texte rattache la dédicace de l'autel matutinal par Urbain II à celle de l'église tout entière qui s'était déroulée la même année, en prenant bien soin de relier ces deux événements à la fondation de l'église par Geoffroy, duc d'Aquitaine, en 1086, c’est-à-dire dix ans avant le passage d'Urbain II.

68 Le pontifical romain, t. III, op. cit., p. 455.

69 Didier MEHU, « Réflexions pour une analyse structurelle du voyage pontifical aux XIe et XIIe siècles », dans Des sociétés en mouvement : migrations et mobilité au Moyen Âge. Actes du 40e Congrès de la

SHMESP, Nice, 4-7 juin 2009, Paris, Publications de la Sorbonne, 2010, p. 267‑281 ; Alfons BECKER, « Le

voyage d’Urbain II en France », dans Le concile de Clermont de 1095 et l’appel à la croisade : actes du

Colloque universitaire international de Clermont-Ferrand, 23-25 juin 1995, Rome, École française de

Rome, Palais Farnèse, 1997, p. 127‑140 (Collection de l’École française de Rome, 236) ; René CROZET, « Le voyage d’Urbain II en France (1095-1096) et son importance du point de vue archéologique », Annales

du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 49/193, 1937,

p. 42‑69 ; Élisabeth ZADORA-RIO, « Lieux d’inhumation et espaces consacrés : le voyage du pape Urbain II en France (août 1095-août 1096) », dans Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires : approches

terminologiques, méthodologiques, historiques et monographiques, éd. A. VAUCHEZ, Rome, École française de Rome, 2000, p. 197‑213.

70 Élisabeth CARPENTIER et Georges PON, « Le récit de la fondation de l’abbaye de Montierneuf de Poitiers par Guillaume VIII : la chronique clunisienne du moine Martin », Cahiers de civilisation médiévale, 51/201, 2008, p. 21‑55, p. 56.

Chapitre 1 : La forme textuelle

Ce contexte de production est difficile à retracer pour les inscriptions brèves de dédicace qui ne donnent que le jour sans l’année. Toutefois, pour comprendre le choix du jour de la dédicace, nous avons exploré deux voies différentes et complémentaires. La première consiste à interroger les inscriptions brèves de dédicace pour trouver des éléments qui puissent rattacher cette date à un autre événement du calendrier liturgique. La seconde propose de chercher une correspondance entre la fête de la dédicace et une date du cycle liturgique des calendriers sanctoral ou temporel.

Le choix du jour de la dédicace

Dans les inscriptions brèves de dédicace du sud-est de la France, seule l'inscription de Saignon donne aussi l'année, le 7 octobre 1032. La recherche dans les calendriers perpétuels nous permet de dire que cette date était un samedi. Le 7 octobre correspond à la fête de plusieurs saints universels, dont celle du pape Marc, mort en 336 ou encore celle de Marcel, martyr à Capoue en Italie. À cette date sont aussi fêtés à Rome depuis le XIIIe siècle les martyrs Serge, Marcel et Apulée. Malheureusement, puisque l'on ne

possède pas le calendrier de l’église de Saignon ou du diocèse d'Apt dans lequel elle se trouve, il n'est pas possible d'associer directement la date de la dédicace de l'église à une fête en particulier. En revanche, étant donné que le nom de l'évêque est aussi associé à cette inscription, il est tout à fait probable que sa présence ait justifié le choix de la date pour la dédicace.

L'inscription de Puyloubier71, en plus d'associer le rituel à la personne d'un évêque en particulier, témoigne peut-être des circonstances de la dédicace : le passage d'Amauri, évêque, à la chapelle Saint-Ser :

[10 kalendas madii] dedi[ca]cio templi istius. Amalricus episcopus.

Les autres inscriptions n’indiquent pas l'année, mais parmi les 63 inscriptions brèves, 3 citent la fête d'un autre saint que celui en l'honneur duquel l'église fut dédiée. C'est peut-être de ce côté qu'il convient de creuser la question du choix du jour de la dédicace.

TEXTE

L'inscription de Brue-Auriac72 mentionne d'abord la fête de la dédicace et ensuite celle de la vierge sainte Foy :

Première pierre :

II N OCTBRIS . DEdI CACIO ECLESIA SCEM MARIE VIRGINIS . aM

IPSO DIE SCE FIdES VIR GO [---]

Deuxième pierre :

NES . QVI VIRGINV . O [---

Selon la disposition de l'écriture sur la pierre – un trait est tracé pour compléter la ligne de la date (Annexe B) – et l'articulation du texte : la dédicace est d'abord inscrite comme indépendante de la seconde mention. Il se trouve, comme l'indique l'inscription, que le 6 octobre est aussi celui de la fête de la vierge sainte Foy. Ainsi réunies sur la pierre, les deux fêtes sont étroitement liées et l'inscription invite à associer le choix du jour de la dédicace à celle de la fête de sainte Foy.

