• Aucun résultat trouvé

Les enjeux éducatifs brésiliens

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 165-170)

Âge Catégorie Niveau Établissement d'enseignement

III.1.4. Les enjeux éducatifs brésiliens

D'après les données de la P.N.A.D. (Pesquisa Nacional por Amostra de Domicilio : recherche nationale par échantillon de domicile effectuée par l'I.B.G.E. (Institut Brésilien de Géographie et de Statistiques, 2007), le taux brésilien de littératie serait de 89 % en 2007, ce qui représente une part de 11 % d'analphabètes dans le pays. Comparativement, ce taux est de 1% en France. Estimé à 10% de la population en 2008, la proportion d'analphabètes recule (GASNIER, 2008 : 89). La part d''illettrisme est encore plus importante (idem).

Toujours selon la P.N.A.D., en 2006 le pourcentage de la population scolarisée dans la tranche d'âge de 6 à 14 ans était de 97% et de 82,1% dans la tranche de 15 à 17 ans (I.B.G.E., 2007). La scolarisation des 7-14 ans approche en 2008 les 100 % mais la qualité de l'enseignement public est déplorable (GASNIER, 2008 : 25). Le taux

d'inscription aux études secondaires est estimé à 94,59% pour 2010 (taux brut en pourcentage de la population (UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE, 2010-b).

« En matière d’éducation, le Brésil tente de relever un défi majeur : permettre à l’ensemble de sa population d’accéder à un enseignement de qualité. » (CUREAU, 2005-a).

En effet le système éducatif brésilien se caractérise par les inégalités qu’il engendre. Pour remédier à ce problème et améliorer le niveau d’éducation des milieux défavorisés, l’état brésilien a mis en place le ramassage scolaire gratuit dans les campagnes et les villages indiens ainsi que pour les enfants handicapés. Les repas sont gratuits dans les établissements publics et dans les villages indiens ainsi que les manuels scolaires pour les élèves de l’enseignement public, etc.

Le programme Brasil alfabetizado, créé en 2003, a déjà permis d’alphabétiser trois millions d’adultes parmi les seize millions d’analphabètes (presque 10 % de la population) que comptait alors le Brésil. En août 2004, 1 600 0000 adultes ont débuté une alphabétisation. Enfin, l’amélioration du niveau de tous les enseignants constitue une autre priorité avec, d’une part, la formation à distance à travers Internet et les programmes de TV Escola (chaîne reçue par 56 000 écoles) à l’intention des enseignants des régions isolées, et, d’autre part, une augmentation de 15 % par an du nombre des titulaires de mastères et doctorats pour les professeurs de l’enseignement supérieur.

En ce début de XXIème siècle, le Brésil doit donc éradiquer l’analphabétisme et améliorer le niveau d’éducation de tous afin de permettre à chacun de s’intégrer dans la société par le travail, défis majeurs d’un pays en devenir (CUREAU, 2005-a). L'éducation est un enjeu prioritaire pour la grande puissance que devient le Brésil, celui-ci doit investir.

Le système éducatif brésilien reproduit malheureusement les inégalités sociales.

Pour accéder aux 12 000 formations que propose aujourd’hui l’enseignement supérieur, le candidat doit s’inscrire à un concours appelé vestibular, créé en 1910. Malheureusement, seuls les candidats formés par les meilleurs établissements, en général privés, parviennent à intégrer les formations les plus demandées. Pour augmenter leurs chances de réussite à ce concours, de nombreux lycéens suivent une préparation supplémentaire et payante (chère) d’une durée de six mois à un an : le curso pré-vestibular.

Les places dans les universités publiques sont ainsi occupées par les jeunes issus des milieux aisés : ceux-ci ont pu, grâce à la qualité de la formation qu’ils ont reçu dans

leur école privée, intégrer une université publique de haut niveau.

Or, cette situation constitue un handicap supplémentaire pour les jeunes issus des familles modestes. Moins bien préparés que les autres, ils finissent par être contraints de payer, souvent très cher, leurs études universitaires dans un établissement privé de moins bonne qualité. En effet, la prolifération des universités, facultés et instituts supérieurs privés a eu comme conséquence une très grande disparité entre les diplômes. De nombreux jeunes quittent alors le système avec un diplôme peu valorisé (CUREAU, 2005-a).

En 2005 les universités privées accueillaient 75 % des étudiants, avec des mensualités de 650 à 1000 réais (200 à 315 euros) (GASNIER, 2008 : 90). Le reste est inscrit dans le privé. Cette proportion a quelque peu évolué ces dernières années avec des systèmes de quotas et de bourses dans les universités publiques mais le déséquilibre reste profond.

Dans l’enseignement privé, quelques universités sont cependant de qualité, voire excellentes, et ont des programmes de recherche scientifique de bon niveau. C’est le cas en particulier des universités pontificales (PUC : Pontifícia Universidade Católica). Une grande partie des universités privées est cependant de qualité médiocre et celles-ci n’ont pas d’autre ambition que de former, avec de faibles rapports qualité/prix, des professionnels dans les disciplines économiques et juridiques (AGENCE EDUFRANCE, 2005-a).

Afin d’augmenter les chances de réussite de tous les jeunes quel que soit leur milieu, des mesures ont été mises en place par les institutions pour répondre aux inégalités.

La première d’entre elles est un système de quotas selon lequel cinquante pour cent des places dans les universités publiques seront réservées aux élèves issus des écoles publiques. Une partie de ces places devra être attribuée aux jeunes noirs et indiens, au prorata de ces populations dans chacun des États.

D’autre part, les places vacantes ont été attribuées, par un système de bourses et en échange d’avantages fiscaux concédés aux institutions privées, aux jeunes issus des familles aux revenus très faibles ou aux enseignants de l’enseignement élémentaire et de collège ne possédant pas de diplômes universitaires.

L’évaluation des enseignements universitaires a été systématisée et l’ouverture de

nouvelles facultés privées régulée.

De nouvelles universités publiques ont été créées : deux nouveaux pôles universitaires -Baixada Fluminense et Volta Redonda -ont été installés dans la périphérie défavorisée de Rio de Janeiro ; une nouvelle université fédérale (UniABC) pouvant accueillir 25 000 étudiants a été implantée dans l’ABC paulista- ceinture ouvrière de la ville de São Paulo.

Les universités, généralistes jusqu’alors, s'organisent désormais par domaine de connaissance et un cycle universitaire initial de deux ans non sanctionné par un diplôme professionnel a été créé.

280 000 bourses universitaires ont été accordées mais un Brésilien ne passe en moyenne que 4 années en classe (GASNIER, 2008 : 91).

CONCLUSION

Cette partie vient de présenter le travail d’approche du contexte global d’enseignement-apprentissage réalisé depuis la « posture descriptive » chère à Marielle RISPAIL (2005 : 101). La description a emprunté une démarche en sablier en s’attachant d’abord au contexte global brésilien avant d’opérer une focalisation progressive en s’intéressant à la place du français dans le système éducatif brésilien. Ce travail permet désormais de « contextualiser » les situations d’enseignement-apprentissage du français dans un environnement dont les principales problématiques et dynamiques ont été abordées.

Cette description reste bien sûr incomplète. Il y manque notamment un point sur la formation des enseignants qui, faute de temps, n’a pas été abordée malgré son importance.

C HAPITRE VI

_____________________________________________________________

Dans le document The DART-Europe E-theses Portal (Page 165-170)