• Aucun résultat trouvé

Explicitation de la contextualisation

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-108)

Contexte, contextes

II. CONTEXTUALISER LA RECHERCHE

II.1. Explicitation de la contextualisation

II.1.1. Point terminologique

Contextualiser c'est à mon sens insérer, concevoir un objet dans son environnement d'origine. Cette action implique une étude de cet environnement et l'identification des interrelations entre celui-ci et l'objet, leurs influences réciproques.

Philippe BLANCHET parle du processus de contextualisation comme d'un travail de mise en relation des caractéristiques des phénomènes du corpus avec des éléments

« « scientifiquement » sélectionnés de son environnement global » et réciproquement (2000 : 31, MUCCHIELLI, 2004-b : 25). Ce processus met en œuvre le « principe hologrammique » de la pensée complexe morinienne (cf. ch. VII.-III.2.3.).

II.1.2. Situer la recherche

Lorsqu'elle s'applique à la recherche, l'action de contextualisation consiste entre autres à « situer la recherche » (RAZAFIMANDIMBIMANANA, 2008 : 40-44).

A contrario d'une épistémologie qui considère les chercheurs comme des êtres

« à part », exempts d'inscription psycho-sociale et la recherche comme une activité éthérée, qui échapperait aux caractéristiques des autres activités humaines, notamment, pour ce qui nous occupe, à la dichotomie / imbrication entre pratiques et représentations. » (CASTELLOTTI, 2009 : 138),

je considère tout savoir comme « foncièrement subjectif, partiel, et socialement situé et intéressé. » (HELLER, 2002 : 23). Toute recherche étant issue d'un/de lieu(x) (contexte géographique,...), temps (contexte historique), contexte(s) (économique, politique, social,...) déterminés (BLANCHET, 2000 : 90), et d'un chercheur, les travaux scientifiques sont inscrits dans un système d’influences pluridimensionnelles d'ordre socioculturel, historique, politique, institutionnel, académique, etc.

(RAZAFIMANDIMBIMANANA, 2008 : 43). Les sciences sont assujetties aux courants qui définissent leurs conditions de production, qu’ils s’inscrivent en conformité ou non, ils suivent d’une manière ou d’une autre des préoccupations (ou des non préoccupations) situées (idem) :

« Il est patent, par exemple, que le développement du paradigme scientifique « compréhensif » est directement corrélé à une « quête du sens » et d’humanisme dans les sociétés occidentales « déshumanisées » de la fin du XXème siècle. De même, le développement des travaux sur les « communautés », les « minorités », les « identités », notamment dans un cadre de contacts interculturels, est lié à une prise de conscience planétaire des dangers d’une massification standardisée et au réveil des consciences ethnoculturelles. » (BLANCHET, 2000 : 90).

Francis DEBYSER fait remarquer combien les théories universalistes « prennent généralement corps dans des sociétés en expansion qui les diffusent à des moments expansionnistes de leur histoire » (1982 :25).

Postulant que cette « situation », ancrage historique de la recherche engendre diverses influences sur celle-ci, certains chercheurs -dont je suis- choisissent d'expliciter le contexte d'origine de la recherche. Il s'agit donc de situer la recherche en énonçant, décrivant les caractéristiques de son environnement. Or le premier contexte, ou la première composante du contexte de la recherche étant le chercheur, la contextualisation de la recherche implique un important travail d'auto-observation par celui-ci, un regard ethnographique réflexif critique.

Situer la recherche implique d'expliciter et de circonscrire les terrains investis, le travail réalisé, les méthodologies. Ces actions permettent de définir clairement les limites de la recherche (non exhaustive, non représentative, non absolue, imparfaite…), l'étendue de sa validité. Pour notre cas par exemple, il est important de faire savoir que l'enquête a été réalisée à Rio et à Recife dans certains types de structures d'enseignement. Par conséquent les hypothèses ont été construites à partir de ces terrains et n'auraient sans doute pas de validité sur d'autres terrains brésiliens. L'explicitation de ces limites permet

également de définir précisément le champ des futures actions, interventions possibles dans la continuité de la recherche (RAZAFIMANDIMBIMANANA, 2008 : 44). Cela permet enfin au chercheur de déterminer le domaine de validité des compétences construites (cf.

conclusion.

II.1.3. Expliciter l'historicité du sujet-chercheur

« Quelles que soient ses prétentions scientifiques, l'objectivation est vouée à rester partielle, donc fausse, aussi longtemps qu'elle ignore ou refuse de voir le point de vue à partir duquel elle s'énonce, donc le jeu dans son ensemble.(...) (BOURDIEU, 1982-b : 9).

Contre « l’illusion du chercheur positionné hors du monde social et isolé de ses influences » (BLANCHET, 2007-a : 24), l'approche qualitative pose en effet que chercheur et individu ne font qu'un et que l'itinéraire de l'un est directement correllé à l'itinéraire de l'autre (BLANCHET, 2000 : 15-23).

Le premier contexte de la recherche est le chercheur or celui-ci, comme la science, ne se situe pas « hors du temps, de l’espace, de l’Histoire, de la vie sociale, culturelle, etc.

» (BLANCHET, 2000 : 90) mais s'ancre dans une Histoire pluridimensionnelle. Le chercheur est un sujet historique, historicisé par l'époque et par son parcours individuel. Il me semble pertinent dans une perspective de compréhension de revenir sur cet aspect.

L'historicité désigne généralement le fait pour un objet, un être, d’évoluer dans le temps, selon des conséquences irréversibles en rapport avec son environnement.

L'historicité

« signifie alors la constitution foncière de l’esprit humain qui, à la différence d’un intellect infini, ne voit pas d’un seul regard tout ce qui est, mais prend conscience de sa propre situation historique. Il est clair que, par là, est introduit dans la philosophie elle-même un thème autocritique qui conteste sa vieille prétention métaphysique de pouvoir atteindre la vérité. » (GADAMER, 2010).

Je vais bientôt dans une démarche d' « historicité réflexive » (ROBILLARD (de), 2007 : 22-23) envisager les déterminismes en jeu sur le chercheur. Pour ce faire nous allons nous intéresser – à travers un récit de vie (cf. III.2.2.)- au chercheur en tant que personne, sujet, observant certaines caractéristiques de son parcours qui permettront de mieux comprendre l'origine et la nature de la recherche menée.

Parce que la recherche menée assume ce postulat d'historicité du sujet-chercheur (de ROBILLARD, 2008 : 1) j'objectiverai mon itinéraire, mes appartenances identitaires,

les milieux sociaux dont je suis issu, dans lesquels j'évolue. Ce questionnement (Qui suis-je ? D'où viens-suis-je ? Quel a été mon parcours ? Que fais-suis-je ?) sera explicité au moyen d'un récit de vie.

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 105-108)