L'importance accordée à la fête du saint est encore plus explicite dans l'inscription de l'église prieurale Saint-Mamet de Peyrusse-Grande73 :

11 k(a)l(endas), n(ata)l(is) s(an)c(t)i Mathei ap(osto)li eodem die dedicacio s(an)c(t)i Mameti cum sociis suis74.

Comme dans un calendrier, la première position est occupée par le quantième, le jour de référence suivi par la mention de la Saint-Matthieu alors que dans l'inscription, c'est habituellement le mois qui est rapporté à la suite de ces éléments « 11 k(a)l(endas)

octobris… ». Cette inscription met explicitement en relation de dépendance la fête de la

dédicace et celle du saint à laquelle elle est rattachée par le marqueur de temps eodem

die. C’est une manière claire de manifester la conjonction entre le rite de la dédicace et

celui de la fête du saint. La conjonction est structurelle, puisqu’on observe parfois dans

72 Brue-Auriac (Var), chapelle Notre-Dame, XIIe s., Annexe B, n° 17, p. 337.

73 Peyrusse-Grande (Gers), église priorale Saint-Mamet (absidiole sud), XIe s., CIFM, t. 6, n° 62, p. 67. 74 CIFM 6, p. 66-67.

Chapitre 1 : La forme textuelle

les inscriptions une confusion entre l’église et le saint et que, depuis Ambroise, la dédicace est d’abord et avant tout l’ensevelissement du saint dans son locus75.

Dans deux autres inscriptions, le quantième et le jour de référence sont complétement remplacés par la mention de la fête du saint. Prenons d'abord l'inscription de Roullet76 qui cite la fête de saint Géraud en première position :

I(n) festivitate s(an)c(t)i Giraldi ded[i]cacio ecl(esi)e.

Cette formule, avec la préposition in + ablatif, replace précisément la dédicace dans le temps, celui de la fête de saint Géraud. La substitution du jour et du mois par la fête d'un saint est une manière claire de manifester la concomitance entre le rite de la dédicace et celui de la fête du saint.

Comme les deux premières, l’inscription de Villars77 situe la dédicace en fonction

d’une fête, en l’occurrence la vigile de la Purification de la Vierge :

Vigilia purificacio s(an)c(t)a Maria dedicacio eclesie s[---].

Plutôt que de donner uniquement les informations sur la fête de la dédicace, cette inscription associe étroitement la Purification de la Vierge, symbole très important de la renaissance, à celle de l'église. La vigile n'est pas non plus choisie au hasard, car c'est le moment de prière où l’on célèbre véritablement les fêtes importantes.

Prenons un dernier exemple, cette fois dans les inscriptions plus développées et plus tardives, dans lequel le rapport entre le jour de la dédicace apparaît plus explicite. Il s'agit de l'inscription de dédicace de l'église Sainte-Marie-et-Saint-André-en-Gouffern78,

datée de 1143 :

Dedicatio ecclesiae sanctae Mariae, sanctique Andreae in Gofferno acta est hoc anno ab incarnatione Domini 1043, 13 kalendas octobris, Joanne episcopo regente ecclesiam Sagiensen, regente in Gallis rege Ludovico

75 Pierre de PUNIET, « Dédicace des églises », dans Dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, t. 4, éd. F. CABROL et H. LECLERCQ, Paris, Letouzey et Ané, 1920, vol. 1, p. 374‑405.

76 Roullet (Charente), église Saint-Géraud, XIe s., CIFM, t. 3 (1.3), n° 68, p. 68-69. 77 Villars (Vaucluse), chapelle Saint-Pierre de Bagnols, XIe s., Annexe B, n° 26, p. 365.

78 La Hoguette (Calvados), anc. église abbatiale Saint-André-en-Gouffern, XIIe s., CIFM, t. 27, n° 45, p. 66-67.

TEXTE

septimo, precipente in Normania duce Gaufrido. Celebranda die dominica proxima festi Mathaei.

La dédicace a eu lieu le 13 des calendes d’octobre [19 septembre], qui tombait cette année-là un lundi. Cette date est proche de la Saint-Matthieu [21 sept.]. L’inscription précise que l’anniversaire de la dédicace devra être célébré le dimanche qui se situe le plus près de cette fête, signe donc que ce qui prime est moins le jour même du rite que son articulation au calendrier liturgique, ici marqué par deux repères importants : la Saint- Matthieu et le dimanche.

Lorsque la date figure dans une inscription, le choix est-il davantage lié à une circonstance historique (le passage d'un pape, d'un évêque, etc.) ou au contraire, lorsqu'elle est omise la justification est-elle uniquement d'ordre liturgique ? La question reste ouverte puisque trop peu d'exemples avec l'année ou le nom de l'évêque ont été étudiés jusqu'à maintenant. Néanmoins, pour les différents cas évoqués, choisir la fête d'un saint permet de donner un sens à la dédicace en l’inscrivant dans le calendrier liturgique préexistant.

L’inscription de dédicace et le sanctoral

Cet exercice a été principalement réalisé à partir des différents calendriers de la base de données Millesimo. Néanmoins, quelques dates du temporal ont aussi été considérées79. Commençons par le cycle du temporal. Sans la mention de l'année, il n'est pas possible de replacer précisément sur un calendrier les fêtes mobiles du temporal, à cause de la mobilité de la date de Pâques. Le temps pascal peut tout de même être établi en fonction de l'ampleur maximale qu'il peut prendre (+/- 34 jours). En considérant que le Concile de Nicée de 325 fixa la célébration de la date de Pâques au premier dimanche qui suit la première pleine lune après l'équinoxe de printemps, fixé au 21 mars, les termini

pascales vont donc du 23 mars au 24 avril. Entre ces dates, 5 dédicaces de notre corpus

ont été célébrées, celles de Campagnac, de Saint-Privat-des-Salses, de Revest-Saint- Martin, d'Arles et de Puyloubier80.

79 « Millesimo, recherche de chronologie médiévale », URL : http://millesimo.irht.cnrs.fr/, consulté le 1 décembre 2016. Caution scientifique : CNRS, IRHT.

80 Campagnac (Aveyron), église priorale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Canac, XIe-XIIe s., CIFM, t. 9, n° 4, p. 10 ; Saint-Privat-des-Salses (Hérault), église paroissiale Saint-Privat, Xe XIe s., CIFM, t. 12, n° 66, p. 172 ; Revest-Saint-Martin (Alpes-de-Haute-Provence), église Saint-André, XIe XIIe s., CIFM, t. 16, n° 11,

Chapitre 1 : La forme textuelle

Des dates correspondent probablement à ces fêtes du temporal, peut-être l'une des 5 dédicaces entre le 13 et le 19 décembre, mais il est impossible de le confirmer. La concordance de la dédicace avec les fêtes du Seigneur et du cycle de Marie relatives à des épisodes de leur vie terrestre donne, elle aussi, peu de correspondances81. Du calendrier du cycle marial ou du Seigneur, seule la date du 25 mars, jour de l'Annonciation, correspond à la dédicace d'une église82. Ce qui n'empêche pas, comme cela a été démontré

précédemment, qu'une dédicace soit étroitement associée à une fête, comme celle de la purification de la Vierge de Villars83.

En revanche, plus d'une demi-douzaine de dédicaces auraient été réalisées le jour d'une fête du sanctoral, la plupart en septembre84. Certaines d’entre elles se retrouvent dans le sanctoral de plusieurs provinces ecclésiastiques. Ces fêtes s'accordent majoritairement à celles de personnages fondateurs, tels que les apôtres, les martyrs ou les premiers évêques. La fête de ces derniers se retrouve pour la plupart dans tous les sanctorals disponibles pour cette région soit celui d'Aix, d'Arles, de Narbonne et de Marseille.

Malgré le bon nombre de concordances, soit une vingtaine sur les 63 inscriptions brèves de dédicace replacées dans le calendrier, il en reste beaucoup qui ne correspondent à aucune autre fête. Rien n'empêche de penser qu'elles aient été planifiées en fonction d'un saint qui n'apparaît plus dans les calendriers (ou un saint local ?). Ces observations permettent d'éclairer le choix des dates de dédicace, car elles montrent que l’on prend soin de conjoindre la dédicace avec une fête ou un événement important du calendrier.

Le texte des inscriptions montre l’importance du calendrier sanctoral pour le choix de la date de la dédicace d’une église. Pour celles dont les connaissances actuelles sur le calendrier ne permettent pas d’associer la dédicace à la fête d’un saint, il est possible d'imaginer que la date fut décidée en fonction d'un événement majeur dans la

p. 18 ; Arles (Bouches-du-Rhône), chapelle Sainte-Croix de Montmajour, XIIe s., Annexe B, n° 5, p. 298 ; Puyloubier (Bouches-du-Rhône), chapelle de l’ermitage Saint-Ser, XIe XIIe s., Annexe B, n° 9, p. 311. 81 Jean-Claude SCHMITT, Les rythmes au Moyen Âge, Paris, Gallimard, 2016, p. 298.

82 Campagnac (Aveyron), église priorale Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte de Canac, XIe-XIIe s., CIFM, t. 9, n° 4, p. 10.

83 Annexe B, notice 24.

8421 septembre, dédicace de l’église de Peyrusse-Grande (Nativité de saint Matthieu) ; 22 septembre dédicace de Portes-en-Valdaine (saint Maurice et ses compagnons) ; 23 septembre, dédicace de Saint-Donat-sur-l’Herbasse (saint Thécale) ; 30 septembre dédicace de Vernègues (saint Jérôme, sainte Victoire et saint Ursus).

TEXTE

communauté. Peut-être même que les deux se sont superposées, comme dans l'inscription de Montierneuf ou la dédicace de l'autel par Urbain II – qui se déroula en pleine semaine sans rapport avec la fête d'un saint – est associée à la première dédicace de l'église qui elle-même est replacée dans le temps de la fondation. Ici, on a joué sur la correspondance typologique intra-temporelle. Cela veut dire que si la dédicace ne se fait pas en fonction d’une date « normale », c’est-à-dire solennelle (dimanche ou fête de saint), il est important de le justifier. Ce qui ressort de cette brève analyse est que les dédicaces semblent plus souvent articulées à des dates solennelles du calendrier, en particulier le sanctoral, qu’au dimanche comme on l’a souvent dit.

***

En reprenant les éléments les plus récurrents dans les inscriptions brèves de dédicace, le premier schéma comprenant la date, l’acte dédicatoire ou consécratoire et le patronage, comme l’avait présenté Jean Michaud, est non seulement apparu clairement, mais aussi selon des modalités précises. Dans ces inscriptions, la date correspond au jour et au mois selon le calendrier romain ; la dédicace n’est pas présentée comme un acte, mais comme un sujet et lorsque celui-ci est suivi du patronage, il se réfère généralement au vocable de l’église. Il existe aussi des inscriptions qui contiennent des éléments complémentaires que l’on retrouve dans les inscriptions plus développées : un nom celui de l’évêque, du prélat consécrateur, de l’édificateur ou du prêtre – l’année ou une citation liturgique. Ces informations donnent des précisions supplémentaires sur le déroulement de la cérémonie en accordant le crédit à un personnage ou en la replaçant dans le temps. Lorsqu’il est accompagné d’une citation liturgique ou biblique, l’élément ajouté ne contribue plus à préciser le rituel, mais il évoque ce qu’il est devenu : la maison de Dieu où les fidèles sont invités à rentrer pour être sauvés. Selon ces différentes caractéristiques, le texte des inscriptions brèves de dédicace semble se définir par sa structure formulaire. Il s’agit d’une formule, mais dont certains éléments sont changés pour s’adapter au contexte d’énonciation. Ces éléments complémentaires, témoignent de la présence sur le même territoire et à la même époque de ces inscriptions plus développées et de ces citations liturgiques gravées à la porte des églises ou près de l’autel. Elles leur empruntent des éléments qui changent le contenu du message, sans atteindre sa forme sur la pierre, puisque les informations gardent le même ordre. Identifier ces éléments permit de préciser le schéma qu’avait proposé Jean Michaud et qui pourrait s’exprimer ainsi : « date +

Chapitre 1 : La forme textuelle

dedicatio + vocable / complément(s) » ; cela qui conduit forcément à poser la question

d’une formule ou un formulaire à partir duquel la même inscription serait reproduite d'une église à l'autre. Le lapicide aurait-il eu recours à un modèle, qu'il soit lapidaire ou manuscrit, pour une autre raison que son niveau d'alphabétisation ?

CHAPITRE 2 :

ASPECTS LINGUISTIQUES : UNE LANGUE SPECIFIQUE ?

Plusieurs inscriptions brèves de dédicace présentent des particularités « orthographiques » qui ont été interprétées comme des fautes dues à la mauvaise maîtrise du latin par le scribe. Depuis, les linguistes ont incité à prendre plus au sérieux ces « erreurs » et l'éditeur du texte a tout intérêt à connaître l'apparence sonore des mots qui peut se cacher sous les différentes leçons1. Il existe en effet quelques problèmes d'accord dans le corpus soumis à l’étude, mais la plupart des écarts dans l'orthographe des mots, par rapport au latin savant, reviennent dans plus d'une inscription. Cette récurrence invite à approfondir l'analyse des textes2.

Pour ce faire, nous reprendrons l'ensemble des inscriptions qui soulèvent de telles questions linguistiques en nous arrêtant sur chaque « variante » ou « écart » par rapport à la norme et au « flottement graphique » souvent dû aux prononciations à travers le temps et les pays. Cette analyse s'appuie principalement sur les inscriptions dont on a pu vérifier voire corriger la transcription, c’est-à-dire 51 textes. Celles pour lesquelles nous n'avons pas pu vérifier la transcription parce qu'elles ont disparu ou sont inaccessibles ne seront pas rejetées, mais considérées avec beaucoup de prudence.

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